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Peut-on croire à l'existence des divinités ?

Sinon, toutes les religions ne sont que fumisteries !


À propos de la Bible hébraïque


par Richard Rousseau  -  20/05/2016




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




Sommaire :


A propos de la Bible hébraïque

     Lorsque l'on parle de monothéisme, la divinité à considérer est "Dieu", avec un "D" majuscule. Étant une invention humaine, et dépendant du lieu et de l'époque, ce Dieu est aussi appelé Yahvé par les israélites et Allah par les musulmans. Si on veut connaître les caractéristiques de ce Dieu, le livre à lire est la Bible. Elle nous révèle que ce Dieu est l'entité suprême, unique, immatérielle, transcendante, universelle et créatrice unique de toute chose : l'univers, la Terre, la vie et l'humain (voir la gravure ci-incluse). Fabuleux, non ! Attardons-nous donc quelque peu sur ce livre, vu ses affirmations, sa diffusion partout à travers le monde et qu'il est intiment associé à l'histoire de la Mésopotamie antique. Mon intention n'est pas de faire ici une étude exhaustive de ce livre, loin de là, mais d'en faire un survol pour mieux comprendre sa naissance et comment un livre aussi légendaire a pu survivre pendant 3200 ans jusqu'à aujourd'hui. Si c'était une oeuvre romanesque, ou poétique, ou de tout autre genre fictif, venant d'un lointain passé, je comprendrais l'intérêt de l'humanité pour ce livre. Mais ce n'est pas le cas. Il a plutôt survécu grâce à un parcours historique exceptionnel et parce que les croyants affirment qu'il a été écrit par un peuple choisi par Dieu lui-même, sous l'inspiration divine et qu'il est la parole de Dieu. Incroyable !



Dieu mesurant le monde
Gravure à l'eau-forte et aquarelle de William Blake, 1794
Londres, British Museum [7]

     Voici donc une chronologie de l'histoire des livres bibliques articulée sur une chronologie de l'histoire de ses auteurs, le peuple hébreu. Bien évidemment, plus on remonte dans le temps, plus il est difficile d'avoir des certitudes historiques. [6] Qui était ce peuple hébreu ? Selon la Bible hébraïque, les Hébreux sont un ancien peuple sémitique du Proche-Orient. Ils sont fréquemment considérés comme les ancêtres des Juifs. Un autre synonyme également utilisé pour les identifier est celui d'"Israélite". Ils sont originaires de la Mésopotamie, à Sumer (le pays d'Ur, d'où sortit Abraham). Ce sont des nomades, vivant dans des tentes, élevant des troupeaux de chèvres et de moutons, utilisant des ânes, des mulets et des chameaux comme porteurs. [5] Imaginez : les trois grandes religions monothéistes reposent sur les épaules d'éleveurs de moutons. Pas possible !

     À une époque indéterminée du IIe millénaire avant J.-C. une crise économique a pu pousser le "patriarche" Abraham et son clan araméen à migrer vers le sud du pays de Canaan (voir la carte), à l'actuelle Naplouse ou encore Hébron. Peu à peu, ils se mêlent aux populations locales et deviennent agriculteurs sédentaires. Des premiers patriarches hébreux sont issus entre autres le peuple d'Israël. La tradition biblique présente les Hébreux de l'époque patriarcale comme des "étrangers" par rapport à la population locale, des pasteurs semi-nomades en voie de sédentarisation, à la recherche de pâturages. Ils s'installent près des villes et entretiennent généralement de bons rapports avec la population locale. Ils vivent en autarcie et refusent de se marier "avec les filles des Cananéens". Ils sont groupés en familles élargies ou en clan, qui gardent leur identité et leurs traditions propres (culte du dieu de leurs pères). [5]

