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L'islam : monde

2005

Revue de presse


En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis, signalez-le

Voir également les rubriques Islam en France, Le Coran, Moyen Orient, Foulard islamique, Intégrisme.



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En noir : synthèse la plus objective possible des articles ou des points paraissant importants.
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Le pari d'Adler sur un Islam démocratique (Antoine Sfeir, Directeur des Cahiers de l'Orient)
Le Figaro - 28 décembre 2005 (1/8 de page)

La bibliothèque des essais, à propos du livre d'Alexandre Adler, "Rendez-vous avec l'Islam" (Grasset, 2005). Pour Alexandre Adler, la théorie du "choc des civilisations" est inopérante. Mieux, il "a l'audace de penser la "modernité démocratique musulmane"."
L’Europe ne pouvant vivre sans l’Islam, son pari est de miser sur deux pays clés de la région (la Turquie et l'Iran), "à condition, bien sûr, qu'ils confirment les espoirs que l'auteur place en eux".
Si la Turquie est le seul pays musulman dont les dirigeants ont opté un jour pour la laïcité, elle est maintenant "ballottée entre cette laïcité et ce que les dirigeants turcs appellent aujourd'hui "l'islamisme modéré"." Un éclaircissement sur cet "islamisme modéré" est nécessaire.
Quant à Ahmadinejad, le président iranien, souscrivant à la pensée populiste, il vient de remettre en cause l’existence d’Israël. "Alexandre Adler le souligne parfaitement : favoriser l'aile de Rafsandjani, l'un des adversaires d'Ahmadinejad, pourrait permettre aux Iraniens eux-mêmes de marginaliser Ahmadinejad et, avec lui, tous ceux qui pensent à sa manière."


Antisémitisme : l'Iran défie l'Occident (Jean-Pierre Perrin)
Libération - 15 décembre 2005 (1/6 de page)

L’époque où le président iranien, Mohammed Khatami, et le président israélien se saluaient, lors des funérailles de Jean Paul II, est révolue. Depuis quelque temps, le président Ahmadinejad multiplie les attaques haineuses contre les juifs et Israël qui est redevenu l'ennemi numéro un de l’Iran. Il s’en est pris notamment au "mythe" de l’Holocauste : "Ils ont inventé le mythe du massacre des Juifs et le placent au-dessus de Dieu, des religions et des prophètes. Si quelqu'un dans leurs pays met en cause Dieu, on ne lui dit rien. Mais si quelqu'un nie le mythe du massacre des Juifs, les haut-parleurs sionistes et les gouvernements à la solde du sionisme commencent à vociférer."
C’est davantage à la communauté internationale qu’aux iraniens eux-mêmes qu'Ahmadinejad s’adresse. Il lie ainsi habilement ses déclarations négationnistes à la question du nucléaire. "Soyez certains que nous ne reculerons pas d'un iota sur nos droits légitimes en matière nucléaire," a-t-il déclaré, sapant ainsi les efforts de l’Union européenne pour trouver un compromis.
Le Président iranien avait déjà manifesté sa volonté de confrontation avec l’Occident dans un précédent discours : "Entre le monde de l'arrogance [les pays occidentaux, ndlr] et le monde de l'islam, il y a une bataille historique qui a commencé il y a des centaines d'années."
Mais pour Nasser Etemadi, chercheur et journaliste iranien, ces propos s’adressent également au monde arabo-musulman : "Il a pris en compte que, dans ces pays, il y a un immense vide dans l'opinion publique, et que son message y sera donc bien accueilli."


Il est temps de faire taire les imams de la haine (Abdallah Al-Mutayri)
Courrier International - 24 au 30 novembre 2005 - (1/3 de page)

Arabie Saoudite. Un "article courageux" d’Al-Watan dénonce les religieux qui prêchent la violence et continuent d’encenser les actions terroristes en dépit des consignes gouvernementales, "comme si les croyants étaient une masse à manœuvrer afin de réaliser un projet politique." L’auteur de l’article rapporte comment l’imam de sa Mosquée parle des "ennemies de la religion", souhaitant que "Dieu fasse tomber leurs avions et couler leurs navires".
Le ministère, responsable des mosquées, doit prendre ses responsabilités et mettre fin à ces dérives. L’article suggère une campagne de sensibilisation car "chacun doit savoir comment porter plainte contre un imam qui outrepasse les règles". Les peines encourues doivent être sévères. "Si nous voulons vraiment combattre les idées du takfir [le fait de déclarer quelqu’un de mécréant], alors il faut commencer par là."


