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Qu'est-ce que la religion ?




Une courte définition

La religion est l'ensemble des croyances, sentiments, dogmes et pratiques qui définissent les rapports de l'être humain avec le sacré ou la divinité. Une religion particulière est définie par les éléments spécifiques à une communauté de croyants : dogmes, livres sacrés, rites, cultes, sacrements, prescriptions en matière de morale, interdits, organisation, etc. La plupart des religions se sont développées à partir d'une révélation s'appuyant sur l'histoire exemplaire d'un peuple, d'un prophète ou d'un sage qui a enseigné un idéal de vie.

La religion peut être définie par ses trois grandes caractéristiques :
  • Les croyances et les pratiques religieuses
  • Le sentiment religieux ou la foi
  • L'union dans une même communauté de ceux qui partagent une même foi : l'Eglise. C'est ce qui différencie une religion de la magie.
L'étude des religions, disparues ou existantes, montre le caractère universel de ce phénomène et une très grande variété dans les doctrines et les pratiques rituelles. On distingue généralement les religions dites primitives ou animistes, les religions orientales (hindouisme, bouddhisme, shintoïsme, confucianisme, taoïsme…) et les religions monothéistes issues de la Bible (judaïsme, christianisme, islam), le christianisme ayant lui-même donné naissance à plusieurs religions ou Eglises chrétiennes (catholique, orthodoxes, protestantes, évangélique…)


Etymologie

Etymologie du mot religion Le mot religion est dérivé du latin "religio" (ce qui attache ou retient, lien moral, inquiétude de conscience, scrupule) utilisé par les romains, avant Jésus Christ, pour désigner le culte des démons.
L'origine de "religio" est controversée depuis l'antiquité. Cicéron le dit venir de "relegere" (relire, revoir avec soin, rassembler) dans le sens de "considérer soigneusement les choses qui concernent le culte des dieux".
Plus tard, Tertullien et Lactance voient son origine dans "religare" (relier) pour désigner "le lien de piété qui unit à Dieu".
Initialement utilisé pour le christianisme, l'emploi du mot religion s'est progressivement étendu à toutes les formes de manifestation sociale en rapport avec le sacré.


Le sacré

La conscience et la perception du sacré sont des constantes des religions et en constituent le cœur. Les principales composantes du sacré sont :

La foi

On peut voir dans la foi la conséquence du sentiment de finitude de l'homme et de dépendance par rapport à une force qui le dépasse et à laquelle il se soumet. Voir la page "Pourquoi l'homme croit-il aussi facilement ?".
La foi a trait à des principes essentiels, mystérieux et inaccessibles à la raison et prétend connaître la Vérité sur le "Qui?" et le "Pourquoi?" des choses. Elle engage l'être dans sa totalité vis à vis de ce qui reste un mystère. C'est la raison pour laquelle il est illusoire d'essayer de convaincre un croyant (adulte) de ne plus croire ou de changer de religion. Seul un processus de maturation personnel et intérieur (pouvant être alimenté par des connaissances ou des échanges avec le monde extérieur), peut conduire un croyant à évoluer.
Citations sur la foi.


Bref historique de l'interprétation rationnelle de la religion

Pour Aristote (384-322 av. JC), la science de la théologie a pour objet les êtres "séparés" de la matière et les "moteurs immobiles" qui permettent à toute chose de se mouvoir. Cette science du divin ou métaphysique cherche à connaître les principes premiers et causes de toutes choses. La pensée d'Aristote sera jusqu'à la fin du Moyen Age le fondement de la philosophie chrétienne.

Le rationalisme du XVIIe siècle professe l'autonomie de la raison, par rapport à la foi, pour la recherche de la vérité. Descartes (1596-1650) a toujours voulu concilier les intérêts de la science et ceux de la religion. En écrivant "Dieu c'est-à-dire la nature" Spinoza (1632-1677) identifie la divinité au "tout" du monde réel, contrairement à l'anthropomorphisme religieux classique qui fait de Dieu un créateur, distinct du monde, agissant selon un objectif. Il défend l'indépendance des pouvoirs religieux et politique et la liberté de philosopher.

L'athéisme philosophique du siècle des Lumières (Helvétius, Holbach, Diderot, La Mettrie…) développe une forte hostilité envers les religions, leurs dogmes et leurs révélations. Il propose une explication matérialiste du monde. Les religions sont considérées comme des tromperies au profit d'intérêts sociaux ou politiques.

Kant (1724-1804) dans "Le discours de la raison pure" rend vaine le recherche de preuve ontologique de l'existence de Dieu. Comme toutes les questions de métaphysique, Dieu n'est plus un objet de connaissance, mais relève de la croyance. Dieu est une idée transcendantale de la raison.

Au XIXe siècle, Feuerbach (1804-1872), Marx (1818-1883), Nietzsche (1844-1900) voient dans la religion une manifestation de l'ignorance et de la crédulité, une illusion. Dieu n'est qu'une projection hors de l'être humain des aspirations les plus profondes de l'homme.
Pour Marx, c'est la frustration sociale qui est la cause de l'aliénation religieuse en projetant l'idéal humain dans l'imaginaire. La religion a un effet tranquillisant, stupéfiant ("opium du peuple") par rapport à la réalité misérable. Elle est donc une solution illusoire et n'est pas une solution réelle aux difficultés et aux souffrances.
Nietzsche attribue les effets néfastes et morbides de la société religieuse à la hantise du péché.

