Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion  >  Revue de Presse  >  Education > 2004

Education et religion

2004

Revue de presse



En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis, signalez-le


Codes couleur :
En noir : synthèse la plus objective possible des articles ou des points paraissant importants.
En rouge foncé : citation ou extrait de l'article. Titre en gras.
En mauve : commentaire ou appréciation particulière de "atheisme.free.fr"


Des imams bientôt formés à Assas et à la Sorbonnne (Cécilia Gabizon)
Le Figaro - 7 décembre 2004 - (1/6 de page)

Sous-titre : Les deux universités parisiennes sont pressenties pour dispenser un enseignement profane
Ministère de l'Intérieur et Education Nationale se sont mis d'accord pour que les universités parisiennes de la Sorbonne et d'Assas proposent à la rentrée 2005 un diplôme universitaire destiné aux futurs imams. Les cours porteraient sur le droit privé de la personne, le droit constitutionnel, les libertés publiques, l'histoire de France. Cette formule qui satisfait la Mosquée de Paris sera facultative, mais "attractive". Le président de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), Thami Breze, encouragera les étudiants de son institut de Bouteloin (Nièvre) à suivre cette formation et déclare : "un imam ne peut ignorer la laïcité et son histoire en France".
Le gouvernement espère que ce module "profane" permettra de "franciser" les imams majoritairement étrangers. Quant au millier d'imams en place, une moitié d'entre eux devrait améliorer leur français grâce à la formation continue. Par ailleurs, un recensement montre que "40% des lieux de culte musulman seraient totalement indépendant des fédérations et incarneraient un islam modéré". Le ministre de l'Intérieur s'appuierait sur ce constat pour créer la Fondation sur le financement du culte musulman sans l'appui des grandes organisations, en particulier de l'UOIF qui y est hostile.


Un bouffeur de curés fait voter une aide massive à l'école privée (Nicolas Beau)
Le Canard enchaîné – 3 novembre 2004 - (1/3 de page)

Déposé en juin 2004 par Michel Charasse, un amendement à la loi sur les responsabilités locales, ayant pour but de réduire le nombre d'élèves dans les écoles privées, contribue en fait à augmenter la subvention à l'enseignement catholique. En effet, le forfait communal (entre 800 et 1500 euros par élève) versé par les municipalités, ne s'appliquaient pas dans le cas d'une scolarisation dans le privé hors de la commune. Réclamée depuis longtemps par les Ecoles catholiques, l'extension du forfait communal aux "délocalisés" concernerait près d'un tiers des 900 000 élèves du privé. Cette charge de presque 300 millions d'euros incombera aux communes, sauf si le gouvernement respecte ses engagements de financement des nouvelles dépenses.

Presque passé inaperçu avec la période estivale et l'utilisation de l'article 49.3, cet amendement est un "rab de pain bénit" pour l'enseignement catholique. Michel Charasse, plutôt considéré comme un "défenseur acharné de l'école publique", explique que son intention est de favoriser l'inscription des élèves dans le public. Il est cependant conscient du "revers de la médaille" de cette mesure qui aidera le financement du privé. Il explique que dans certaines communes rurales où les écoles se ferment par manque d'élèves, les maires étaient tentés de faire pression sur les parents pour qu'ils mettent leurs enfants dans le privé pour ne pas payer de forfait communal. "Maintenant, avec mon amendement, il faudra payer dans tous les cas." Pour le Comité national d'action laïque, cette "bombe à retardement" est "un énorme cadeau au privé. Charasse, comme souvent, a joué en solo."


