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Blasphème

2011

Revue de presse



En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis, signalez-le

Début de la rubrique : Blasphème


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La face cachée du blasphème (Raphaël Picon)
L'Humanité - 21 novembre 2011

Raphaël Picon est doyen de la faculté de théologie protestante de paris et rédacteur en chef du mensuel évangile et liberté.
"Prendre un théâtre d'assaut, Brûler un journal, est-ce bien un acte de croyant ?
La dénonciation du blasphème entretient un leurre. Elle prétend que le sacré, ce noyau dur du religieux, aurait été profané. Or si l'adepte d'une religion estime que la réalité ultime à laquelle il se réfère est touchée par une critique qu'il juge blasphématrice, cette réalité est-elle encore ultime ? N'est-ce pas plutôt l'image qu'il se fait de celle-ci qui se trouve mise à mal ? Ce n'est jamais tant l'absolu en soi qui est blasphémé que l'imaginaire qu'il nourrit.
Ce que le blasphème heurte n'est pas un prétendu sacré mais l'identité des croyants. On l'oublie trop souvent, avant d'être un code rituel et un système dogmatique particulier, la religion est l'objet d'un investissement affectif. Elle est affaire de sensibilité personnelle et renvoie à l'intime de chacun. L'évangéliste Matthieu ne s'y est pas trompé lorsqu'il fait dire à Jésus : "Quand tu veux prier, va dans la chambre la plus reculée." "Cache ton Dieu, c'est le secret de l'âme", écrira quant à lui Paul Valéry.
Cette dimension affective fragilise la distinction pourtant nécessaire entre la critique et l'injure. (...)
Un blasphème vise toujours juste quand il empêche nos images de devenir des idoles."

http://www.humanite.fr/tribunes/la-face-cachee-du-blaspheme-484212


Les croisés de l'antiblasphème (Vincent Olivier)
L'Express - 12 novembre 2011

"Depuis plusieurs semaines, un groupe de chrétiens intégristes perturbe les représentations parisiennes d'une pièce de théâtre. Qui se cache derrière l'Institut Civitas ?
"Christianophobie" : le mot est lâché. Après l'Iran ou l'Egypte, la France souffrirait donc de christianophobie, à croire les boutefeux intégristes de l'Institut Civitas. Depuis le 20 octobre, cette organisation appelle à manifester tous les jours devant un théâtre parisien où se joue une pièce, Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, à ses yeux blasphématoire. Soir après soir, quelques dizaines de personnes viennent prier et dénoncer un spectacle jugé "insultant pour tous les chrétiens".(...)
Mais quel est donc cet Institut Civitas, qui revendique un millier de membres et un réseau de "100 000 personnes" sur le seul territoire français ? Fondé en 1998, il est issu de la Cité catholique, un mouvement créé après guerre par un certain Jean Ousset, disciple de Maurras et partisan de l'Algérie française.
Des "trotskistes de l'Eglise": c'est pourtant ainsi que les dépeint le journaliste de La Croix Nicolas Senèze, auteur de La Crise intégriste (Bayard), pour qui ses membres sont "bien organisés, très malins", et prennent pour modèles les petits partis ultras américains liés aux protestants évangéliques."
[...]
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/les-croises-de-l-antiblaspheme_1048996.html


Le délit de blasphème est liberticide (Stéphane Lavignotte et Héloïse Duché)
L'Humanité - 9 novembre 2011