Au début du XXe siècle, Freud (1856-1939) énonce que la religion est une névrose obsessionnelle de l'humanité dans laquelle Dieu est l'image du père sous la protection duquel l'homme se place. Se détourner de Dieu ("le meurtre du père") est une des phases inexorables du développement de l'humanité.

L'approche sociologique de la religion considère qu'elle ne consiste pas uniquement à l'expression irrationnelle de la conscience ou à une étape primitive du développement de l'humanité, mais à une caractéristique essentielle de la société. Pour Emile Durkheim (1858-1917), elle est une manifestation de la société antérieure à chaque homme et une expression des normes et des valeurs de la collectivité. Pour Max Weber (1864-1920), les pratiques religieuses sont fondées sur le charisme, qualité extraordinaire d'un personnage considéré comme envoyé par Dieu ou comme un exemple.

Toutes ces analyses sont intéressantes et donnent des éclairages différents de la religion. Mais elles sont forcément réductrices compte tenu de la complexité du sentiment religieux, comme tout ce qui concerne la sociologie et la psychologie.


Dangerosité des religions

Au plan individuel, les croyants ne peuvent percevoir les aspects négatifs de la religion. C'est le syndrome du homard qui est cuit vivant. On le place dans l'eau froide et on élève progressivement la température jusqu'à ébullition. Le homard est engourdi puis cuit sans s'en rendre compte. On peut appeler cela aussi le conditionnement. Il n'y a que ceux qui se sont "déconvertis", après l'avoir vécu de l'intérieur, qui peuvent ressentir, a posteriori, le caractère néfaste des religions pour l'individu : l'étouffement, l'aliénation, la soumission, la résignation, la léthargie intellectuelle….

Au niveau collectif, il n'y a qu'à regarder autour soi et dans les livres d'histoire : guerres de religions, inquisition, fanatisme, intolérance, misogynie, frein au progrès, confiscation du pouvoir politique…
Le monothéisme, par sa conception même d'un Dieu unique, porte en lui le germe de l'intolérance. "Le bon (c'est-à-dire le vrai) Dieu, c'est le mien". Tout est dit. Comme dans l'économie de marché, la pire des choses, c'est le monopole d'une religion, à un endroit donné.
A cela, peuvent se rajouter d'autres caractéristiques, propres à chaque religion, qui ne font qu'en accroître le caractère dangereux :
Un peuple élu sur un territoire réservé (Judaïsme)
Universalité (christianisme) qui conduit à évangéliser ceux qui n'ont rien demandé
Les Etats religieux (islam)

En France, après deux siècles de lutte pied à pied contre l'esprit des Lumières et contre la laïcité, la religion catholique semble s'être assagie. Elle reconnaît ses erreurs passées, mais du bout des lèvres. Mais a-t-elle perdu pour autant son caractère venimeux ? Sous prétexte d'ouverture, de retour aux traditions et aux valeurs qui ont fait notre histoire, elle tente de retrouver son influence perdue dans la société. Les hommes libres doivent rester extrêmement vigilants pour que "l'infâme" comme disait Voltaire, ne se réveille pas.

On peut voir quelques aspects de la dangerosité des religions sur les pages "Au nom de Dieu", Communautarisme, S.O.S. Prêtres abusés et Citations sur l'anticléricalisme.


Les religions sans divinité

II n'est pas nécessaire qu'il y ait un dieu pour qu'il y ait religion ou sacré. Ainsi, même les sociétés les plus laïcisées font apparaître des formes résiduelles de conscience religieuse. Le sacré n'a plus rien de divin, mais il est le résultat de l'idéalisation et la "fétichisation" de "choses" initialement profanes (idéologie, nation, groupe social, groupe d'individus, individu, objet, enjeu sportif, valeur morale….).
Voir la page sur les faux-athéismes ou les idéologies de resacralisation.
Le monde moderne montre une telle variété de ces formes de religiosité que le concept de religion a tendance à se diluer dans une approche du sacré beaucoup plus variée.


Tendances

Pour l'homme moderne, Dieu n'est plus l'explication unique et incontournable de toute chose, du réel, de la morale, du destin humain. Dieu n'a plus sa place dans le quotidien. Il n'est plus la référence dans aucun des domaines de la connaissance.
Le développement des sciences et de l'individualisme, la sécularisation et la rationalisation de la société, l'urbanisation, laissent moins de place à la religion traditionnelle qui est souvent vécue comme une contrainte.
Cependant le besoin d'irrationnel, d'illusion, de sacré, "d'enchantement du monde" est toujours très présent. Ainsi, depuis quelques décennies, apparaissent en matière de religiosité, quelques grandes tendances qui vont parfois dans des directions opposées :
Confrontées à ces fortes concurrences, les religions chrétiennes traditionnelles tentent dans l'œcuménisme ou dans l'ouverture d'enrayer, avec plus ou moins de succès, la diminution des pratiques religieuses. Le protestantisme dont l'organisation est moins centralisée, hiérarchisée, sclérosée que l'Eglise catholique, semble avoir davantage de succès dans cette démarche, mais donne naissance à de nouveaux courants comme les pentecôtistes ou les évangéliques.


Conclusion

Dieu se tait,
Dieu est absent,
Dieu est mort !
Il reste son testament, c'est-à-dire les religions.
L'homme peut-il vivre sans religion, c'est-à-dire sans rituel, sans sacré, sans union au sein d'une communauté religieuse ?
Oui, les athées en sont convaincus, mais l'athéisme n'aura atteint son âge adulte que lorsqu'il aura su apporter une réponse complète aux très fortes attentes de l'homme qui subsistent derrière cette question.



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