     Selon la Bible, une famine les aurait poussés à partir vers l'Égypte pour travailler aux grands travaux publics. Le temps passant, ils devinrent esclaves (selon la Bible) ; il est en effet fort probable qu'ils furent opprimés. Plus tard, sans doute au XIIe siècle avant J.-C. émerge un personnage important, Moïse, qui les aurait aidés à s'enfuir d'Égypte grâce à une intervention divine (traversée de la Mer Rouge et traversée du Sinaï en direction de Canaan). Après avoir reçu les Tables de la Loi sur le mont Sinaï, Moïse conduit les Hébreux à travers le désert pendant 40 ans. Après cette errance ils revinrent au pays de Canaan (Josué 9:11). C'est après la mort de Moïse que Joshua a conquis, à grand coup de massacres et de génocides, la terre d'Israël aux Cananéens. Ainsi, environ 1200 ans avant J.-C. les Hébreux occupent à nouveau la montagne centrale du pays de Canaan. C'est peut-être dans les sanctuaires de cet endroit que se trouve l'origine des récits bibliques. C'est peut-être là qu'on a commencé à composer des hymnes et des récits sur les ancêtres, par exemple, Abraham et Jacob. [6]

     Environ trois cents ans plus tard, c'est le début des royaumes : celui de Juda (au Sud) où le roi Salomon régna de 970 à 931 avant J.-C. avec pour capitale Jérusalem. Salomon y aurait fait bâtir un temple renfermant l'arche d'Alliance. En -930, fondation du royaume d'Israël (au Nord), avec pour capitale Samarie. Puis survint la séparation de ces deux royaumes. Le royaume d'Israël qui survécut jusqu'en 722 avant J.-C. est conquis par les Assyriens, avec la chute de Samarie. Le royaume est transformé en provinces assyriennes. Il y a déportation de ses habitants qui deviennent vassaux des Assyriens. Le royaume de Juda qui survécut jusqu'en 587 avant J.-C. est conquis par le roi babylonien Nabuchodonosor II. La ville de Jérusalem et son temple sont détruits. Ses habitants sont déportés à Babylone. [21] Victime de sa division, le peuple hébreu affaibli subit plusieurs autres invasions, perse, grecque et romaine, dont la dernière dirigée par l'empereur romain Titus en 70 de notre ère, où il reconquiert la ville de Jérusalem et détruit pour la seconde fois son temple ; il provoqua la seconde Diaspora (dispersion du peuple juif autour du bassin méditerranéen). Finalement, la secte hérétique chrétienne va se détacher du judaïsme pour devenir la religion officielle d'un grand peuple, l'Empire romain. [5]

     De nos jours, le peuple juif a reconquis l'État d'Israël en 1948, par la guerre encore une fois, en chassant ses occupants, les Palestiniens. Les Israélites répètent ce qu'on leur a fait subir... Les deux langues officielles sont l'hébreu et l'arabe. Le degré de religiosité des Juifs israéliens est très divers : on y retrouve une majorité de juifs laïques (45 %) ou traditionalistes (36 %) et une minorité de juifs orthodoxes (10 %) ou ultra-orthodoxes (9 %). Les extrémistes religieux récitent encore des prières devant les ruines du temple de Jérusalem, le Mur des Lamentations, symbole du judaïsme à Jérusalem. Le moins que l'on puisse dire est que ce peuple a beaucoup souffert, est très conservateur et fait souffrir à son tour le peuple palestinien.

     Voilà en gros l'histoire d'un peuple ayant vécu de nombreuses guerres, ayant migré en de nombreux pays, n'ayant jamais su s'adapter, ne s'étant jamais senti chez lui avant d'arriver en Israël. C'est ce peuple farouchement religieux, ignorant, borné, bigot et barbare qui a écrit la Bible. Ça explique le genre d'écriture présenté dans ce livre où l'on est toujours à la recherche d'un Messie venant les délivrer de tous leurs malheurs. Si ce n'est pas possible dans ce bas monde, tant pis, ça sera dans un au-delà céleste après la mort. Point final !

     On peut se demander comment le peuple hébreu en est venu à écrire cette Bible et à se croire le peuple élu, objet de la révélation divine du seul dieu, Yahvé ? Pourquoi le vrai Dieu aurait-il choisi ce petit peuple du désert ? La révélation divine exigeait une langue riche, nuancée comme la langue grecque. L'Hébreu antique est une langue plutôt pauvre et son vocabulaire limité. Le peuple hébreu n'a réalisé aucune grande invention technologique, comme les Chinois en ont fait et il n'a réalisé aucun progrès dans la science comme les Grecs. La révélation divine aurait pu rayonner davantage avec un peuple plus puissant comme les Chinois, les Indiens de l'Inde ou les Babyloniens, les Grecs, les Romains et les Égyptiens. [25] Ici pas de réponse à cette question, sinon que ce n'est que pure prétention de la part du peuple hébreu ou juif d'affirmer pouvoir parler à une divinité inexistante. Comment est-ce possible ?