L’école malade de la religion (Natacha Polony)
Marianne – 4 au 10 septembre 2004 (5 pages)

Alors que chacun espérait que la loi du 15 mars 2004 sur le port des signes religieux "ostensibles" allait régler un problème vieux d’une quinzaine d’années, un rapport de l’IGEN (Inspection Générale de l’Education Nationale) de mai 2004 montre que le voile n’est que "l’arbre cache la forêt". Ce rapport met en évidence "les revendications et pressions religieuses que font subir aux équipes éducatives des élèves, leurs parents et quelques lobbies". Ces pressions, sur fond de surenchères revendicatives, prennent des formes "licites" comme l’absentéisme, la contestation des cours et la demande d’aménagement de la vie scolaire. En voici quelques exemples à titre d'illustration :
Le rapport souligne également l’absence de préparation des enseignants pour faire face à ces revendications. Certains se résignent à demander l’avis d’un rabbin ou d’un imam pour débloquer une situation ! "Le savoir scientifique est subordonné au contrôle d’autres autorités". Ce même constat était le point de départ du rapport de Régis Debray sur l’enseignement du "fait religieux" dont l’idée de base était de donner un minimum de culture pour comprendre l’histoire, la philosophie, les œuvres d’art. Mais il a conduit à faire un "amalgame" et provoqué un glissement rapide "entretenu en particulier par les instances des différentes religions ; et il justifie, ce glissement, les craintes des laïcs, même si le rapport Debray précise qu’il ne s’agit nullement de créer un enseignement à part entière".

L’Education Nationale contribue elle-même à ce dérapage avec une formation des professeurs stagiaires trop "rarement précédée d’un cours, pourtant nécessaire, sur la laïcité et le rôle d’un fonctionnaire de la République". Le philosophe Henri Pena-Ruiz, n’avait-il pas indiqué, devant la commission Stasi sur la laïcité que l’école laïque "est, en un sens, une institution organique de la République et ne saurait être réduite à un simple prestataire de service, tributaire de la demande sociale du jour. La logique de l’école est celle d’une offre de culture […] d’où la nécessité d’une ouverture grand angle du champ de la connaissance , incluant les religions, les mythologies, les humanismes rationalistes, tout ce que jadis on appelait fort bien les humanités. […] La laïcité scolaire ne requiert nullement la critique des croyances, mais la lucidité qui fait qu’un élève doit faire en lui la distinction entre croyance et savoir."

Ce n’est donc pas tant le développement de l’intégrisme religieux qui fait entrer la religion dans l’école mais l’abandon par celle-ci de son statut de sanctuaire à l’abri des querelles humaines. L’origine du problème se trouve dans la loi de 1989 portée par Lionel Jospin et Claude Allègre, et de l’article 10 en particulier, donnant le droit aux élèves d’exprimer leurs opinions et mêmes les y incitant. "Comment un enseignant peut-il affirmer l’autorité de son savoir quand on lui a expliqué, pendant des années, qu’il n’était pas là pour transmettre ce savoir, mais pour laisser les élèves s’exprimer." (Sylvie Rachet, vice présidente de l’Association des professeurs d’histoire-géographie)

La confusion des esprits entre savoir et croyance est entretenue également par les manuels scolaires. Pour Gaëtan Cotard, membre du collectif "Sauver les lettres", "tout cela relève d’un recul évident de l’esprit laïc". Pour répondre aux revendications des élèves, les enseignants doivent maîtriser parfaitement le savoir de leur domaine, "dans ses nuances et sa complexité, […] être convaincu de la légitimité de ce savoir et de sa transmission" et donc de bénéficier d’une "formation d’excellence dans chaque domaine". Ce besoin va à l’encontre de la tendance actuelle de privilégier "une pédagogie obsédée de "citoyenneté", c'est-à-dire de tolérance mal comprise", au détriment des connaissances de la discipline enseignée.

L’objectif de l’école n’étant plus de transmettre ce qui est uniquement de l’ordre du savoir, il ne faut pas s’étonner de voir les religieux chercher à s’y engouffrer pour la prendre en otage, car "l’éducation est un enjeu dont l’ampleur n’échappait pas à Condorcet, le premier à avoir théorisé la différence entre instruction et éducation".
L’article met le doigt sur le cœur du problème.


>>> Suite de la revue de presse : Education


Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion   Accueil Revue de presse    Haut de page    Contact   Copyright ©