Il y a quatre façons d'aborder le
Nouveau Testament :
le gober cru, d'un seul coup, avec l'emballage vermoulu de la
tradition, à la catholique;
le gober cru, sans l'emballage, façon protestant;
enlever avec précaution toutes les arêtes miraculeuses et ne sucer qu'une maigre
chair sans saveur préalablement passée au filtre du rationalisme. Il ne reste
alors qu'une vague histoire de prédicateur, qui se prenait pour le fils de Dieu
et qui est mort supplicié… comme des millions d'autres personnes depuis le début
de l'histoire de l'humanité. Bref, pas de quoi en faire tout un plat.
le recracher avec dégoût, comme si on avait avalé une mite, pardon un mythe, une
histoire inventée au cours des deux premiers siècles. Cependant, ce n'est pas
parce qu'un livre est un mythe que l'on doit jeter, on peut simplement le ranger
au bon endroit de sa bibliothèque, au rayon "mythologie".
Supposons qu'un prêcheur juif, nommé Jésus, un peu bohème et "peace and love", ait existé.
Un passage que l'on trouve à peu près à l'identique dans les Evangiles
selon saint Marc et saint Matthieu, est souvent sujet à discussion
et montre un exemple d'une des innombrables contradictions des "religions du Livre".
Evangile selon saint Marc:
"6.1 Jésus partit de là, et se rendit dans sa patrie…
6.3 N’est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques,
de Joses, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs, ne sont-elles pas ici parmi nous ?
Et il était pour eux une occasion de chute.
6.4 Mais Jésus leur dit [à l’assemblée] : "Un prophète
n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents, et dans sa maison".
6.5 Il ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il imposa les mains à
quelques malades et les guérit.
6.6 Et il s’étonnait de leur incrédulité."
Evangile selon Saint Matthieu:
"13.54 S’étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue,
de sorte que ceux qui l’entendirent étaient étonnés et disaient :
"D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? 13.55 N’est-ce pas le fils du
charpentier ? N’est-ce pas Marie qui est sa mère ? Jacques, Joseph, Simon, Jude, ne
sont-ils pas ses frères ? 13.56 Et ses sœurs, ne sont-elles pas parmi nous
? D’où lui viennent donc toutes ces choses." 13.57 Et il était
pour eux une occasion de chute. Mais Jésus leur dit : "Un prophète
n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison." 13.58
Et il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu à cause de leur
incrédulité."
Premier constat Ainsi, Marie a eu cinq garçons et au moins deux filles. Elle n’était
donc pas vierge.
Coté catholique l'explication est simple:
"Concernant les frères de Jésus, […] en Orient, le mot
"frères" s'applique à la famille élargie : il est employé
pour désigner aussi des cousins ou des parents."
On argumente aussi en prétendant que le terme "frère" est utilisé
pour désigner des frères dans la foi, ce qui est en contradiction avec
l'Evangile lui-même (Cf. paragraphe suivant) où les frères de
Jésus ne semblaient pas partager sa foi. On va même jusqu'à
évoquer qu'ils étaient les fils d'un premier mariage de Joseph.
Au final on reconnaît du bout des lèvres que, si l'Eglise romaine croit
que Marie est vierge et donc que Jésus (né par le mystère du Saint Esprit) n'a pas eu de frère, le catholique n'est pas obligé de le croire.
Coté protestant, où l'on ne rend pas de Culte à Marie, la vision est tout autre, preuves à l'appui:
"Le grec (langue dans laquelle furent rédigés les évangiles) utilise
deux mots distincts pour désigner le premier fils d'une femme:
* "monogénês" pour préciser que le fils est resté unique,
* "prôtotokon" pour préciser que le fils est le premier-né
c'est-à-dire l'aîné des autres.
Dans l'évangile de Luc c'est le mot prôtotokon (aîné des autres)
qui est utilisé indiquant ainsi sans ambiguïé que Marie eut d'autres
enfants que Jésus."
Coté musulman, le Coran, qui reconnaît Jésus comme prophète, admet qu'il est né miraculeusement sans père, d'une vierge immaculée. On n'est pas à un miracle près.
Laissons les catholiques et les protestants s'épuiser dans ce débat stérile, sans jeu de mot.
Non seulement il ne s'agit que d'un mythe, mais l'on voit à travers cet exemple
l'hypocrisie des religions qui, en étirant la signification des mots, voudraient bien
"effacer de la photo" les personnages gênants. Le culte de la Vierge Marie,
qui ne s’est développé qu’à partir du IVe siècle, permet de ratisser plus large en proposant un succédané aux croyants ou aux païens en mal de divinité féminine.
Deuxième constat D'une manière générale les Evangiles parlent très peu de la famille de Jésus. On comprend pourquoi à la lecture des quelques versets cités plus haut. Elle ne croyait pas en lui et le considérait même comme un fou:
Evangile selon saint Jean:
"7.5 Car ses frères non plus ne
croyaient pas en lui."
Evangile selon saint Marc:
"3.21 Les parents de Jésus, ayant appris ce qui se passait,
vinrent pour se saisir de lui; car ils disaient: Il est hors de sens [fou]."
Pourquoi Jésus, "Homme-Dieu", qui a rassemblé des foules innombrables pendant
son "ministère", n'a-t-il pas réussi à convaincre sa propre famille?
