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Ethique, morale et religionRevue de presse
Codes couleur : En noir : synthèse la plus objective possible des articles ou des points paraissant importants. En rouge foncé : citation ou extrait de l'article. Titre en gras. En mauve : commentaire ou appréciation particulière de "atheisme.free.fr" Les milieux religieux de Prague s'opposent à la réduction des peines contre l'euthanasie (Martin Plichta) Le Monde - 14 décembre 2005 - (1/8 de page) Les députés tchèques qui ont décidé au début du mois "de faire de l'euthanasie un crime de moindre gravité que le meurtre" en réduisant la peine encourue, ont provoqué une grande polémique au sein du pays. Outre le monde médical qui se déchire, "les représentants des religions juive, chrétienne et musulmane ont publié une déclaration commune dénonçant la "légalisation de l'euthanasie"." Dans ce pays très sécularisé, les instances de ces trois religions ont décidé d'intervenir ensemble dans ce débat de société pour empêcher l'entrée en vigueur de l'amendement. "Les chefs religieux tchèques pourraient bientôt monter de nouveau au créneau pour s'opposer cette fois-ci à la légalisation des unions homosexuelles, texte sur lequel les députés doivent se prononcer prochainement." Le Vatican interdit le sacerdoce aux homosexuels (Hervé Yannou) Le Figaro - 24 novembre 2005 - (1/6 de page) "Les supérieurs des séminaristes sont invités à décourager les candidats ayant "des tendances homosexuelles profondément enracinées"." L'information a été divulguée par l'agence de presse contestataire d'information religieuse Adista, une semaine avant sa publication dans L'Osservatore Romano. Cette instruction porte "sur les critères de discernement vocationnel au sujet des personnes présentant des tendances homosexuelles en vue de l'admission au séminaire et aux ordres sacrés" et affirme que l'ordination n'est pas "un droit". Pour l'Eglise, les homosexuels ont droit au "respect", mais les "actes" homosexuels sont considérés comme des "péchés graves". Le Vatican interdit d'ordonner des prêtres "gays" (Henri Tincq) Le Monde - 24 novembre 2005 - (1/6 de page) Les séminaires et dans les noviciats catholiques ne pourront plus accueillir d'homosexuels. Le texte en préparation au Vatican depuis plusieurs longtemps a été divulgué, à la suite de fuite. Ce rappel à l'ordre de trois pages, signé par la congrégation de l'éducation catholique, "rappelle, d'abord, la position constante de l'Eglise qui distingue entre les actes et les tendances homosexuelles. Les actes sont des "péchés graves", "intrinsèquement immoraux et contraires à la loi naturelle"." Les évêques et autres supérieurs d'ordres religieux voient leurs responsabilités rappelées en matière de formation des séminaristes et des novices. "On ne peut pas admettre au séminaire et aux ordres sacrés (diaconat et sacerdoce), souligne le texte, ceux qui pratiquent l'homosexualité, qui présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées et soutiennent ce que l'on appelle la culture gay", précise le texte. Le point le plus délicat est celui de la façon dont les tendances homosexuelles pourront être "discernées" avec certitude chez les séminaristes. Il est rappelé qu'il serait "extrêmement malhonnête qu'un candidat au sacerdoce cache son homosexualité". Un "jugement moral" sera porté sur lui par la direction de l'établissement pour s'assurer de son aptitude au respect de la "chasteté sacerdotale". "Si un séminariste ou un novice "pratique l'homosexualité ou présente des tendances homosexuelles", son directeur spirituel, comme son confesseur, a le devoir "de le dissuader, en conscience, d'aller jusqu'à l'ordination"." Cette reprise en main viserait, sans la nommer, la situation des séminaires aux Etats-Unis, "après la multiplication des affaires de pédophilie et autres scandales sexuels" Le Vatican condamne les clients des prostitués (Hervé Yannou) Le Figaro - 13 juillet 2005 - (1/8 de page) Un document du Conseil