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Témoignage

Débaptisation...

(François -   03/04/07)



Bonjour,

C'est par hasard que j'ai découvert votre site. Hier, très exactement. Depuis j'ai passé des heures à le "feuilleter". La rubrique "Débaptisation" m'a amusé. Voici pourquoi : né en 1933 d'un père athée et d'une mère élevée dans la religion catholique mais non pratiquante, avec cette circonstance aggravante, sous Vichy, d'avoir une grand-mère juive luxembourgeoise, convertie au catholicisme pour pouvoir épouser un Savoyard (au temps où la Savoie faisait encore partie du Piémont). A l'automne 40, et bien que ma grand mère, encore vivante, se fût bien gardée d'aller à la mairie ou au commissariat pour se faire enregistrer comme "d'origine juive", le critère pétainiste étant "racial" et non "religieux", ma mère crut bon de me conduire au baptistère d'une petite commune de campagne où nous étions réfugiés depuis la déclaration de guerre, Ouerre, située dans le diocèse de Chartres. Le curé, vieux sous-off entré dans les ordres après son veuvage, était certainement plus proche du curé Meslier que de Pie XII. Il commit donc une énorme erreur absolument contraire au droit canon. J'avais sept ans largement révolus. J'avais par conséquent atteint "l'âge de raison", et, à ce titre, étais en mesure de "m'engager" moi-même à adorer le Bon Dieu, son fils et l'oiseau. Le prêtre, qui connaissait sans doute moins le droit canon, que la couleur des jupons de ses paroissiennes, demanda à ma mère de lui fournir une marraine. Prise au dépourvu, ma génitrice donna le nom de sa soeur, qui résidait alors dans ce qu'on appelait l'Indochine française, ou son mari, mon oncle, d'ailleurs Juif lui-même, mais athée, était ingénieur des Ponts et Chaussées.

Le brave abbé décida donc que ma tante serait marraine par procuration et embaucha une jeune fille du village pour me porter, symboliquement, sur les fonts baptismaux.

Ensuite, on me "planqua" dans un abominable collège catholique qui m'édifia définitivement sur l'Eglise et la plupart de ses prêtres. Bien des années plus tard, écrivant un livre de vulgarisation sexuelle sous le pseudonyme de Bernard Barinque (Balland éditeur, Paris, fin des années 70), je consacrai tout un chapitre à la "morale sexuelle" (sic) de la secte vaticane. J'eus alors l'idée d'écrire au curé desservant la paroisse dont dépendait mon village d'enfance. Bien entendu, le brave homme qui m'avait versé l'eau lustrale sur la tête (ce qui me colla un gros rhume) n'était plus là, mort ou à la retraite. Son successeur, sans doute bien embarrassé, m'adressa un certificat de baptême à charge pour moi d'expliquer en détail mon cas à l'Evêque de Chartres, ce que je fis par lettre recommandée avec AR. Le Monseigneur ou son secrétariat mit un certain temps à me répondre ceci que je tiens pour une preuve exemplaire de l'hypocrisie fondamentale du clergé : "Monsieur, établi dans les conditions que vous m'indiquez, votre certificat de baptême n'est pas valable". Ce qui, par ailleurs, ne devait pas enlever à la singerie de 1940 son caractère "sacré". Nul en droit canon, le dit certificat n'en indiquait pas moins que j'avais reçu le sacrement.

J'ai donc pensé un instant, ce matin, utiliser votre modèle de lettre pour tenter d'obtenir une réelle radiation des rangs de l'Eglise. Et puis, après réflexion, je me suis dit qu'il serait assez cocasse de tirer sur un corbillard, car l'Eglise de France est moribonde. D'autres mouvements religieux me paraissent, hic et nunc, plus dangereux : Baptistes, Evangélistes et toutes les variétés de "reborns".

Quoi qu'il en soit, je vous remercie d'exister et vous félicite pour votre travail. A deux minuscules réserves près : je ne suis pas certain qu'André Comte-Sponville, ainsi que son camarade d'écriture, Luc Ferry, qui fut ministre de l'Education nationale, soient vraiment des philosophes, d'une part, et, de l'autre, je ne crois pas avoir vu Panizza figurer dans votre liste de références (or "La sainte trinité des papes" demeure, après un siècle, un ouvrage absolument indispensable à tout athée !

Très cordialement,


François


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