Deoband, pays de la fatwa perpétuelle (Basharat Peer)
Courrier International - 20 au 26 octobre 2005 - (2 pages)

Une enquête a été conduite par le magazine indien Tehelka dans la plus grande Madrasa du monde, à Deoband, dans l’Uttar Pradesh (Inde). Fondée en 1866, cette école coranique, le Darul Uloom, a joué un rôle important dans la lutte anticolonialiste. Les plus radicaux des talibans y ont été formés.
Les fatwas qui sont émises défraient parfois la chronique notamment en matière des droits de la femme. Pour Anzar Shah Kashmiri, spécialiste des hadith [recueil des actes et paroles de Mahomet] au Darul Uloom, "techniquement, la fatwa est juste. Mais les muftis sont déconnectés des réalités actuelles. Ils devraient tenir compte dans leurs décisions du contexte social dans lequel nous vivons".
Les Talibans qui se sont formés dans ce séminaire de 3500 élèves, se sont "prévalus de la lecture de l’islam telle qu’elle se pratique à Deoband, en insistant sur le retour aux textes saints de l’islam et en refusant toute acculturation, par opposition aux soufis, qui prônent le syncrétisme".


Les islamistes et nous
Le Point - 20 octobre 2005 - (13 pages)

L'islamisme pose trois problèmes à l'Occident : sécuritaire (bouillon de culture et matrice idéologique du terrorisme), civilisationnel (incompatibilité avec nos valeurs, avec la démocratie, la laïcité) et méthodologique (comment éviter l'amalgame islam / islamisme). Le retour des fondamentalistes vers une lecture littérale du Coran "constitue, en fait, une tentative désespérée de reconstruction identitaire." Les articles ont pour but de mieux faire comprendre ce phénomène.

Voyage au pays des fous d'Allah (Anne Nivat)
Une immersion du reporter dans l'univers intégriste, au Pakistan, en Afghanistan et en Irak.

"Sur l'idéologie d'Al-Qaeda, le monde occidental est complètement désarmé." (interview de Gilles Kepel, professeur à Sciences po, co-auteur de "Al-Qaeda dans le texte")
Les discours de l'islamisme djihadiste hésitent en permanence "entre extrême archaïsme et extrême modernité". Avec sa barbe et son discours anti-impérialiste, Ben Laden fait figure de Che Guevara, mais avec un discours rédempteur, une logique de secte, s'appuyant sur le culte du martyr et avec des diatribes révélatrices des dysfonctionnements de l'Occident.

Madrasas : les fabriques d'islamistes (Olivier Weber)
Malgré les efforts du gouvernement pour mieux les contrôler, les écoles coraniques du Pakistan "demeurent une vaste entreprise de lavage de cerveau au profit des fondamentalistes".

La France, terre de djihad (Christophe Deloire)
En prêchant dans les mosquées contre les valeurs de la laïcité et de la démocratie, "certains imams radicaux incitent leurs fidèles aux dérives les plus extrêmes".


Des dessinateurs danois menacés pour leurs caricatures de Mahomet (Olivier Truc)
Le Monde - 18 octobre 2005 - (1/8 de page)

Danemark. Pour avoir publié des caricatures de Mahomet dans un quotidien conservateur danois, deux dessinateurs de presse ont reçu des menaces de mort de la part d'un jeune homme qui a été interpellé par la police. L'une de ces caricatures montrait le prophète avec un turban en forme de bombe. Or, toute représentation humaine est interdite par l'islam. Une manifestation rassemblant plusieurs milliers de musulmans s'est déroulée le 14 octobre. ""L'Islam est en colère", scandait la foule, reprenant les mots de l'imam Mahmoud Fouad Al-Barazi, l'un des orateurs."
Le journal en question, Jyllands-Posten, voulait vérifier si les dessinateurs s'autocensuraient. Le responsable des pages culturelles du quotidien se défend de vouloir envenimer les relations entre musulmans et non-musulmans. Il estime que "les sentiments religieux ne peuvent pas exiger un traitement spécifique dans une société sécularisée".
Cette affaire montre la dégradation au Danemark de la situation des musulmans. "Le Parti populaire danois (DF, extrême droite, 13,2 % aux élections législatives de février), qui est un soutien indispensable, au Parlement, pour le gouvernement libéral-conservateur, ne manque jamais de mettre de l'huile sur le feu."


