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L'athéisme est-il inné ou acquis ?


par M.L.  -  01/09/2016




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Au fondateur du site :
"Athéisme : l'homme debout"
http://atheisme.free.fr/

Cher Monsieur,


En ce qui concerne la problématique posée par la croyance en Dieu, il y a indubitablement un profond déséquilibre entre ceux qui oeuvrent pour entretenir et développer la croyance en Dieu et ceux qui oeuvrent pour combattre cette idée. Avec la création de votre site "Athéisme : l'homme debout" tous ceux qui sont motivés à se faire une idée objective sur cette question disposent maintenant d'un outil, que dis-je, d'une véritable encyclopédie de l'athéisme, c'est-à-dire d'une mine de connaissances concernant "les raisons de ne pas croire en Dieu". Vous pouvez vous réjouir d'avoir contribué quelque peu à diminuer ce déséquilibre.
Votre site est très bien structuré et susceptible d'enrichissement continuel. Bravo pour ce travail que j'imagine titanesque et merci de nous en faire profiter gratuitement.

Toutefois, j'ai remarqué une erreur de taille dans votre présentation de l'athéisme que je ne peux vraiment pas laisser passer.
Par exemple, lorsque vous dites : "Nous sommes tous athées de naissance". Je récuse complètement cette idée saugrenue pour ne pas dire plus.
Très brièvement, je vais tenter ci-dessous d'expliquer pourquoi à mon sens vous avez fait une grossière erreur.


L'homme, si on se réfère aux paléontologistes se tient physiquement debout depuis environ 1500000 ans. Son cerveau est le même qu'il y a 1500000 ans. Pourtant, ce n'est seulement que depuis quelques milliers d'années (autant dire il y a quelques minutes à l'échelle de l'évolution) qu'il a été capable d'avoir un regard sur le monde et lui-même sans faire intervenir des êtres invisibles (2500 ans avec Démocrite, 2300 ans avec Épicure (l'homme sans Dieu, sans maître et sans peur de la mort comme l'a montré la toulousaine Valérie Lécuyer), 2000 ans environ avec Lucrèce). Ce n'est que depuis 60 ans environ, qu'une thèse médicale montrant la fausseté des miracles à Lourdes a pu être soutenue officiellement (celle de Thérèse Valot).
L'animisme, le polythéisme, puis les différents monothéismes, pour enfin parvenir à l'athéisme qu'on devrait nommer anti-théisme (comme l'avait déjà remarqué Albert Joël dans son livre "le Complexe de Dieu"), tout cela représente des étapes inévitables auxquelles a dû nécessairement passer l'humanité naissante (faute de posséder une science suffisamment développée, c'est-à-dire des explications rationnelles). Quoiqu'il en soit, ces différentes phases sont des efforts pour voir et interpréter le monde et tout ce qui y vit.
N'oublions pas, que même de nos jours, prendre pleinement conscience de notre existence et de l'Univers dans lequel nous sommes plongés, c'est réaliser que cette vie se déroule (sans GPS...) entre 4 infinis. (il y donc bien de quoi perdre la boussole...).
  1. l'infiniment grand, celui qui, depuis l'éveil de la conscience, a été le plus évident,
  2. l'infiniment petit qu'on appréhende de mieux en mieux depuis l'avènement du microscope (atomes, micro-organismes, etc.),
  3. l'infiniment complexe qu'est la vie végétale et animale,
  4. l'infiniment complexe résultant de l'éveil de la conscience chez l'homme qui de ce fait est devenue une "sorte d'anomalie dans la nature" (pour reprendre l'expression d'E. Fromm). Une situation complexe qui a fait dire à l'anarchiste Emma Goldman : "l'homme est un univers en soi", et c'est le quatrième infini.
Peut-être que de nos jours, le bras de fer se situe entre la croyance en Dieu et l'athéisme qui sont des représentations du monde diamétralement opposées, j'aimerais en être certain.
Mais, j'ai un doute, et pour cause, j'ai réalisé petit à petit en faisant des recherches tous azimuts, que les prêtres (de moins en moins nombreux) n'ont plus le monopole d'entretenir des croyances dans le monde complexe d'aujourd'hui.
Pour ne donner qu'un exemple, la médecine (pour moi une religion), à l'instar des religions confine notre psychisme dans le mode "croire" plutôt que dans le mode "savoir". On nous a formatés à l'idée que nous ne serions plus à la mesure de nous-mêmes. Conséquence nous n'avons plus la maîtrise de notre santé et sommes dépendants de leur "savoir".
En outre, avec l'avènement de la laïcité nous aurions pu espérer le triomphe tôt ou tard de la pensée athée et d'autres approches rationnelles concernant la problématique de la santé individuelle et sociale (organisation politique authentiquement démocratique). Hélas, ceux qui nous gouvernent en ont décidé autrement.
  1. ils misent sur une religion plus fiable pour eux qui est complètement fossilisée : l'islam, et forme des êtres qui ne s'appartiennent pas.
  2. ils misent sur le grand remplacement de population,
  3. la farce de la laïcité (jamais vraiment respectée) va bientôt se terminer avec le régime de l'Alsace généralisé à toute la France : transformer les prêtres, les imams et rabbins en fonctionnaires...
Avec ces quelques préliminaires, suis-je parvenu à vous convaincre que l'athéisme ou combat contre des conceptions obsolètes de l'homme et du monde en général est un fait culturel?
Or, un fait culturel (par définition) comme par exemple le développement des milliers de langues n'est pas naturel (je veux dire inné), il relève de l'acquis....
En outre, il ne faut pas vouloir aller plus vite que la musique, les problèmes d'ordre métaphysique (ou philosophique), d'ordre politique, d'ordre énergétique ou encore ceux de la problématique santé/maladie pour n'évoquer que ceux-là ne sont ni des problèmes d'enfant et encore moins des problèmes de nouveau-né...
Le statut normal de tout enfant c'est d'avoir son centre de gravité à l'extérieur mais, ce n'est pas grave en soi puisque l'enfant est pris en charge par ses parents.

