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Etats-Unis

2005 - 1er semestre

Revue de presse


En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis, signalez-le

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Voir également la rubrique : Election présidentielle américaine


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Etats-Unis : les garçons perdus de la dissidence mormone (Pascal Riché)
Libération - 17 juin 2005 - (1/2 page)

La Fundamentalist Church of Jesus Christ of Later-Day Saints, forte de plusieurs milliers adeptes, est une secte qui s’est séparée de l’Eglise mormone en 1890. Sa particularité est de prôner la polygamie : un homme doit avoir au moins trois femmes pour atteindre les sommets du paradis. Conséquence : pour perpétuer la polygamie, elle doit "dégonfler le stock de mâles" et pour cela arrache des adolescents à leur famille sous prétexte de délinquance (écouter du rock, porter des chemises à manches courtes, draguer des filles...). "Certains de ces adolescents ont été abandonnés comme des chiens, sur le bord des routes d’Arizona ou d’Utah." Quand ils tentent de retrouver leurs familles, celles-ci, sous la pression, les renient. L’un d’eux, à propos de sa mère, dit en pleurant : "Je suis mort à ses yeux".
Après plusieurs plaintes, dont une pour abus sexuels, un mandant d’arrêt a été lancé contre le gourou de la secte, Warren Jeffs, qui a pris la fuite. Les autorités restent prudentes dans la traque du fuyard qui semble "capable de tout". En effet, elles "se souviennent du drame de Waco, lorsqu’en 1993 une centaine de fidèles de la secte des Davidiens s’étaient retranchés pour protéger leur gourou et avaient péri pour la plupart dans les flammes, après un assaut du FBI".


Rendez-vous avec Jésus à la cafétéria (Faye Flore)
Courrier International - 2 au 8 juin 2005 - (3/4 de page)

Sous la pression des évangéliques, la foi apparaît de plus en plus au sein des grandes entreprises américaines (AOL, Intel, American Express, American Airlines, Ford...). Enhardis par leur force révélée lors des élections présidentielles, les mouvements évangéliques sont impatients de voir avancer les grands dossiers qu’ils défendent (lutte contre l’avortement et le mariage homosexuel) et cherchent leur place dans les entreprises. Ces dernières "n’autorisent les louanges du Seigneur que sous certaines conditions - au cours de la pause de midi ou des autres pauses, et seulement devant des personnes qui sont d’accord -, afin de réduire le risque de porter atteinte à la bonne harmonie sur le lieu de travail." Les entreprises cherchent un équilibre pour éviter un prosélytisme qui pourrait tomber sous le coup de la loi. En fait, les chrétiens évangéliques ont cherché à bénéficier des mêmes avantages que ceux déjà accordés à quelques "groupes de différence", gays et lesbiennes, parents de militaires, groupes ethniques... Certaines sociétés s’inquiètent des risques de poursuite pour harcèlement religieux et ont refusé ces regroupements d’évangéliques, comme Coca-Cola et General Motors, parce qu’ils auraient créé de la division. Ford, quant à elle, a opté pour une voie œcuménique en autorisant "la formation de groupes de fidèles, mais en exigeant qu’ils travaillent de concert dans le cadre d’un réseau œcuménique".


Darwin desservi par les siens (Peter Dizikes)
Courrier International - 2 au 8 juin 2005 - (2 pages)

Sous-titre : Comment contrer l'offensive créationniste ?

Dans de nombreux Etats des USA, les créationnistes essaient de faire introduire dans les programmes scolaires la théorie de la "conception intelligente" qui selon eux rend davantage compte de la complexité de la vie et ne peut être que l'oeuvre d'un Créateur. La moitié des américains pensent que les hommes ont été créés il y a dix mille ans, tels qu'ils sont aujourd'hui (ou presque). Le philosophe des sciences, Michael Ruse, défenseur acharné de la théorie de l'évolution, auteur de "The Evolution-Creation Struggle" [combat], estime que certains "évolutionnistes" ont une part de responsabilité dans la situation actuelle. Ils ont trop souvent présenté l'évolutionnisme "comme le fondement de philosophies du progrès et du matérialisme, qui se trouvent immanquablement en concurrence avec la religion."

Dès la parution de "l'Origine des Espèces", de grands scientifiques et même des non-scientifiques (T.H. Huxley, Herber Spencer, R.A. Fisher, Julian Huxley, Edwards O. Wilson, Richard Dawkins...) s'en sont servis ou s'en servent pour démontrer le progrès social et prôner un "humanisme évolutionniste". Michael Ruse les accuse "d'avoir exacerbé le conflit entre évolutionnistes et créationnistes en contestant la validité de la foi religieuse". En dépassant le concept scientifique de l'évolution, ils ont crée "l'évolutionnisme" et en ont fait une "religion". Hostile à ce qu'un scientifique tienne des propos antireligieux (comme l'a fait le biologiste Richard Dawkins), Michael Ruse estime que cela "complique sérieusement la tâche de ceux qui cherchent à présenter l'évolution sous un jour acceptable à la portion sensée de l'opinion publique".