Jésus-Mahomet - Le grand affrontement (Catherine Golliau)
Le Point - 22 septembre 2005 - (13 pages)

Le XXIe siècle sera-t-il celui de la confrontation entre les deux plus grandes religions monothéistes, le christianisme et l'islam. Le dossier tente de comparer Jésus et Mahomet, les personnages à l'origine de ces deux religions d'apparence si dissemblables.
>>>   Voir l'ensemble du résumé de l'article : Jésus-Mahomet - Le grand affrontement


Moderniser l'islam, un enjeu pour la diaspora (Salman Rushdie)
Libération - 13 octobre 2005 - (1/4 de page)

Dans Libération du 23 août 2005, Salman Rushdie évoquait, après les attentats de Londres, l’"urgente nécessité d'un mouvement de réforme, pour convertir les concepts fondamentaux de l'islam à l'âge moderne". Cet article avait provoqué une large polémique. Beaucoup de commentaires positifs émanaient de musulmans comme celui de Mohammed Iqbal, de Leeds : "C'est parfaitement juste ­ il est grand temps que les musulmans admettent que ce sont les attitudes de l'islam du VIIIe siècle qui occasionnent tant de souffrances dans le monde d'aujourd'hui." Certains ont proposé que ce soient les politiciens, islamiques ou non, qui oeuvrent ensemble pour moderniser l'islam et le mettre en accord avec les réalités de notre temps.
Salman Rushdie essaie d'imaginer le contenu d'un tel mouvement de réforme. "En Inde, les musulmans sont traditionnellement laïques, sachant que c'est précisément le caractère séculier de la Constitution indienne qui leur épargne une dictature de la majorité hindoue. Les musulmans britanniques devraient prendre exemple sur leurs homologues et séparer religion et politique." L’étude de l’histoire permettrait par exemple, de rappeler que Beyrouth et Téhéran étaient des métropoles "modernes, cosmopolites et tolérantes". Cette culture perdue depuis l’arrivée des radicaux doit être restaurée. Quant à l’idée de la fraternité islamique, elle tient de la "fantasmagorie" car ce sont des musulmans qui souffrent le plus des islamistes radicaux comme cela a été le cas sous les régimes des talibans et des ayatollahs et maintenant avec l’insurrection en Irak. "Les musulmans auront peut-être besoin de se demander qui est véritablement leur ennemi, et de rediriger leur rage contre ceux qui les oppressent et les massacrent réellement." Les musulmans Sud-Asiatiques doivent se lancer dans la création de mouvements politiques représentatifs, ce qui permettrait de marginaliser les leaders discrédités du Conseil musulman de Grande-Bretagne.
Salman Rushdie propose que, dans cet islam réformé, les femmes soient considérées à l'égal des hommes, qu’aucune religion ne soit jugée comme inférieure à l’islam, "que l'antisémitisme ne soit pas toléré"... La diaspora des musulmans serait ainsi incitée à sortir des ghettos et une nouvelle forme de scolarité permettrait d'échapper aux "ténèbres dans lesquelles les madrassas et les écoles coraniques l'avaient plongée".
Ainsi, "ce que je décris là n'est pas tant le contenu d'une réforme que l'avènement de nouvelles Lumières".


