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Dieu et la politique L'Express - 28 mars au 3 avril 2005 - (9 pages)
Sous-titre : Des islamistes aux évangéliques
Dossier sur le "retour de Dieu" pour lequel "les nouveaux fantassins de l'islam et du protestantisme évangélique se lancent dans une formidable conquête des âmes de façon méthodique". Leur discours s'immisce dans la vie démocratique, mêlant les "affaires spirituelles" à celles de la politique avec des tentations théocratiques.
En Irak, les évangéliques américains, à travers des ONG, n'ont peur de rien, puisqu'en plein Irak, au nationalisme exacerbé, ils ont déjà implanté 15 nouvelles églises.
Au Danemark, des religieux appellent à "voter juste" aux élections législatives.
L'Eglise orthodoxe serbe s'en prend à l'Union Européenne et au Tribunal International, laissant craindre un regain de tensions entre Serbes et Albanais au Kosovo.
Chez les catholiques, les Légionnaires du Christ, intégristes nostalgiques d'une époque où le sacré dictait sa loi, "ont ferraillé dur lors de la polémique autour du préambule de la Constitution européenne" sur l'héritage chrétien.
Mais ce sont les musulmans et surtout les évangéliques qui, au niveau mondial, occupent le devant de la scène. "Par l'ampleur de leur action - qui transcende les Etats - et leur puissance de feu prosélyte, ils incarnent, plus que tous les autres mouvements religieux, le retour de Dieu dans la politique."
Si les évangéliques veulent "transformer l'homme pour agir sur le monde", les islamistes veulent créer un Etat Islamique "pour prouver la toute puissance de Dieu". Les deux mouvements s'affrontent, chacun étant le Satan de l'autre, profitant des faiblesses des Etats : "Politique ou religieux, le prosélytisme prospère là où l'Etat faillit à ses missions.".
Les évangéliques sont passés maître dans l'art du prosélytisme. Certains spécialistes pensent que dans 20 ans, il y aura 200 millions de chrétiens en Chine. "Au Brésil, les évangéliques taillent désormais de sérieuses croupières aux catholiques". Leur nombre y augmente de 5% par an. En Afrique, les pentecôtismes sont déjà 10% de l'ensemble de la population. Des agences évangéliques américaines envisagent même de convertir le Maghreb et le Proche-Orient. Des formations d'évangélisation sont prévues pour les missionnaires qui veulent aller convertir les musulmans. Il y aurait déjà 7000 convertis au Maroc. En Turquie, le premier ministre estime que l'islam est "en danger". L'Algérie s'inquiète de l'avancée des évangéliques en Kabylie.
"Comparé au rouleau compresseur évangélique, le prosélytisme des islamistes fait presque pâle figure." Les fondamentalistes musulmans s'intéressent d'abord aux pays traditionnels de l'islam, pas assez croyants à leur goût (Maghreb, Syrie, Nigeria, Thaïlande... ainsi qu'à l'Europe où vit une forte minorité musulmane en manque d'identité. Leur succès se mesure au port du voile (comme en Egypte où 8 femmes sur 10 portent le tchador.) Les salafistes, qui prônent un islam rigoriste, auraient déjà 5000 sympathisants en France selon les Renseignements Généraux. Dans le tiers-monde, "les missionnaires n'ont guère eu de difficultés à concurrencer les Etats souvent rongés par la corruption en jouant la carte de l'humanitaire." L'Arabie saoudite soutient abondamment la mouvance salafiste visant à créer un sentiment d'appartenance à un projet commun.
Sur le plan humanitaire, les évangéliques disposent, grâce à des exemptions de taxes et des aides publiques d'énormes moyens. En Inde, ils ciblent la catégorie des "intouchables". Ailleurs, ils distribuent des médicaments. Capitalistes dans l'âme, ils promettent la prospérité et incitent leurs fidèles à s'enrichir. Ainsi motivés par une promesse de bonheur sur terre ceux-ci, n'hésitent pas à "mettre la main à la poche. "Chaque fidèle doit verser 10% de son salaire mensuel, en plus des oboles et des quêtes à chaque office." Les évangéliques tentent également de noyauter les gouvernements, comme en Côte d'Ivoire et au Bénin. Si au Brésil Lula a été élu avec l'aide des voix des pentecôtistes, c'est George W. Bush qui doit le plus aux néo-protestants. "Par votre réélection, Dieu a gracieusement offert à l'Amérique un sursis face au programme païen," précise un de ceux qui ont contribué à sa réélection, montrant par là que les évangéliques attendent un "retour d'ascenseur" sur les questions qui leur tiennent à coeur comme l'avortement, la recherche génétique ou le mariage gay. Pour eux, "la politique apparaît surtout comme un instrument au service de leur projet conservateur : moraliser les moeurs conformément aux préceptes de la Bible."
Du côté des fondamentalistes musulmans, l'échec de la tentative entreprise dans les années 1970 de créer un Etat islamiste les a conduit à se tourner vers le nationalisme, en politique étrangère, et vers le conservatisme sur le plan des moeurs et du statut de la femme. Face à des pouvoirs autoritaires, ils "constituent souvent la seule force d'opposition crédible".
En Europe, les islamistes font pression sur les gouvernements avec des revendications communautaires (piscines non mixtes, voiles à l'école...). Leur vision "maximaliste" de l'islam est propice à la mise en avant de la guerre sainte, "
djihad", ce qui a fortement contribué à souder les évangéliques derrière le "néomessianisme patriotique" de George W. Bush. Une partie des évangéliques voient dans l'Islam l'"Antéchrist" qui, selon leur vision apocalyptique, sera vaincu lors de la bataille d'Armaguedon qui aura lieu en Galilée. C'est la raison pour laquelle ils souhaitent la création d'un Grand Israël et soutiennent activement les colonies en Cisjordanie. Avec toutes les conséquences que cela peut avoir, car ils ne sont pas prêts à faire des concessions aux Palestiniens.
Tandis que Ben Laden s'est engagé dans une "lutte globale" contre l'Amérique, les islamistes conservateurs pèsent fortement sur les Etats pour faire triompher leur vision éthique de la société. "Face à ce Dieu guerrier qui prétend réinvestir l'espace public, la meilleure parade reste encore la démocratie."