"Par Stéphane Lavignotte, pasteur, et Héloïse Duché, étudiante, militants du christianisme social et pour l'écosocialisme.
Nous sommes chrétiens et de gauche. Mais si nous sommes rouges aujourd'hui, c'est de colère. Nous voulons dire notre soutien à Roméo Castellucci attaqué par l'extrême droite catholique comme nous avions dit notre tristesse et notre colère lors de la tentative de destruction de deux photographies d'Andres Serrano à Avignon, cet été. Nous soutenons le Théâtre de la Ville et le 104, comme nous avions soutenu le musée d'Avignon. Nous nous réjouissons de la claire condamnation émise par l'archevêque catholique de Paris, André Vingt-Trois, alors qu'à Avignon, si l'Église réformée de France avait dénoncé l'appel à la censure, l'évêque d'Avignon avait été un des principaux pousse-au-crime, sans réaction de la hiérarchie catholique. Nous sommes choqués de la frilosité des réactions du gouvernement, si prompt à dénoncer avec violence les islamistes, avant même qu'ils n'aient été reconnus coupables.
Toute personne a le droit de dire publiquement son désaccord avec une autre expression publique. Au-delà, la société française a fait le choix de ne restreindre la liberté d'expression que dans des cas limités, comme l'incitation à la haine contre un groupe en raison de son appartenance à une race, une religion ou une autre spécificité supposée. Comme citoyens, nous sommes inquiets de groupes religieux - et l'arbrisseau fondamentaliste musulman cache la forêt intégriste catholique - qui voudraient aller au-delà en imposant par le harcèlement et la violence un délit de blasphème.
Comme croyants issus d'une religion mino­ritaire, nous nous rappelons que ce délit de blasphème a, dans l'histoire, servi à torturer, exiler, condamner à mort des centaines de milliers d'athées et de croyants qui n'avaient que le tort d'être minoritaires. "
[...]
http://www.humanite.fr/tribunes/le-delit-de-blaspheme-est-liberticide-483318


Blasphème, et alors ? (Marcela Iacub)
Libération - 5 novembre 2011

"Tout le monde semble horrifié par les réactions que la pièce de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, a suscitées chez les groupes de catholiques intégristes. Après que la justice les a déboutés de leur demande d'interdire sa représentation au Théâtre de la Ville, ils n'onteu de cesse de manifester, avec des oufs, des cris, de l'huile, des interruptions, des insultes voire des voies de fait, à quel point ils trouvaient cette pièce "christianophobe". Indigné, le directeur du théâtre, Emmanuel Demarcy-Mota, rédigea une pétition, dont la liste de signataires ne cesse de s'allonger et dans laquelle il est dit, entre autres choses, que "ces comportements relèvent à l'évidence du fanatisme, cet ennemi des Lumières et de la liberté contre lequel, à de glorieuses époques, la France a su si bien lutter. [.] Ces groupes d'individus s'empressent en outre de décréter blasphématoire, de façon automatique, des spectacles qui ne sont dirigés ni contre les croyants ni contre le christianisme". Pour conclure, la pétition invoque "la liberté d'expression, la liberté des artistes et la liberté de pensée" que ces groupes menaceraient par leurs agissements.
Certes, ces chrétiens outragés sont loin d'être sympathiques, et n'importe quel citoyen qui tient à la préservation de nos libertés tremblerait à l'idée qu'ils prennent un jour le pouvoir. Or, malheureusement, ceux qui les attaquent ne semblent pas se faire une idée très précise des libertés auxquelles ils ont l'air de tenir tant. D'abord, ils paraissent oublier que la chose la plus importante qui s'est passée ici, c'est que la justice a débouté les protestataires, ce qui n'était pas évident si l'on tient compte de la manière dont la Cour européenne des droits de l'homme est capable d'empiéter sur la liberté d'expression lorsqu'il s'agit de protéger la sensibilité des chrétiens outragés. En vérité, la décision de la justice française est une victoire pour cette précieuse liberté."
[...]
http://www.liberation.fr/chroniques/01012369697-blaspheme-et-alors


Nadia El Fani: "Je suis accusée de blasphème et d'atteinte à un rituel religieux" (Thierry Chèze)
L'Express - 21 septembre 2011

