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La morale sans Dieu



Vous ne trouverez pas ici de recettes de morale,
mais seulement quelques idées
que chacun puisse se construire son opinion.



La morale est une inépuisable source de réflexion car elle conduit immanquablement à aborder les relations et intérêts contradictoires de l'homme et de la société.

Une définition de la morale

1 - Ensemble des règles de conduite et de valeurs auquel un individu se soumet "librement" ou en vigueur au sein d'un groupe ou d'une société. Elle détermine les principes et les pratiques concrètes d'action.

2 - Science des mœurs, la morale est aussi un sujet de réflexion philosophique qui vise à déterminer le but suprême de l'homme et de son action dans le monde, dans le cadre de la société et de la recherche du bonheur individuel. Elle peut être amenée à définir des notions de bien et le mal répondant aux critères d'objectivité et d'universalité ou au contraire à les nier.



Morale religieuse

Religion et morale ont toujours été présentées de manière tellement indissociable qu'il est fréquent, même chez les grands auteurs (Voltaire, Dostoïevski…) de penser que la morale ne peut exister sans religion.
Il faut reconnaître que les religions, en particulier celles des Ecritures Saintes (judaïsme, christianisme, islam) ont proposé - il serait plus exact de dire imposé - une morale prête à l'emploi, selon laquelle, pour chaque homme, tout acte de la vie, et même toute pensée, est censé s'inscrire dans le grand livre des débits et des crédits sur lequel Dieu se basera pour un éventuel salut post mortem.

Les religions ayant réussi à faire croire que la morale leur appartenait, vivre en incroyant est souvent perçu comme un critère d'immoralité. Cette idée reçue perd sa raison d'être si l'on prend un peu de recul et si l'on examine ce qu'est réellement la morale religieuse.

Dieu joue en quelque sorte le rôle du père qui fixe les règles et qui punit. Le croyant est traité comme un enfant, pas encore doué de raison, à qui l'on "fait la morale". Pour l'inciter à la respecter, les religions actionnent à la fois la carotte (paradis, éternité) et le bâton (purgatoire, flammes éternelles, enfer…). Le clergé joue le rôle de l'entremetteur. Si le poids du péché est trop dur, une confession, quelques prières et l'absolution permettent au croyant de dormir la conscience tranquille (et éventuellement recommencer le lendemain). Il fut un temps où l'on pouvait même acheter des indulgences.
Ce n'est pas le royaume de Dieu, mais celui de l'hypocrisie : "faire le bien dans le l'espoir de…", "ne pas faire le mal pour éviter…".
C'est une morale intangible, inadaptée, en décalage ou en contradiction avec les situations du monde d'aujourd'hui. Mais surtout, c'est une morale qui considère la vie sur Terre comme secondaire et qui prône le renoncement afin de mériter un hypothétique salut divin accessible après la mort, dans un autre monde.


Morale sans religion

L'athée, quant à lui, se passe de cette autorité supérieure pour choisir ses propres règles de vie. Il doit donc faire preuve de plus de maturité que les croyants qui s'en remettent en permanence aux Ecritures ou aux discours d'imams, du pape, de rabbins, du dalaï-lama, de prédicateurs, de gourous en tous genres...
L'athée est responsable du choix de l'éthique qui le guide et de ses actes. Sa morale n'est pas une contrainte qu'on lui impose, mais l'objectif librement accepté qu'il se fixe. Il ne peut se retrancher derrière un quelconque "Livre Sacré", ni subir la pression sociale des médias et du conformisme. Devant des sollicitations contradictoires de la société, ainsi que des groupes et sous-groupes, souvent antagonistes, qui la composent, l'athée doit déterminer sa propre réponse à la question "Que dois-je faire?".
Il ne peut aller se confesser, ni demander pardon. Il doit vivre avec ses fautes, avec sa conscience, avec le sentiment de culpabilité, avec le remord. Dans ses choix, il n'a qu'une seule certitude, c'est qu'il peut se tromper. Dans ses actes, il sait que le pardon ne viendra pas de Dieu.


