Ce qui est important dans un groupe, c'est sa cohésion. L'unité fait sa force. Une défection peut mettre en péril l'ensemble du groupe. Plus le groupe est petit plus le risque est élevé.
Un carton rouge, un joueur de football expulsé, peut faire basculer un match. Un soldat qui déserte peut en entraîner d'autres et faire perdre une bataille. Les groupes ou communautés constitués et hiérarchisés se prémunissent contre les désertions par l'extrême sévérité des peines encourues.
Les lynchages, les exécutions, les excommunications… sont en général publiques dans le but d'impressionner les autres membres de la communauté et faire taire toute velléité de départ.
Pascal Boyer a parfaitement analysé ce phénomène dans son livre "Et l'homme créa les dieux". (Voir citations ci-contre)
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"Du point de vue d'une coalition religieuse, le fait que le monde moderne permette des choix [de vie] nombreux, sans en faire payer le prix signifie que la défection ne coûte rien et qu'elle est donc très probable."
"La violence fondamentaliste est, elle aussi, une tentative de faire monter les enjeux, c'est-à-dire de décourager les désertions potentielles en démontrant que la défection leur coûtera très cher, que ceux qui adoptent des normes différentes seront persécutés ou même tués."
"Pour résumer, donc, le fondamentalisme n'est ni un excès de religion, ni de politique sous une autre forme. C'est une volonté de préserver un type particulier de hiérarchie, [...] menacée par le fait que la défection est très facile, donc très probable. [...] Le fait que le prix [de la défection] soit devenu si élevé, [à cause de la violence] indique clairement que le sentiment populaire ne penche pas de leur côté. Ce qui malheureusement, n'est pas un obstacle à la domination politique pour peu que ces coalitions aient suffisamment de cohésion."
(Pascal Boyer / Et l'homme créa les dieux)
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