pontifical pour les migrants demande une "sévère répression" contre les clients de la prostitution. "Selon Mgr Agostino Marchetto, l’une des chevilles ouvrières du texte, le client doit être "responsabilisé". Il doit sortir de la logique qu’avec l’argent "tout est possible", même au prix de la dignité humaine." C’est la rigueur de la loi que doivent subir les clients et pas seulement une amende, sans toutefois oublier qu’il faut aider à résoudre les "profonds problèmes" de ceux qui paient des prostitués. Pour le Vatican, le modèle à suivre est celui de la Suède où les "acheteurs" de "faveurs sexuelles" sont lourdement verbalisés et condamnés. "Sortir de la logique qu’avec l’argent tout est possible" : c’est le genre d’argument qu’on aimerait entendre dans d’autres domaines que ceux des moeurs. Une pression obscurantiste et rétrograde (propos recueillis par J.Y.N.) Le Monde - 12 et 13 juin 2005 - (1/4 de page) Philippe Busquin, ancien commissaire européen à la recherche, a signé une pétition, à l’instigation d’un groupe international de biologistes, en faveur des chercheurs italiens. En effet, ceux-ci sont "victimes d’une loi invraisemblable et archaïque ; des chercheurs qui sont aussi victimes d’une pression obscurantiste qui nuit à l’équilibre de la science européenne." Pour Philippe Busquin, on peut être à la fois croyant et mener des recherches que l’Eglise condamne officiellement. En outre, "les couples italiens victimes de stérilité souffrent également de cette pression obscurantiste et rétrograde". Ils sont alors obligés d’aller en Belgique pour suivre des thérapies interdites en Italie. D’autres pays comme l’Ireland sont dans la même situation, tandis que la Grande Bretagne a opté pour le développement de ce nouveau domaine de la recherche sur le vivant. Benoît XVI affiche résolument sa constante doctrinale (Sophie de Ravinel) Le Figaro - 9 mai 2005 (1/3 de page) En tant qu'évêque de Rome, Benoîts XVI a confirmé samedi dans la basilique Saint-Jean-de-Latran qu'il n'avait pas l'intention de changer de cap en matière doctrinale. La parole de Dieu ne doit pas être "mise en pièce par les changements constants de la mode". Dans son homélie, il a mis l'accent sur "l'inviolabilité de l'être humain de sa conception jusqu'à sa mort naturelle". En Italie, ces propos sont perçus comme un avertissement à quelques semaines d'un référendum sur la fécondation assistée et sur les manipulations génétiques. Le nouveau pape continue à jouer la "transparence et la fermeté doctrinale" sans se préoccuper de la façon dont ses propos seront perçus. Il a aussi abordé le thème de l'autorité pontificale. "Le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et sa parole (...) face à toutes les tentatives visant à l'adapter ou à l'atténuer." Il a indiqué qu'il allait rester ferme dans la "proclamation de la foi" et "que sa mission spirituelle allait transcender sa propre personnalité humaine." Les mots qui tuent Le Canard enchaîné - 8 juin 2005 - (15 lignes) Un lexique vient d’être publié par le Vatican afin d’éviter les "manipulations". Un exemple : "On parle d’interruption volontaire de grossesse au lieu d’avortement, de pilule du lendemain au lieu d’abortif, avortement thérapeutique au lieu d’infanticide ou encore d’aventure extramatrimoniale au lieu d’adultère." Ce qui n’empêche pas le Vatican de parler "de paradis au lieu de cimetière"... L’Europe doit retrouver son âme (Joseph Ratzinger) Courrier International - 28 avril au 3 mai 2005 (4 pages) Tel est le credo de Benoît XVI. Le cardinal Joseph Ratzinger, peu de temps avant son élection, faisait part dans un livre paru en Allemagne (Sortie en France prévue en juin 2005, sous le titre "Valeurs pour un temps de crise") de ses réflexions sur le fonctionnement du monde. Pour lui, la crise du monde actuel trouve essentiellement son origine dans le sécularisme et le remède est la réintroduction du fait religieux. Il expose les trois valeurs qu’à ses yeux il convient de défendre : D’abord