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Pourquoi Dieu ne disparaîtra jamais

Science & Vie - N°1055 - août 2005

Revue de presse


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Pourquoi Dieu ne disparaîtra jamais

Science & Vie - N°1055 - août 2005 - (19 pages)

Notre cerveau est programmé pour croire (Nicolas Revoy)

La fusion "extatique" avec Dieu, n’est pas l’apanage des chrétiens. Les bouddhistes avec la méditation, et les soufis musulmans avec leurs transes connaissent les mêmes phénomènes. Des travaux récents de neurobiologistes font apparaître que le cerveau est structuré pour que l’homme adhère à l’idée du divin. "Au coeur de la propension à la foi, il y aurait ... la sérotonine, une substance qui, dans le cerveau, transmet l’information d’un neurone à l’autre".

Dans les années 90, des travaux avaient montré que la sérotonine pouvait provoquer des états similaires à ceux causés par les drogues psychédéliques (ex : le LSD) comme la modification de la perception, les hallucinations ou le sentiment de fusion avec le monde... "soit ni plus ni moins que les sensations que les mystiques disent éprouver au cours de leurs états extatiques". L’équipe suédoise de la neurobiologiste Jacqueline Borg a montré que plus le taux de sérotonine était élevé, plus la religiosité des sujets de son expérimentation était avérée. La scientifique conclut : "le système de production de sérotonine pourrait bien être vu comme l’une des bases biologiques de la croyance religieuse, même si le résultat de l’étude doit encore être précisé avec des travaux menés sur un panel de volontaires plus large."

Cerveau - Image sans rapport avec le texte
La sérotonine ne serait pas la seule "molécule de la foi". D’autres neurotransmetteurs pourraient jouer un rôle dans le sentiment religieux, comme les opioïdes : "les drogues opiacées, telles la morphine ou l’opium, qui mime les opioïdes naturellement secrétés par le cerveau, modifient les perceptions sensorielles".
Ainsi le "spirituel" aurait une origine purement chimique, donc matérialiste. L’esprit ramené à la matière et Dieu un simple éléphant rose.

D’autres recherches sur la structure du cerveau ont révélé une zone du cortex, le cortex pariétal supérieur qui fonctionne au ralenti lors du fameux sentiment de fusion mystique avec le monde. Ce rôle a été mis en évidence par le neurobiologiste Andrew Newberg lorsqu’il a analysé l’activation cérébrale de moines tibétains bouddhistes en état de méditation. Ce ne serait pas la seule zone du cerveau concernée. Les recherches du neurobiologiste américain Michael Persinger suggèrent "que la stimulation électromagnétique des lobes temporaux, ces aires localisées au niveau des tempes, déclencherait la sensation d’avoir à ses côtés une présence divine. Ces aires pourraient donc être impliquées dans l’aptitude à ressentir une présence divine."

Il ressort de ces travaux que l’homme paraît "programmé pour croire en Dieu". Notre cerveau est doté d’un mécanisme biologique et psychologique inné qui nous rend sensible à l’idée d’existences divines. D’autre part, "notre perception intuitive du réel étant innée, sa transgression par les croyances religieuses provoque une réaction émotionnelle forte". Dit autrement, par l’évocation de ces transgressions contredisant notre entendement, nous sommes amenés "à leur attribuer un pouvoir explicatif supérieur".


La foi, remède miracle contre l’anxiété (Nicolas Revoy)

Différentes études réalisées depuis quelques années ont montré que la croyance en Dieu augmentait l’espérance de vie. Les religions s’avèrent être un moyen de lutte contre l’anxiété. Les attentats du 11 septembre 2001 ont provoqué un net accroissement de l’anxiété dans la population américaine et parallèlement une augmentation des pratiques religieuses. Une étude réalisée sur des étudiants par des psychologues de l’université de Washington a montré, début 2005, que les "comportements religieux tels que la prière pour gérer le traumatisme sont parvenus à calmer leur angoisse beaucoup plus efficacement que les autres." Les croyants auraient donc un niveau d’angoisse plus faible que les non croyants.

Ce phénomène rejoint un mécanisme plus large mis en évidence dans la psychologie sociale au cours des années 70 : "lorsqu’un individu est exposé à une situation où des événements négatifs hors de son contrôle peuvent survenir à tout moment, il utilise un stratagème appelé "illusion de contrôle" ", indique Olivier Desrichard, chercheur en psychologie sociale. "Ce mécanisme consiste à se persuader qu’il dispose d’un pouvoir sur son environnement, susceptible de lui permettre d’éviter d’être exposé à cet événement négatif." Cette "illusion de contrôle" se manifeste par exemple lorsqu’un sportif embrasse sa médaille avant une compétition. La religion est donc "une illusion de contrôle comme une autre." Par cette "pirouette cognitive", l’homme cherche à éviter un état physiologique "désastreux". Il essaie donc par tous les moyens à éviter l’angoisse.

