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Eros au couvent

Les perversions sexuelles dans les monastères féminins


par Michel Bellin  -  19/02/2012




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




Le prétexte de cette réflexion, plus exactement l'électrochoc qui l'a provoquée, est l'exposition "OBSCENITY" qui vient de débuter à Madrid. Bruce LaBruce (cinéaste), c'est pour moi une vieille connaissance. Je me souviens en particulier d'un monstrueux pilon qui ne servait pas qu'à marcher ! Passons, j'écris cet article le Jour du Seigneur : piété et pudeur ne sont-elles pas de mise ? Pourtant, il faut bien l'admettre, n'en déplaise aux censeurs, religion et sexualité ont toujours fait et font encore bon ménage dans l'art. Ce que prouve le brave LaBruce qui, pas plus aujourd'hui qu'hier, n'en a rien à faire des cris d'orfraie des associations catholiques. "Cachez ces saintes que je ne saurais voir !" Non, bien au contraire, qu'on nous dévoile sur les cimaises ces hystériques en extase, ces nonnes noires en transes et aussi ces splendides Christ virils avec tatouages et piercing. Bref, on l'aura compris (à défaut de méditer de visu) beaucoup de ces photographies audacieuses mettent en scène des figures religieuses dans des situations profanes et ouvertement sexuelles. C'est d'ailleurs ce que revendique l'auteur américain sur le site de la Fresh Gallery qui l'expose : l'objectif est de "présenter une série de portraits qui illustrent la convergence divine entre le sacré et le profane", car "les vies des saints sont pleines d'actes extatiques et de sexualité sublimée qui s'expriment dans des formes perverses et érotiques."

D'où ma réflexion, aussi légitime que l'exposition me semble-t-il, sur le lien entre christianisme, vie religieuse et sexualité, jusque dans ses recoins les plus obscurs et ses exaltations mystiques les plus incongrues. Mes mots décapants choqueront-ils autant que les photographies dénudées de Bruce LaBruce ? Il y a plutôt de quoi être proprement effaré. Une importante précision avant d'entrer dans le vif du sujet, si je puis me permettre : je dois remercier un blogueur canadien pour ses citations historiques, enregistrées il y a 5 ou 6 ans dans un vieil ordinateur. Une fois cet incunable retrouvé, j'ai beaucoup retravaillé et complété la contribution anonyme. Malheureusement, le lien sur la Toile a aujourd'hui disparu et le génial compilateur demeure pour moi inconnu. S'il se reconnaît ici, qu'il soit infiniment remercié - et honoré - puisqu'il convient de rendre à César ce qui lui appartient. Encore une précision qui a son importance : le terrain d'observation sera exclusivement les monastères féminins, même s'il y aurait beaucoup à dire et à écrire concernant les Franciscains amateurs de soubrettes ou les Jésuites et leur réputation sulfureuse en matière de pédophilie. éducative !

Plus les règles imposées dans les couvents sont sévères, plus la perversion tend à impliquer à la marge leurs composants dans une alternance de parfums de roses et d'exhalaisons de soufre que l'Eglise a longtemps attribuées à l'action des seuls démons. Un unique et miraculeux recours alors, avant l'invention de la psychanalyse par papy Sigmund : les pratiques de l'exorcisme pour le plus grand plaisir des confesseurs voyeurs autant que tortionnaires. Bien sûr, j'anticipe la toute première objection : toutes les religieuses catholiques ne sont pas des nymphomanes refoulées ! Certes, j'en conviens volontiers et ce constat peut rassurer. Il n'empêche, ce sont celles-ci que l'Eglise, après avoir suscité de l'intérieur leur vice secret, a béatifiées et canonisées, les présentant urbi et orbi comme modèles d'ascèse et d'amour christique ! Là est proprement la perversion intime de l'institution chrétienne, sa pathologie foncière, sa relation névrotique autant que catholique avec la sexualité et c'est ce que je voudrais pouvoir développer avec les ipsissima verba des saintes en transes. Ce pourrait être assez comique, c'est en fait plutôt consternant pour hier et inquiétant pour le présent.

