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La Résurrection

pierre angulaire du christianisme


par Jean-Pierre Chavaz  -  mai 2010




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La résurrection de Jésus n’a pas fait la Une des gazettes de l’époque ni même une mention dans la rubrique des chiens écrasés, référence au fait que le ressuscité présumé venait de subir la peine infamante de la crucifixion. En réalité, personne - hors les futurs chrétiens - n’a pipé le moindre mot sur un évènement hypothétique qui allait pourtant mettre sur orbite une nouvelle religion pilotée par une organisation de nature totalitaire.

Ce sont les Evangiles écrits des dizaines d’années après les faits et dont les auteurs n’avaient jamais fréquenté le personnage qu’ils se sont employés à relater les principales étapes de sa vie, qui parlent entre autres de la mort et de la résurrection de Jésus. Si la Passion, les sévices qu’il a subi avant et pendant sa crucifixion sont minutieusement décrits – c’est tout juste si le nombre des épines de la couronne ne sont pas donnés – les détails relatifs à la résurrection ne sont pas seulement évasifs mais aussi contradictoires selon les Evangiles. Tout se passe en petit comité entre initiés. Au final, il faut bien admettre que les Evangiles ne fournissent aucune preuve irréfutable de l’existence et de la résurrection d’un certain Jésus, patronyme d’ailleurs très fréquent à cette époque.

On ne saura jamais de quelles imaginations fertiles est née l’histoire de ce fils de charpentier dont la vie, de sa naissance à sa mort et à sa prétendue résurrection est émaillée d’évènements magiques voire carrément surnaturels. A l’époque, dans l’Antiquité, il était impératif de ne pas lésiner sur les miracles si l’on voulait mettre en scène un nouveau type de personnage susceptible d’attirer et de fédérer des adeptes. La résurrection du personnage était une idée-phare. Encore fallait-il que le futur ressuscité eut été de son vivant un homme vraiment hors du commun. Cette histoire rencontra un franc succès mais son interprétation fut différente selon les aires géographiques où des sympathisants étaient réunis. Par ailleurs, un problème d’importance surgit avec le temps. Dans les Evangiles, Jésus est décrit comme un Juif pieux respectueux de la Loi mosaïque. Ses disciples cultivaient les mêmes croyances. Il n’est donc pas étonnant que les tous premiers "chrétiens" - après la disparition de Jésus - furent exclusivement des Juifs. Par la suite, ces judéo-chrétiens convertirent des païens à leur nouvelle religion. Ces derniers qui rechignaient à adopter les contraintes de la Loi juive (circoncision et les multiples interdits alimentaires) se distancèrent des judéo-chrétiens et prirent dorénavant à leur compte la promotion du christianisme. Il subsista néanmoins dans leurs rangs de profonds désaccords quant à la nature de Jésus. Il fallut attendre quatre siècles après la présumée résurrection de Jésus pour qu’au concile Chalcédoine après d’âpres marchandages entre les factions, la Grande Eglise, ancêtre de l’Eglise catholique apostolique et romaine définisse une fois pour toute les statuts (dogmes) du christianisme, qui par la suite ont été inlassablement serinés à l’intention des fidèles. Cet intense endoctrinement – un vrai bourrage de crânes pour être précis – avait pour but de transformer en Vérité intangible ce qui au départ n’était que pure supputation. Par crainte que des esprits malveillants veuillent mettre en doute la pertinence de l’Histoire Sainte, des dizaines de sites bibliques tentent aujourd’hui sur Internet d’apporter des preuves à leurs yeux irréfutables de la Résurrection de Jésus-Christ. Ces défenseurs de la bonne parole font état de centaines de témoignages confortant leur démarche. Mais voilà ! A y regarder de plus près, on constate que tous ces témoins ne font que confesser leur foi en Jésus-Christ. Pas le moindre sens critique chez ces gens-là. ! Ce n’est pas parce que l’on clame encore et toujours pendant des siècles et des siècles la même litanie – aujourd’hui encore, le jour de Pâques, ils sont des millions à fêter la résurrection du Seigneur - que ce qui à l’origine prêtait à interrogation devient automatiquement... "paroles d’évangile". Dans les enquêtes judiciaires modernes, le suspect qui répète inlassablement qu’il n’était pas présent ce jour-là sur les lieux du crime sans pour autant fournir de preuves formelles confortant ses dires, demeure un suspect.