la dignité de l’homme qu’il renvoie au créateur : "lui seul peut établir les droits essentiels et constitutifs de l’homme, auxquels nul ne saurait toucher." La seconde valeur est le mariage et la famille qu’il voit aujourd’hui menacés : "d’une part, parce que ces liens indissolubles sont vidés de leur substance par la facilité croissante du divorce ; d’autre part, par un nouveau phénomène en expansion constante dans lequel un homme et une femme vivent ensemble hors des formalités du mariage." Quant au mariage homosexuel, Joseph Ratzinger trouve que le mettre sur le même plan que le mariage homme - femme conduit à la dissolution de l’image de l’homme. La troisième valeur mise en avant est le respect du sacré, notamment celui du christianisme, qui a cédé le pas à la liberté d’opinion. "Or la liberté d’opinion trouve sont sa limite en ce qu’elle ne doit pas attenter à l’honneur et la dignité d’autrui, ce n’est pas la liberté de mentir ou de détruire les droits de l’homme." Le sécularisme, c’est peut-être aussi parce que les hommes et les femmes n’ont plus envie de fonder les droits de la société ni leur éthique sur des textes d’origine plus qu'incertaine, vieux de plus deux mille ans. ... Voudrait-on rétablir le délit de blasphème ? Les amis français de Benoît XVI (Henri Tincq) Le Monde - 24 et 25 avril 2005 (1/2 page) Le nouveau pape est un francophone et un francophile. Il dispose en France de plusieurs réseaux d'amis, philosophes, hommes politiques, intellectuels catholiques... et a bénéficié de tribunes prestigieuses, comme à la Sorbonne. En 1992, alors qu'il était préfet pour la Congrégation de la doctrine de la foi, il a été élu membre associé de l'Académie des sciences morales et politiques grâce à Jean Foyer, ancien ministre du général de Gaulle. "Mais sa façon de traiter la catéchèse française ou les théologiens contestataires, la raideur de ses prises de position morales et disciplinaires ont aussi divisé les Français, chrétiens ou non." C'est le "relativisme" et le "nihilisme" engendrés par le vide moral qui est à la base de ses interventions en France. En 2001, il déclare à Notre-Dame de Paris : "L'enfer, c'est de vivre en l'absence de Dieu". Pour les militants progressistes, il incarne, et revendique même, la "restauration" catholique. Les milieux laïques ou critiques envers l'Eglise, qui se souviennent de ses déclarations contre la franc-maçonnerie, l'homosexualité ou l'ordination des femmes, lui sont plutôt hostiles. Si les évêques français le trouvent courtois et ayant le sens de l'écoute, ils n'ont pas oublié qu'il a taillé en pièce "la nouvelle pédagogie catéchétique française mûrie après le concile." Si le pape aime la France, il a souvent divisé les français. Einstein ne jouait pas avec Dieu La Recherche - janvier - mars 2004 - Hors série n°17 L'inventeur de la théorie de la relativité générale était un grand admirateur de la théorie de la pensée de Spinoza et du panthéisme. Il n'est pas facile de connaître le rôle exact de Dieu dans les conceptions scientifique d'Albert Einstein pour qui "croire à l'unité profonde de la rationalité, c'est aussi s'inscrire dans un projet éthique". Le Vatican critique la "permissivité morale" du gouvernement Zapatero (Diane Cambon) Le Figaro - 28 janvier 2005 - (1/2 page) La tension entre le l’Eglise catholique et le gouvernement espagnol a atteint son "point d’orgue" lors de la visite de l’épiscopat espagnol au Vatican. Le pape Jean Paul II s’en est pris, en effet, à "la politique sociale "progressiste" menée par le gouvernement Zapatero". Il a, en outre, critiqué le climat de "permissivité morale" qui règne en Espagne et la "mentalité inspirée de la laïcité" qui s’y répand, craignant une "restriction de la liberté religieuse" et la relégation de "la foi à la sphère privée et s’opposant à son expression publique". La réaction espagnole a été immédiate, le président du gouvernement ayant fermement invité l’Eglise catholique à "ne pas s’ingérer dans la sphère politique". L’ambassadeur