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Histoire : Dieu et la religionRevue de presse
Codes couleur : En noir : synthèse la plus objective possible des articles ou des points paraissant importants. En rouge foncé : citation ou extrait de l'article. Titre en gras. En mauve : commentaire ou appréciation particulière de "atheisme.free.fr" L'Église et l'esclavage : une relation ambigüe (Adil Goumma) Le Grand Soir - 18 avril 2018 "L'attitude de l'Église concernant l'esclavagisme à travers les cinq derniers siècles est marquée d'une inconstance étrange. Cette inconstance était dictée par les conditions politiques et économiques desquelles dépendaient les circonstances de chaque époque, ainsi que par les choix stratégiques de l'institut ecclésiastique. Vers la fin du XVe, siècle l'histoire allait connaître un phénomène traumatisant sans précédent. Il s'agit de la traite négrière. [...] A l'époque des grandes conquêtes maritimes, l'Eglise avait considéré la traite négrière comme une chance de pouvoir étendre l'Evangile. Elle semble avoir oublié un commandement de l'Exode qui dit que celui qui dérobera un homme et qui l'aura vendu ou retenu entre ses mains sera puni de mort (Exode XXII : 16). Elle trouvait même des justifications afin de disculper les consciences des traitants chrétiens : la position de l'Eglise catholique par rapport à la Traite négrière n'allait pas être un épiphénomène loin de là, [...] L'envoi des missionnaires pour propager un christianisme déformé et des Évangiles mal interprétés avait pour objectif d'inciter le sujet colonial à se désintéresser des richesses et d'amasser ses "trésors" au Ciel ainsi que d'abandonner tout esprit de révolte. Nous disons ici christianisme "déformé" et "mal interprété" puisque les missionnaires oeuvraient à mettre tout au service de l'administration coloniale. [...] On pourrait dire que l'histoire restera témoin de la complicité, ou du moins, du rôle passif, qu'avait joué l'Eglise face au phénomène le plus honteux de l'humanité. Cette attitude envers l'esclavage n'était pas isolée de la stratégie de l'Église et de certains de ses missionnaires qui décidaient non selon les principes, mais selon les circonstances." [...] https://www.legrandsoir.info/l-eglise-et-l-esclavage-une-relation-ambigue.html "Sur l'islam, les manuels d'histoire sont épouvantables" (Jacqueline Chabbi) L'Obs - 24 avril 2016 Propos recueillis par Marie Lemonnier. "Tandis que les fondamentalistes prétendent remonter à un islam originel illusoire, l'historienne Jacqueline Chabbi remet de l'histoire dans notre lecture du Coran. Entretien. Agrégée d'arabe et docteur ès lettres, Jacqueline Chabbi, née en 1943, est professeur honoraire des universités, spécialiste des origines de l'islam. [...] L'OBS. Pourquoi ce titre "les Trois Piliers de l'islam", alors que les musulmans en reconnaissent généralement cinq ? Est-ce une provocation ? Jacqueline Chabbi. En effet. J'attaque frontalement les cinq piliers de l'islam parce que ce sont des notions idéologiques apparues quand la religion se dogmatise et efface le passé, à partir de la seconde moitié du VIIIe siècle et surtout au IXe siècle, mais qui n'existent pas au commencement. Il s'agit donc de casser ce modèle idéologique qui bloque le raisonnement pour avoir accès à une vision véritablement historique des premiers temps de l'islam. [...] Faute d'archives écrites ou de monuments, on en est souvent réduit à poser des hypothèses sur ce qu'a pu être la société du début du VIIe siècle. Nous savons néanmoins qu'elle est organisée sur le mode tribal de familles patriarcales. Et notre chance, c'est qu'elle a des caractéristiques très spécifiques liées aux contraintes vitales dues à un espace aride. On a donc affaire à une société de l'urgence, focalisée sur les moyens de survie. [...] Pourquoi ce regard distancié sur les débuts de l'islam semble aujourd'hui si difficile à faire connaître ? Parce que les musulmans d'aujourd'hui sont orphelins de leur passé. L'histoire est devenue un tabou. Le sunnisme, peu structuré, a été pris en charge depuis une quarantaine d'années par le wahhabisme, qui prétend remonter à un islam premier n'ayant jamais existé, qui est une illusion consolatoire. Proclamer une