Histoire

Islam-chrétienté : 1300 ans de guerre

Revue de presse

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Islam-chrétienté : 1300 ans de guerre (Patrick Girard)
Marianne - 2 au 8 juillet 2005 - (9 pages)

Attentats meurtriers, prises d'otages en Irak, crainte du péril "turc" en cas d’entrée de la Turquie dans l'Union européenne : ce sont les fantasmes des guerres entre musulmans et chrétiens qui réapparaissent. Ces peurs ne sont pas sans rappeler ces temps anciens où l'Europe était confrontée à l’arrivée de l'islam, une nouvelle religion "qui se propagea comme un véritable torrent, engloutissant sur son passage peuples et civilisations".

711 : Un dignitaire byzantin noua une alliance avec Tarik ibn Ziyad, wali de Tanger, pour faire tomber le roi wisigoth Roderic. Le soutien d'une partie de la noblesse locale accéléra l'effondrement du royaume d'Espagne. Les disciples de Mahomet constituèrent désormais une menace directe sur l'Europe.
732 : Rendus audacieux par la désintégration de la monarchie mérovingienne, des détachements "sarrasins" effectuèrent des raids dans le sud de la France. Narbonne fut prise, Avignon et Lyon occupées, Autun et Luxeuil pillées. Le maire du Palais du roi, Charles Martel arrêta les envahisseurs près de Poitiers. Sans vraiment se battre, ceux-ci "préférèrent sauver les richesses qu'ils avaient amassées lors de leurs pillages...". Le vainqueur ne poursuivit pas les musulmans, à la grande fureur des chrétiens espagnols.
751 : Le roi des Francs, Pépin le Bref, reprit Narbonne. En 778, Charlemagne, ne pouvant entrer à Saragosse, retira ses troupes par le col de Roncevaux où son arrière-garde tomba dans une embuscade.
1095 : Le pape Urbain II, lors du concile de Clermont-Ferrand, prêcha la Croisade afin de reconquérir les Lieux saints.
1099 : Après un siège qui dura un mois, les croisés réussissent à s'emparer de Jérusalem. Ils "massacrèrent la population juive et musulmane, une tuerie qui marqua durablement la conscience musulmane".
1212 : La bataille de Las Novas de Tolosa annonça le début de la reconquête de l'Espagne par les chrétiens. Il ne resta bientôt plus que le petit royaume musulman de Grenade.
1453 : L'Empire byzantin s'écroula avec la chute de Constantinople prise par les ottomans. Les royaumes occidentaux s'étaient peu mobilisés pour le soutenir. Aucune croisade ne fut lancée, ce qui permit à l'Empire ottoman de s'étendre. "Face aux Ottomans, l'Europe chrétienne réagit diversement. L'Espagne et la papauté choisissent la lutte, la France l'alliance".
1683 : Le dernier assaut de l'islam contre l'Europe eut lieu contre Vienne qui fut libérée de son siège par les armées de Charles V de Lorraine et du roi de Pologne Jean Sobieski. De ce siège, il en est resté une pâtisserie, les croissants dont la forme est le symbole de l'islam. Cette défaite marqua la fin de l'expansion ottomane en Europe.
Fin du XVIIIe siècle : L’expédition de Bonaparte en Egypte constitua un nouveau tournant puisque, dès lors, c’est l’Europe qui exporta sa civilisation en Orient. L’idée de croisades a disparu, les seules "qu’on s’autorise désormais, sont celles pour la "liberté des peuples" encore placés sous le joug ottoman". Cependant, c'est par le biais de la colonisation, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, que l'Europe assura sa domination sur la quasi totalité des pays musulmans.
Années 1970 : A l’occasion de la décolonisation de la seconde moitié du XXe siècle, des centaines de milliers d’immigrants viennent s’installer en Europe, faisant ainsi de l’islam la seconde religion européenne devant le protestantisme et le judaïsme. "A partir des années 1970 se fait jour une réalité : les migrants, venus à titre temporaire, n’ont pas l’intention de repartir !"
1979 : La révolution islamiste en Iran provoque une forte réaction de mouvements fondamentalistes contre l’occidentalisation et la corruption des mœurs. Depuis le 11 septembre 2001, un islam extrémiste et fondamentaliste, faute de mouvements suffisamment puissants pour le contrebalancer, est entré en guerre contre l’Occident. De quoi réveiller les peurs et les angoisses, comme le montre la polémique sur l’entrée de la Turquie dans l’Europe. "C’est le retour du refoulé et de l’éternel rapport conflictuel entre l’islam et l’Occident."

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