Comme tout le monde, vous utilisez le singulier pour parler du Nouveau Testament, alors qu'il conviendrait de parler DES Nouveaux Testaments comme on dit LES Evangiles.
Il y a des différences majeures entre les Evangiles de Marc, Mathieu, Luc et Jean, mais surtout à l'origine chacun correspondait à des églises différentes qui luttaient entre elles et avec d'autres pour assurer leur hégémonie et/ou leur survivance. Elles avaient souvent un caractère régional. Chaque texte fait donc de la surenchère théologique sur l'autre. Ce n'est qu'après l'unification, notamment sous et après Constantin, que l'Eglise devenue Romaine a obtenu l'unicité du NT, fruit de négociations et donc de compromis. Les 4 évangiles n'étaient plus contradictoires, il étaient devenus complémentaires, comme l'affirme l'Eglise d'aujourd'hui.
Chez Marc (chronologiquement le premier évangile), Jésus est proclamé fils ADOPTIF de Dieu lorsqu'il est baptisé dans le Jourdain. C'est un homme juif d'une trentaine d'années, né d'une famille juive traditionnelle et donc probablement nombreuse. L'existence de ses frères et soeurs n'est en rien contradictoire avec l'évangile de Marc, de même d'ailleurs qu'un éventuel, pour ne pas dire probable, mariage de Jésus car à cette époque en Palestine un homme de 30 ans était "normalement" marié et père de famille.
La situation est totalement différente dans l'évangile de Jean qui fait de Jésus le fils unique de Dieu ce qui pose implicitement d'abord, puis de plus en plus explicitement la problématique de la famille de Jésus. Mais cet évangile a été écrit à la fin du 1er siècle, soit 70 ans après la mort de Jésus en pleine bataille entre des églises naissantes. De plus la manière dont Jean et ses relations avec Jésus y sont décrits traduit la volonté de propagande de cet évangile.
Enfin, c'est lorsque les Conciles successifs, notamment celui de Nicée, ont affirmé et imposé la double nature humaine et divine de Jésus que la question de la famille de Jésus - mais aussi celle de la mère de Jésus - devenait insoluble et nécessitait les contorsions que nous connaissons. Mais nous sommes alors déjà au 4ème siècle, bien loin des origines et les considérations politiques ont pesé lourd dans l'avis des théologiens.