fidélité à un texte du passé est forcément une infidélité ou une imposture, du point de vue historique. [...] Les Trois Piliers de l'Islam. Lecture anthropologique du Coran, par Jacqueline Chabbi, Seuil, 384 p., 22 euros." [...] http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160422.OBS9050/sur-l-islam-les-manuels-d-histoire-sont-epouvantables.html "La Fin des Ottomans" : "Eclairer le présent par le passé" (Olivier Toscer) L'Obs - 22 mars 2016 ""La Fin des Ottomans" permet de mieux appréhender l'origine des conflits contemporains, de l'ex-Yougoslavie à Daech. Rencontre avec sa réalisatrice. C'est l'histoire d'un formidable Empire qui a régné, six siècles durant, sur trois continents, avant de s'effondrer comme un château de cartes en moins d'un siècle. Son déclin, peu étudié jusqu'alors, est raconté dans un film en deux parties aussi ambitieux que didactique diffusé sur Arte. Il a duré de 1821, date du premier soulèvement en Grèce, à 1923 et l'instauration de la République laïque d'Atatürk. A la manière d'une véritable épopée, sa réalisatrice, Mathilde Damoisel, montre comment les failles nées du démantèlement de l'Empire ottoman expliquent nombre des conflits du monde d'aujourd'hui. [...] Il s'agit d'une histoire de braises mal éteintes ? Mathilde Damoisel. Exactement. Il faut bien comprendre que la redéfinition des frontières après le retrait des Ottomans a souvent été imposée par les forces militaires en présence. Dans le monde arabe, ces frontières sont toujours en question, à la fois remises en cause par certains et revendiquée par d'autres. C'est une tension déterminante. Dans les Balkans, il faut savoir que la pratique du nettoyage ethnique que l'on a vu réapparaître dans les années 1990 en Bosnie ou au Kosovo remonte aux guerres de 1912-1913, qui ont vu disparaître ou fuir une grande partie des populations musulmanes. [...] Mardi 22 mars à partir de 20h55, sur Arte. "La Fin des Ottomans" (1 et 2/2). Documentaire de Mathilde Damoisel (2014)." http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20160315.OBS6512/la-fin-des-ottomans-eclairer-le-present-par-le-passe.html A la recherche des origines de l'islam (Cécile Chambraud) Le Monde - 8 décembre 2015 A propos du documentaire en 7 épisodes de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, "Jésus et l'islam",diffusé sur ARTE du 8 au 1à décembre 2015. " [...] Trois semaines après les tueries des 10e et 11e arrondissements de la capitale, Arte diffuse une série documentaire sur l'émergence de l'islam qui a tout pour passionner un public en quête de sens. "?Jésus et l'islam ?" est l'oeuvre de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, déjà coauteurs de trois mémorables séries sur la naissance et le développement du christianisme, jusqu'à ce qu'il soit devenu la religion de l'Empire romain ("?Corpus Christi ?", 1997, "L'Origine du christianisme", 2004, "L'Apocalypse", 2008). Ses sept épisodes font apparaître l'humus religieux sur lequel est apparue et s'est constituée la religion de Mahomet, et dont le Coran garde l'empreinte. Les deux auteurs ont conservé le même dispositif que celui qui avait fait la singularité de leurs précédentes séries. Ils ont choisi pour point d'accroche deux versets (157 et 158) de la sourate IV du Coran, qui évoquent la crucifixion "en apparence" de Jésus. Puis ils ont interrogé, au sujet de ce texte court mais à la signification incroyablement incertaine, vingt-six des meilleurs chercheurs de différentes universités, de différents pays, de différentes traditions. Scrutant chaque mot, disséquant chaque expression, interrogeant chaque interprétation, ils explorent, sur un simple fond noir, le sens de ce court passage. Arrimés à ce point de départ, ils font peu à peu affleurer tout un contexte historique et religieux, ou du moins des fragments de ce monde, qui seraient comme enfermés dans le texte, prêts à se révéler au lecteur attentif et expérimenté." [...] http://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2015/12/08/a-la-recherche-des-origines-de-l-islam_4826693_1655027.html?xtmc=religion&xtcr=71 L'antagonisme entre sunnites et chiites ne part pas d'un schisme doctrinal religieux (Ghaleb Bencheikh) L'Humanité - 16 octobre 2015 Ghaleb