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Littérature

2e semestre 2004

Revue de presse


En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis, signalez-le

Début de la revue de presse sur la littérature


Codes couleur :
En noir : synthèse la plus objective possible des articles ou des points paraissant importants.
En rouge foncé : citation ou extrait de l'article. Titre en gras.
En mauve : commentaire ou appréciation particulière de "atheisme.free.fr"


L'étable tournante de Jésus (Philippe Simonnot)
Le Figaro - 23 décembre 2004 - (1/2 page)

Le premier tome traduit en français de "l'oeuvre monumentale" de John P. Meier sur la vie de Jésus vient de paraître (Un certain juif Jésus, Les données de l'histoire, Tome 1 : les sources, les origines, les dates). Les 2e et 3e tome viendront en 2005; le 4e tome n'est pas encore terminé. Au total 2600 pages pour "l'oeuvre la plus importante, la plus fouillée, la plus critique qui ait jamais été publiée sur la vie de Jésus."
Prêtre, historien et docteur es science biblique, John P. Meier a essayé de faire en sorte que la foi n'interfère pas dans son étude historique.
Contrairement à ce que pensent traditionnellement les exégètes, l'Evangile de Jean serait le plus proche de ce qui s'est réellement déroulé. Des contradictions entre les évangiles de Matthieu et de Luc amènent l'auteur à penser que Jésus serait né, non pas à Bethléem, mais à Nazareth. Il considère également que conformément à l'évangile de Jean, la Cène n'est pas un repas Pascal, mais une "sorte de banquet d'adieu que Jésus offre à ses disciples". A suivre.


"Le choc des civilisations est un danger" (entretien réalisé par Jean-Paul Piérot)
L’Humanité - 3 décembre 2004 - (2 pages)

Sous-titre : Islam et République. Alain Gresh plaide pour la construction d’un avenir commun en France pour tous les citoyens
Alain Gresh est rédacteur en chef du Monde diplomatique et auteur de "L’islam et la République". Pour lui la notion de "choc des civilisations" apparue après les attentats du 11 septembre 2001 présente le danger de devoir classer les individus et ne prend pas en compte l’extrême diversité des communautés musulmanes dans le monde. En France, un changement est intervenu dans les années quatre-vingt où le problème social des immigrés a été remplacé par un problème ethnique et identitaire. "C’est dans ce contexte que l’on constate dans cette partie de la population une réappropriation de l’identité musulmane, alors qu’auparavant, en général, ils ne se déclaraient pas musulmans. C’est le résultat de l’échec de l’intégration sociale." L’intégration par le travail dans les usines n’opère plus comme avant pour d’autres populations. Alain Gresh pense que les mouvements ouvriers comme le PCF et la CGT n’ont pas réussi à faire de la population maghrébine une composante de leur base et l’ascenseur social des cadres ouvriers n'a pas fonctionné pour cette population.
La campagne islamophobe qui stigmatisme l’islam amène des jeunes à se déclarer musulmans par réaction. Il y a des musulmans athées comme il y a des juifs athées. Le problème est plus celui du repli communautaire favorisé par des ghettos sociaux que celui des groupes extrémistes. "Ce n’est pas le communautarisme qui crée les ghettos, c’est l’inverse." Il faut que la République joue la carte de l’évolution de cette religion comme elle l’a fait après 1905 pour l’Eglise catholique. Paradoxalement, il a fallu 40 ans à cette dernière pour accepter la laïcité, alors que "les composantes du Conseil français du culte musulman se sont toujours prononcées pour la laïcité." Alain Gresh considère que la situation de la femme musulmane évolue, mais très lentement. Il regrette qu’au Maroc, par exemple, les réformes que met en place Mohammed VI soient justifiées par des versets du Coran et non par des principes universels. Ils considèrent que si elles portent le voile, elles ne sont pas pour autant devenues intégristes. En ce qui concerne la France, "j’attends encore que tous les gens qui se sont mobilisés pour la loi au nom de la République se mobilisent avec la même force contre les discriminations."
Quant à Tariq Ramadan et à la polémique sur sa participation au Forum social européen, il a été victime d’un "véritable lynchage médiatique". Les ouvrages qui parlent de lui "sont un mélange d’ignorance, d’amateurisme journalistique et de mensonges." Pourquoi rejeter une partie des jeunes issus de l’immigration qui souhaitent s’opposer à la société néolibérale. "Débattons-en au lieu de propager la haine".


