Les différentes approches de la question "Dieu existe-t-il?"
Il serait intéressant dans un premier temps de retourner la question à celui qui la
pose: Qu'est-ce Dieu?
Comme il n'en existe pas de définition précise unanimement admise
(et pour cause), qu'il n'est connu que pour ce qu'il est censé avoir fait (la création,
des miracles), par révélation ou par les promesses qu'on lui prête (rédemption, salut,
Paradis…), chacun en a sa propre conception, y compris les non croyants qui essaient
d'imaginer ce qu'est Dieu pour les croyants.
Laissons donc chacun répondre avec sa propre définition.
S'il y avait des preuves de l'existence de Dieu, cela se saurait et on ne se poserait pas
la question.
C'est pourquoi, sauf à être illogique ou illuminé, on ne peut répondre oui à la question
"Dieu existe-t-il?".
Inversement, il est impossible de prouver l'inexistence de quelque chose qui est, par
définition, inaccessible à la raison, celle-ci n'étant, en conséquence, d'aucune utilité
pour une démonstration logique de cette inexistence.
On ne peut donc répondre ni par oui ou ni par non à la question de l'existence de Dieu. Elle
doit être reformulée en terme de croyance. Voir également la page Echelle des croyances.
Le croyant
On peut distinguer deux sortes de croyants, mais c'est assez schématique et subjectif.
Le croyant pratiquant qui croit en Dieu, qui a la foi. Il prend au sérieux les
"messages" attribués à Dieu et se mobilise pour les suivre.
Le croyant non pratiquant qui croit que Dieu existe, sans plus, sans que cela ait
d’impact sur sa vie et que cela la modifie. Il en est de même pour le déiste, qui ne
croit pas en un Dieu révélé.
Les raisons de croire sont multiples (voir la page Pourquoi l'homme croit-il aussi facilement ?). Mais lorsque
l'analyse rationnelle de celles-ci amène le croyant aux bouts de ses arguments, il se réfugie
alors derrière deux arguments suprêmes. Le premier est d'ordre individuel : "croire est une
question de foi". Le second argument est d'ordre général : "l'homme a besoin de croire".
Le panthéiste
Le panthéiste répond que l'univers est divin, que Dieu est dans tout.
Comme le monde n'est pas parfait, Dieu serait imparfait. Cette doctrine peut conduire
rapidement à l'agnosticisme et à l'athéisme.
L'agnostique
Constatant que l'on ne saura jamais en mesure de connaître la vérité, l’agnostique
répond prudemment: "je ne sais pas répondre à cette question". Dieu étant inconnaissable,
il ne peut se prononcer sur son existence. Conséquence pratique: pour lui, il ne sert à
rien de rendre un culte à Dieu.
L'athée
L’athée répond: "je ne crois pas que Dieu existe".
S’il en reste là, ce constat, purement personnel, ne change pas le cours de sa vie.
Cette attitude est parfois appelée l’athéisme passif ou athéisme pratique.
Si l'athée affirme ouvertement sa non-croyance (son incroyance), s'il veut la
faire partager, cela devient de athéisme positif, actif, voire "militant". A
défaut de pouvoir prouver que Dieu n'existe pas, il met en avant les arguments
qui, pour lui, ont fait pencher sans ambiguïté la balance vers la non-croyance.
Voir la page "Arguments des athées".
Voir la page Formes de
l'athéisme qui présente les différentes nuances qu'il peut prendre,
illustrées par les réponses à la question : "Croyez-vous que Dieu existe?"
S’il paraît évident que "ne pas croire en Dieu" n’est pas une croyance, le problème peut
se poser si l’on reformule la question en "croire que Dieu n’existe pas".
Il s’agirait d’une croyance en la non-existence de quelque chose!!!
Sur ce point de sémantique, somme toute mineur, les avis peuvent être partagés. En ce qui
me concerne, je pense que le terme de croyance ne doit se rapporter qu'à un concept formulé
de manière positive ou affirmative. "Croire" c’est tenir pour certain l’existence de
quelqu’un, de quelque chose, c'est adhérer à une idée, à une pensée. Croire en quelqu’un,
croire en Dieu, c’est lui faire confiance.