Bencheikh est docteur en physique et animateur de l'émission Islam sur France 2. "La première chose à dire, c'est que l'antagonisme entre sunnites et chiites ne part pas d'un schisme doctrinal. Les sunnites comme les chiites observent les mêmes 5 piliers que sont la chaada (attestation de foi de l'unicité de Dieu et de la prophétie de Mahomet), les 5 prières journalières, l'aumône, le jeûne du mois de Ramadan et le pèlerinage à La?Mecque. Les différences ne sont donc pas d'ordres religieux, mais politiques. Cependant, ces dernières années, avec la montée en puissance du régime des mollahs en Iran, les sunnites - Arabie saoudite en tête - n'ont pas hésité à relancer les querelles théologiques pour monter les masses les unes contre les autres. Ainsi les plus zélés parmi les wahhabites du royaume des Saoud ne reconnaissent tout bonnement pas les chiites comme membres de la communauté musulmane." [...] http://www.humanite.fr/lantagonisme-entre-sunnites-et-chiites-ne-part-pas-dun-schisme-doctrinal-religieux-586966 Histoire. Manuscrit du Coran : une trouvaille d'une grande valeur historique (Judith Sinnige) Courrier International - 23 juillet 2015 "Deux feuillets issus de l'un des plus anciens exemplaires du Coran ont été découverts le 22 juillet à l'université de Birmingham. Un document précieux, bien que certains scientifiques doutent de sa datation. "Quand nous avons pris connaissance de la date [du manuscrit], on s'est dit : Oh mon Dieu", commente Susan Worrall, directrice des collections spéciales de la bibliothèque de l'université de Birmingham où les fragments du parchemin ont été trouvés. Selon une datation au carbone 14 réalisée à Oxford, ces documents ont été écrits entre 568 et 645 de notre ère, ce qui correspond à l'époque où aurait vécu le prophète Mahomet, entre 570 et 632. [...] Un chercheur du centre King Faisal à Riyad, en Arabie Saoudite, cité par le New York Times, a exprimé ses doutes quant à la datation du manuscrit de Birmingham. Il souligne que le manuscrit comprend des points et des séparations de chapitres, des éléments d'écriture qui n'ont été utilisés qu'à des époques postérieuses. De plus, la datation du parchemin ne prouve pas forcément la date du manuscrit : parfois, les parchemins étaient lavés pour être réutilisés. [...] Cet héritage de la collection de Mingana est d'autant plus précieux à une époque où des discours peu nuancés et simplistes de tous les côtés risquent de prendre le pas sur la complexité [des religions]"." http://www.courrierinternational.com/article/histoire-manuscrit-du-coran-une-trouvaille -dune-grande-valeur-historique Les jihadistes nient l'histoire pour mieux la falsifier (Asiem El Difraoui) Libération - 14 décembre 2014 Asiem El Difraoui est chercheur expert du jihadisme. "Les jihadistes trahissent les temps mythiques des origines et ils écrivent leur propre histoire sanglante qui n'a plus rien à voir avec l'islam. L'histoire n'existe pas pour Al-Qaeda, Boko Haram, les milices Al-Shabab, ni pour les douzaines d'autres groupuscules jihadistes. Aucune historicité n'est admise, comprendre l'histoire comme un processus de nouvelles interprétations et analyser le passé pour mieux saisir les développements et phénomènes du présent est prohibé. Les jihadistes n'admettent qu'un seul temps : le "temps originel" pour utiliser le mot de l'historien des religions et philosophe Mircea Eliade, in illo tempore. Ce temps primordial est le temps du vivant du prophète Mohammed et, à un degré moindre, le temps de la communauté musulmane sous les quatre premiers califes (al-Khulafa' al-rashîdûn, les "califes bien guidés") et les Pieux Ancêtres, les al-salaf al-salah, un terme qui a donné son nom au salafisme. L'époque mythique des origines, de 622 à 660, est la seule histoire existante, sur laquelle la folie du jihadiste prétend bâtir sa légitimité. Ce temps n'est pas à analyser ou à interpréter mais à imiter pour en reproduire tous les gestes et rituels. Ainsi, la réalité se définit exclusivement par la répétition. Dans sa vision apocalyptique, Daesh maintient même que le jour du jugement dernier - la fin de toute histoire - advient quand la communauté originelle sera reconstruite au Bilad al-Sham, à savoir en