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Cinéma : "La passion du Christ", de Mel Gibson

Revue de presse



En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis, signalez-le



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Dieu superstar
Topo - avril 2004 - N°5 - (190 pages)

"Le mensuel de tous les livres", constatant une très forte production littéraire autour du fait religieux, y consacre la quasi-totalité de son numéro.

Une couronne d'épines pour Mel Gibson (Paula Fredriksen) - 2 pages
Une analyse très critique du film de Mel Gibson, "La passion du Christ" : des anachronismes, de grossières erreurs historiques. "Ce genre de chose ne devrait plus décemment être projeté depuis "La vie de Brian" des Monty Python. Mais surtout, ce que vous verrez pendant nettement plus d'une heure, c'est le spectacle interminable, brutal, graphique, nauséeux d'un beau corps humain réduit à l'état de bouillie sanglante."

Le sang du Christ (Didier Allouch) - 2 pages
Cet habitant de Los Angeles donne sa vision du film de Mel Gibson, "La passion du Christ" : "extrêmement antisémite", "immonde", une tendance au mysticisme… Pour lui, ce film est une attaque de l'intégrisme catholique contre les autorités romaines et les évolutions intervenues depuis le concile Vatican II.

Pour voir l'ensemble de la synthèse : Topo : Dieu superstar.


La croisade intégriste de Gibson
Libération - 31 mars 2004 - (3 pages)

Le film "La passion du Christ" sort aujourd'hui en France. Il est l'œuvre du fondamentaliste, Mel Gibson, acteur américain, qui a réussi à imposer cette réalisation très personnelle. "… cette passion n'est rien moins qu'un "film d'auteur", là où la personnalité du créateur se montre et se fait savoir. Mais un auteur sous-influence, divine évidemment, plus précisément fondamentaliste chrétienne." Ce n'est pas la vérité historique qui a compté, mais une interprétation littérale des textes, dans leur lecture la plus traditionaliste. En outre, "le projet est idéologique, non pas historique", proche de la vision de G. W. Bush du retour à la Bible.
Si la polémique autour de l'antisémitisme du film a contribué à son succès, y compris dans les pays arabes, le rabbin de Ris-Orangis, Michel Serfaty, y voit plutôt une "méconnaissance historique du judaïsme à cette époque-là."

Quant au film, en voici un aperçu à travers quelques critiques :
"un chemin de croix pour le spectateur",
"filmé comme une pub réservée aux convertis",
"une messe qui ne garde pas de place pour un spectateur critique",
"œuvre qui peut exacerber l'antisémitisme, ne se posant d'autres questions que de savoir qui a mis à mort Jésus et désignant comme seuls coupables les prêtres juifs",
"Mariage de la pompe à fric d'Hollywood et de l'idéologie réactionnaire du fondamentalisme chrétien made in USA dans un long vidéoclip exaltant le martyre".

Pour Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, deux documentaristes, le film est "une bêtise absolue du point de vue historique". Il n'y a pas de doute pour eux, ce sont bien les romains qui sont responsables de sa mort : "Jésus, ayant fait du scandale au Temple, cela ça suffit très largement pour qu'il soit exécuté sans procès." Quant à la langue, au lieu de l'araméen dans lequel est tourné le film, cela aurait dû être le grec qui était la langue officielle de l'empire romain. "C'est un film caricatural de l'antisémitisme", "Si les nazis avaient voulu faire un film pour enrôler les chrétiens, ils auraient fait ce film".


La plus longue séance de torture jamais contée (Thomas Sotinel, Henri Tincq, Xavier Ternisien)
Le Monde - 31 mars 2004 - (1 page)

"Abrutissant, violent, inhumain." Le film de Mel Gibson a déjà rapporté plus de 250 millions de dollars à son auteur. L'article décrit les scènes de tortures qui sont "la matière et l'essence de ce film" […]"Il s'agit de porter le spectateur jusqu'à un état de révulsion qui abolit la pensée." Pour Thomas Sotinel, tout est fait dans le film pour faire endosser la responsabilité de la mort de Jésus aux prêtres et au peuple juif.

En France, seuls les catholiques traditionalistes et les évangéliques approuvent sans réserve le film. "Pour Meïr Waintrater, président de l'Arche, si le film avait été projeté avant guerre en Pologne, il aurait déclenché des pogroms." Les catholiques n'ont pas voulu donner de réaction officielle, mais comme les protestants, ils trouvent la théologie du film contestable. Pour les catholiques intégristes, le film "La passion du Christ", dont ils font la promotion, "efface quarante ans de Concile" et sa violence est "porteuse de sens".