L'école islamique de Via Quaranta fait scandale
Le Figaro - 4 octobre 2005 - (1/6 de page)

Italie. Située dans une rue industrielle de la banlieue sud de Milan, cette école islamique accueille 511 élèves de la maternelle à la troisième. Depuis quatorze ans elle fonctionnait en toute illégalité. Mais à la rentrée, la Mairie a ordonné la fermeture de l’école à cause de l’exiguïté des locaux pour autant d’élèves. "C'était compter sans le climat de suspicion qui entoure mosquées et instituts culturels islamiques et sans les mesures de sécurité renforcées depuis les attentats de Londres et l'arrestation à Rome d'un des kamikazes..."
Il y a quelques jours deux manifestations ont eu lieu devant l’école, l’une de soutien aux parents d'élèves, avec les communistes et les Verts, l’autre de protestation qui "était organisée par la Ligue du Nord, aux cris de "Milan Chrétienne, jamais musulmane"."
Les responsables musulmans modérés approuvent la position du préfet Bruno Ferrante quand il affirme "ne pas pouvoir accorder de dérogation à une institution non reconnue". Ali Sharif, égyptien, le fondateur et directeur de l’établissement se défend d'avoir créé une école coranique. "Il se prévaut du sceau de la République égyptienne frappé sur tous les livres scolaires : "C'est la preuve que nos cours ont l'aval des autorités de notre pays"." Cependant aucune inspection d'académie n’en garantit la qualité.


Normalisation islamique dans les villages noubas (O.I.)
Courrier International - 22 au 28 septembre 2005 - (1 page)

Soudan. Le village nouba de Fungo dispose désormais d'une mosquée, seul bâtiment en briques, financée par des Arabes du Nord afin que ces "irréductibles infidèles" deviennent de bons musulmans. Les habitants des monts Nouba (l'ethnie comprend environ 2 millions de personnes) ont eu leur heure de gloire en 1983 avec les photographies de Leni Riefenstahl, ancienne photographe du IIIe Reich.
Depuis la guerre civile, "la culture nouba a totalement disparu, avec d'immenses conséquences sociales, économiques et politiques". Les villages de Kao, Niaro et Fungor sont devenus musulmans. Les hommes, qui autrefois allaient nus avec des peintures sur le corps, ont revêtu la tunique soudanaise. Les femmes ne montrent plus leurs cicatrices rituelles ou leurs peintures ocres, mais portent des voiles de couleur.
Après la guerre civile, la plupart des groupes noubas se sont convertis à l'islam, "mais ils découvrent que le fait d'être musulmans ne leur offrait aucune protection". Le système d'autorité, fondé sur les anciens et sur les traditions, a été bouleversé. Les anciens n'ont plus leur mot à dire. "Ce sont désormais des sages dépendant du régime arabe qui prennent les décisions."


N’en avez-vous donc pas assez de vous fouetter ? (Dawood Al-Basri)
Courrier International - 15 au 21 septembre 2005 - (1/3 de page)

Irak. Les attaques aux missiles des partisans de Moqtada Al-Sadr contre les locaux des brigades Al-Badr sont révélatrices des divisions au sein de la communauté chiite irakienne. "C’est souvent pour des raisons familiales ou personnelles que des seigneurs de la guerre s’affrontent, bien loin des préoccupations du commun des mortels, qui n’a pas besoin qu’on rajoute la guerre à ses soucis quotidiens."
Démunis de tout, les chiites pensent pouvoir trouver du réconfort dans les rituels religieux. "Le clergé chiite, jaloux de ses privilèges, nourrit évidemment toute la panoplie des légendes qui façonnent les pèlerinages, car cela constitue une source de revenus juteux." Pourquoi ce clergé n’interdit-il pas certains rites meurtriers ? C’est le cas de la fête d’Achoura, commémorant la bataille de Karbala en 680, où l’on se flagelle le dos et se frappe la tête à coup de sabre. "Ces pratiques sont insupportables, portent préjudice au chiisme et alimentent le fond de commerce des marchands de l’extrémisme sunnite." L’article rappelle que l'Iranien Ruhollah Khomeyni avait interdit de tels rites en 1985.
Ce sang versé serait plus utile à la reconstruction de l’Irak. "Vous êtes la risée du monde quand vous refusez de tourner vos regards vers l’avenir et remâchez vos griefs contre quelque calife sunnite du Moyen Age." Les chiites irakiens doivent saisir cette chance historique de moderniser leurs pratiques.