Syrie." [...] http://www.liberation.fr/monde/2014/12/14/les-jihadistes-nient-l-histoire-pour-mieux-la-falsifier_1163468 A Cordoue, l'évêché réécrit l'histoire de la Mezquita (Sandrine Morel) Le Monde - 3 avril 2014 "En 1984, l'Unesco inscrivait la Mezquita de Cordoue au Patrimoine mondial de l'humanité. Trente ans plus tard, où est-elle passée ? Celle qui dans les guides touristiques apparaît comme l'un des joyaux architecturaux de l'Andalousie, symbole de l'âge d'or de la civilisation omeyyade et de "concorde" entre les religions, a disparu des dépliants. L'exceptionnel monument demeure, mais le diocèse, qui le gère, ne mentionne plus que la cathédrale. Une vive polémique secoue l'Andalousie depuis qu'une plate-forme citoyenne, "Mosquée-cathédrale de Cordoue : patrimoine de tous", a dénoncé en février "les tentatives continues d'appropriation juridique, économique et symbolique de l'évêché de Cordoue". Forte de près de 185 000 signatures sur le site de pétition en ligne Change.org, elle demande que ne soit plus employé seulement le terme de "cathédrale" pour qualifier la mosquée-cathédrale et exige "la reconnaissance juridique de sa propriété publique, une gestion transparente et la rédaction d'un code de bonnes pratiques"." [...] http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/04/03/a-cordoue-l-eveche-reecrit-l-histoire -de-la-mezquita_4394631_3246.html?xtmc=islamiste&xtcr=107 Laïcité. Quinze siècles de combats pour un idéal (Henri Pena-Ruiz) Libération - 23 avril 2011 "De l'Antiquité au début du XXe siècle, Henri Pena-Ruiz retrace les grandes étapes de l'histoire mouvementée de la laïcité. Présentant ici les acteurs historiques de la laïcité, Henri Pena-Ruiz donne les clés pour comprendre comment cet idéal a mis quinze siècles à s'imposer en France. Constantin et Théodose L'épée spirituelle et l'épée temporelle L'idée de laïcité s'est forgée à partir d'une réalité marquante dans tout l'Occident : la collusion du politique et du religieux. Collusion qui se manifeste dès Constantin et Théodose à Rome, lorsqu'on décide que le christianisme sera l'unique religion d'empire et que, notamment après Théodose, au IVe siècle après J.C., on détruit toutes les bibliothèques de l'Antiquité. Une époque terrible où va se forger le thème des deux glaives. L'épée spirituelle et l'épée temporelle. Celle de l'excommunication, on exclut quelqu'un parce qu'il n'est pas dans la ligne. Celle de la sanction physique qui tue. L'Eglise va se doter d'une orthodoxie en dehors de laquelle il n'y a qu'hérésie, c'est-à-dire dissidence. L'hérésie arienne est la première réprimée, dès le IVe siècle : elle niait la divinité du Christ, considérant qu'il était un prophète, un homme inspiré par Dieu, et non pas Dieu lui-même incarné. Or l'Eglise interdit qu'on nie l'incarnation, qui distingue notamment le christianisme du judaïsme (Moïse n'est que prophète, il n'est pas Dieu incarné). L'autre grande hérésie est celle des Cathares, au XIIe siècle, également violemment réprimée : ils étaient accusés d'être des adorateurs du diable. Rappelez-vous l'ordre du légat du pape : "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens." Cette collusion va durer en gros quinze siècles, de la fin du IIIe siècle à la Révolution française. Quinze siècles d'extrême violence, liée au fait que la foi dicte la loi. Cela se traduit par la production d'une normativité religieuse dans les relations personnelles, la sexualité, la conception de la famille, les rapports entre l'homme et la femme. Les trois monothéismes ont toujours consacré la domination de l'homme sur la femme, sans doute parce qu'on vivait dans des sociétés patriarcales, et tout religieux qu'ils étaient, ils avaient tendance à sacraliser les préjugés d'une époque. Quand Dieu de la Bible dit à Eve : "Tes désirs te porteront vers ton mari et lui dominera sur toi", évidemment un croyant d'aujourd'hui peut se demander si c'est Dieu qui dit ça ou si ce sont les hommes qui attribuent leurs préjugés à Dieu. (...) Alfred de Falloux contre Victor Hugo "Je veux l'Eglise chez elle et l'Etat chez lui" Le 15 mars 1850, Alfred de Falloux, ministre de l'Instruction publique et des Cultes du prince - le président Louis-Napoléon Bonaparte - fait voter une loi qui crée deux