Ramadan le conquérant (Catherine Coroller)
Libération - 26 novembre 2004 - (1/4 de page)

Sous-titre : Un ouvrage à charge contre le fondamentaliste.
A propos du livre de Caroline Fourest : "Frère Tariq, stratégie et méthode de Tariq Ramadan" (Grasset).
L’auteur, "spécialiste de l’islam", fonde ses critiques de Tariq Ramadan sur ses lectures des ouvrages et l’écoute des cassettes de l’intéressé. Fidèle à l’héritage spirituel de son grand-père, fondateur des Frères Musulman, Tariq Ramadan "ne prend pas réellement ses distances avec son frères, Hani Ramadan, qui présente la lapidation des femmes comme une "forme de purification"."
Inspiré par la doctrine des Frères musulmans, l’ambition du prédicateur Tariq Ramadan est "d’islamiser l’occident en décourageant les jeunes Arabes de choisir la voie de l’assimilation, en les incitant à se battre pour faire évoluer les lois républicaines vers plus d’islam".
Cependant pour l’auteur de l’article, "l'obsession de Caroline Fourest à noircir le personnage affaiblit la portée des attaques". Tariq Ramadan est-il en train de réussir sa mission ? Le livre répond par l’affirmative, mais sans en apporter la preuve. La France, "tellement peu sûre de sa capacité à intégrer de nouvelle vague d’immigration", ne finira-t-elle pas par croire à l’avènement, comme le pense Caroline Fourest, d’une république française islamique ?


Quel rôle pour Dieu ? (Jacques Coubard)
L’Humanité - 29 octobre 2004 - (1/6 de page)

A propos du livre de Sébastien Fath "Dieu bénisse l’Amérique" (Seuil).
Pour comprendre la vie politique des Etats-Unis, il est nécessaire de prendre en compte la dimension sociale de la religion. "Depuis l’arrivée d’Angleterre des Puritains du Mayflower, une sorte de "religion civile" imprègne la politique, l’économie, la culture, intervient dans tous les domaines de la vie". Tel est le sujet du livre de Sébastien Fath.
En dépit d’une légère baisse dans la pratique religieuse, qui est encore très élevée (40%), le rôle politique des Eglises est incontournable. Si Bill Clinton, membre de la Southern Baptist Convention, y a contribué, c’est George W. Bush "et ses faux apôtres de la Maison Blanche [qui] ont poussé à un degré jamais atteint auparavant l’instrumentalisation de la religion". La nouvelle "destinée" des Etats-Unis, considéré comme terre promise, pays modèle, permet de légitimer des missions comme "apporter la liberté et la démocratie en Irak". A côté des multiples citations de la Bible du Président, le ministre de la Justice, John Ashcroft déclare : "Nous avons Jésus pour roi". C’est ce clan qui, en 1997, publiait le "Projet pour le nouveau siècle américain" (PNAC) destiné à étendre la domination des Etats-Unis et justifiait l’emploi de la force.
Les fondamentalistes américains s’imposent en s’appuyant sur l’ambivalence de la culture religieuse "qui renvoie à une responsabilité individuelle, une interprétation qui peut absoudre de toute responsabilité sociale un patronat et un pouvoir impérial sans pitié pour les travailleurs et les pauvres".
L’historien chercheur Sébastien Fath fournit dans son ouvrage tous les moyens de comprendre ce phénomène politico-religieux difficile à appréhender de ce côté de l’Atlantique.


Maigrir avec Jésus... (Frédéric Pagès)
Le Canard enchaîné - 20 octobre 2004 - (1/10 de page)

A propos du livre de Barbara Victor (Plon) "La dernière croisade". Pour cette journaliste américaine vivant en France, le vainqueur des élections américaines sera Dieu. "... le vote républicain grossit d'année en année et la fièvre religieuse monte, nourrit d'une vision mythique d'un Israël considéré comme le centre du monde" et où les obèses suivent le régime "Maigrir avec Jésus". Il s'en suit d'importants glissements des électeurs comme, par exemple, les juifs autrefois "massivement démocrates" ou les chrétiens fanatiques qui se reconnaissent dans la façon de parler de Bush.
Pour Barbara Victor, l'équipe démocrate n'est guère mieux sur ce plan, avec John Edward, coéquipier de John Kerry, que les évangéliques voient comme un des leurs. Elle conclut son livre agréable à lire et dénué de tout dogmatisme de façon "inquiétante" : "Il n'y a guère de différence entre les rhétoriques politiques des démocrates et des républicains dans l'actuelle campagne présidentielle".


Brassens, une morale plutôt qu'une foi (Bertrand Dicale)
Le Figaro - 19 octobre 2004 - (1/3 de page)

Sous-titre : Jean-Claude Lamy dresse le portrait spirituel d'un chanteur qui brocardait le clergé.
Dans son livre "Brassens, mécréant de Dieu" (Albin Michel), l'auteur réalise une biographie "spirituelle", contrastée et audacieuse de l'artiste. Pour Jean-Claude Lamy, Brassens, l'anticlérical, "n'a cessé de dialoguer avec l'esprit de Dieu". Assurément mécréant, anarchiste, sacrilège et "bouffeur de curé", Brassens était aussi "un lecteur régulier de la Bible, un bon connaisseur de la théologie chrétienne, l'ami de plusieurs prêtres..." En recherchant des témoignages sur sa vie à l'écart des journalistes, l'auteur en arrive à penser que Brassens était fasciné par Jésus et qu'il aurait pu croire en Dieu s'il n'y avait eu l'Eglise catholique de son enfance qui lui a fait perdre la foi. Il en ferait presque un "chrétien laïque". Ce n'est pas la foi, ni la piété qui faisait Brassens se sentir proche du "curé de chez nous", de quelques curés dont il avait conservé l'amitié, mais la morale. Cet ouvrage est une mise en perspective qui révèle les paradoxes du "plus grand poète de la chanson française".
Les chrétiens aiment tellement les mécréants, quand ils sont morts, qu'ils n'ont de cesse de vouloir abriter leur vie posthume sous le toit de leur Eglise. Voir les citations de Georges Brassens.