Sans doute parce que celle-ci était la mieux placée pour bien le connaître.
L'ayant côtoyé depuis plusieurs années à ses côtés,
elle savait qui était réellement Jésus : un illuminé, un
beau parleur, érudit certes, mais un manipulateur capable de faire
croire n’importe quoi aux plus crédules. Ce mépris et cette
incrédulité expliqueraient l’attitude paradoxale de Jésus
envers sa famille, alors qu’il est né dans une société
où l’on vit habituellement "en clan".
On peut se demander également pourquoi Jésus n’a pas fait "beaucoup de
miracles" ce jour-là ? C’était pourtant l’occasion de convaincre un
public incrédule.
Le prêcheur Jésus perd de son envergure, de même que le dieu dont il est censé être à la fois le fils et le père du fils.
Je relève un détail qui me surprend : Lorsque vous parlez des frères et soeurs de Jésus, vous oubliez Joseph, le père!
Il était veuf et ce sont les enfants issus de cette première union.
(Mireille - 27/06/2016 - 00:45)
Une Famille Encombrante:
Je suis d'accord avec tout ce que vous dites ici. Cela me semble très tiré par les cheveux que l'église catholique prétend que les "frères et soeurs" de Jésus mentionnés dans le NT sont des "cousins", au lieu de l'explication simple (surtout dans le contexte, où il est question de sa mère et son père aussi). Et, bien que ces vers ne prouvent pas que Marie n'a pas été vierge au moment de donner naissance à Jésus, cela met en doute le dogme catholique de la virginité perpetuelle de Marie (qui n'incommode pas les protéstants). Mais les catholiques n'ont jamais hésité à étoffer leurs dogmes avec des idées non bibliques - voir l'assomption par ex.
(07/07/07 - 21:42)
Je constate quelques erreurs à propos des "Frères et des Soeurs" de Jésus. Votre analyse "protestante" semble incomplète voire incorrecte.
Les Protestants ne rendent aucun culte à Marie. Mais ils reconnaissent la virginité de Marie [formulation corrigée], comme il est écrit dans la Bible et qu'ils énoncent dans le symbole des apôtres. Le fait que Jésus est eu des demi-frères ou soeurs ne remet pas en cause la virginité de Marie lorsque Jésus est né car Jésus est le "premier né" (aîné) (théorie helvidienne). Vous n'avez pas du saisir la différence entre virginité de Marie (que reconnaissent l'ensemble des chrétiens) et l'Immaculé Conception (dogme catholique)....
(09/02/07 - 11:02)
Etudiante en lettres moderne, je m'attache à percevoir la réception des textes bibliques en fonction des croyances ou incroyances collectives. Je cherchais sur votre site consacré à l'athéisme des arguments antithétiques aux doctrines chrétiennes fondés sur la raison et sur une excellente connaissance des textes des 2 testaments. Or, après un bref survol de quelques articles notamment "une page d'evangile - une famille encombrante", je m'aperçois que vous commettez une regrettable erreur sur la notion "d'immaculée conception". Selon le dogme de l'Immaculée Conception, Marie aurait été conçue de façon tout à fait ordinaire par ses parents mais son âme aurait été dès la conception préservée de la souillure du péché originel qui frappe les descendants d'Adam et Eve ("La Très Sainte Vierge Marie fut préservée de toute souillure du péché originel, dès le premier moment de sa conception, par une grâce singulière et un privilège accordés par le Dieu Tout-Puissant, et en raison des mérites de Jésus-Christ, le Sauveur de l'espèce humaine" (Pie IX, Ineffabilis Deus, 1854)" (Catéchisme de l'Eglise Catholique, paragraphe 491)). Aussi les arguments avancés dans votre article se trouvent-ils infondés et je pense que vous ne tarderez pas à rectifier votre erreur, vous qui aimez tellement la vérité...
(CP / 26 juillet 2004)
Merci pour cette précision. Vous avez raison. J'ai corrigé en faisant référence à la virginité de Marie, plutôt qu'à son Immaculée Conception (atheisme.free.fr).
Ce n'est pas par commodité que les chrétiens disent que les frères de Jésus sont des cousins (Et non des frères dans la foi) mais par connaissance du milieu juif du premier siècle ap JC : l'hébreu utilise la notion de frère dans un sens large, se sont des membres proches d'une famille. Pour une synthèse sur la famille de Jésus, je vous propos l'article du hors série des dossiers d'archéologie n°249 page 106 et suivante.
Premier-né ne veut pas dire ainés des autres mais que Marie n'avait pas eu d'autres enfants avant Jésus.
Le débat n'est pas stérile : il s'agit d'un enseignement qui doit être répété pour chaque génération "à courant et contre courant" pour paraphraser St Paul.
Le "culte" de Marie comme vierge date du début du christianisme : Irénée, évêque de Lyon
vers 177 dans son "Contre les hérésies" mentionne plusieurs fois la virginité de Marie
donc le "culte" était présent en Gaule. Je vous rappelle que Irénée était disciple de
Polycarpe de Smyrne lui-même disciple de saint Jean l'évangéliste. En revanche je vous
accorde qu'une frange du christianisme a été proche d'une certaine mariolâtrie.
(un chrétien / 27 juillet 2003)
Voir ce qu'en pensent des historiens dans la revue de presse.
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