Jésus et les juifs (Michel Labro, Sophie des Déserts, Jean-Luc Pouthier)
Le Nouvel Observateur - 25 au 31 mars 2004 - N° 2055 - (9 pages)

Au moment où va sortir en France le film de Mel Gibson, "La passion du Christ" (Voir les autres articles ci-dessous) ce dossier du Nouvel Observateur tente d'apporter un éclairage d'historiens, de chercheurs, de philosophes, sur les rapports entre les chrétiens et les juifs. En effet, le film relance la question de savoir qui a tué Jésus. Les juifs ou les romains ?
Un entretien intéressant du journaliste Michel Labro avec Jérôme Prieur et Gérard Mordillat (historiens et cinéastes) apporte une relecture historique des Evangiles. "Ce ne sont pas des faits, c'est de la théologie" met en garde Gérard Mordillat sur le risque qu'il y a de mettre en scène les Evangiles. L'analyse du contexte et de l'ordre dans lequel ils ont été écrits, permet de mieux comprendre que ce sont bien les romains qui ont tué Jésus. Si l'Evangile selon saint Jean, le dernier dans l'ordre chronologique, donne des juifs une vision très négative, c'est qu'au moment de sa rédaction, les disciples de Jésus sont rejetés par le peuple d'Israël. Ce n'est qu'après la chute du Temple de Jérusalem en 70 et par l'action de saint Paul que la nouvelle religion s'est ouverte aux païens. Plus tard, au Moyen Age, les persécutions des chrétiens contre les juifs se sont développées à cause d'une lecture trop littérale des Epîtres de saint Paul. D'où le parallèle qui ramène "…à Mel Gibson, autrement dit, au niveau zéro de la réflexion. C'est aux mystères du Moyen Age que nous renvoie le film, profondément médiévale et archaïque". Ce n'est qu'en 1965, après le Concile de Vatican II, que l'Eglise Catholique reconnaît les persécutions des juifs et son antisémitisme passé.

"2h06 de tortures en gros plan" : le film de Mel Gibson rencontre beaucoup de succès aux Etats-Unis. Il faut dire que les évangéliques se démènent pour en faire la promotion. "Ce film, c'est la plus belle opportunité depuis 2000 ans."… et cela, bien que ce soit l'œuvre d'un catholique traditionaliste. Tous les chrétiens n'apprécient pas de la même manière. "J'ai vomi pendant tout le film." Mais le film est surtout un épisode de la guerre culturelle américaine pour proclamer les valeurs du christianisme et, toujours sous-jacente, la lutte messianique du Bien contre le Mal.
Les juifs, que le film montre systématiquement antipathiques, s'inquiètent. "C'est à cause de lui, [Jésus] qu'on a tant souffert, et maintenant, ça risque de recommencer."
On peut regretter que les athées n'aient pas été invités à s'exprimer dans le dossier, bien fait par ailleurs. Pour eux, le personnage de Jésus, s'il a existé, n'est, au mieux, qu'un prédicateur un peu bohème dont le succès, géographiquement très limité, a fait peur aux autorités locales qui l'ont condamné à mort. Le mythe a fait le reste. C'est beaucoup d'histoire pour un seul supplicié, alors que des millions d'autres à travers le monde ont subit des martyrs et des agonies bien plus longues, soit sans raison, soit parce ce qu'ils avaient des idées ou des religions différentes de celles de leurs bourreaux.


Qui a tué Jésus ? (Henri Raczymov, écrivain)
Le Monde – 3 mars 2004 (1/9 de page)

Henri Raczymov donne son point de vue de laïc et même d’athée sur ce film réalisé dans un pays dont la culture est étrangère à la notion de laïcité. Pour lui, "… Jésus n’est pas le fils de Dieu, lequel d’ailleurs n’existe pas. Au mieux, Jésus c’est une sorte de Socrate oriental, que sa communauté, de même que pour le philosophe athénien, a mis à mort. Parce qu’il embêtait le monde, cet homme, rien de plus. Or, pour le meurtre de Socrate, accuse-t-on les Grecs ? Pire, accuse-t-on les Grecs de 2004 ?" Jésus n’est donc qu’un homme comme les autres, tué par une communauté, car il y troublait l’ordre. Même si c’est mal, quelle communauté ne l’a jamais fait. "Où est le scandale éternel ? D’un point de vue athée, la crucifixion de Jésus est un non-événement."