du Vatican à Madrid s’est vu indiquer la "surprise" du gouvernement. Parmi les critiques les plus sévères, celles de José Bono, seul catholique pratiquant déclaré du gouvernement : à propos de la future loi sur le mariage homosexuel, "Je ne suis pas disposé à accepter cette doctrine selon laquelle [...] le royaume des cieux n’est pas fait pour les homosexuels qu’ils [l’Eglise] ont traîné devant l’Inquisition, brûlé et couvert de honte". Il a également fustigé les reproches du Pape quant à la laïcisation : "Le gouvernement espagnol n’est pas le prédicateur de la chrétienté". La gauche espère bien profiter de son mandat de quatre ans pour rendre plus laïque l’Espagne où le poids de l’Eglise dans les institutions est très lourd. Les socialistes espagnols ont simplifié la procédure de divorce, supprimé le caractère obligatoire de l’enseignement religieux et préparent une loi sur le mariage des homosexuels. Ils restent encore prudents sur la réforme de l’euthanasie et l’assouplissement de la loi sur l’avortement. Ces mesures ont provoqué depuis l’automne dernier une vive offensive de l’Eglise espagnole qui craint en particulier qu’on s’en prenne à ses importants privilèges financiers "exemptions fiscales sur son patrimoine, aides économiques de l’Etat (3,5 milliards d’euros annuels, de façon directe ou indirecte)", en vertu du principe de non-confessionnalité de l’Etat espagnole, inscrite dans la constitution depuis 1978. Bush ? "Un homme chrétien et honnête (Pascal Riché) Libération - 25 octobre 2004 - (2/3 de page) Sous-titre : En meeting en Pensylvannie, ses partisans louent son côté croyant et son attitude de leader. Lorsque le président candidat arrive dans le stade de Hershey, sous les clameurs de la foule, une femme s'écrie : "C'est un homme chrétien et honnête, il fait ce qui est bon pour l'Amérique". Lorsque George W. Bush prend la parole, il est visiblement plus à l'aise devant ses partisans que sur un plateau de télévision face à son challenger. Sur le plan de la morale, ses choix sont clairs : "En ces temps de mutation, nous soutiendrons les institutions qui donnent à nos vies un sens et une direction, nos familles, nos écoles, nos institutions religieuses. ... Nous nous battrons pour le second amendement, qui protège le droit pour chaque Américain de porter les armes...". La stratégie de sa campagne est basée sur deux principes : "galvaniser cette base chrétienne en agitant des thèmes comme le mariage gay" et attaquer John Kerry comme incapable d'assurer la Présidence des Etats-Unis. Par rapport à la campagne de 2000, la ferveur remplace le "soutien républicain classique". Commission européenne : le papiste fait de la résistance (Jean Quatremer) Libération - 22 octobre 2004 - (3 pages) José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a confirmé qu'il maintenait son choix de nommer Rocco Buttiglione commissaire à la Justice et aux Affaires intérieures. Ce dernier, soutenu par Sylvio Berlusconi, est un penseur et activiste chrétien, très proche de Jean-Paul 2, et qui a pris des positions homophobes et sexistes devant le Parlement européen : "l'homosexualité est un péché" et "la famille existe pour permettre à la femme de faire des enfants et d'être protégée par un mâle". José Manuel Barroso a fait le pari, en maintenant son choix, que le Parlement lui accordera l'investiture malgré ces propos gênants. Le choix de Rocco Buttiglione est presque un "casus belli" entre les députés et le président de la Commission. "Un militant chrétien qui proclame son hostilité au droit à l'avortement, aux droits des homosexuels et à l'émancipation des femmes peut-il prétendre appliquer les lois européennes qui vont à l'encontre de ses convictions sacrées. C'est un combat d'arrière-garde dangereux que livre le Vatican pour influer sur l'Europe." Il est important que l'Europe affiche son caractère séculier et démocratique face aux intégristes qui placent au-dessus de tout de "prétendues" lois morales d'inspiration divine. "Et