types d'écoles, publiques et privées. Ces dernières dispensent des enseignements religieux, et elles vont être subventionnées en partie par des fonds publics. L'ensemble public-privé est contrôlé par des inspecteurs d'académie, les autorités locales et les ministres du culte. En janvier 1850, Victor Hugo avait tenu un discours tonitruant contre ce projet, qu'il accusait d'organiser le contrôle du clergé sur les écoles. Hugo est pourtant chrétien, mais il distingue le parti clérical comme il l'appelle et la religion. "Vous osez vouloir contrôler l'enseignement de la jeunesse alors que vous n'avez cessé de censurer l'humanité dans toutes ses ouvres .]. En un mot, je veux l'Eglise chez elle, et l'Etat chez lui." Cinquante ans avant la loi de 1905, Victor Hugo prononce la formule qu'il fallait dire. Edouard Vaillant et Louise Michel La Commune de Paris Il faut attendre les débuts de la IIIe République, c'est-à-dire les événements tragiques de la Commune de Paris, pour que la laïcité soit réaffirmée. C'est l'une des grandes ouvres de la Commune. Le socialiste Edouard Vaillant et Louise Michel, «la vierge rouge» comme on l'appelait (d'ailleurs une très grande amie de Hugo) en sont les principaux acteurs. Le 17 mai 1871, Edouard Vaillant dit par exemple : il faut assurer à chacun la véritable base de l'égalité sociale, l'instruction intégrale à laquelle chacun a droit. Le 2 avril 1871, la Commune de Paris proclame la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le budget des cultes est supprimé, et les biens appartenant aux congrégations religieuses sont déclarés propriétés nationales. Pendant ces quelques mois héroïques, la Commune de Paris a fait un travail admirable. Elle crée aussi l'idée d'écoles pour les filles, pour laquelle milite Louise Michel. L'égalité des sexes est une des valeurs majeures de la Commune de Paris, d'autant plus affirmée qu'elle va de pair avec l'affirmation de la laïcité. Pourquoi ? Parce que l'Eglise n'a jamais admis, sauf contrainte et forcée, l'égalité des sexes. Le dispositif législatif de la Commune ne survivra pas à l'assassinat légal de 20 000 communards. (...) Aristide Briand et Jean Jaurès La loi de 1905, compromis et entorses La discussion de la loi de 1905 fut âpre, mais elle définit clairement la laïcité : la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. Pour l'adopter, il a fallu aménager des compromis : l'entretien des églises en est un, 34 500 églises et cathédrales étant la propriété de l'Etat depuis la Révolution. Après des débats très agités, l'Etat décide qu'il reste propriétaire de ces biens, et il leur donne un statut patrimonial, de monument historique. On peut désormais entrer dans Notre-Dame sans se signer pour contempler les vitraux, voire écouter un concert d'orgues. Certains étaient partisans de prélever un loyer, mais Briand et Jaurès ont plutôt incliné vers la mise à disposition gracieuse. Depuis le 1er janvier 1906, l'Etat ne peut financer ni la construction ni l'entretien de nouveaux lieux de culte, quelle que soit la religion. Quand Jack Lang a accepté de financer sur des fonds publics la cathédrale d'Evry [Essonne] sous prétexte d'y faire un musée d'art chrétien, il est totalement hypocrite. En fait de musée, il y a deux salles avec trois objets qui se battent en duel. L'argent public d'un ministère socialiste de la Culture a servi à construire un lieu de culte. C'est une entrave à la loi de 1905. Quant à Delanoë, qui a financé une partie des travaux dans le temple de la rue Madame, dans le VIe arrondissement de Paris, il a, lui aussi, violé ouvertement la loi de 1905. Les deniers du culte, qui sont des dons volontaires à l'Eglise, sont une autre affaire, mais ils sont aussi une entorse à la loi de 1905 : aujourd'hui encore, vos dons à l'Eglise sont défiscalisés. Si vous donnez 100 euros aux deniers du culte, l'Etat déduit 66 euros de votre impôt. Alors que la défiscalisation n'a de sens que pour des ouvres d'intérêt général. Si vous versez 100 euros aux Restos du cour, l'Etat déduit également 66 euros, mais là, c'est légitime, car les Restos du cour, qui donnent à manger à ceux qui ont faim, sont d'intérêt général." http://www.liberation.fr/culture/01012333352-quinze-siecles-de-combats-pour-un-ideal