En logique mathématique, le raisonnement par l’absurde
consiste, pour prouver que la proposition [B est vraie],
à démontrer que l’hypothèse [B
est fausse] conduit à une contradiction : une proposition déjà
admise [A est vraie] s’avère fausse.
L’hypothèse [B est fausse] conduit
à un résultat absurde, elle est donc erronée, donc [B
est vraie].
C’est un raisonnement assez proche de la démonstration par contraposition
:
[A est
vraie] implique
[B est vraie]
peut se démontrer
en prouvant que
[B
est fausse] implique [A est fausse]
Exemple pour démonter que :
[Je suis un homme et les hommes sont mortels] implique
[Je suis mortel].
Supposons que je sois immortel, il y a deux cas possibles :
[Je suis un homme] ou bien [je
ne suis pas un homme].
Dans le premier cas, je suis un homme immortel, ce qui est contradictoire avec
la première proposition car les hommes sont mortels.
Dans le second cas, [Je ne suis pas un homme],
ce qui est en contradiction avec la première proposition [je
suis un homme et les hommes sont mortels].
L’hypothèse que je sois immortel conduit à un résultat
absurde car contradictoire avec quelque chose admis comme étant vrai.
Donc, je suis mortel, ce dont je me doutais un peu.
Comme tous les athées
j’aimerais bien démontrer que Dieu n’existe pas, mais c’est
impossible car derrière le mot Dieu, on y met l’idée de
Tout-Puissant, qui signifie au-dessus des lois de l’univers, donc que
Dieu échappe à la connaissance des hommes qui, eux, sont soumis à ces lois.
Le raisonnement par l’absurde serait de prouver que si Dieu existe, alors
il remet en question une loi que nous considérons comme vraie (par exemple
la pesanteur, l'électromagnétisme, le Big Bang...) On ne manquerait
pas d’en trouver un grand nombre, mais les croyants objecteront que
cela n’a pas d’importance parce que Dieu étant Tout-Puissant, il est au-dessus
des lois qu’il a lui-même créées...
Face à cette notion de Toute Puissance, que dit la logique mathématique, la raison
ou tout simplement le bon sens?
Que c’est à ceux qui affirment l’existence de Dieu de la prouver; ce qui n’a encore
jamais été réalisé.
Il ne me viendrait pas à l’idée d’affirmer que Pégase, le cheval ailé, se promène
de planète en planète à la recherche de la Licorne Bleue, sa compagne, et de
demander à mes interlocuteurs de prouver que ce n’est pas vrai.
Au fur et à mesure que la science et la connaissance progressent, Dieu est
repoussé aux confins de l'univers, c'est à dire très loin, et devient de
plus en plus abstrait. Mais comme croire est un besoin psychologique (face à
une angoisse existentielle), psychanalytique (le complexe paternel),
sociologique (transfiguration de la société) ou la conséquence d'un
conformisme culturel, la science et la connaissance ne peuvent qu'être les
moyens d’une éducation qui apprend à chaque homme à penser librement, par
lui-même, à croire si tel est son choix et à savoir écarter toutes les
formes de manipulation.
Comme il n'est pas possible de prouver la non-existence de Dieu, amusons-nous seulement à
le titiller ou, plus exactement, à chatouiller la foi des croyants. Le but est double:
- utiliser la logique pour voir jusqu'où on peut aller en l'appliquant à Dieu et à son absence,
- amener les croyants à réfléchir sur leur foi.
Supposons que Dieu existe…
Raisonnons par l’absurde en supposant que Dieu existe.
Premier écueil : qu’est-ce que Dieu? Pour faire court, je ne retiendrai
que trois de ses attributs, les plus communément admis : il est le "Créateur",
l"Eternel" et le "Tout-Puissant".
Quatre cas sont alors possibles :
1 - Il ne souhaite pas se faire connaître des hommes;
2 - Il souhaite se faire connaître des hommes;
3 - Il s’est fait un peu connaître des hommes, mais a changé d’avis;
4 - Il s’est fait un peu connaître des hommes et se fera connaître
à nouveau le jour du Jugement Dernier.
Cas n°1 - Il ne souhaite pas se faire connaître des hommes
C’est son droit.
Il a créé le monde et l’homme, puis a laissé la nature suivre son cours.
On ne sait rien et on ne saura jamais rien de lui.
On ne sait pas s’il s’intéresse à nous, s’il nous surveille, ce qu’il attend de nous.
