Dieu, la science et la religion

La Recherche - janvier-mars 2004 - Hors série n°17

Revue de presse

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Dieu, la science et la religion

La Recherche - janvier - mars 2004 - Hors série n°17 (95 pages)

Au début d'une longue série d'articles, huit chercheurs livrent leurs convictions sur la compatibilité du métier de chercheur avec le sentiment religieux. Dieu ne semble pas être la préoccupation de la majorité des chercheurs. Le sentiment religieux n'est pas incompatible avec leur métier moyennant quelques précautions. "Or, le jour où les scientifiques seront à nouveaux susceptibles de se plier à des recommandations religieuses, et c'en sera fini de la laïcité au sein de l'activité scientifique" (Guillaume Lecointre, chercheur).
La question de Dieu dans la science est abordée sous ses multiples aspects.

Et si les mathématiques tombaient du ciel ?
Une approche très pédagogique des mathématiques non-euclidiennes où il apparaît que la notion d'infini n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Les mathématiques ne seront peut-être pas toujours "une source de vérités indubitables et éternelles", mais pas de Dieu en perspective.
Les apôtres du nanomonde
Ou comment, en déplaçant et combinant un par un les atomes, on pourrait créer et assembler des molécules organiques. C'est une véritable prophétie de (démiurge) pour ces apôtres "qui sont moins pressés de comprendre le vivant que de fabriquer des engins en s'inspirant du vivant".
Les biologistes ont-ils besoin d'un Dieu ?
Après que la science a remplacé le Dieu Créateur par la théorie de l'évolution et de la sélection naturelle, certains chercheurs sont tentés de faire de l'ADN une sorte de Dieu moderne. Est-ce parce qu'on est encore loin d'avoir compris comment fonctionne l'ADN qu'il faille parler de Dieu ?
Les détours de Darwin
Une tentative alambiquée de trouver une pensée religieuse chez ce scientifique qui contribua tant à la "mort de Dieu". Ce croyant est devenu agnostique au fils des ans et de ses découvertes. Est-ce que cela ressuscitera Dieu de trouver un soupçon de croyance (ce qui n'est pas prouvé) à la fin de la vie du savant ?
Einstein ne jouait pas avec Dieu
L'inventeur de la théorie de la relativité générale était un grand admirateur de la théorie de la pensée de Spinoza et du panthéisme. Il n'est pas facile de connaître le rôle exact de Dieu dans les conceptions scientifique d'Albert Einstein pour qui "croire à l'unité profonde de la rationalité, c'est aussi s'inscrire dans un projet éthique".
L'étrange proposition du professeur Whitehead qui a créer un concept philosophique "comme un halo d'inquiétude produit par les certitudes du monde". Une construction qui apparaît bien abstraite et arbitraire.
De la religion aux neurones : un entretien avec Pascal Boyer, directeur de recherche au CNRS et auteur de "Et l'homme créa les dieux".
Son livre montre les dispositions naturelles de l'homme pour les croyances religieuses : besoin de coalition pour faire face à un environnement hostile, besoin de "séquences narratives" (mythes) pour se représenter le réel, dispositions cognitives qui rendent certains concepts surnaturels pertinents, etc.
Dieu, randomisé en double aveugle, contre placebo ou "les bienfaits thérapeutiques de la religion au crible épidémiologique".
Un groupe de médecin américain pense avoir découvert que la pratique religieuse serait bonne pour la santé. C'est le cas par exemple de la méditation, mais il n'est pas nécessaire d'être croyant pour méditer et pratiquer des méthodes de relaxation anti-stress. Le soutien qu'apporte la communauté (religieuse) aux malades leur serait bénéfique. Avoir la foi permettrait de mieux mobiliser les ressources de l'organisme pour lutter contre la maladie. La méthode Coué, en quelque sorte ! Mesurer l'efficacité de la prière avec les standards (méthodes rigoureuses) de la recherche clinique pour prouver l'existence de Dieu est devenu un sujet de nombreuses études et controverses. "La médecine du futur, ce sera prière et prozac". Et les athées ? Pourront-ils être des pratiquants non-croyants ?
In God we trust ? ou "comment les attitudes religieuses influencent l'économie".
Partant du constat que les pays les plus développés sont plutôt de religion protestante, les pays catholiques à la traîne et les pays musulmans au bas de l'échelle, une étude mondiale portant sur 1000 000 personnes dans 54 pays a été réalisée pour mesurer l'impact des pratiques religieuses. Il en ressort que les musulmans sont plutôt moins favorables aux lois du marché. Les bouddhistes sont plutôt partisans de la propriété privée et de la compétition, ce qui expliquerait les succès récents du capitalisme dans les pays asiatiques. Les catholiques d'après Vatican II sont en train de rattraper leur retard sur les protestants. Les athées, quant à eux, se distinguent dans la confiance placée en autrui, dans la tolérance, dans l'attitude vis à vis des femmes et ils sont plutôt pour l'égalité des revenus.

Autres articles (titre et sous-titre) :

Les métamorphoses de Dieu - Au XIXe siècle la science engendre une religion (le positivisme)
Les églises, instruments de science - Quand les cathédrales abritaient des observatoires solaires "à la pointe de la recherche mondiale".
Les dangers de l'harmonie à tout prix - Pour les "concordistes", science et religion ne sont pas antagonistes : les livres saints sont des livres de science.
La "secte", un sujet tabou de la recherche ethnologique - Posé a priori, le caractère délinquant des sectes empêche d'étudier la religiosité qui y est à l'œuvre.
La comédie des erreurs - Incapable d'accéder au lointain par l'oubli des médiations scientifiques, le moderne perd aussi le proche par excès de croyance.
Mon savant chez les curés - Pour faire vibrer la fibre religieuse sur des sujets scientifiques, des auteurs français ont joué sur divers archets.

Fidèle à elle-même, "La Recherche" a réalisé un dossier objectif et d'excellente qualité.

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