Musulmans de France, des français comme les autres (Marion Festraëts) L'Express - 23 février 2010 A propos de l'Emission de France 5, Musulmans de France, le mardi 23 février, 20 h 35. "Un formidable documentaire en trois volets raconte l'histoire des musulmans de France, de 1904 à aujourd'hui, à travers des images d'archives parfois inédites et des témoignages émouvants. A voir sur France 5. C'est une autre histoire de France. Une fresque honteuse et héroïque qui ne se raconte pas - et encore moins s'enseigne - dans les écoles de la République. C'est l'histoire des Musulmans de France, de 1904 à nos jours, mise en scène dans un exceptionnel documentaire en trois volets signé par Karim Miské. On y voit des images rares et précieuses de mineurs arabes dans les houillères à l'aube du XXe siècle, des suffragettes du Front populaire épousant leur amoureux algérien en grande tenue militaire, des ados en pantalons à pattes d'éph' et cheveux longs twistant au pied des HLM flambant neufs. A l'appui, historiens, écrivain, journaliste, éducateur, scénariste, styliste ou politique, d'origine arabe ou africaine, disent leurs parcours et parlent de "leurs" identités nationales. Tout commence en 1904. "Parce que les premières images dont nous disposons datent de cette époque, explique Miské. Cela correspond aux premières migrations ouvrières." Enfants d'un empire colonial qui les traite en citoyens de seconde zone, ils sont environ 5 000 à faire la navette entre le bled et la métropole. Viennent la guerre, la "Grande", et ces images de conscrits tirés au sort pour aller se faire trouer la peau." [...] http://www.lexpress.fr/culture/tele/musulmans-de-france-des-francais-comme-les-autres-france-5_850624.html "L’Apocalypse", plutôt cathodique (Catherine Calvet et Béatrice Vallaeys) Libération – 3 décembre 2008 (1/6 de page) "Suite de la série sur le christianisme de Mordillat et Prieur, qui se penchent pour Arte sur le dernier livre du Nouveau Testament. Gérard Mordillat et Jérôme Prieur sont-ils des saints ? Certainement pas, mais la curiosité et la rigueur intellectuelles dont ils font preuve depuis douze ans dans leur travail forcent le respect : après Corpus Christi (1997) et l’Origine du christianisme (2004), ils nous offrent une nouvelle série documentaire, consacrée cette fois à l’Apocalypse. Contradictions. Ecrivains et cinéastes, Mordillat et Prieur n’ont pas ce que l’on appelle la foi. S’ils tentent de comprendre les secrets de fabrication du Nouveau Testament, c’est en hommes soucieux de montrer les contradictions innombrables entre les Evangiles et l’histoire. Comment ? En interrogeant 50 chercheurs, experts en théologie, historiens des religions, ecclésiastiques, qu’ils sont allés chercher partout dans le monde et qu’ils nous demandent d’écouter. Pour nous faire une religion ? Bon Dieu non… Plutôt une opinion, reposant sur une connaissance, tant il est vrai qu’en la matière, l’authenticité est illusoire, le doute entier." [...] http://www.liberation.fr/medias/0101302746-l-apocalypse-plutot-cathodique La christianisation de l'Empire romain (Muriel Frat) Le Figaro – 3 décembre 2008 (1/6 de page) "Après Corpus Christi en 1997 puis L'Origine du christianisme en 2004, les enquêteurs "laïques" Gérard Mordillat et Jérôme Prieur récidivent avec L'Apocalypse, une série documentaire de douze épisodes de 52 minutes, diffusée sur Arte le samedi et le mercredi en prime time jusqu'au 20 décembre. Une somme qui raconte comment le christianisme s'est imposé en Occident entre la fin du Ier siècle et le début du Ve siècle. Fidèles à la démarche historique et esthétique qui leur a valu un vrai succès public - plus d'un million et demi de téléspectateurs ont suivi les volets précédents et 43 000 coffrets DVD ont été vendus -, Mordillat et Prieur ont interrogé 50 chercheurs de toutes confessions afin d'expliquer pourquoi "l'attente imminente de la fin des temps qui animait une petite secte juive de disciples de Jésus a donné naissance, en trois siècles, à la religion officielle de Rome". Une préparation de deux ans, reposant sur une masse de lectures impressionnante, a précédé la sélection de ces spécialistes tous plus passionnants les uns que les autres et qui, explique