que Dieu renonce enfin à se substituer à César." Conforté par une lettre de contrition de Rocco Buttiglione qui regrette d'avoir utilisé des mots "chargés émotionnellement", le président de la Commission estime que lui refuser la confiance serait "une sorte de guerre de religion", dont l'Europe n'a nul besoin. Entre les conservateurs et les parties de gauche, les libéraux et les démocrates ont le pouvoir de faire basculer le vote du Parlement dans un sens ou dans l'autre, le 27 octobre prochain. Brassens, une morale plutôt qu'une foi (Bertrand Dicale) Le Figaro - 19 octobre 2004 - (1/3 de page) Sous-titre : Jean-Claude Lamy dresse le portrait spirituel d'un chanteur qui brocardait le clergé. Dans son livre "Brassens, mécréant de Dieu" (Albin Michel), l'auteur réalise une biographie "spirituelle", contrastée et audacieuse de l'artiste. Pour Jean-Claude Lamy, Brassens, l'anticlérical, "n'a cessé de dialoguer avec l'esprit de Dieu". Assurément mécréant, anarchiste, sacrilège et "bouffeur de curé", Brassens était aussi "un lecteur régulier de la Bible, un bon connaisseur de la théologie chrétienne, l'ami de plusieurs prêtres..." En recherchant des témoignages sur sa vie à l'écart des journalistes, l'auteur en arrive à penser que Brassens était fasciné par Jésus et qu'il aurait pu croire en Dieu s'il n'y avait eu l'Eglise catholique de son enfance qui lui a fait perdre la foi. Il en ferait presque un "chrétien laïque". Ce n'est pas la foi, ni la piété qui faisait Brassens se sentir proche du "curé de chez nous", de quelques curés dont il avait conservé l'amitié, mais la morale. Cet ouvrage est une mise en perspective qui révèle les paradoxes du "plus grand poète de la chanson française". Les chrétiens aiment tellement les mécréants, quand ils sont morts, qu'ils n'ont de cesse de vouloir abriter leur vie posthume sous le toit de leur Eglise. Voir les citations de Georges Brassens. Sûr de la droite religieuse, M. Bush vise les centristes à la convention (Patrick Jarreau et Henri Tincq) Le Monde - 29 et 30 août 2004 (1 page) La convention du parti républicain se réunit lundi à New York pour désigner George W. Bush comme candidat à sa succession. Les orateurs devront, par leurs discours essayer de séduire l'électorat libéral, tandis que la base du parti, constituée des fondamentalistes protestants, est déjà acquise au président. "Tout se passe comme si M. Bush et ses conseillers estimaient avoir envoyé assez de signaux à la droite religieuse pour pouvoir se tourner maintenant vers les électeurs libéraux." Les sermons coups de poing du pasteur Solomon Lon Solomon est d'origine juive, mais s'est converti et a fondé sa propre "méga-Eglise", la McLean Bible Church, comme il en existe des centaines à travers le pays. Avec quatre offices par week-end, c'est 10 000 fidèles qui entrent chaque dimanche dans "cet hypermarché de la foi" où l'on trouve de tout : bars, librairies, salles d'étude, cinéma, soutien psychologique, conseil conjugal et un grand auditorium de 3000 places. "... devant un épais rideau aux couleurs de l'Amérique, une centaine de musiciens costumés de noir interprètent des chants religieux", "l'Appel aux héros" et l'hymne américain. Sur les dix écrans géants, défilent des passages des épîtres de saint Paul, puis des images de soldats américains. Vient ensuite la leçon de morale ("Il y a un trou d'ozone moral dans ce pays") qui donne l'occasion de diaboliser l'avortement, les divorces, le concubinage, les homosexuels... Quand le tiroir-caisse se referme, 350 000 dollars ont été encaissés. Les raisons de ce succès, pour Lon Salomon : "le gens cherchent une meilleure façon de vivre et des assurances pour le ciel". Cocktail de conservatisme, de patriotisme et de ferveur religieuse, la galaxie évangélique est un vivier électoral pour les républicains Les protestants évangéliques représenteraient près d'un quart des électeurs. Partie du Sud, la "Bible Belt" s'est étendue vers l'Ouest et comprend les Eglises Baptistes, les