"Croire en la non-existence de quelque chose" n'a, me semble-t-il, pas de sens, ce serait
même absurde. Au mieux, cette expression est équivalente à "ne pas croire en Dieu", qui
n’est pas une croyance.
"Si l'athéisme est une religion, alors chauve est une couleur de cheveux."
En conséquence, être athée ou incroyant ne peut donc être, pour moi, une croyance, ou même
une foi, car ce serait une adhésion, une confiance, une loyauté envers la non-existence de
quelque chose.
L'athéisme "actif" ou "militant" mène un combat, non pas au nom de la croyance en "non-Dieu",
mais pour d'autres objectifs, idéaux, voire croyances qui ont des formulations positives.
Exemples parmi ceux que l'on rencontre le plus souvent:
réduire l'influence des religions sur l'Etat, sur l'éducation,
dénoncer les méfaits des sectes et des religions,
faire respecter les principes de la laïcité,
défendre les droits de l'homme,
essayer de développer l’esprit critique, la libre-pensée chez les croyants,
montrer que l'on peut vivre très bien sans Dieu,
promouvoir des philosophies athées ou pour lesquelles l'existence Dieu n'est pas
nécessaire: humanisme, épicurisme, existentialisme…
L'important, c'est que les objectifs de l'athéisme positif soient clairement énoncés.
Nous sommes tous athées de naissance
L'athéisme est une attitude universelle dans la mesure où l'homme est toujours athée de
naissance.
Tant qu'un environnement familial, culturel ou qu'un adulte, ne l'a pas plongé dans le
chaudron d'une religion (celle-ci, mais pas celle du voisin de palier), ne lui a pas
parlé de Dieu, il se passe fort bien de cette notion. Ce conditionnement intervient à
un âge où sa maturité intellectuelle ne lui permet pas de résister à ce que l'on est bien
obligé d'appeler un endoctrinement imposé.
A l'âge adulte, son esprit critique ayant été endormi, pour ne pas dire sclérosé, le
croyant garde le plus souvent sa religion "maternelle", par tradition, par confort ou
conformisme.
Prendre conscience de sa non-croyance est comme une nouvelle naissance. C'est comme une
immense bouffée de liberté.
Cependant rien n'est réglé, tout reste à construire.
Si le "pourquoi la vie?" n'est pas le plus important, il reste néanmoins les questions
fondamentales :
Pour quoi vivre? Dans quel but?
Comment vivre? Avec quelle éthique?
Comment affronter les épreuves de l'existence, les malheurs, la mort?
L'athée, conscient de sa non-croyance, doit faire ses propres choix de vie, être responsable.
"L'athéisme n'est pas une conclusion, c'est un point de départ!" (Mathieu Delarue)
Les pièges de l'athéisme
L'athée étant un être humain, il n'est pas parfait. S'il n'est pas vigilant, il peut tomber
dans les mêmes travers que ceux qu'il reproche aux croyants.
En voici quelques exemples:
L'orgueil
Il peut apparaître chez ceux qui ont reçu une éducation religieuse, qui ont eu ou cru avoir la
foi, et qui vivent leur nouvelle vie d'athée comme une renaissance, une libération, une
émancipation. Ils peuvent ressentir leur parcours comme une victoire, avec fierté, voire
orgueil. Si orgueil il y a, il ne doit être que passager, l'athée poursuit sa route sans
se préoccuper des questions religieuses. Et les rares qui militent ne peuvent que faire
preuve d'humilité face à l'immensité de la tâche.
L'intolérance, le fanatisme anti-croyance
Le dogmatisme
Faire de l'athéisme un système de "pensée unique".
Faire de l'athéisme une cause en tant que telle, une religion à laquelle il faudrait adhérer,
ce serait contraire à l'esprit de la libre pensée.
L'athéisme ne doit pas oublier les déviances monstrueuses qu'a connues le communisme dont une
des composantes était la non-croyance en Dieu.
Croire que l'homme est son propre Dieu
Avoir des idoles humaines
Remplacer un Dieu par un autre (chanteur, sportif, homme politique…)
Attitude purement négative
Se contenter de "démolir" sans proposer autre chose qui réponde aux attentes de l'homme,
celles-là mêmes qui poussent les hommes vers les religions.
Faire des amalgames (superstitions, croyances, foi, religion, Dieu)
Ne pas prendre en compte le besoin de "merveilleux" de l'homme