     Quelle est la crédibilité que l'on peut accorder aux textes sacrés ? Les croyants prétendent que les textes de la Bible ont été écrits par des auteurs bel et bien humains, mais sous inspiration divine. Ils ne peuvent donc pas se tromper. Dieu se serait servi d'eux pour transmettre son message, ils seraient donc intégralement inspirés par Dieu. Dans les textes originaux, la Bible serait infaillible. Je pense que toutes ces "vérités révélées", qu'il faudrait croire aveuglément sans se poser de questions, ne sont que des légendes, des textes symboliques qui s'apparentent à des fables. Le but de ces textes est d'éduquer, d'édifier, d'enseigner une nouvelle religion et non de livrer une nouvelle philosophie de vie à l'humain afin qu'il soit heureux ici-bas sur cette Terre. D'après certains spécialistes, la Bible relève de la "fabrication". [22] J'adhère à cette croyance.

     Ceci dit, ma compréhension des textes bibliques est la suivante. Le peuple hébreu, tout comme n'importe quel auteur de pièces de théâtre, c'est assis un bon matin et a commencé à écrire un scénario. Il inventa une histoire, des personnages, un lieu et une époque donnés. Cette histoire commence avec la création du monde par un Dieu tout puissant, raconte la venue d'un Messie pour sauver ce peuple de tous leurs malheurs, et se termine par une fin du monde rédemptrice. Et voilà, c'est parti ! Ainsi naissent les oeuvres de fiction et la Bible en est un exemple frappant, tout comme Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll (1865). Ai-je raison de faire une telle affirmation ? Vérifions.

     Ce livre, la Bible, est plein d'incohérences, de contradictions et d'erreurs ce qui signifie qu'il n'est précisément pas la révélation de Dieu. [25] Un Dieu ne pourrait se tromper à ce point. De plus, ce supposé Dieu se serait adressé à des prophètes capables de le comprendre et de recevoir directement ses révélations. Imaginez, ils étaient même capables de prédire l'avenir, car ce supposé Dieu le leur avait dit. Ici nous nageons dans la fabulation la plus totale, comme "Alice au pays des merveilles". Mais ce n'est pas tout. La Bible est truffée de faits, d'endroits et de personnages imaginaires, tous plus invraisemblables les uns que les autres. En voici quelques exemples, comme la création de l'univers en six jours, la création d'Adam et Ève vivant dans un paradis terrestre, le péché originel, Noé construisant un bateau contenant un couple de tous les animaux vivants sur terre pour les sauver d'un déluge universel, les murailles de Jéricho qui sont abattues au son de trompettes, la femme de Loth transformée en statue de sel parce qu'elle avait osé se retourner en fuyant Sodome et Gomorrhe en feux, etc. Il y a aussi des personnages possiblement réels ayant vécu en des lieux possiblement historiques, mais ayant accompli des faits totalement invraisemblables, comme la naissance de Jésus né d'une mère vierge et d'un père divin, comme sa résurrection après être mort crucifié sur une croix, la traversée à pied de la mer Rouge par Moïse, la récupération par Moïse des 10 commandements, écrits par la main de Dieu lui-même, sur le mont Sinaï, etc. On pourrait continuer indéfiniment la liste de faits invraisemblables prouvant hors de tout doute que la Bible est une oeuvre de fiction, malgré sa prétention à l'historicité. De plus, nous sommes en droit de nous poser des questions sur la légitimité de ce Dieu révélé à l'humain par l'intermédiaire de prophètes. Ne serait-il pas fictif lui aussi ?

     Mon passage favori de toutes ces histoires invraisemblables est celui où les prophètes prédisent la venue d'un sauveur de l'humanité appelé "Messie". [11] Ce Messie, les juifs l'attendent encore après 3200 ans. On peut dire qu'ils sont patients. Les chrétiens ont même essayé d'associer un véritable humain, Jésus, à cette histoire invraisemblable. [8] Ce fut évidemment un échec. Un sauveur de l'humanité n'est jamais venu nous sauver de quoi que ce soit, à moins que l'on croie que le nouveau personnage fictif "Superman" dans son dernier film [34] soit ce sauveur tant espéré.

