Politique française :
religion, intégrisme, laïcité...
2005
Revue de presse
En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis,
signalez-le
Codes couleur :
En noir : synthèse la plus objective possible des articles ou des points paraissant importants.
En rouge foncé : citation ou extrait de l'article. Titre en gras.
En mauve : commentaire ou appréciation particulière de "atheisme.free.fr"
"Vade retro", Sarkotanas ! (Dominique Durand) Le Canard enchaîné - 9 novembre 2005 - (1/8 de page)
"Emoustillé" par le parterre des évêques de France réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière, Nicolas Sarkosy a fait savoir qu'il s'y rendrait volontiers s'il y était invité. Il lui fut répondu par la négative, même pour une courte apparition. L'évêque de Lourdes, Jacques Perrier a déclaré que leur assemblée était "un lieu de travail, pas un barnum ! Vous rendez-vous compte du bazar que cela provoquerait et des interprétations possibles ?" Dans le contexte des émeutes dans les banlieues, Sarko aurait été capable "d'enflammer les saintes huiles", ironise le Canard enchaîné. Pour l’évêque, même si une église a reçu des jets d'essence, cette conférence entre évêques, "ne se prête pas à ce genre de rencontre". D'ailleurs, une réunion est prévue le 28 novembre entre le ministre de l'Intérieur et Mgr Ricard pour parler du rapport Eglise-Etat à l'occasion du centenaire de la loi de 1905.
Le communautarisme a bon dos (Benoît Hamon) Libération - 7 novembre 2005 - (1/3 de page)
Sous-titre : En privatisant le règlement des conflits, le gouvernement décharge la République de sa mission
Benoît Hamon est porte-parole du NPS et député européen. Avec l’affaire du SMS sur France Télévisions (faisant référence aux "odeurs des Blacks") et l’utilisation du terme "racaille" à propos des jeunes des banlieues par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, on ne peut que constater que les "stéréotypes" issus du passé sont toujours très présents en France.
"De même, la politique de Nicolas Sarkozy, qui cherche à confessionnaliser les problèmes sociaux, avec l'instrumentalisation du Conseil français du culte musulman (CFCM), créé pour régler des questions cultuelles mais qui se voit de plus en plus fréquemment sollicité comme porte-parole d'une "communauté", révèle une persistance des réflexes de l'administration coloniale, qui traitait avec les oulémas et définissait les indigènes par leur religion."
Le fort taux de chômage des jeunes issus de l'immigration et le déclassement plus fréquent des diplômés vers des tâches d'exécution sont aussi une "perpétuation de la hiérarchie des tâches issue de l'époque coloniale"
Benoît Hamon refuse l'idée des communautés "instrument de l'égalité" ainsi que celle des discriminations positives réparant les discriminations dont sont victimes les "minorités visibles". Pour lui, "Le communautarisme commence par distinguer des communautés avant de les hiérarchiser, chacun défendant la primauté ou la supériorité de la sienne. Ces hiérarchies implicites deviennent ainsi un substitut de citoyenneté et le règlement des conflits sociaux se privatise." Ce qui conduit à "l’abandon de la République". "Hier, la République était le rempart des citoyens français face à la violence faite à un seul d'entre eux au nom de l'antisémitisme ou du racisme. Aujourd'hui, le gouvernement privatise le règlement des conflits et décharge la République de sa mission protectrice et émancipatrice."
Villepin garde la loi de 1905 contre Sarkozy (Renaud Dely et Didier Hassoux) Libération - 24 octobre 2005 - (1/4 de page)
Après l'annonce par Nicolas Sarkozy de la création d'une Commission de réflexion juridique sur la séparation des Eglises et de l'Etat, le Premier ministre, Dominique de Villepin, a dû rappeler que "la "modification" de ce texte qui est "l'un des piliers de notre pacte républicain [...] n'est pas à l'ordre du jour"." Cette affirmation est la même que celle de Jacques Chirac qui a déjà rappelé à plusieurs reprises que la loi de 1905, "pilier de notre temple républicain" est "intouchable. On souligne en outre, à Matignon, que la grande majorité des religions ne souhaitent pas qu'elle soit modifiée.