Comment avez-vous pu faire un tel faux raisonnement ?
A mon avis, tout simplement parce qu'il existe un babélisme à deux niveaux.
  1. Celui évident dû à la multiplicité des langues (plus de 5000 sur la planète),
  2. Celui dû au fait que les gens s'exprimant dans une même langue utilisent des mêmes mots avec des sens différents voire diamétralement opposés.
    Par exemple, R.L. Wagner, dans la revue "la voix des athées", nous avait déjà mis en garde en ce qui concerne les mots "incroyant, mécréant et athée" en nous faisant toucher du doigt ce que ces mots connotaient pour les croyants.
    C'est ainsi qu'il nous rappelait que pour un croyant, l'athéisme connote le vide (et le vide fait peur). À cela, j'ajouterai que l'athéisme (toujours pour un croyant) est perçu comme un vestige de la préhistoire et que si nous ne pouvons pas concevoir Dieu (comme les animaux), c'est peut-être une preuve de notre inintelligence.
Quant aux désordres sociaux contemporains : guerres, barbaries, dictatures, actes de terrorisme (surtout pas d'amalgame...), ils seraient le fait de gens qui ne croient pas, point barre (C'est tout au moins ce qu'on essaie de nous faire accroire) !

R. L. Wagner en tant que philologue nous rappelle que ce sont les croyants théistes qui ont façonnés notre langue (pendant 12 siècles). C'est comme cela que tous ceux qui s'opposaient à leurs élucubrations où pseudo-vérités se sont retrouvés étiquetés "athées". C'est ainsi que toutes ces oppositions "d'athées" ont été nommées "athéisme". Un tel athéisme ne peut, c'est évident se réduire à une négation. Avec seulement des négations on ne démolit rien mais surtout on ne construit rien non plus.