     Ainsi, le peuple hébreu inventa il y a 3200 ans, au pays de Canaan, une histoire fictive où le personnage principal, Dieu, est tout puissant, immatériel et éternel. Il règne sur la région comme un roi et il dicte à l'humain, par l'intermédiaire de prophètes, des règles à suivre très strictes pour l'honorer. Ils étaient les seuls à pouvoir l'entendre et toutes ces règles furent compilées dans un livre, la Bible. Ce Dieu exige de la part de l'humain une soumission totale, ordonne qu'on applique à la lettre ces règles et impose à l'humain qu'il s'adresse à lui par la prière. Tout ce processus s'appelle une religion. Ce personnage appelé Dieu, inventé par l'humain, a un comportement anthropomorphique lorsqu'il est déçu par la conduite de ses sujets : il devient colérique, violent et destructeur. Que l'humain se le tienne pour dit : il n'a qu'à obéir aveuglément à ce Dieu, comme un fidèle petit mouton, et il n'aura pas de problème. Ce peuple hébreu avait beaucoup d'imagination pour inventer une telle histoire !

     Alors, ma conviction profonde est qu'il faut voir la Bible comme une oeuvre de fiction, inventée pour "former", dans un style grandiose, la conscience religieuse du peuple d'Israël, lequel a été choisi par un dieu fictif malgré sa petitesse. [6] À cause des aléas de l'histoire, ce livre a survécu jusqu'à aujourd'hui. C'est dommage. Les gens ne se reconnaissent plus dans une mythologie qui prône la création du monde d'un coup de baguette magique par un Dieu tout puissant, Père d'un Fils, Jésus-Christ, conçu du Saint-Esprit, une colombe, et né d'une mère vierge, Marie; qui parle de péché originel commis par Adam et Ève, de la venue d'un Messie sauveur de l'humanité, de la fin du monde, etc. Le langage utilisé date d'une autre époque, d'un autre pays, un langage que je ne comprends pas, qui m'est étranger. Par exemple, je trouve archaïque de parler de chameaux et d'ânes, je trouve insultant de comparer les humains à un troupeau de moutons surveillés par un berger, à des brebis égarées, à des agneaux de Dieu, au lieu de me parler de notions de modernité comme la démocratie, les droits de l'homme, l'humanisme, l'égalité homme-femme, la laïcité, l'entre-aide humanitaire, l'avortement, etc. Sans compter que ce livre est profondément immoral et criminel, faisant la promotion de génocides, de massacres religieux, de l'esclavage et de l'infériorisation de la femme. [25] Surtout, surtout, que les trois monothéismes font de ce livre la soi-disant révélation d'une divinité fictive ! C'est le plus grand mensonge du Ier millénaire avant notre ère. Quelle horreur !

     Ainsi donc, les divinités ne sont que des inventions humaines et que par conséquent les religions n'ont aucune crédibilité. Quant à la Bible qui raconte des récits fictifs, où la plupart des personnages sont fictifs, elle est irrémédiablement une oeuvre de fiction, exceptionnelle soit, mais une oeuvre de fiction quand même. Cette histoire inventée par le peuple hébreu n'est qu'une belle fumisterie et lui accorder toute crédibilité ne serait que purement illusoire. Je comprends que certaines personnes puissent la défendre avec passion, mais il ne faut jamais perdre de vue que toute oeuvre de fiction doit rester une oeuvre de fiction et ne jamais lui accorder un sens véridique de près ou de loin, car on nagerait à ce moment dans la fabulation la plus complète.

     Jean Meslier déclarait dans son testament : "Nulle prédiction [de la Bible] en faveur de la nation juive n'a été accomplie. Le nombre de prophéties qui prédisent la félicité et la grandeur de Jérusalem est presque innombrable; aussi, dira-t-on qu'il est très naturel qu'un peuple vaincu et captif se console dans ses maux réels par des espérances imaginaires. Mais si ces promesses faites aux Juifs se fussent effectivement trouvées véritables, il y aurait déjà longtemps que la nation juive aurait été et serait encore le peuple le plus nombreux, le plus puissant, le plus heureux et le plus triomphant." [13]





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