Quant à Nicolas Sarkozy qui a reçu l'appui d'Edouard Balladur, il a déjà dit qu'"il n'y a pas de sujet tabou". Derrière cette volonté d'adapter la loi, il y a la perspective de permettre "à l'Etat et aux collectivités locales de financer, par exemple par des garanties d'emprunts, la construction de lieux de culte". Le ministre de l'Intérieur entend autoriser le président de la commission, Jean-Pierre Machelon (professeur de droit), à lui soumettre en juin 2006 des propositions de modification de loi.
Ce sujet risque de devenir une "foire d'empoigne" et le "match retour de la polémique sur le voile" de 2003. François Hollande, premier secrétaire du PS, a souligné la "situation" de la majorité "illisible" et la discordance au sein du gouvernement. Pour lui, "les problèmes liés à la construction de lieux de culte peuvent être résolus autrement que par la voie législative. Ce principe a été acté le 12 novembre 2003 par une décision du bureau national du PS".
Alors que Manuel Valls, député-maire d'Evry (Essonne), est favorable à un "aménagement de la loi de 1905" avec un "moratoire" et l'autorisation d'un "financement public par l'Etat et les collectivités locales", Jean Glavany, ancien ministre et responsable au PS de l'Université permanente de la laïcité pense que ce serait "ouvrir la boîte de Pandore". Pour lui, changer la loi, ce serait "allumer une mèche dont on ne sait ni quand ni pourquoi elle explosera". Laurent Fabius, pour sa part, recommande "de ne "pas toucher à une loi qui "depuis un siècle permet de ne pas faire de confusion"."
Laïcité : Laurent Fabius reçoit le soutien de Fadela Amara (Isabelle Mandraud) Le Monde – 11 octobre 2005 - (1/6 de page)
Depuis son discours au congrès de Dijon, en 2003, Laurent Fabius a fait de la laïcité l'un de ses domaines réservés.
Dimanche, à la fête de la laïcité organisée par Michel Charzat, le maire fabiusien et député du 20e arrondissement de Paris, on a pu constater le rapprochement de Laurent Fabius avec la présidente de l'association "Ni putes ni soumises", Fadela Amara. "Elle déjeune et voit régulièrement le leader socialiste pour parler cités, immigration, laïcité, exclusion. "On est copains, je l'aime beaucoup", dit-elle sans détours." Cette dernière apprécie les prises de parole de l'ancien Premier ministre socialiste sur la laïcité.
Dans son discours, Laurent Fabius a considéré que la loi de 2004 avait un bilan "positif", mais insuffisant. "Il a plaidé pour la rédaction d'une charte de la laïcité dans les services publics [...]. Tout en regrettant "quelques flottements" à gauche sur les questions de quotas et de discrimination positive, M. Fabius s'en est pris à "une famille de pensée, la droite au Kärcher", qu'il a accusée d'encourager "les pratiques du communautarisme"."
M. Sarkosy veut expulser les imams "radicaux" (AFP) Le Monde - 17 et 18 juillet 2005 - 1/6 de page)
A Madrid, le ministre de l’Intérieur français s’est engagé à expulser systématiquement de France "tous les imams qui appelleraient à l’assassinat". Nicolas Sarkozy prône la fermeté, dans le cadre de la lutte antiterroriste internationale, contre les prêches radicaux et les appels à la haine.
Deux jours plus tôt, lors d’une réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE, il avait déclaré : "Ceux qui tiendraient des propos outranciers, violents, étrangers aux valeurs de notre République, ils seront expulsés".
Parmi les moyens d’action préconisés, on trouve la surveillance des lieux de culte et des prisons ainsi que le contrôle des associations servant de paravent aux "idéologies radicales ou terroristes".