Cette usurpation de vérité ne serait pas trop grave si elle avait débouché avec le temps sur la création d’une sorte d’organisation de bienfaisance œuvrant non seulement pour la diffusion de part le monde du message d’amour figurant dans ses statuts mais aussi et surtout pour l’application des principes en découlant. L’Histoire nous apprend que ce fut loin d’être le cas. Que de crimes sont à porter au passif de l’Eglise devenue omnipotente au sein de l’Europe. - Elle imposa une chape de plomb sur les intellectuels. Était tabou tout ce qui était considéré comme non conforme aux Saintes Ecritures. - Elle élimina ou fit éliminer physiquement tous ceux qui se permettaient de douter de la pertinence du credo officiel. - Alors que le judaïsme avait joui dans l’empire romain d’un statut particulier de par son antériorité, l’Eglise sema très tôt les graines d’un antisémitisme virulent qui aboutit aux pogroms et plus tard à la Shoah. - Lors des Croisades en "Terre sainte", la fine fleur de la chevalerie française enrôlée sous la bannière du Christ-Roi se distingua par des faits d’armes d’une barbarie et d’une cruauté nettement supérieures à celles de leurs adversaires qui défendaient l’intégrité de leur territoire. - Parce qu’elle ne considérait pas les "sauvages" comme des êtres humains à part entière, l’Eglise toléra le massacre de millions d’Indiens par de cupides aventuriers venus du pays d’Isabelle la Catholique. - A Rome, la conduite indigne (corruption, népotisme, stupre et fornication) des papes et cardinaux sous l’ère des Borgia fut à l’origine de la Réforme et par voie de conséquence des interminables guerres fratricides entre catholiques et protestants. - Lors de la conquête de l’Ouest américain, des chrétiens ne jurant que par la Bible n’eurent aucuns scrupules à massacrer les autochtones pour s’approprier leurs terrains de chasse. - Dans le cadre de la colonisation de l’Afrique et d’autres territoires exotiques, les "bons" missionnaires chrétiens causèrent un tort immense aux populations locales en les forçant à abandonner leurs us et coutumes ancestrales pour adopter des pratiques qui leur étaient viscéralement étrangères. - Pour déguster la cerise sur le gâteau des turpitudes de chrétiens de haut rang au cours de l’Histoire, je vous invite à prendre connaissances de quelques "historiettes" en cliquant sur le lien suivant http://www.basile-y.com/auteur/historiettes.html.

Après cette avalanche de critiques virulentes à l’encontre du christianisme, peut-on au moins citer quelques éléments à décharge ? Les curés et les pasteurs ne seraient certainement pas en reste pour vanter les bons côtés du christianisme mais une fois que l’on a mis de côté tous les aspects liés à la foi en Jésus-Christ, il ne reste pas grand-chose à porter à l’actif de cette religion sur le plan historique. A signaler tout de même certains ordres religieux non belliqueux dont l’activité était consacrée au soulagement des malheurs des plus démunis. Ces hommes et ces femmes d’église mettaient en pratique le meilleur côté des Evangiles. - La République de Venise a été pendant cinq siècles l’exemple d’une nation chrétienne devenue une grande puissance maritime uniquement par son expertise en matière de commerce sans faire appel à la religion. - Certains croyants mettent l’art religieux au crédit du christianisme. Ils se trompent car pour l’Eglise, les merveilles (églises romanes et gothiques, sculptures, peintures, pièces d’orfèvrerie, etc.) créées par d’admirables artisans étaient avant tout des objets de propagande qui reflétaient la grandeur de Dieu. Au Moyen Age, l’Eglise était sinon le seul du moins un des plus importants commanditaires disposant de moyens quasi illimités pour s’assurer les services des meilleurs artistes de l’époque. Ceux-ci créaient en toute liberté en respectant néanmoins les directives de leur mandants.

Aujourd’hui, l’Islam a plutôt mauvaise presse chez les personnes imprégnées de leurs origines judéo-chrétiennes. Ces gens semblent ignorer que du VIIème au XIVème siècle les savants musulmans étaient à la pointe du progrès. La cour des califes de Bagdad et de Cordoue baignaient dans une ambiance de tolérance qui favorisait l’éveil de l’esprit dans des disciplines les plus diverses de la philosophie aux mathématiques, de l’architecture à la médecine. A Cordoue, au XIIème siècle, Averroès traduit Aristote du grec en arabe et prône la philosophie plutôt que la religion ; Maimonide, un savant juif privilégie également la philosophie par rapport à la religion. A cette époque, l’Europe chrétienne était plongée dans les ténèbres du Moyen Age sous la férule de l’Eglise. Pour en savoir plus sur cet Islam des Lumières, veuillez cliquer sur le lien suivant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sciences_et_techniques_islamiques.

Le déclin de cet âge d’or débuta après la Reconquista et sur le plan interne la religion reprit le dessus et empêcha les intellectuels de mener leurs travaux à leur guise. Comme cela avait été le cas dans l’Europe chrétienne au Moyen Age. L’antagonisme entre les sunnites à Bagdad et les chiites en Perse fut également un facteur de régression.

La religion quand elle se substitue à l’Etat n’a jamais été un moteur de progrès, au contraire !



Jean-Pierre Chavaz



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