Visitons ensemble cette longue galerie du mysticisme féminin détourné et dévoyé. Parmi l'infinité de cas reportés par les chroniques, je cite comme premier exemple, afin de démontrer l'obscurantisme inhérent à la religion chrétienne, le rapport signé par quatre évêques présents lors des exorcismes effectués dans le couvent d'Auxonne : "Les religieuses vomissent d'épouvantables blasphèmes durant les saintes messes et les rites effectués pour les libérer de la possession diabolique. Leurs corps sont marqués par des signes d'une certaine nature surnaturelle faits par les démons. Les sours assument durant les exorcismes des positions qui pour être effectuées nécessitent une force surhumaine, comme se prosterner par terre avec la pointe du ventre alors que le corps courbé s'étend en l'air, ou bien plié en cercle au point que la tête touche la pointe des pieds".
Et encore : "Dans le couvent de Nazareth à Cologne, les religieuses s'allongeaient par terre et, comme si elles avaient un homme sur elle, répétaient les mouvements du coït".
Dans le couvent de la Louvière en Belgique, "les orgies collectives se consommaient dans une alternance d'extases, durant lesquelles les sours à genoux invoquaient Jésus, et des crises neurasthéniques lors desquelles elles offraient les parties postérieures découvertes au Démon qui sollicitait à les posséder".

Après nous être brièvement arrêtés sur ces délires psychiques, examinons maintenant ceux qui, dans le comble d'une effronterie sans limites, ont transformé des crises épileptiques en extases sanctifiantes méritant la canonisation et la dévotion des foules ignorantes. Car c'est sans aucun doute cette instrumentalisation qui est le plus grotesque et le plus choquant de la part de la hiérarchie catholique, ce tour de passe-passe posthume : via l'auréole, un label accordé à l'aliénation religieuse.

Prenons pour commencer Sainte Marguerite Marie Alacoque qui, après avoir fait vou de chasteté à quatre ans et être entrée au couvent à huit, commence à entretenir ses premiers contacts extatiques avec Jésus, "son fiancé", à l'âge de quinze ans.

Extraits tirés de sa biographie :
  1. "Quand j'étais face à Jésus je me consommais comme une bougie dans le contact amoureux que j'avais avec lui".

  2. "J'étais d'une nature si délicate que la moindre saleté me soulevait le cour. Jésus me réprimanda si énergiquement pour ma faiblesse que je réagis contre elle avec une si forte décision qu'un jour je nettoyai avec ma langue le plancher sale du vomissement d'une malade. Il me fit éprouver tellement de délice lors de cette action que j'aurais souhaité avoir l'occasion pour pouvoir le faire tous les jours". (Masochisme de délire hystérique)

  3. "Une fois que j'avais démontré une certaine répugnance au moment de servir une malade de dysenterie, Jésus me réprimanda si sévèrement que, afin de réparer, je me remplis la bouche de ses excréments ; je les aurais avalés si la Règle n'interdisait de manger hors des repas." (Idem)

  4. "Un jour que Jésus se mit sur moi avec tout son poids, il répondit de cette façon à mes protestations : "Laisse que je puisse user de toi selon mon plaisir car chaque chose doit être faite à son temps. Maintenant je veux que tu sois l'objet de mon amour, abandonnée à mes volontés, sans résistance de ta part, afin que je puisse jouir de toi."" (Coït vécu physiquement par le moyen de l'imagination délirante).
    La répétition alternée d'actes de masochisme et d'extases durant lesquelles Marie Alacoque vivait de la manière la plus charnelle les accouplements avec Jésus, qu'elle appelait "mon fiancé", furent tellement fréquents qu'ils la rendent, d'après les psychologues, un cas classique d'érotomanie hystérique.
    Incroyable mais vrai, l'Église, profitant de la crédulité et de l'ignorance humaine, a inventé le culte du Sacré-Cour (!) en se basant sur les affirmations d'une nymphomane dont les extases révélatrices ne sont rien d'autre, dans la réalité des faits, que des crises cataleptiques provoquée par une absolue répression sexuelle. Et comme cela arrivait à d'autres saintes mystiques, la Madone apparaissait continuellement à Marguerite Alacoque.