L'homme et la société

L'homme est un être doué d'une conscience, d'une pensée, d'une existence ("Je pense donc je suis"). Mais il est avant tout un animal social, grégaire, de plus en plus spécialisé, qui n'est rien sans la société ou le groupe auquel il appartient. L'humanité ne peut se concevoir comme une juxtaposition d'individus; elle ne peut s'appréhender sans la société en tant qu'entité, pour ne pas dire en tant qu'«être», avec sa complexité, ses sous-ensembles (nations, communautés, groupes, familles) et l'infinité de relations qui existent entre individus, entre individus et ses sous-ensembles, et entre ses sous-ensembles eux-mêmes.

L'homme est en permanence confronté à cette dualité. Qu'il le veuille ou non, il est à la fois individu (moi, l'unique "Je") et membre d'une société, d'une communauté qui existait avant lui, qui continuera d'exister encore après sa mort, qui existe indépendamment de lui. Vivre, pour l'homme, c'est être en permanence confronter à deux forces puissantes et opposées:
- satisfaire ses pulsions, ses désirs d'individu ;
- répondre aux attentes de la société qui "souhaite" assurer sa stabilité, sa pérennité, parfois au détriment de l'individu, mais au bout du compte pour la survie et le développement de l'homme à travers l'humanité.


La morale, élément de régulation de la vie sociale

La morale permet la coexistence sociale. Sans elle, inévitablement, les tendances conflictuelles de l'homme vivant en groupe (agressivité, égoïsme, convoitise sexuelle ou de bien d’autrui...) se manifesteraient en permanence. La vie en commun serait impossible.

La morale peut donc être perçue comme l'un des moyens de pression mis en œuvre par la société pour tenter d'endiguer, de contrôler les tendances égocentriques de l'homme.
L'éducation, les lois, la peur du gendarme, la justice humaine, les sanctions en cas d'infraction y contribuent aussi, de manière plus visible, plus réelle. Comme on le verra plus loin, ils ne constituent que la partie émergée de l'action de la société sur l'homme.


Comment la société interagit-elle avec l'homme pour se préserver de l'individualisme et défendre les intérêts communs?

Les fondements du caractère :
On peut se demander si l'homme a vraiment le choix de son caractère, de son positionnement sur l'échelle qui va de l'égoïsme à l'altruisme ou à la sainteté (religieuse ou laïque?!). Les grandes tendances de la personnalité de l'homme semblent s'imposer à lui. Ces éléments constitutifs de son être se sont construits lors de son enfance, avec son passé, de son vécu psychologique, son environnement et sans doute une part de patrimoine génétique. Elles ont rendu l'homme plus ou moins perméable aux intérêts de la société et aux respects des autres. En outre, la relative constance dans le temps du caractère et de la personnalité rendent les hommes globalement prévisibles dans leurs comportements, contribuant ainsi à la stabilité de la société.

Dieu et ce qu'il cache :
En rapprochant les visions de Durkheim et de Freud sur la religion, on pourrait dire que c'est la société, transfigurée en Dieu, autrement dit, sous le masque de Dieu, et revêtue de l'autorité parentale, qui dicte ses règles et ses lois à l'homme et se cache derrière la morale religieuse. La peur du châtiment divin constitue alors un moyen de pression extrêmement fort sur les tendances égocentriques de l'homme.

Les parents, eux-mêmes conditionnés par la société (sans jugement de valeur dans cette expression), amplifient le phénomène et assurent de génération en génération, la continuité et la sauvegarde des intérêts de la société.

La conscience :
Par cette interface de l'homme avec le réel, la société agit sur l'individu par le biais des lois et des risques de punitions encourues en cas d'infraction. Tout homme est censé connaître la loi et les sanctions que peuvent entraîner ses actes.

