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Moloch-Baal, le roi du sacrifice


par Eric Timmermans  -  21/06/2011




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




1. Le Prince du pays des larmes ?

Présenté abusivement comme le Prince du pays des larmes, démon de l'Injustice et membre du conseil infernal, par les démonologues chrétiens, Moloch (ou Moloc, Moloch-Baal, Malakhbêl, Molèk, Mélek) serait, en fait, une des nombreuses formes du dieu mésopotamien Baal, époux d'Astarté. Il fut particulièrement adoré par les Phéniciens et les Carthaginois, qui lui sacrifiaient sans doute des enfants, mais également par les Ammonites, les Moabites et les Hébreux. En effet, le culte de Moloch aurait parfois été pratiqué en Israël, notamment sous le règne d'Achaz et Manassé, rois de Juda, qui, dit-on, lui sacrifièrent leurs fils. Ce dieu terrible apparaît traditionnellement sous la forme d'un être à corps humain et à tête de taureau. Il est aussi parfois doté d'ailes.

2. Moloch dans la Bible.

La Bible, dès la plus haute antiquité, a associé le nom de Moloch à l'image du Diable qui, avant même de prendre l'aspect du dieu grec Pan, avait donc déjà pris une première apparence de démon cornu. Dans le Lévitique (18 : 21) il est dit en outre :

"Tu ne donneras aucun de tes enfants pour le faire passer par le feu en l'honneur de Moloch, et tu ne profaneras pas le nom de ton Dieu. Je suis Yahweh." (Crampon)

"Tu ne livreras pas de tes enfants à faire passer à Molek, et tu ne profaneras pas ainsi le nom de ton Dieu. Je suis Yahvé." (Jérusalem)

Et la Bible de Jérusalem (p.184-185) ajoute : "Ces sacrifices d'enfants que l'on "fait passer" par le feu, c'est-à-dire qu'on brûlait, sont un rite cananéen condamné par la Loi. Ce rite s'était introduit en Israël, spécialement à Jérusalem, au brûloir de la vallée de Ben-Hinnom (la "Géhenne"). L'origine du mot Molek est phénicienne : il désigne un type de sacrifice ; il fut d'ailleurs divinisé à Ugarit, où le nom paraît dans la liste des dieux. En Israël il a été compris comme un vocable divin, et un certain nombre de textes parlent de sacrifices offerts au dieu Molek (c'est-à-dire Melek, "le roi", vocalisé comme boshet, "la honte")."

3. Roi ou sacrifice ?

A noter que sous sa forme Mélek, qui signifie "roi" (mais peut-être que, selon des découvertes récentes faites à Carthage, ce nom désignerait le "sacrifice" -molk- proprement dit et non une divinité, ce qui rendrait caduque l'idée de l'existence d'un dieu spécifique nommé "Moloch"), renvoie, par exemple, à Adramélek, un autre dévoreur d'enfants présumé. Ceux de ces derniers qui étaient supposément livrés à Moloch ou Moloch-Baal, étaient brûlés vifs en sacrifice. Cette image est assez bien rendue dans l'un des numéros de la BD de Jacques Martin, Alix, titré Le tombeau étrusque. On y voit notamment repris en dessin le témoignage de Diodore de Sicile évoquant une statue de bronze de Moloch abaissant ses deux bras vers les victimes sacrificielles et les projetant, par l'action de deux immenses chaînes manouvrées par les servants du dieu, dans la bouche grande ouverte de celui-ci. La victime tombait alors dans la fournaise qui se situait à hauteur de son ventre. Sans doute est-ce la raison pour laquelle on a identifié Moloch à Saturne qui lui-même fut assimilé à Cronos, celui-ci ayant dévoré ses propres enfants.

4. De Moloch-Baal à Malakhbêl.

Le culte de Malakhbêl (s'agit-il d'une autre graphie du nom de Moloch-Baal ?) fut importé à Rome. On le rencontrait dans le quartier cosmopolite du Trastevere où se côtoyaient des populations orientales d'origine juive, syrienne, anatolienne, etc. Sur l'autel des dieux palmyréniens trouvé au Trastevere, Malakhbêl figure sur un char attelé de quatre griffons. On le montre portant un costume indigène : une tunique à manches et pantalons. Dans son sanctuaire, on adorait le Très Saint Soleil, que l'on voit emporté par un aigle ou encore tiré par un quadrige de griffons (faces d'un autel conservé au musée Capitolin). On y trouvait également le cyprès qui, en Syrie, était un symbole sacré du Soleil. Il est donc par trop simpliste, pour peu que l'on puisse assimiler Malakhbêl à Moloch-Baal et que Moloch ait bien été un dieu spécifique, ce qui est aujourd'hui remis en question, comme nous l'avons dit, de ne vouloir voir en Moloch qu'un monstre dévoreur d'enfants, comme nous le présente la Bible. De fait, nous le voyons ici sous l'aspect d'une divinité solaire et lumineuse.

5. A savoir également.

5.1. L'explication selon laquelle l'expression "sourire sardonique" proviendrait du fait que le culte de Moloch fut implanté en Sardaigne et ferait référence au rictus des victimes soumises au supplice du feu, nous semble passablement fantaisiste.

5.2. Le roi Salomon fit, dit-on, élever un temple en l'honneur de Moloch dans la vallée d'Ennon, à Tophet.

5.3. On a aussi parfois confondu Moloch avec le Minotaure.

5.4. Une gravure du 17e siècle montre Moloch sous l'aspect d'un homme à tête de bovin dont le corps est coupé à hauteur des hanches et qui repose sur un four dans lequel on peut voir brûler un feu de bois. Dans son corps, on peut remarquer sept ouvertures. Les six premières recevaient un animal et la septième, un être humain, généralement un enfant.

5.5. Dans les croyances populaires, le démon Moloch préside au mois de décembre.


Eric Timmermans



Sources :
- Bible de Jérusalem, Cerf, 1998
- Bible du chanoine Crampon, Société de Saint-Jean l'Evangéliste, 1939
- Dictionnaire des superstitions, R. Morel et S. Walter, Marabout, 1972
- Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998
- Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003
- Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Pierre Norma, Maxi-Poche Références, 2001
- Héliogabale et le sacre du soleil, Robert Turcan, Albin Michel, 1985
- L'Ange déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004
- Le Prince de ce monde, Nahema-Nepthys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993.



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