Médecin et philosophe français, Julien Offray de La Mettrie défendit l'une des formes les plus radicales du matérialisme. Destiné à l'état ecclésiastique, il fait ses études chez les Jésuites.
Il commence par publier des ouvrages sur des sujets médicaux. Son livre "Histoire naturelle
de l'âme" (1745), où il défend des thèses matérialistes provoque un scandale et lui fait
perdre sa place de médecin des gardes françaises. Il retourne à Leyde en Hollande où il
avait fini ses études, puis est accueilli par Frédéric II de Prusse à Berlin où il reste
jusqu'à sa mort.
La Mettrie considère que tous les philosophes passés se sont trompés par leur raisonnement
sur l'homme a priori. Seule la méthode empirique (Helvétius) lui paraît légitime. L'esprit
doit être matérialisé et l'homme n'est qu'un animal supérieur. Dans "l'Homme-machine", il
étend à l'homme le principe de l'animal-machine de Descartes et rejette par là toute forme
de dualisme corps - âme. Son déterminisme mécaniste l'amène naturellement à rejeter toute
idée de Dieu, même celui des déistes avec lequel il ne faut pas confondre la nature.
La Mettrie a eu peu de succès pendant son vivant. Voltaire le considére comme "dissolu, imprudent, bouffon, flatteur…". Au XIXème siècle, les marxistes, tentèrent de le réhabiliter.
Quelques oeuvres :
Traité du vertige (1737), Traités de la petite vérole (1740), Histoire naturelle de
l'âme (1745), L'Homme-machine, (1747), L'homme-plante (1748), L'Homme plus que machine
(1748), Le Système d'Epicure (1750), Réflexion philosophique sur l'origine des animaux
(1750), Vénus métaphysique ou Essai sur l'âme humaine (1751)
"Nous ne connaissons dans les corps que la matière, et nous n'observons la faculté de sentir que dans ces corps: sur quel fondement donc établir un être idéal désavoué par toutes nos connaissances?"
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751 / L'Histoire naturelle de l'âme, 1745)
"Se défier des connaissances qu'on peut puiser dans les Corps animés, c'est regarder la Nature et la Révélation, comme deux contraires qui se détruisent; et par conséquent, c'est oser soutenir cette absurdité: que Dieu se contredit dans ses divers ouvrages, et nous trompe."
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751 / L'Homme-Machine)
"… car si nous avons une idée de la Foi, qui soit contraire aux Principes les plus clairs, aux Vérités les plus incontestables, il faut croire, pour l'honneur de la Révélation et de son Auteur, que cette idée est fausse; et que nous ne connaissons point encore le sens des paroles de l'Evangile."
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751 / L'Homme-Machine)
"…s'il y a une Révélation, elle n'est point suffisamment démontrée par la seule autorité de l'Eglise, et sans aucun examen de la Raison, comme le prétendent tous ceux qui la craignent."
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751 / L'Homme-Machine)
"Car c'est elle, c'est cette forte analogie qui force tous les savants et les vrais juges d'avouer que ces êtres fiers et vains, plus distingués par leur orgueil que par le nom d'hommes, quelque envie qu'ils aient de s'élever, ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes."
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751 / L'Homme-Machine)
"[la morale résulte] d'un sentiment qui nous apprend ce que nous ne devons pas faire, parce que nous ne voudrions pas qu'on nous le fît."
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751 / L'Homme-Machine)
"Qui vit en citoyen, peut écrire en philosophe - mais écrire en philosophe c'est enseigner le matérialisme !"
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751 / Discours préliminaire)
"Ainsi, détruire le hasard, ce n'est pas prouver l'existence d'un être suprême, puisqu'il peut y avoir autre chose, qui ne serait ni hasard, ni Dieu, je veux dire la nature, dont l'étude par conséquent, ne peut faire que des incrédules, comme le prouve la façon de penser de tous ses heureux scrutateurs."
(Julien Offray de La Mettrie / 1709-1751)