  5. "La sainte Vierge m'apparaissait souvent en me faisant des caresses inexplicables et en me promettant sa protection".

Cette intromission de la Madone dans les rapports amoureux entre les saintes et Jésus trouve une justification dans le besoin qu'elles avaient d'avoir le consentement de la mère de celui qu'elles aimaient d'une façon clandestine par le moyen de leurs extases. La relation amoureuse avec son caractère sexuel et donc coupable, leur donnait un complexe de culpabilité dont elles essayaient de se libérer, afin de pouvoir jouir pleinement de leurs accouplements extatiques, non seulement en obtenant le consentement de la mamma de leur amant mais aussi en le rendant public par le moyen de leurs autobiographies. Ces biographies étaient leurs catharsis, c'est-à-dire la libération d'un sentiment de culpabilité, qu'elles utiliseront comme une confession libératoire dans laquelle elles décrivent tous les détails de leurs orgasmes christiques en en faisant ainsi de vrais traités de pornographie "spirituelle".

Sainte Marie de l'Incarnation, autre groupie, après avoir sollicité Jésus, son époux, à s'unir avec elle avec des paroles qui ont vraiment très peu empreintes de spiritualité, soupire tendrement : "Alors, mon amant adoré, quand est-ce que nous ferons cet accouplement ?" Ainsi raconte-t-elle dans sa biographie ce qu'elle éprouvait dans l'hystérie de ses extases "Lors des ravissements il me semblait avoir à l'intérieur de moi des bras que je tendais pour embrasser celui que je désirais tant".

Sainte Guyon, ascète et pénitente, écrit que lors d'une extase, Jésus l'avait portée dans un bois de cèdres où il y avait une chambre avec deux lits et à elle, qui lui avait demandé pour qui était le deuxième lit, il lui avait répondu : "L'un est pour toi, qui est mon épouse, et l'autre est pour ma mère", et en se référant ensuite aux plaisirs sexuels qu'elle atteignait lors des extases, elle écrit encore dans son livre : "J'arrivais à posséder Jésus non pas de la façon que l'on entend spirituelle par le moyen de la pensée, mais de façon si tangible que je sentais la participation du corps de la manière la plus réelle".
Quand ensuite elle retournait à la normalité, si l'on peut dire, en rendant le corps responsable de ses péchés, elle s'acharnait contre lui en s'infligeant les sévices les plus atroces : "Pour mortifier mon corps je léchais les crachats les plus dégoûtants. je mettais des petites pierres dans mes chaussures. je me faisais enlever des dents même si elles étaient saines."

Extrait de la biographie de Sainte Angèle de Foligno : "(.) Durant les extases c'était comme si j'étais possédée par un instrument qui me pénétrait et se retirait en me déchirant la chair. J'étais remplie d'amour et rassasiée d'une plénitude inestimable. Mes membres se brisaient et se cassaient de désir alors que je languissais, languissais, languissais. Ensuite, lorsque je revenais de ces ravissements d'amour, je me sentais si légère et satisfaite que j'aimais même les démons.". (Très belle description de la tranquillité des sens qui suit l'orgasme !).

Angèle était tellement consciente que les plaisirs qu'elle éprouvait durant l'extase étaient de nature sexuelle qu'elle-même déclare être la victime d'un "vice que je n'ose pas nommer", un vice de concupiscence duquel elle essayait de se libérer en se mettant "des charbons ardents sur le vagin pour éteindre les chaleurs".

