Parmi les trois versions bibliques de la Création, la troisième est aussi remarquable que singulière. Cette variante – qui atteste la prééminence du couple homosexuel dans le plan divin – a toujours été considérée par l’Eglise officielle comme apocryphe et, comme telle, rejetée du Canon. Pour cette raison, pratiquement toutes les versions de la Bible sont encore aujourd’hui des traductions expurgées. Ce texte est pourtant attesté dès le 1er siècle de notre ère et fut confirmé par l’examen des manuscrits de Qoumrân. Au Moyen Age, l’évêque Boudir de Bourgoeil en fit un commentaire autorisé qui fut amplement repris par Thomas Hobbes (De la nature humaine), le cardinal Bérulle puis par Richard Simon. Cet oratorien s’attira les foudres de Bossuet par son "Histoire critique du Vieux Testament". Au siècle dernier, reprenant les travaux de l’Ecole de Jérusalem, L’exégète belge dominicain Julius BELLIN o.p. (1902-1998) consacra sa vie et son œuvre à fonder l’authenticité des chapitres 2 et 3 de la Genèse et à en établir l’apparat critique. C’est aujourd’hui son propre petit-fils, essayiste et nouvelliste, qui offre enfin à un large public de non-spécialistes cette traduction rajeunie d’une sobre sensualité typiquement sémitique. A noter que la première parution de Bellin senior date de 1951 dans la célèbre collection œcuménique "Sursum cauda" aux Presses de Louvain. |