La question est de savoir si ces critiques, de l'intérieur, des défenseurs de la théorie de l'évolution serviront ou desserviront cette cause. Pour l'auteur de l'article, il ne faut pas sous-estimer les autres facteurs, sociaux ou institutionnels, qui ont favorisé l'opposition créationniste. Le développement des Eglises évangéliques, conservatrices sur le plan de la théologie, a accentué ce mouvement anti-évolutionnisme. Michael Ruse en est conscient et considère que "de nombreux croyants qui rejettent aujourd'hui la théorie de Darwin ou y sont indifférents peuvent finir par l'accepter, si tant est qu'on leur présente des faits strictement scientifiques et qu'on leur donne moins de raison de penser que l'évolution menace leurs valeurs sociales et spirituelles".


Etats-Unis : Religion privée et religion publique en tension (Isabelle Richet, professeur d'études américaines l'Université de Paris VII)
Sciences humaines - mai 2005 n°160 (4 pages)

Paradoxalement les Américains pensent que la religion serait en déclin aux USA et que, cependant, elle occupe une place de plus en plus importante dans leur vie. L’origine de ce phénomène complexe serait triple :
"- baisse de l'identification, de l'affiliation et de la pratique régulière;
- augmentation du pluralisme religieux;
- forte individualisation du croire."

L'immigration en provenance de pays non européens a permis un fort développement du pluralisme religieux : musulmans, hindous, bouddhistes, sikhs, religions afro-caraïbes... Ce sont les catholiques qui ont le plus bénéficié de l'immigration; ils sont 28% aujourd'hui. Les protestants ne sont plus que la moitié. "Mais ces derniers sont divisés, entre les libéraux en déclin, et les évangéliques, modérés et conservateurs, en pleine expansion." Les plus fondamentalistes des évangéliques et des pentecôtistes, qui rejettent le pluralisme, représentent environ 20 à 30% de ce groupe. Il faut également tenir compte des familles mixtes qui amènent beaucoup de changement de religion.
L'individualisation du croire passe par le transfert de l'autorité religieuse de l'Eglise vers le croyant. "L'émotion prend le pas sur le dogme." Ce phénomène, qui n'est pas nouveau, est favorisé par la société de consommation, la diversité des choix et la grande mobilité de la société aux Etats-Unis. Ce mouvement est sans effet sur les Eglises fondamentalistes ou pentecôtistes qui, au contraire, placent l'autorité dans les seules Ecritures. Ce sont les mouvements néoévangéliques qui tirent le meilleur profit des évolutions culturelles évoquées ci-dessus. "C'est en particulier le cas dans ce qu'on appelle les "megachurches" (mégaéglises), sorte de grands supermarchés religieux connaissant actuellement un développement soutenu. Elles utilisent les techniques les plus modernes du marketing et limitent la liturgie au minimum. "L'accent est mis sur la communion spirituelle des participants à travers la musique et l'expression corporelle de l'émotion religieuse."
Parallèlement à cette grande diversité, force est de constater que ce sont les chrétiens conservateurs qui dominent le discours de la religion publique et qui appellent à défendre "l'Amérique chrétienne". Pour eux la menace de la diversité est avant tout théologique : ils conçoivent "leur religion comme la seule source de vérité et ont, en outre, une conception absolutiste de celle-ci, accepter le pluralisme reviendrait à reconnaître la validité des autres croyances et donc la multiplicité des vérités religieuses." Ils font référence à un passé imaginaire d'Amérique chrétienne, autour des valeurs morales du protestantisme. Mais les fondateurs des Etats-Unis "ont adopté pour une constitution laïque, fondée sur la séparation institutionnelle du politique et du religieux". Cela n'empêche pas les évangéliques d'essayer de constituer une société protestante inspirée de la volonté de Dieu pour imposer leur hégémonie sur la société civile. "Leur tentative va à l'encontre des tendances culturelles de fond à l'oeuvre dans la société américaine, mais elle a l'écho que l'on sait du fait de l'alliance entre les évangéliques conservateurs et la droite républicaine au pouvoir."


Le ciel ne peut attendre
Marianne - 22 au 28 janvier 2005 - (24 lignes)

En prononçant son sermon à Orlando (USA), le révérend Jack Arnold s'est exclamé : "Lorsque mon labeur pour le Christ sera achevé et que le Père me rappellera à lui...". Il n'a pu terminer sa phrase et fut terrassé par une très rationnelle crise cardiaque, au pied de l'autel. Un de ses amis pasteur a reconnu qu'il avait eu belle mort, "dans sa propre paroisse et parmi ceux qu'il aimait le plus au monde". Pour une fois, Dieu ne s'est pas fait prier.


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