pentecôtistes et toutes celles, "non dénominationnelles" et indépendantes, qui se sont développées au détriment des Eglises protestantes traditionnelles. Les évangéliques, très prosélytes, prônent un fondamentaliste biblique dont les Républicains courtisent les valeurs : famille, prière à l'école, lutte conte l'avortement et l'homosexualité... Par leurs moyens financiers importants et leurs réseaux d'influence (université, Internet, radio, TV), ils sont parvenus au coeur du pouvoir. "La piété dont se prévaut George W. Bush présente tous les traits chers aux protestants évangéliques : prière compulsive, lecture quotidienne de la Bible, sens de l'engagement et éthique binaire." (Sébatien Fath auteur de "Dieu bénisse l'Amérique"). Avec quelques hommes aux postes-clés et très influents par leur lobbying, les Evangéliques ont su se rendre indispensables aux yeux du pouvoir Républicains. Le réquisitoire du Vatican contre le féminisme (Henri Tincq) Le Monde - 7 août 2004 - (1 page) Sous-titre : Le Vatican hausse le ton contre le féminisme et l'homosexualité Le Cardinal Josef Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a envoyé à tous les évêques catholiques un texte sur "la collaboration de l'homme et de la femme". Ce document qui dénonce certaines formes du féminisme est vivement critiqué par des courants catholiques progressistes américains ou allemands, ainsi que par des mouvements féministes laïques. Bien qu'il fasse la promotion de la femme et s'élève contre les discriminations, le texte s'en prend à des formes radicales du féminisme qui "tendrait à faire de la femme un "rival" de l'homme, ce qui conduirait à une "confusion délétère" de l'identité et du rôle de l'homme et de la femme. D'autre part, parce qu'il ignorerait la "différence sexuelle" au profit d'une "différence culturelle", appelée "genre"." Dit autrement, l'égalité des sexes ne signifie pas qu'ils soient identiques. Les catholiques progressistes américains regrettent que ce texte n'aille pas au bout de sa logique égalitariste en ne mentionnant pas les "chasses aux sorcières", en ne donnant pas la parole aux femmes sur les problèmes qui les concernent, en leur refusant le sacerdoce... Ces reproches sont apparemment sans rapport avec les deux points (féminisme et homosexualité) évoqués au début de l'article. Pour la sociologue Danièle Hervieu-Léger, le but du texte est de s'opposer à la "théologie libérale" et à combattre "l'homosexualité et le mariage homosexuel". La crise profonde que traverse actuellement l'Eglise catholique provient de "son immobilisme face aux changements culturels". Après avoir perdu la bataille sur le plan politique, le catholicisme pense qu'il peut encore gagner celle de la sexualité. Danièle Hervieu-Léger estime que, contrairement à ce que dit le texte, "à aucun moment le fait de reconnaître l'identité de la femme n'est apparu [pour le féminisme] contradictoire avec le fait de permettre à ces mêmes femmes d'accéder à l'égalité des droits". Pour elle, l'Eglise qui a déjà "perdu la classe ouvrière" est en train de perdre les femmes. Celles que l'on disait plus pratiquantes que les hommes ou chargées de transmettre la religion aux enfants, "ont quitté silencieusement la place". Le désintérêt pour "la culture catholique est autant le fait des femmes que des hommes. Et il est peut-être plus spectaculaire chez les femmes que chez les hommes". Le relatif silence des religieux à propos du mariage homosexuel (Henri Tincq) Le Monde des Religions - Juillet-Août 2004 (1 page) Alors que le débat sur le mariage homosexuel était animé par les hommes politiques, les autorités religieuses sont restées discrètes sur cette question. Tandis que l'Eglise catholique semble se préparer pour le débat de l'homoparenté, les protestants réaffirment sont attachement au mariage entre "des conjoints de sexe différents". Les religions monothéistes "semblent unies pour défendre le vieux tabou de l'homosexualité". Voir la page d'accueil sur la morale ![]() ![]() |