Pour un Islam réformé (Salman Rushdie)
Libération - 23 août 2005 (3/4 de page)

Sous-titre : Les attentats de Londres doivent pousser les musulmans anglais à sortir des dogmatismes.
Iqbal Sacranie, chef du Conseil musulman de Grande-Bretagne, qui avait déclaré en 1989 que la mort, pour l’auteur des "Versets sataniques", était "une sanction trop clémente", est maintenant considéré comme un "modéré" et un "traditionnel" et a été anobli. Sacranie a affirmé que les attentats de Londres était un "défi majeur" pour la communauté musulmane. Par ailleurs, il se réjouit du fait que bientôt, "assimiler les musulmans à des terroristes [serait] désormais puni par la loi". Cependant son organisation a récemment boycotté une cérémonie de commémoration des 60 ans de la libération du camp d'Auschwitz.

Pour Salman Rushdie, cela illustre l’impuissance de Tony Blair qui compte sur les musulmans traditionnels pour combattre les islamistes radicaux, d’autant que de nombreux musulmans vivent en vase clos, sur la défensive, de "manière quasi ségrégative", comme c’est le cas à Leeds d’où sont issus les terroristes.

L’auteur des "Versets sataniques" propose un remède radical en proposant de d'attaquer à la source du problème. "Il faut un véritable mouvement de réforme pour convertir les concepts fondateurs de l'islam à l'âge moderne, pour s'attaquer non seulement aux idéologues jihadistes, mais également aux séminaires étouffants des traditionalistes, et faire entrer par les fenêtres de ces cloîtres communautaires l'air frais dont ils ont tant besoin." Il appelle les gouvernants et les chefs de communauté à aller dans ce sens, car une telle réforme passe par un "nouvel élan éducatif". Il est donc temps que la révélation qu’apporte le Coran soit analysée sous un angle historique. "Les musulmans d'ici et d'ailleurs seraient fascinés de découvrir combien leur livre culte est un produit de son lieu et de son temps, et de combien de façons il reflète les propres expériences du prophète. Cependant, rares sont les musulmans qui ont été autorisés à étudier leur livre religieux sous cet angle. L'insistance, au sein du monde islamique, sur le caractère infaillible et divin du texte coranique, rend toute interprétation analytique et érudite quasiment impossible. Comment admettre que Dieu ait été influencé par les événements socio-économiques du VIIe siècle ? Que les circonstances personnelles du messager aient influé sur son message ?"

C’est parce qu’ils rejettent cette vision historique que les traditionalistes favorisent les "islamofascistes partisans du mot à mot". Une réinterprétation du Coran permise par une lecture historique pourrait permettre aux lois figées du VIIe siècle de s’effacer devant les nécessités du XXIe siècle. "La réformation de l'islam commence ici : avec l'acceptation du concept que toutes les idées, même sacrées, doivent s'adapter aux réalités changeantes."


Salman Rushdie veut réformer l'islam (Jacques Duplouich)
Le Figaro - 13 août 2005 - (1/6 de page)

Depuis que l'ayatollah Khomeyni avait lancé une fatwa pour textes impies contre lui, en 1989, l’écrivain britannique Salman Rushdie vit caché. Dans une tribune publiée par le Washington Post aux Etats-Unis, et The Times à Londres, l’auteur des "Versets sataniques" suggère une grande "Réformation de l'islam". Il avoue se méfier des religions et des "mystagogues" qui s’arrogent le droit de les éclairer. "Quand la religion s'installe aux commandes d'un pays, la tyrannie suit. L'Inquisition ou les talibans". Constatant qu’il y a chez les musulmans un grand nombre de personnes aux idées archaïques sur les droits des femmes, l'homosexualité, la liberté d'expression et que le fondamentalisme enferme les jeunes musulmans dans une "quasi-ségrégation volontaire", il estime que le dialogue avec les musulmans modérés ou la répression ne régleront pas le fond du problème.
"Ce qu'il faut, c'est rien de moins qu'une Réformation de l'islam." Une révolution spirituelle "non seulement pour combattre les idéologues du djihad", mais aussi pour "pour aérer les écoles religieuses empoussiérées et suffocantes des traditionalistes". Un "enseignement nouveau" est nécessaire afin de remplacer "«les diktats et l'étroit dogmatisme» des «islamo-fascistes» qui «enferment l'islam dans leurs certitudes d'acier et leurs absolus éternels»". Salman Rushdie pense que le temps est venu pour entreprendre cette relecture du Coran. Cet appel au schisme, s’il a été bien accueilli par les laïcs, n’a pas rencontré d’écho chez les religieux. Il est vrai que son crédit est très faible auprès des musulmans. "Ils ne sont pas nés, les Calvin et Luther de l'islam prêts à le prendre au mot".