Sainte Rose de Lima afin de pouvoir vivre les plaisirs sexuels le plus librement possible hors culpabilité, comme si le fait de subir sa peine avant pouvait l'autoriser à commettre ensuite le délit, punissait son corps avant les extases avec des sévices qui heurtent le bon sens : "Malgré le fait que le confesseur l'exhortait à ne pas exagérer, elle réussit à se donner cinq mille coups de fouet en quatre jour ." Est-ce elle qui a inventé le raffinement des pratiques SM !

Quant à Sainte Jeanne des Anges, ce fut elle, en tant que supérieure d'un couvent des Ursulines à Loudun, qui avec ses extases répétées transmit de l'hystérie à toute la communauté.

Extrait d'une chronique de l'époque : "Toutes les religieuses du couvent des Ursulines de Loudun, où était supérieure Mère Jeanne des Anges, se mirent à hurler, à baver, à se dévêtir en se montrant dans leur complète nudité".

Un certain Robbyns, chroniqueur de cette époque, présent lors de l'une de ces crises collectives, dans la description qu'il effectue des faits, s'arrête sur un détail : "Sour Clara tomba au sol et dans un état de transe absolu continua à se masturber en criant : "baisez-moi, baisez-moi." jusqu'au moment où, ayant pris un crucifix, l'utilisa d'une façon que ma pudeur m'empêche de raconter".

Un certain père confesseur, nommé Surin, chargé par l'évêché de pratiquer les exorcismes dans le couvent, très bientôt fut lui aussi tellement impliqué dans ces orgies qu'il écrit : "Ma langue dégustait Dieu comme lorsque je bois le vin muscat ou je mange les abricots". (Je ne crois pas qu'il faille beaucoup d'explications pour comprendre où le confesseur cherchait Dieu. du bout de la langue !)

Père Surin fut remplacé par un autre prêtre exorciste appelé Ressés, lequel, résistant à toute tentation, réussit à libérer le couvent des démons. Comme preuve de l'exorcisation réussie, l'interruption de la grossesse de la même supérieure Jeanne des Anges dont il disait qu'il l'avait fait avorter en la libérant du démon avec de l'eau bénie.

Étant donné qu'elle affirma avoir été guérie par Saint Joseph qui lui était apparu pendant l'exorcisme, l'Église, saisissant la balle au bond, réussit à transformer les orgies sexuelles du monastère de Loudun en manifestations miraculeuses. Les bandes et les chiffons utilisés par Jeanne des Anges pour soigner les blessures produites par ses flagellations, transformés en objets bénis, furent utilisés pour traiter les malades qui commencent à affluer au couvent en pèlerinages organisés. Loudun bien avant Lourdes et Fatima ! Des tampax sanguinolents en guise de sextoy ou de cataplasmes !

Considérée désormais une Sainte guérisseuse, Jeanne des Anges se mit à parcourir la France pour guérir les infirmes et la renommée qu'elle obtint fut si grande que le Cardinal Richelieu en personne l'invita auprès de lui afin de se faire soulager des fortes douleurs que lui provoquaient ses. hémorroïdes. Dans une chronique de l'époque on affirme que parmi les nombreuses personnalités qui reçurent un don de cette Jeanne des Anges, il y eut aussi Anne d'Autriche, laquelle, souffrante à cause d'un accouchement compliqué, se sentit soulagée en touchant un morceau de sa chemise. C'est ainsi que, en utilisant l'art de la mystification, l'Église réussit encore une fois à détourner l'eau bénite pour son propre moulin (à prières), en transformant en sainteté thérapeutique une hystérie produite par la répression sexuelle dirigée par l'Eglise elle-même. Parfait cercle vicieux ! L'anthropologie viciée du christianisme génère ses propres débordements qui sont ensuite pieusement recyclés pour le peuple. Mais peut-être est-ce ainsi que les voies du Seigneur sont impénétrables et la morale sauve ?

