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Une introduction au matérialisme  -  2/3


Début de l'introduction au matérialisme



Philosophie moderne

L'hégémonie de la pensée idéaliste fondée sur celle de Platon et des philosophes chrétiens, comme Saint Augustin (354-430), durera pendant près de 20 siècles. Le matérialisme, bien que ne pouvant s'exprimer ouvertement, n'a jamais complètement disparu. Il se développe à nouveau au XVIe siècle, à partir d'une relecture des textes de l'antiquité, selon deux courants distincts, l'un anglais et l'autre français.

En Angleterre :
Francis Bacon (1561-1626) souhaite que l'on donne à la science les moyens de dominer la nature et de contribuer au bien-être de la société. Pour Thomas Hobbes (1598-1679) qui nie l'existence de l'âme, l'expérience est la seule base de toute connaissance. John Locke (1632-1704), pour qui les idées ne viennent que par les sens, fait de l'expérience le fondement de sa philosophie.
Thomas Hobbes

En France :
Pierre Gassendi (1592-1655) propose une explication de la nature très proche de celle de Lucrèce. René Descartes (1596-1650), tout en restant idéaliste et en défendant la religion, reconnaît un dualisme avec une matière autonome qui obéit à ses propres lois. Il veut créer une science matérialiste dont il formule les méthodes sur la voie du mécanisme. Pour lui, l'homme possède une âme, mais l'animal est une "machine".

Le terme "matérialisme" est utilisé pour la première fois en 1668 par l'écrivain et philosophe mystique anglais Henri More (1614-1687) et en français, un peu plus tard, en 1702 par Leibniz (1646-1716) pour caractériser la pensée de ceux qui n'admettent que l’existence des corps.

"Le siècle des Lumières"
Le combat contre les dogmes religieux donne une valeur positive au matérialisme qui devient l'un des grands courants de pensée du XVIIIe siècle. C'est l'opposition entre le monisme et le dualisme.
Denis Diderot La Mettrie (1709-1751) rejette tout dualisme corps / âme. Un siècle après Descartes, il reprend la notion d' "animal-machine" pour l'étendre à l’humain et en faire l’"homme-machine".
Denis Diderot (1713-1784), qui est l'un des plus grands matérialistes avant Marx et Engels, expose qu'il n'y a que la matière. Elle suffit pour tout expliquer car elle n'est pas inerte, mais toujours en mouvement et susceptible de sensibilité.
Citons également Helvétius (1715-1771) et Holbach (1723-1789) qui ont contribué à l'élaboration de la pensée matérialiste.

Le XIXe siècle
Après la Révolution française et les événements de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, la bourgeoisie veut arrêter le développement des idées progressistes liées au matérialisme. La première moitié du XIXe siècle voit alors un recul du matérialisme au profit de l'idéalisme et de la religion : Fichte (1762-1814), Hegel (1770-1831).

D’abord Hegélien, Ludwig Feuerbach (1804-1872) développe une critique matérialiste de la pensée spéculative. "La grande question fondamentale de toute philosophie, et spécialement de la philosophie moderne, est celle du rapport de la pensée à l'être." Avec sa vision anthropomorphique de la religion ("L'essence du christianisme" 1841), il remet au goût du jour, en les réactualisant, les idées de base du matérialisme.
Ludwig Feuerbach

Pour Auguste Comte (1798-1857) la distinction entre matière et esprit est "oiseuse". Comme pour sa classification des sciences, il définit une hiérarchie des phénomènes au sommet desquels il place l'humanisme. Un phénomène de rang inférieur porte un phénomène de rang supérieur. Il appelle matérialisme l'explication du supérieur par l'inférieur (exemple : expliquer la biologie par la physico-chimie).

Karl Marx Les progrès des sciences, avec les découvertes majeures que sont la cellule vivante, l'électricité, l'évolution de Darwin, offrent à Friedrich Engels (1820-1894) et à Karl Marx (1818-1883), influencé par Feuerbach, l'opportunité de moderniser le matérialisme sous la forme du matérialisme dialectique qui permet d'expliquer les comportements sociaux à partir de l'organisation économique de la société.



Le matérialisme accompagne les sciences et évolue en fonction des avancées de celles-ci (ex : le matérialisme mécaniste du XVIIIe siècle, dialectique au XIXe siècle). Il défend l'approche scientifique du réel dans tous les domaines : cosmologie, biologie, sociologie. Pour cette dernière, il doit combattre l'idée que l'homme est à ce point spécifique que seules des méthodes non scientifiques permettent de l'appréhender.

"Au sens philosophique, le matérialisme est d’abord une ontologie – une théorie de l’être – ou une conception du monde. C’est la doctrine qui affirme qu’il n’y a d’être(s) que matériel(s) : le matérialisme est un monisme physique. A ce titre, il se définit surtout par ce qu’il exclut : être matérialiste, c’est penser qu’il n’existe ni monde intelligible, ni dieu transcendant, ni âme immatérielle. Ce n’est pas pour autant renoncer aux valeurs ou aux biens spirituels. (…) Etre matérialiste, pour les modernes, c’est d’abord reconnaître que c’est le cerveau qui pense, et en tirer toutes les conséquences."
(André Comte-Sponville / né en 1952 / Comment peut-on être matérialiste ? Comment peut-on être humaniste ? / 1998)


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