L'islam reprend pied au Tatarstan (Lorraine Millot)
Libération - 10 août 2005 - (1/6 de page)

Russie - Tatarstan. La nouvelle mosquée de Kazan a été inaugurée le 24 juin par Mintimer Chamiev, le président du Tatarstan, partisan de l’égalité de traitement des religions. "Cette mosquée est le symbole d'une renaissance et du fait que les religions vivent maintenant chez nous en concorde", a-t-il déclaré. En effet, depuis la conquête de Kasan en 1552 par Ivan le Terrible, la Russie ne tolérait plus de mosquée dans cette région.
Cet encouragement à l'islam est perçu comme un moyen de mettre en avant la particularité du Tatarstan, face à Moscou. Du fait des ressources pétrolières, 60% des impôts alimentent le budget fédéral. Mais c’est aussi de mieux contrôler politiquement l’islam. "Comme partout en Russie, dans les années 90, des missionnaires arabes ont apporté non seulement des fonds pour reconstruire les mosquées mais aussi le wahhabisme et d'autres courants extrémistes, assez étrangers aux Tatars."

Cependant, le pays semble manquer de ferveur religieuse, la pratique est faible et les extrémistes ne seraient qu’une vingtaine, tous en prison. "Il est plus facile de bâtir une mosquée en pierre que de construire une mosquée dans l'âme des croyants," soupire un dignitaire. Les "radicaux" qui semblent profiter aussi de ce renouveau de l’islam sont étroitement surveillés par les services secrets russes (FSB). "Plusieurs incidents récents laissent d'ailleurs penser que les "extrémistes" sont nettement plus qu'une vingtaine, et pas tous en prison."


Irak, l'hypothèque chiite (Hosham Dawod)
Libération - 1er février 2005 - (1 page)

Que ce soit en Irak ou au Moyen-Orient, la possibilité d'une arrivée sur la scène politique des chiites est perçue de "manière ambivalente". En Jordanie, le roi Abdalla parle de "péril chiite" formé par l'axe Iran, Irak et Sud Liban. Les monarchies pétrolières "ultra-autoritaires" du Golfe craignent que les élections démocratiques ne troublent le jeu classique du pouvoir en "favorisant la représentation politique des groupes (ethniques ou religieux) démographiquement dominants". En effet, les chiites qui au total ne représentent que 10% des musulmans sont très nombreux, voire majoritaires, dans certains pays de la région. Même l'Iran, à majorité chiite, s'inquiète et se sent menacé par la mise en pratique de la stratégie américaine et les répercussions que cela pourrait avoir sur la vie politique iranienne. Il y a aussi le risque de voir Najaf, en Irak, redevenir la principale ville sainte chiite au détriment de Qom, en Iran.
Le "réveil" chiite se heurte également aux mouvements extrémistes sunnites, comme les néosalfistes et les wahhabites. Pour eux, les chiites sont des "presque infidèles". "Dans leur logique, ces musulmans renégats méritent la mort", et cela d'autant plus que les chiites se montre "conciliants" avec les américains. L'Arabie Saoudite a, quant à elle, essayé "de prévenir tout débordement lié au nouveau pouvoir chiite en Irak" en organisant une conférence avec les différents courants de la vie religieuse et civile musulmane.
L'arrivée d'un pouvoir confessionnel en Irak marquerait un échec de la politique de George W. Bush qui était sensé implanter la démocratie. Les néoconservateurs américains, devant ces difficultés, envisagent "une solution à trois Etats, les Kurdes au Nord, les sunnites au Centre et les chiites au Sud". La Maison Blanche serait prête à accueillir ce scénario d'un "Chiitistan" à condition qu'un régime pro-occidental s'installe à Téhéran.


>>> Suite de la revue de presse : Islam - monde



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