L'athéisme (dans le sens d'anti-théisme) au contraire est avant tout une affirmation. Affirmation, par exemple que les choses de la vie, du monde se passent objectivement de telle façon. Une façon telle que la croyance Dieu se réduit à une hypothèse dont nous n'avons pas besoin (pour reprendre la formule de Laplace).

Mais, Laplace n'a peut-être pas voulu contrarier Bonaparte auquel il a formulé cette répartie. Mais, nous qui subissons continuellement les effets dans notre entourage de cette croyance pernicieuse, nous pouvons dire que cette croyance est nuisible à l'homme dans la mesure où elle l'empêche d'intérioriser son "centre de gravité" condition SINE QUA NON pour devenir autonome, donc authentiquement adulte.

Aussi longtemps que vous athée et d'autres à l'Union des athées, utiliserez les mots "incroyance, athée, etc., avec le même contenu que donne les croyants, inéluctablement, vous serez conduits logiquement à faire ce genre de sophisme : "Nous sommes tous athées de naissance".

Je ne sais pas comment vous percevrez ces quelques lignes, mais je tenais quand même à vous faire part de mon point de vue athée au sens "d'anti-théiste" voire qui relève d'une conception moniste de l'univers. Au 19e siècle, il était de mode, quand on avait une vision uniciste de l'univers de se dire matérialiste.

Depuis 1905 avec l'équation d'Einstein E=MC2, nous savons que l'étoffe de l'univers tantôt énergie, tantôt matière ne sont que deux aspects de la même substance. C'est pourquoi le mot monisme me semble plus approprié que le mot matérialisme pour définir ma conception de l'univers, y compris tout ce qui y vit.

Mon expérience et ma culture m'ont permis de comprendre que le vrai savoir nous donne des clefs pour vivre autonome alors que les faux-savoirs (ou croyances), s'ils comblent "psychologiquement" notre besoin de savoir, ou sentiment de honte de ne pas savoir (la nature a horreur du vide), ils nous fournissent des réponses illusoires qui nous maintiennent dans un statut de dépendance. De nos jours les prêtres n'ont plus et de loin, le monopole de répandre des idées toutes faites. Méfions-nous de ceux qui vivent de la misère humaine. Vivre en adulte ce n'est pas passé de la tutelle parentale à une quelconque autre tutelle...

Et pour terminer, je vous suggère de méditer les paroles suivantes :
    "On ne naît pas homme on le devient" a dit Érasme.
    "On ne naît pas femme on le devient" a dit Simone de Beauvoir.
    Et moi, je dis, "on ne naît pas athée on le devient"...
Bien à vous et en toute cordialité.


M.L.



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Réactions d'internautes


Merci pour votre appréciation sur atheisme.free.fr ainsi que pour cette très intéressante contribution.

Si l'on prend pour définition que l'athéisme est le fait de ne répondre favorablement à aucune proposition de croyance religieuse, surnaturelle, divine, etc., vous avez raison, le bébé, à sa naissance, n'est pas en mesure d'avoir une telle conviction.
Dans ma formulation "Nous sommes tous athées de naissance" je prenais plutôt le sens étymologique : est athée celui qui n'a pas de Dieu. C'est le cas de l'enfant tant qu'il n'a pas subi l'influence de ses parents ou de son entourage. J'aurai pu écrire "On ne nait pas croyant, on le devient", ce qui est équivalent.

Pour moi se définir athée est un positionnement philosophique purement négatif (par rapport aux hypothèses ou conjectures des autres (les croyants). Pour connaître les valeurs d'un athée, il faut qu'il les précise en les exprimant de manière positive : laïcité, scepticisme, matérialisme, monisme, prélatophagie, pour bouffeurs de curés :-), indifférence, etc.
Cordialement.
(le fondateur de atheisme.free.fr - 04/09/2016)



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