L'éducation, l'apprentissage du civisme et de l'intérêt qu'il y a à vivre en commun, en paix, à s'entraider, à coopérer, à se respecter mutuellement… font appel au bon sens et à l'intelligence de l'homme. Leur objectif est d'éclairer et éveiller sa conscience lorsqu'un de ses actes peut avoir ou a eu une conséquence néfaste pour les autres ou pour la société. Voir les citations sur l'éducation.


L'homme dispose t-il d'un libre arbitre en matière de morale?

La question de la morale présuppose le principe du libre arbitre de l'homme pour les actes sur lesquels on porte un jugement. Le jugement porte alors sur la "conduite" de l'être humain composée des actes délibérés et réalisés avec une libre volonté, sans laquelle il serait illogique de porter sur eux un jugement de valeur.

Compte tenu des contraintes qui pèsent sur l'homme (cf. paragraphe précédent), on peut se demander de quel niveau de véritable libre arbitre il dispose face à un choix. Le libre arbitre, c'est ce qui est accepté, même si cela est contraire aux pulsions profondes, comme étant un bon compromis entre soi et la société et qui ne lui donnera lieu ni à frustration, ni à mauvaise conscience.

Le libre arbitre se situe donc à l'intérieur d'une plage de choix effectif, quelque part entre la satisfaction des pulsions profondes et l'obéissance stricte aux règles fixées dans l'intérêt de la société.
L'emplacement moyen de cette plage est une caractéristique de la personnalité, du caractère de l'individu. Il dépend du rapport de force entre les pulsions profondes et le sens moral. Les cas extrêmes correspondent à : Quelle que soit sa position, cette plage de libre arbitre peut être plus ou moins grande. Avec ou sans religion, la société est donc toujours présente et pèse lourdement sur l'individu. Ainsi un homme bon, généreux, charitable l'aurait été de la même manière sans dogmes religieux. Avec ou sans religion les "bons" restent "bons" et les "nuisibles" (à la société) restent "nuisibles". Le mérite de la religion est d'avoir mis les "bons" en exergue et de les avoir pris comme modèles. Malheureusement, cette "bonté" est détournée vers une mutilation de la personnalité, un renoncement à la vie réelle pour un "autre monde" chimérique, allant parfois jusqu'à une auto-maltraitance (mutilation, jeûne, ascétisme), canalisée vers l'adoration d'une créature imaginaire et inconnaissable, Dieu.

Quelle éthique choisir?
Cela est de la responsabilité de chacun.
La page "Morale sans Dieu ou sans religion à travers les siècles et les auteurs" peut donner quelques pistes.
Parmi elles, celles du philosophe contemporain André Comte-Sponville est particulièrement intéressante par sa clarté et son bon sens.



Tableaux de synthèse

Les deux tableaux ci-dessous résument ces quelques idées sur la morale, l'homme et la société.

                             Personnalité Sens moral Conscience
Comment agit la société Le rôle et l'attitude des parents, de l'entourage durant l'enfance.
L'apport génétique.
La religion, les interdits, les tabous.
Le sens moral des parents.
Les lois, les gendarmes, les punitions.
L'éducation, l'instruction civique.
Les moteurs de l'homme Les pulsions et désirs inconscients. La peur d'être rejeté. L'intelligence.
Les leviers de la morale Le caractère de l'individu.
Son profil psychologique qui le rend prévisible.
L'angoisse du châtiment divin.
La mauvaise conscience.
La prudence.
L'adaptation intelligente des règles aux situations.


                 
Individualisme   Intérêts de la société
Equilibre Pulsions / Sens moral :
  • Domination du sens moral
    (altruisme, soumission)

  • Domination des pulsions
    (égocentrisme, immoralité…)


X                 

                 X
Plage de libre arbitre :
  • Large
    (maturité, ouverture, sagesse)

  • Etroite
    (comportement obtus irraisonné, psychorigide)







La fin d'une idée reçue : Selon une étude américaine, les enfants d'athées ne sont pas moins altruistes que ceux des croyants, au contraire. Par atheisme.free.fr, 29/11/2015.

Voir la page d'accueil sur la morale


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