On ne sait pas s’il y a une vie après la mort, s’il y a un Paradis à mériter, ni comment.
On a seulement deux certitudes :
A - C’est que les religions mentent et ne servent à rien (dans les relations à Dieu).
B - C’est qu’on doit faire sans lui, qu’il n’interviendra pas. Il est vain
de croire en lui et de prier. La notion de Dieu est donc inutile. Tout se passe
comme si Dieu n’existait pas.
Cas n°2 - Il souhaite se faire connaître des hommes
Force est de constater qu’il n’y est pas arrivé. La plus grande des religions, le
christianisme (toutes Eglises confondues) représente moins d’un tiers de la
population mondiale. Et il a fallu 2000 ans pour en arriver là !
Avec la Toute Puissance que l’on prête à Dieu, je suis sûr que chaque croyant à une
idée sur la manière dont il pourrait s'y prendre pour prouver son existence à l'ensemble
de l'humanité en moins de 5 minutes.
Pourquoi ne le fait-il pas?
Dieu ne serait donc pas Tout Puissant, ce qui serait
contraire à l’hypothèse de départ.
Le cas n°2 n’est donc pas possible.
Cas n°3 - Il s’est fait un peu connaître des hommes, puis il a changé d’avis
C’est aussi son droit.
L’aurions nous déçu? En principe non, puisque nous ne savions pas ce qu’il attendait
de nous.
S’il est déçu, on peut être étonné, puisque c’est lui qui nous a créés et qu'il est
"Tout-Puissant", de son manque de sagacité.
S’il n’est pas déçu, c’est qu’il est versatile.
La possibilité qu’il soit mort entre temps est à écarter compte tenu de l’hypothèse
"Dieu-Eternel".
Quid de son premier passage? A qui s'est-il fait connaître? A Akhenaton,
à Bouddha, à Zarathoustra, à Abraham, à Jésus, à Mahomet...?
S'il est le Dieu de la Bible et d'Abraham et qu'il a fait du peuple juif
le peuple "élu", il n'est qu’un petit dieu régional et peu efficace. En
effet, les juifs ne représentent aujourd'hui que 0,2% de la population
mondiale. Ce fut, en outre une tentative très brouillonne, car pleine de
contradictions et peu convaincante.
La conclusion est la même si Dieu est apparu à un autre prophète, car aucune
de ces manifestations n'a réussi à convaincre l'ensemble de l'humanité.
Cette hypothèse n’est donc pas compatible avec l’idée de "Toute Puissance" de Dieu.
Quoi qu'il en soit, on est revenu au cas n°1, puisque désormais il ne se fera plus connaître.
Cas n°4 - Il s’est fait un peu connaître des hommes et se fera connaître
à nouveau le jour du Jugement Dernier.
Ce cas est très subtil. C’est sur lui que se fonde les principales religions,
car il ne laisse que peu de prise à la raison.
Cela revient à prêter à Dieu un esprit machiavélique:
"Je me fais connaître de temps en temps, très partiellement (c'est-à-dire sans faire appel
à ma "Toute Puissance") et à seulement quelques hommes ou femmes choisis avec soin, afin
de porter ma bonne parole. La crédulité des hommes fera le reste. Et je reviendrai voir
sur place les résultats à une date indéterminée."
Dieu laisse aussi entendre qu’il y a une vie après la vie sur Terre. C’est la carotte,
l'enjeu du pari. Croire ou ne pas croire?
Si un homme avait un tel comportement, on lui trouverait bien des défauts. Mais
Dieu n'est pas un homme!
Il est, en outre, jaloux, car il ne supporte pas les Dieux des autres religions.
Dieu aime qu’on l’aime, qu’on le prie, il aime les louanges. Il est d’un orgueil démesuré.
Ce Dieu-là n’est pas intéressant.
On arrive ici aux limites de la logique.
En résumé
Soit Dieu ne veut pas de se faire connaître, alors les religions mentent et la notion de
Dieu est inutile car tout se passe comme s'il n’existait pas;
soit Dieu s’est fait un peu connaître des hommes et se fera connaître à nouveau le jour
du Jugement Dernier, alors il est versatile, machiavélique, jaloux, orgueilleux, donc
peu intéressant.
Au cas où Dieu existerait, prêtons-lui l'intelligence de ne pas voir d'inconvénients à
ce que l'on ne croit pas en lui.