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Issu de la tradition assyrienne, le nom d'Adramélech (ou Adrammélek, Adramaleck), qui semble signifier "roi puissant", se retrouve dans la Bible sous une forme, bien évidemment, diabolisée, cette divinité étant associée au meurtre d'enfants. De fait, selon la source biblique (2e Livre des Rois, 17 : 31), lesdits enfants étaient offerts en sacrifice par incinération à Adramélech et à Annamélech, les dieux de Sepharvayim (ou Sapharvaïm).
".et ceux de Sapharvaïm livraient leurs enfants au feu en l'honneur d'Adramélech et d'Anamélech, dieux de Sépharvaïm." (Crampon)
"... et les gens de Sepharvayim brûlaient leurs enfants au feu en l'honneur d'Adrammélek et d'Anammélek, dieux de Sepharvayim." (Jérusalem)
La Bible, dans ses habituels raccourcis, a ainsi assimilé Adramélech à un "dieu du meurtre". Curieux que les autorités ecclésiastiques n'aient jamais pensé à appliquer le qualificatif de "meurtrier" à ces inquisiteurs "bons chrétiens" qui, durant des siècles, livrèrent tant d' "enfants du bon dieu", aux flammes du bûcher, je voulais dire : "au bras séculier".
En outre, ce nom d'Adramélech est également donné à un parricide qui, avec son frère Saréçer, tua de son épée le roi assyrien Sennachérib (environ 681 avant l'ère chrétienne), avant de s'enfuir du pays d'Ararat (Isaïe, 37 : 38) :
"Comme il était prosterné dans la maison de Nesroch, son dieu, Adramélech et Sarasar, ses fils, le frappèrent avec l'épée, et s'enfuirent au pays d'Ararat. Et Asarhaddon, son fils, régna à sa place." (Crampon)
"Un jour qu'il était prosterné dans le temple de Nisrok, son dieu, ses fils Adrammélek et Séréçer le frappèrent de l'épée et se sauvèrent au pays d'Ararat. Asarhaddon, son fils, devint roi à sa place." (Jérusalem)
On retrouve aussi le nom d'Adramélech dans la liste des principaux démons, établie par l'Eglise au concile de Braga (560-563), dans le De lamiis liber - Pseudomonarchia daemonum (1577) de Jean Wier, de même que dans le dictionnaire infernal (1863) de Jacques Collin de Plancy. De ces deux derniers ouvrages on tira les descriptions les plus imaginatives et les plus fantaisistes d'Adramélech dont on fit le Grand Chancelier de l'Enfer, un Grand-Croix (ou Commandeur) de l'Ordre de la Mouche de même qu'un intendant de la garde-robe de Satan (ou de Bélial) et le président du haut conseil des démons (ou président du Conseil infernal) ! Certaines sources le décrivent par ailleurs comme un démon veillant sur la mode et inspirant les couturiers. Enfin, pour poursuivre dans le farfelu, ajoutons qu'Adramélech est représenté sous la forme d'un mulet ou encore, sous l'aspect d'un paon, bien qu'il apparaisse parfois également, dit-on, sous une forme hybride de paon et de mulet.
Eric Timmermans
Sources :
Bible de Jérusalem, Cerf, 1998
Bible du chanoine Crampon, Société de Saint Jean l'Evangéliste, 1939
Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998
Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Maxi-Poche Références, 2003
Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Pierre Norma, Maxi-Poche Références, 2001
L'Ange déchu, M. Centini, Editions de Vecchi, 2004
Le Prince de ce monde, Nahema-Nephtys et Anubis, Editions Savoir pour Être, 1993
Livre des superstitions (croyances, mythes et légendes), Eloïse Mozzani, Robert Laffont, Coll. "Bouquins", 1995.