L’appartenance à une communauté religieuse, qui permet de s'intégrer à un groupe social, contribue aussi à réduire l’anxiété, comme l’a montré une expérience sur des volontaires en phase de sevrage de drogue et d’alcool. L’origine est sans doute à rechercher dans les premiers temps de l’humanité où les "Homo" vivaient uniquement en petits groupes d’une dizaine d’individus. "Ce qui explique que c’est à l’intérieur d’un groupe qu’un être humain ressent du bien-être," précise Boris Cyrulnik, professeur d’éthologie à l’université de Toulon. Sur le plan psychologie, physiologie, social, tout semble donc inciter à avoir la foi.
La foi, un anxiolytique !
En complément, voir la page sur les bienfaits de la religion où sont abordés ces phénomènes qui n'ont rien à voir avec une quelconque divinité ou transcendance.



L’irrésistible ascension de Dieu depuis les origines (Isabelle Bourdial)

Tandis qu’aujourd’hui, 85% de la population est animée de sentiments religieux, l’article retrace l’évolution des croyances telle qu’elle nous est connue par le biais des découvertes archéologiques. Il en ressort que "la religion précède l’invention des dieux".
  • Galet évoquant un visage humain ramassé par un australopithèque, vers -160 000 ans. Avait-il une dimension symbolique ?
  • Premières sépultures d’Homo sapiens et de Néanderthaliens vers -100 000 ans, signes d’une préoccupation spirituelle.
  • Peintures rupestres, à partir de -33 000 ans, "qui pourraient s’expliquer par la pratique du chamanisme, l’entrée en communication avec le surnaturel".
  • Apparition au début du néolithique, vers -10 000, des premières divinités, déesse mère et dieu taureau.
  • Premiers lieux de culte avec l’adoption de la sédentarisation : -8 500 ans

"La religion bouscule notre perception du monde" (interview de Scott Atran)

Scott Atran est anthropologue cognitif et directeur de recherche au CNRS. Voici quelques unes des idées développées au cours de l’interview.
  • La raison ne peut résoudre les problèmes existentiels. La croyance en Dieu permet d’y échapper, grâce à un "au-delà qui apparaît aussi vrai que notre monde".

  • Les "mondes contre-intuitifs" que proposent les religions dérogent aux règles que dicte la connaissance innée par l’être humain de certaines lois naturelles. Mais ces dérogations doivent être limitées, car il serait "alors trop difficile pour le cerveau de gérer de telles entorses aux lois naturelles". Ces "mondes contre-intuitifs", trop éloignés de la réalité, ne pourraient être pris au sérieux.

  • Les rites sont là pour faciliter la croyance en ces "mondes contre-intuitifs". "Ces gestes, génuflexions, processions, peuvent aller jusqu’à la prostration. On les rencontre chez les grands primates. Chez les humains, ils ne sont pas seulement symboliques, ils procurent un sentiment de soumission." Les mouvements du corps, danses, chants donnent lieu à d’autres formes de rites. C’est cette ambiance émotionnelle et collective qui montre que l’on est prêt à sacrifier un peu de soi. "Un sacrifice forcément coûteux qui peut aller jusqu’à impliquer sa vie ou celle de ses descendants."

  • L’émotion provoquée par cette communion et ces gestes de soumission prend le pas sur la logique et la raison. La religion s’étant institutionnalisée, c’est grâce à ces stimulations constantes et répétées que l’on finit par croire au monde imaginaire qu’elle décrit.

  • La base des croyances religieuses est toujours la même : communion, sacrifice, contre-intuitivité minimale. "Quand j’interviewe des soldats sur le front et des kamikazes, ils me donnent les mêmes réponses. La Légion étrangère fait comme Al Qaïda. Pour créer un sentiment d’unité, il faut partager les mêmes émotions."

  • Une secte devient une religion lorsque la société, au cours d’une crise morale, "fait appel à elle pour changer ses fondements moraux, comme avec Calvin, Luther ou Mahomet, par exemple." Sinon elle tend à se désagréger sauf si, autonome, elle réussit à s’isoler et à créer sa propre société morale.

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