"Avec Laïcité Inch'Allah, la réalisatrice tunisienne signe un documentaire choc lui vaut aujourd'hui des menaces de mort de la part d'islamistes. Interview
Quel a été le point de départ de ce documentaire ?
Nadia El Fani : Depuis longtemps, je pense que réclamer la laïcité est le meilleur moyen d'accéder à plus de démocratie. Puisque, comme dans tous les pays arabes, le pouvoir de Ben Ali instrumentalisait la religion pour mieux asservir le peuple. Je savais que se lancer dans un tel projet était risqué. Mais à ce moment- là de ma vie, je me suis dit qu'il fallait que je sois cohérente et provoquer les débats que j'appelais de mes voeux. C'est le ras- le- bol de la situation qui m'a poussée à me lancer.
Comment s'est passé le tournage ?
N.E.F. : J'ai menti sur le sujet du film pour obtenir la demande d'autorisation de tournage en Tunisie, sans quoi on ne me l'aurait jamais accordé. Et on a fait le film à l'arrache avec des gens de bonne volonté : ma camera woman enceinte de 5 mois et une stagiaire. On était donc trois femmes de plusieurs générations à partir faire ce film pendant le Ramadan pour montrer ceux qui, en cachette, ne le faisaient pas et comment ils se débrouillaient. (...)
Vous êtes aussi actuellement menacée de mort par les Islamistes. Comment tout cela a démarré ?
N.E.F. : A la première projection du film, pas encore mixé et étalonné, à Tunis. Il y avait des Islamistes dans la salle et tout s'est très bien passé. Et puis j'ai donné une interview à la télévision et là ils se sont déchaînés : des insultes, des menaces de mort... L'Agence France Presse a été la première à en faire état et c'est revenu comme un boomerang en Tunisie. La projection suivante, le 26 juin, où je ne pouvais pas être là, a du coup été faite sous haute surveillance. Mais ça n'a pas empêché les Islamistes de frapper : ils ont attaqué le cinéma, tabassé le directeur de la salle et menacé mon père de l'égorger tout en expliquant aux gens présents que si le film était projeté, il y aurait du sang ! Ils étaient environ une cinquantaine et la police les a appréhendés. Mais le directeur de la salle a pris sous sa responsabilité de lancer la projection et les spectateurs sont restés. Ca, ce sont de vrais actes de courage."
[...]
http://www.lexpress.fr/culture/cinema/laicite-inch-allah-l-interview-nadia-el-fani_1032236.html


Pakistan: enlèvement du fils d'un gouverneur assassiné pour avoir critiqué la loi sur le blasphème
Le Nouvel Observateur - 26 août 2011

"Le fils d'un gouverneur assassiné en janvier par un policier de son escorte au Pakistan pour avoir critiqué la loi punissant le blasphème de la peine de mort a été enlevé par des inconnus vendredi dans l'est du pays, a annoncé la police à l'AFP. (...)
Selon plusieurs responsables de la police, la famille de Salman Taseer avait reçu plusieurs menaces de mort anonymes pour la presser de retirer sa plainte contre Mumtaz Qadri. Ce dernier est le policier d'élite de son escorte qui avait criblé de balles le gouverneur, avouant qu'il l'avait assassiné parce qu'il avait critiqué la loi punissant théoriquement le blasphème de la peine de mort en République islamique du Pakistan.
Quand elle est prononcée pour ce motif, la peine capitale n'est cependant jamais appliquée ou commuée en appel à une peine de prison. Mais de nombreux condamnés, musulmans ou chrétiens, croupissent en détention ou sont tués par leurs geôliers ou par des extrémistes dans la rue à peine sortis de prison.
Le 2 mars, le ministre chrétien des Minorités religieuses avait également été assassiné en plein jour à Islamabad par des inconnus qui avaient ouvert le feu sur sa voiture. Shahbaz Bhatti militait, comme Salman Taseer, pour un amendement de la loi sur le blasphème. Tout comme le gouverneur défunt, il avait publiquement apporté son soutien à une chrétienne, Asia Bibi, condamnée en novembre 2010 à la peine de mort pour avoir "insulté" le prophète Mahomet selon ses accusateurs."
[...]
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110826.AFP4892/pakistan-enlevement-du-fils
-d-un-gouverneur-assassine-pour-avoir-critique-la-loi-sur-le-blaspheme.html


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