Gérard Mordillat, "exercent leur réflexion à voix haute. Avec eux, la règle du jeu est claire : surtout pas de vulgarisation. Le travail de clarification, c'est notre affaire." [...] http://www.lefigaro.fr/programmes-tele/2008/12/03/03012-20081203ARTFIG00456-la-christianisation-de-l-empire-romain-.php L'aventure monothéiste, entre Moïse et Akhenaton (Robert Solé) Le Monde – 9 mai 2008 (1/8 de page) A propos de l'ouvrage collectif "Ce que la Bible doit à l'Egypte", préface de Thomas Römer (Bayard, 2008). " Dans la Bible, l'Egypte est omniprésente. Terre d'accueil et terre hostile, refuge ou repoussoir, c'est la grande puissance politique qui, au long des siècles et selon les circonstances, exerce sur les Juifs répulsion ou attraction. "Sans l'Egypte, il n'y aurait pas de Bible", affirme Thomas Römer, professeur de Bible hébraïque à l'université de Lausanne et professeur au Collège de France, dans la préface de cet ouvrage collectif. Le pays des pharaons est le lieu où Israël se forme en tant que peuple et où se noue sa relation avec Dieu. Sous la conduite de Moïse, les Hébreux vont quitter ce pays où ils étaient si bien intégrés, au point d'apparaître menaçants. Après avoir été au service du pharaon, ils seront les serviteurs de Yahvé. L'Exode est le mythe fondateur par excellence. Mais, de cette sortie d'Egypte, on ne sait rien, sinon ce qu'en dit la Bible. Pas un seul document historique !" [...] Au temps du paganisme (Simone Roux) L'Humanité – 2 avril 2008 (1/6 de page) Sous-titre : De la guerre des croyances à la christianisation des rites et à la formation d’une religion officielle. A propos du livre de Jean Verdon, "Les Superstitions au Moyen Âge" (Editions Perrin, 2008), par Simone Roux, historienne. Extraits : " Avec les superstitions, on touche aux questions essentielles pour les hommes vivant en société, produire (au Moyen Âge, d’abord de belles récoltes) pour bien vivre, conserver la santé ou se guérir, gérer les liens avec les morts, interpréter les songes et tenter de connaître l’avenir." [...] [...] "C’est l’Église qui a orienté l’histoire des rapports complexes entre toutes ces croyances, même si elle n’a pu en maîtriser totalement leur vie et leurs transformations." [...] " Tout ce qui n’est pas bien contrôlé par l’Église, que ce soit une fête, le culte d’un saint, la reconnaissance d’un miracle, glisse peu à peu dans le monde de satan, l’ennemi à combattre, ennemi puissant qui attire des adeptes et tente de créer un ordre opposé à celui de Dieu. La fin du Moyen Âge voit se mettre en place une théorisation qui amalgame la diversité de ces croyances dans ce qui fut désigné comme la sorcellerie et ainsi a pu être poursuivi et combattu avec la même rigueur que celle qui s’appliqua aux hérésies. C’est-à-dire que sorciers et sorcières périrent par milliers sur les bûchers. D’une habile tolérance, on est passé à une répression cruelle qui ne fut dénoncée et abandonnée que seulement à la fin du XVIIe siècle." [...] La pensée en feu des gnostiques (Robert Redeker) Le Monde – 25 janvier 2008 (1/8 de page) A propos du livre écrit sous la direction de Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier : Ecrits gnostiques. La bibliothèque de Nag Hammadi (Gallimard). "Par la vertu du hasard, en 1945, des paysans égyptiens trouvent dans une falaise de Nag Hammadi, ville située à une centaine de kilomètres au nord de Louxor, une jarre contenant douze codex de papyrus et huit feuillets arrachés. Plus de cinquante textes au total. Surprise et émerveillement : il s'agit d'écrits gnostiques, en copte, datant du IIe ou IIIe siècle, permettant un contact direct avec un mouvement essentiellement connu à travers ses adversaires et détracteurs (Plotin, les Pères de l'Eglise, Irénée). Mais qui étaient les gnostiques ? Aux premiers siècles de notre ère se développa, dans le monde méditerranéen, un vaste mouvement religieux que l'on a coutume de ranger sous l'étiquette "gnosticisme". Mérite le nom de gnosticisme toute doctrine ou pratique de type religieux supposant l'obtention du salut par la connaissance. Mais le gnosticisme historique ne peut être vu comme une école, une Eglise ou un mouvement religieux homogène. Les sectes pouvant être estampillées gnostiques