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IV - L'emprise mortifère de la religion
Je ne suis pas sans savoir qu'en réponse à cette question, certains exhibent alors fièrement ce qui n'est finalement qu'un cache-misère de la condition humaine : la religion. Seulement qui ne saurait voir le danger impérieux que laisse planer sur l'humanité une doctrine qui prétendrait avoir la réponse au sens de la vie ? Une telle doctrine pourrait par récupération politique se livrer sans peine à l'instrumentalisation de la vie humaine, ne la voyant que comme un moyen plutôt que comme une fin en soi.
Quoiqu'il en soit, croyez-vous vraiment que les gens font toujours ce qu'ils veulent ? Un malade avale un médicament au goût écoeurant, mais pourtant ce n'est pas ce qu'il veut. Ce qu'il veut, c'est recouvrer la santé. Ce qui n'est vu que comme un moyen ne correspond jamais vraiment à ce que l'on voudrait. Voilà pourquoi les religions déprécient fortement la vie, en ne la voyant que comme un moyen, un passeport pour un au-delà à en faire pâlir les contes pour enfants. Le courage de vivre sa vie sans lui donner un sens ne se trouve que par l'amour pour la vie elle-même. Les religions n'aiment pas la vie ; elles se complaisent dans une contemplation morbide de la mort.
Encore faudrait-il que la vision idyllique du paradis, chez le croyant lambda, ne l'ait pas totalement dégoûté de la vie terrestre. Certains en deviennent tellement blasés, aigris, par notre univers et ses lois qu'ils n'y voient plus que du "normal" et, leur religion leur décrivant des arrières-mondes plus hallucinants les uns que les autres, répondra dorénavant à leur besoin de nouveauté et d'évasion. Il est évident que dans ce cas, la croyance religieuse devient un moyen de fuite du réel, dont il s'agit en quelque sorte de se venger.
Gardons notre faculté à nous complaire dans une contemplation béate de l'univers et de ses mécanismes, si nous ne voulons pas avoir à vivre par procuration, à travers les discours de je ne sais quel charlatan. Sur ce points également, le constat est affligeant ; combien de croyants qui ne vivent que par le discours du pape, du curé, de l'imam, de l'ayatollah, etc. ? Certains n'auront même pas eu le temps de prendre une seule fois véritablement possession de leur vie. Ils ne se sont jamais demandé ce qu'ils voulaient réellement, mais ne font qu'exécuter mécaniquement au quotidien ce qu'ils s'imaginent que "Dieu" (en réalité la personne qu'ils auront reconnu comme une autorité compétente) attend d'eux. Comment pourraient-ils s'émanciper, dans la mesure où ayant été élevé dans le cadre de l'interdit "divin", leur esprit aura associé "Dieu" à la double opposition "conseillé/déconseillé", "obligatoire/interdit" ?