Sainte Thérèse d'Avila est certainement l'une des plus représentatives nymphomanes qui remplissent le Paradis chrétien. (Sa petite sour Thérèse de l'Enfant Jésus n'est pas mal non plus.) La grande Thérèse, comme on l'appelle parfois, représente un exemple classique pouvant être cité dans les livres de sexologie comme illustration et démonstration des dégâts extravagants que peut produire l'abstinence sexuelle. Dégâts cérébraux dus à la frustration sexuelle et délires collatéraux provoqués par sa sublimation effrénée.

Extrait de l'autobiographie de la Sainte espagnole :
    "Mon mal était arrivé à un tel degré de gravité que j'étais toujours sur le point de m'évanouir. Je sentais un feu intérieur qui me brûlait . ma langue était réduite en lambeaux à force de la mordre." Plus loin : "Alors que Christ me parlait, moi je restais à contempler la beauté extraordinaire de son humanité. J'éprouvais un plaisir si fort qu'il est impossible pouvoir d'en éprouver de semblables en d'autres moments de la vie. (.) Durant les extases, le corps perd tout mouvement, la respiration s'affaiblit, on émet seulement des soupirs et le plaisir arrive à intervalles." (Parfaite description de l'orgasme !)

    "Lors d'une extase m'apparut un ange tangible dans sa constitution charnelle et il était très beau; je voyais dans la main de cet ange un long dard ; il était d'or et portait à l'extrémité une pointe de feu. L'ange me pénétra avec le dard jusqu'aux entrailles et quand il le retira il me laissa toute brûlante d'amour pour Dieu ."

    "La douleur de la blessure produite par le dard était tellement vive qu'elle m'arrachait de faibles soupirs, mais cet indicible martyr qui me faisait en même temps goûter les délices les plus suaves, n'était pas constitué par des souffrances corporelles même si le corps y participait de la manière la plus complète."

    "J'étais en proie à une confusion intérieure qui me faisait vivre en une continuelle excitation que je n'osais interrompre en demandant de l'eau bénie afin de ne pas troubler les autres religieuses qui auraient pu en comprendre l'origine ." (sens obvie de culpabilité).

    "Notre Seigneur, mon époux, me procurait de tels excès de plaisir que je m'imposai de ne rien ajouter d'autre en plus que de dire que tous mes sens en étaient ravis ." (idem)

Ces extraits tirés des autobiographies d'une femme portée, comme ses consours, à la démence mystique par la répression sexuelle (et que l'Église a canonisées), ne sont en réalité que la démonstration évidente de la fausseté de l'ascèse chrétienne et des aberrations baroques auxquelles elle peut conduire. (Le Bernin et sa fameuse transverbération de sainte Thérèse dans l'église Santa Maria della Vittoria à Rome!)

Car l'être humain a besoin de sexe autant qu'il a besoin de nourriture pour se nourrir ou d'air pour respirer, la sexualité n'étant évidemment pas réduite à la génitalité stricto sensu. Ceci dit, chassez le naturel, il revient au galop et qui veut faire l'ange fait la bête. À force de sublimer, combien de nonnes frustrées, hier et aujourd'hui, en arrivent tout bonnement à la masturbation et au coït simulé, le tout étant vertueusement maquillé en amour oblatif et en donc total consenti à l'éternel Fiancé. Mais, Dieu merci, il existe encore et toujours la sainte absolution car, derrière la grille laissant filtrer la Grâce sacramentelle, faute avouée est tout à fait pardonnée - et sans conséquence en cas de crime sexuel (viol ou pédophilie) puisque le secret de la confession demeure inviolable aux yeux du Droit canonique.