C’est le producteur Tareck Ben Ammar qui distribuera le film de Mel Gibson
Le Monde – 3 mars 2004 (1/6 de page)

Le producteur d’origine tunisienne, musulman et élevé au milieu dans les trois religions, a annoncé qu’il sortira le film en France en avril, pendant la période de Pâques. Réfutant les accusations d’antisémitisme du film, il considère que c’est son devoir de le faire voir en France.
MK2 et Pathé n’ont pas été contactés pour la distribution. Europa-Corps, la société de Luc Besson, quant à elle, a renoncé à la distribution. Eurozoom, spécialisée dans les films militants, a refusé pour des raisons financières. Pour Marin Karmitz, président de la fédération des distributeurs, répondant au procès d’intention fait aux distributeurs français, il n’y a pas de censure, "étant donné que presque personne n’a vu le film".
Aux Etats-Unis, le film continue sa "fructueuse carrière commerciale" et se prépare à sa sortie en Grande Bretagne et en Italie.


"The passion", succès public et polémique (Claudine Mulard, Patrick Jarreau, Henri Tincq)
Le Monde – 27 février 2004 (1 page)

"La passion du Christ", le film de Mel Gibson (pour plus de détails sur le film, voir les deux articles qui suivent) sorti le 25 novembre, jour des "Cendres", en Amérique du Nord a généré 20 millions de dollars en une seule journée.
Beaucoup de spectateurs bouleversés, parfois en pleurs : le film est promis à un beau succès parmi les croyants. La polémique sur l’antisémitisme a conduit quelques manifestants arborant des pancartes devant un cinéma de New York. Il faut dire que le film est jugé antisémite par certains et que Hutton Gibson, le père de Mel, a tenu des propos négationnistes sur le génocide des juifs, que ce dernier n’a pas condamné publiquement.
Le sujet étant sensible, il y a eu peu de commentaires venant de Hollywood. Malgré la naïveté de la déclaration de foi du réalisateur, la rumeur de scandale, le film est en passe de devenir un événement cinématographique. "Mel Gibson serait au cinéma ce que George Bush est à la politique : un dangereux zélote, qui ne doute de rien et dont on peut craindre le pire. Le président et l’acteur n’ont-ils pas un public commun, celui des baptistes du Sud, nourris d’idées simples et de croyances apocalyptiques ?" Pour Patrick Jarreau, la polémique autour de l’antisémitisme du film serait sans fondement. Le paradoxe est que c’est chez les évangélistes que le catholique traditionaliste Mel Gibson a trouvé des appuis...
Les premières critiques de la presse américaine sont plutôt réservées. "Qu’est devenue l’idée selon laquelle au centre de toutes les grandes religions on trouve l’amour ?" (The New York Daily News).
Deux prêtres traditionalistes français ont célébré, pendant tout le tournage, une messe quotidienne en latin selon le rite tridentin (du Concile de Trente). Le dévot Mel Gibson qui considère que depuis Vatican II le siège de Rome est vacant, a fait construire en Californie une église pour les fidèles de son culte.
Voir quelques commentaires à la fin de l'article du Figaro du 17 février 2004.


La passion du Christ, le film qui fait scandale
Paris Match - 19 au 25 février 2004 (5 pages de texte et 8 de photos)

Le film de Mel Gibson, qui sort aux Etats-Unis le 25 février, premier jour des Cendres, provoque des polémiques. Cette œuvre est le récit très réaliste, comme le montre plusieurs photos, des douze dernières heures de Jésus, de la Cène à la crucifixion. Jim Claviezel, le "substitut" du Christ, a beaucoup souffert pour rendre le film plus réaliste. Il a même été blessé pendant le tournage. Montrer des images plus "réalistes" et plus violentes ne rendra pas, pour autant, l'histoire plus véridique.
Le scénario est inspiré des Evangiles, mais aussi des écrits de Catherine Emmerich, une mystique du XVIIIe siècle, accusée d'antisémitisme. "Je reproche à Mel Gibson de professer son évangile à lui, un évangile qui n'a pas varié depuis le massacre de la Saint-Barthélemy" précise David Elcott (directeur des affaires interreligieuses pour l'American Jewish Committee) pour qui l'attitude Mel Gibson s'apparente à celle des "fondamentalistes de l'islam". La grande question que soulève le film est "Qui a tué Jésus ? Les juifs ou les romains ? Outre la violence du film et quelques inexactitudes "historiques", c'est là le principal objet de controverse pour certaines organisations juives.
Au Vatican, où le pape a visionné le film, mais sans en faire de commentaires, l'Opus Dei se frotte les mains, tandis que des évêques américains ont été enthousiasmés par le film, "manière habile de faire ainsi diversion avec les récents scandales de pédophilie dans leurs pays".
Quant au père Charles-Roux qui disait la messe (en latin) pour les acteurs, il trouve que "la foi de Mel Gibson est celle d'un charbonnier" et qu'il n'est pas un intellectuel comme saint Thomas d'Aquin".
A Daytona, où beaucoup de coureurs automobile proclament leur foi ouvertement, "La passion du Christ" est un sponsor très en vue sur les capots des voitures, entre des publicités pour du viagra et pour l'US Army... Grâce aux polémiques, le marketing est fort bien réussi, car on en parle beaucoup, même avant sa sortie. Bien que Mel Gibson soit un fervent catholique traditionaliste, le film est soutenu par les Eglises Evangélistes qui y voient un moyen inespéré de recruter de nouveaux adeptes.
L'article de Paris Match est présenté de manière partisane, me semble-t-il, comme s'il s'agissait d'un film historique, sans l'ombre d'un doute. Voir d'autres commentaires à la fin de l'article suivant qui s'applique également à celui-ci.