A Paris, à la mosquée, on ne fait pas de politique (Xavier Ternisien) Le Monde - 10 et 11 juillet 2005 - (1/8 de page)
Il y a quelques années, la mosquée de la rue Myrha (XVIIIe arrondissement), considérée comme le repère du front islamique algérien, avait une "réputation sulfureuse". Son imam a été assassiné en 1995, quelques jours avant les attentats de la station RER de Saint-Michel.
Son successeur, Cheikh Hamza, dit ne pas avoir évoqué les attentats de Londres dans son prêche. "Bien sûr que je condamne ces attentats, c’est intolérable, scandaleux. Mais j’avais préparé mon prêche à l’avance. C’est pourquoi je n’en ai pas parlé. J’ai parlé de la foi." Il abordera ce sujet la semaine prochaine en appelant à la vigilance contre les provocations et au respect des lois. A l’entrée de la mosquée, des mesures draconiennes de sécurité ont été prises. Dehors, les fidèles condamnent tous les attentats. "On ne fait pas de politique," dit l’un d’eux. "La majorité des musulmans sont victimes du fléau du terrorisme. La religion enseigne qu’il ne faut pas tuer les innocents."
Bienvenue à l’Eglise de Sarkologie Le Canard enchaîné - 22 juin 2005 - (1/10 de page)
En visite à Paris, à l’occasion de la sortie de son dernier film, Tom Cruise n’a pas manqué, devant les journalistes, de vanter les mérites de l’Eglise de Scientologie. Il a également fait des louanges à Nicolas Sarkosy qu’il avait rencontré en août 2004. Selon l’acteur, ils avaient "parlé de tout, de scientologie, de cinéma, de vie familiale". En mai dernier, Nicolas Sarkosy affirmait ne pas connaître grand-chose sur cette Eglise et ne pas avoir d’opinion quant à son caractère sectaire. "Etonnant de la part d’un ministre de l’Intérieur chargé des cultes, préposé à la surveillance des "nouvelles religions" et des sectes". Lundi dernier, le ministre de l’Intérieur a déclaré que "nos quartiers sont devenus des déserts spirituels" et que "les religions sont un plus pour la République". Ce qui amène le Canard enchaîné à se demander si "c’est une vérité scientifique ou scientologique".
"Vouloir réviser la loi de 1905 parce qu’elle est vieille est un argument de pure esbroufe" (propos de Jean Glavany recueillis par Isabelle Mandraud) Le Monde - 18 décembre 2004 - (1/3 de page)
François Hollande a voulu renforcer la direction du Parti Socialiste sur le thème de la laïcité en nommant Jean Glavany, secrétaire national chargé de ce dossier. Pour résoudre la question des lieux de culte musulman, les municipalités disposent de solutions comme les baux emphytéotiques [à très long terme] ou la construction de centres culturelles. Jean Glavany considère qu'il n’est donc pas nécessaire de réviser la loi de 1905 et donne raison à Jacques Chirac de s’être opposé au projet de Nicolas Sarkosy de toucher au pacte républicain. Ce n’est pas parce qu’il peut y avoir des difficultés pratiques à boucler un financement qu’il faut changer la loi.
Quant au projet de Dominique de Villepin de Fondation pour le financement des mosquées, les socialistes y sont opposés, car elle "accueillerait des représentants de l’Etat. Cela viole l’esprit de la loi de 1905, qui interdit au religieux d’influer sur le politique et au politique d’influer sur le religieux." Ce même principe n’a pas été respecté pour la création du CFCM (Conseil français du culte musulman). De plus, Jean Glavany se dit ahuri par la formation envisagée pour les imams : "La République a-t-elle jamais vérifié ou donné un certificat de capacité à un curé catholique ou à un pasteur protestant ?"
Jean Glavany propose de respecter de la loi de 1905, "toute la loi, rien que la loi", d’indiquer aux maires leur droits et devoirs et de mettre en place une "politique ambitieuse pour tous les étrangers". Il trouve également qu’avec la création du CFCM, son livre sur la République et les religions, son voyage en Israël, Nicolas Sarkozy s’est adressé successivement aux musulmans, aux catholiques et aux juifs et a montré ainsi qu’il était "communautariste sans le dire".