étaient nombreuses et éparpillées." [...] Première découverte en France de vestiges gaulois portant le nom du dieu Toutatis (Manuel Armand) Le Monde – 16 décembre 2007 (1/8 de page) "Toutatis - ou Teutatès - est un dieu discret. On en trouve une première et brève mention au milieu du Ier siècle de notre ère chez le poète latin Lucain puis... dans les aventures d'Astérix. Entre les deux, rien, ou pas grand-chose. La principale divinité du panthéon gaulois vient de sortir de ce long silence : l'archéologue Bernard Clémençon a découvert cinq fragments de céramique où figure l'inscription "TOTATUS", le "u" étant la graphie du "e" celte. Sur l'un de ces fragments, d'environ 8 cm de longueur, l'inscription est parfaitement lisible, émouvante par son tracé malhabile." [...] "Cette découverte confirme que la religion celte a continué de vivre dans la Gaule romanisée, note Bernard Clémençon. Les religions polythéistes ont un grand pouvoir d'intégration : les dieux des autres ne sont pas considérés comme de faux dieux. Et la religion n'est pas seulement l'expression d'une foi personnelle, mais une forme d'exercice de la citoyenneté." [...] Histoire. Paul Veyne et le dieu unique (Propos recueillis par Catherine Golliau) Le Point – 15 mars 2007 (1 page) Un entretien avec Paul Veyne, "notre plus grand historien vivant du monde gréco-romain", dont le nouveau livre, "Quand notre monde est devenu chrétien" (Albin Michel), aborde la question du mystère de la conversion de l'Empire romain au christianisme. A propos de l'intérêt qu'avait l'empereur Constantin à se convertir : "Il se croyait appelé à sauver l'humanité. C'est outré, mais il l'a dit et écrit. Je suis un incroyant, mais je pense que la pire erreur serait de douter de cette sincérité. Parce qu'il voulait être un grand roi, il avait besoin d'un dieu grand. Or, quand il se convertit, si seulement 5 % de ses sujets sont chrétiens, le christianisme est pourtant le grand problème de l'heure." Extrait : "Le christianisme est la seule religion au monde qui soit en même temps une Eglise. Si vous croyez en Dieu, vous devez nécessairement prendre votre carte. Vous appartenez à l'Eglise et hors d'elle point de salut. Quand Constantin se convertit, il favorise l'Eglise, c'est-à-dire une puissante machine d'encadrement des populations." Robert Turcan : un héros chrétien en lumière (Marc Fumaroli) Le Monde - 9 mars 2007 (1/8 de page) A propos du livre sur l'empereur romain Constantin de Robert Turcan : "Constantin en son temps. Le baptême ou la pourpre ?" (Edition Faton). Extrait : "Robert Turcan admet la sincérité et la précocité de la conversion au christianisme de cet athlétique chef de guerre et grand politique : son père, l'Auguste Constance Chlore, et sa mère, Hélène, ainsi que de nombreux membres de la classe dirigeante à l'intérieur de laquelle il naquit, étaient déjà des chrétiens plus ou moins déclarés. Mais qu'est-ce que la sincérité religieuse pour un stratège de ce calibre, convaincu que la légitimité de sa vocation à gouverner le monde est fondée sur sa felicitas et que cette disposition à la victoire dépend de sa pietas envers la divinité qui la donne ?" Quand les religieux s’en mêlent (Daniel Golden) Courrier International - 23 février au 1er mars 2006 (2 pages) Le dernier volet d’une enquête intitulée "Entre mémoire et histoire". "Aux Etats-Unis, chrétiens, juifs, musulmans et hindous militants interviennent de plus en plus dans le contenu des manuels d’histoire - et n’hésitent pas à tordre le cou à la réalité." Un exemple parmi d’autre. Gilbert Sewall, le directeur d’une association new-yorkaise qui examine les livres d’histoire, affirme que, "depuis une quinzaine d’années, les groupes de pression musulmans s’emploient à récrire le passé dans les supports éducatifs". Selon lui, "ils escamotent, parfois totalement, tout ce qui a trait au djihad, à la charia, à la pratique musulmane de l’esclavage, au statut des femmes ou au terrorisme islamique." Ailleurs, des associations hindouistes tentent de faire adopter "une vision de l’histoire indienne qui cherche à minimiser la violence de la discrimination de castes qui existe en Inde". >>> Suite de la revue de presse : Voir la page d'accueil sur l'histoire ![]() ![]() |