"Passion" de Mel Gibson attise les passions (Marie-Noëlle Tranchant)
Le Figaro - 17 février 2004 (2 pages)

Mel Gibson, acteur américain et catholique traditionaliste, est le réalisateur et le producteur du film "La passion du Christ", qui relate les dernières heures de la vie de Jésus. Le film sort le 25 février aux Etats-Unis, le 7 février en Italie, mais il faudra attendre plusieurs mois pour le voir en France. Il est déjà, Outre-Atlantique, un sujet de polémiques qui contribuent à sa notoriété, avant même sa sortie sur les écrans. Des organisations juives accusent le film d'antisémitisme, mettant l'accent sur le caractère déicide du peuple juif. Elles sont soutenues par des mouvements Evangélistes qui veulent "affirmer l'identité chrétienne et en faire une cause". Certains groupes juifs voudraient une déclaration officielle du Vatican.
Le film, tourné en langue araméenne et en latine, est apparu très violent aux rares qui l'ont vu : "au bout de deux minutes, j'avais les mains sur les yeux, tant la représentation est d'une brutalité épouvantable", …"Mel Gibson a choisi de montrer la boucherie",… "c'est un film qu'on peut voir pendant le Carême, parce que c'est un véritable chemin de croix".
Le tournage qui s'est déroulé en Italie a eu lieu dans une grande ferveur religieuse : messe, communion, émotion, même pour Monica Belluci (Marie-Madeleine) qui pourtant ne se dit pas chrétienne. C'est un film dont beaucoup de monde parle, mais que très peu ont vu. Et, comme il est dit fort justement : "on ne peut que rapporter ces diverses réflexions en attendant le film".
Une partie de l'article dresse un portrait de Mal Gibson : "L'électron libre de Hollywood". "Pour moi [Mel Gibson], être raciste sous quelque forme que ce soit irait à l'encontre des principes de ma foi. L'Antisémitisme est un péché. Il a été condamné par les Conciles." Autrement dit, si les Conciles ne l'avaient pas condamné, le racisme ne serait pas un péché. !!! Drôle de morale !
Une autre partie de l'article présente l'Anti-Defamation League, championne de de la lutte contre l'antisémitisme, qui a attaqué le film sur la base de son scénario. Elle a proposé à Mel Gibson un "processus de validation" que celui-ci a refusé.
Ce qu'en pense le pape ? Les représentants du Vatican qui ont vu le film ont un jugement plutôt positif, "tout en regrettant un "léger" excès de violence". Il n'est pas certain que le Saint Siège prenne position officiellement, vu la polémique. D'ici à ce qu'il s'en lave les mains, comme Ponce Pilate !"
La dernière partie de l'article présente succinctement quatre films sur Jésus qui ont précédé celui de Mel Gibson : Golgotha (Duvivier, 1935), L'Evangile selon Matthieu (Pasolini, 1964), Jésus de Nazareth (Zeffirelli, 1976), La dernière tentation du Christ (Scorcese, 1988).
Après les Douze travaux d'Hercule, Les Aventures d'Ulysse, La Guerre des Etoiles et le Seigneur des Anneaux, la veine des films mythologiques n'est pas prête de s'épuiser. Sauf que pour ce dernier film, bâti sur un scénario vieux de presque 19 siècles, éculé et archi-connu, on connaît déjà la fin !
On attend donc avec impatience "Jésus 2, le retour"
.


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