Islam : Houellebecq définitivement relaxé
France Soir - 15 octobre 2004 (11 lignes)

La relaxe de l’écrivain Michel Houellebecq, prononcée le 22 octobre 2002 par la Justice est désormais définitive. Il était, en effet, poursuivi pour avoir qualifié l’islam de "religion la plus con", mais la dernière des parties civiles, la Ligue Islamique Mondiale, s’est désistée, comme l’a constaté le cour d’appel de Paris.


Voilage de raison (David Fontaine)
Le Canard enchaîné - 1er septembre 2004 (1/8 de page)

A propos du livre "Que pense Allah de l'Europe ?" de Chahdortt Djawann (NRF, Gallimard). Il y a un an, cette jeune romancière d'origine iranienne était révélée au public par son pamphlet contre le voile ("Bas les voiles !"). Son dernier ouvrage donne un éclairage de la "stratégie islamique" agissant en Europe. Elle considère le voile comme une marque d'appropriation, "le drapeau de l'islamisme", "l'instrument d'un prosélytisme" ainsi que le véritable enjeu d'une guerre souterraine.
Récupérant les frustrés de la société, et les "déshérités ", cet islamisme joue aussi sur l'identification avec la lutte des palestiniens pour les canaliser vers la "ferveur religieuse". En cédant parfois à la "théorie du complot", l'auteur dénonce également la "duplicité" du discours islamiste envers les démocraties ainsi que l'attitude complice de certains intellectuels ou sociologues. Au terme d'un essai à la lecture "stimulante", Chahdortt Djawann conclut ainsi : "Allah, me semble-t-il, en a assez d'entendre parler de l'islam, et voudrait bien envoyer au diable les islamistes et leurs alliés".


Plaidoyer pour une nouvelle sagesse, une interview de Georges Charpak et Roland Omnès (Henri Tincq)
Le Monde des Religions - Juillet-Août 2004 (3 pages)

Georges Charpak, prix Nobel de physique, et Roland Omnès, ancien professeur à la faculté des sciences de Paris XI Orsay, ont publié "Soyez savants, devenez prophètes" chez Odile Jacob. Pour eux la sagesse doit être trouvée à la fois loin des fondamentalismes qui font reculer le monde et des "gourous de la science" qui croient en connaître toutes les lois.

"Placez un homme quelque part sur une île et au bout d’un certain temps, il créera sa propre religion. Elle est la réaction de l’homme face à l’inconnu. Le scientifique, celui qui expérimente, peut s’extasier à l’infini, comme nous le faisons devant les lois de la nature. L’homme, sur son île s’extasiera devant la répétition des phénomènes comme le coucher ou le lever du soleil. Il comprendra qu’il est gouverné par des puissances qui ne sont pas à l’échelle humaine."
(Georges Charpak)

"Dès le début de notre livre, nous soulignons les risques associés à tout progrès scientifique... Pas un seul instant nous ne disons que les hommes qui font de la science ont raison sur tout, qu’ils sont des "gourous", dont il suffit d’appliquer les préceptes."
(Roland Omnès)


Faire rimer religion et raison (Djénane Kareh Tager)
Le Monde des Religions - Juillet-Août 2004 (2 pages)

Publié chez Hachette (2004), "Manifeste pour un islam des Lumières", le denier livre de Malek Chebel, écrivain algérien, tente de répondre par vingt-sept propositions à la question "L’islam est-il adaptable au monde moderne." Plus qu’un livre, il s’agit d’un manifeste proposant une "rupture épistémologique" dont on peut citer le titre de quelques-uns des vingt-sept chapitres : "Affirmer la supériorité de la raison sur toute autre forme de pensée et de croyance"... "Réévaluer le statut de la femme"... "Rappeler le primat de la politique en matière de gestion de la cité"... "Rendre prioritaire l’investissement sur l’homme".

S’inscrivant "dans une tradition d’ouverture et de tolérance" (Averroès, al-Farabi, al-Ghazali...), Malek Chebel considère que ce sont les musulmans eux-mêmes qui doivent effectuer cette transformation indispensable de l’islam et poursuivre la "renaissance" déjà amorcée au milieu du XVIIIe siècle.

>>> Suite de la revue de presse : la littérature : 2003 et 1er semestre 2004

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