En tout cas, l'abstinence prolongée, comme la faim ou la soif, génère des troubles mentaux qui peuvent porter l'être humain, singulièrement la femme, vers des comportements souvent dangereux pour soi et pour les autres. Nombre de vices et de perversions qui se vérifient dans la société sont souvent déterminés par des tabous qui empêchent le normal déroulement des lois naturelles. La "Nature" (dont l'Eglise par ailleurs se fait la championne quand ça l'arrange, par exemple pour entraver la contraception ou interdire l'avortement), lorsqu'elle est trop violemment contrecarrée, tôt ou tard fait valoir ses droits et d'une façon d'autant plus violente que plus implacables ont été la répression dogmatique et la transgression intériorisée.

Dans une société moderne (occidentale) où le sexe est considéré ordinairement comme un besoin physiologique ou un divertissement joyeux (quelles que soient les dérives consuméristes ou les fuites en avant dans le tout virtuel), - en tout cas pas comme une source de vice et de "péché" -, toutes les pseudo perversions s'en trouvent réduites en fait à presque à rien, souvent surdéterminées par une haine tenace envers la femme archétypale (mère toxique ou femelle castratrice) vue par le petit mâle infantilisé comme responsable de son angoisse originelle et de son ressentiment impuissant. Merci Freud ! On le sait, le Viennois origine l'hystérie dans la lutte contre des angoisses d'origine sexuelle refoulées et leur réalisation partielle sous forme d'une conversion - au sens psychanalytique, mais l'autre sens convient aussi (n'est-ce pas, Monsieur Paul de Tarse !). En attendant, que de dégâts ! Le sexe, qui dans une société dépourvue de tabous pourrait être motif de détente et de concorde, devient ainsi, dans l'univers religieux basé sur la frustration et la diabolisation, motif de chantage, de haine et de rancune. Fini l'Eden, place aux prônes moralisateurs et aux fatwas meurtrières !

Repoussons donc, plus que jamais en ces temps où le fondamentalisme redresse la tête, tous ceux qui nous empêchent de profiter (toujours en respectant la liberté des autres), des joies terrestres, sexe compris, de la manière la plus libre et plus complète qui soit. Comme disait Casanova : "Dépêchez-vous de succomber à la tentation avant qu'elle ne s'éloigne." Moi, je dis : ". de peur qu'elle ne s'éloigne !"

Le fait de croire que la renonciation aux plaisirs (entre autres sexuels) nous rendrait dignes de récompenses après la mort n'est qu'une des nombreuses absurdités soutenues par le christianisme pour imposer un impérialisme éthique biologique basé sur une morale manichéenne et une stricte soumission du corps à l'ordre naturel. N'y touchez pas, c'est Déesse Nature ! Oh ! bien sûr, cela ne sera jamais dit comme tel ! Avec tous les théologiens, Benedetto, fera des circonvolutions, des contorsions et autant de pieuses admonestations. Non, non, vous n'y pensez pas, l'Eglise estime la Femme et honore le Corps. Tu parles ! Au-delà des aggiornamenti de façade, le soubassement anthropologique reste le même : un pessimisme foncier. Finalement, ni plus ni moins que les autres religions mais d'une façon bien plus insidieuse, cette religion-là n'aime pas l'humanité sauvée par l'Agneau immolé car, selon elle, la vraie patrie du pécheur est au Ciel : la voie royale pour y parvenir est le chemin de la croix et la haine de soi. Quant à la femme, il vaut mieux qu'elle reste vierge et ne se marie pas, comme le recommandait St Paul.

Ainsi, de la Vierge-Mère jusqu'aux vaticinations pontificales en passant par le culte des Thérèse, Marguerite, Angèle et autres mères de l'Incarnation (désincarnée ?!), telle est sous-jacente la morale répressive de toujours sur laquelle s'est construite l'Eglise pour imposer une imposture construite sur une extrapolation théologique et un non-dit misogyne (et homophobe) : un individu isolé, Jésus de Nazareth, célibataire consacré, né d'une Vierge conçue sans péché, divinisé après son supplice par ses disciples déçus puis instrumentalisé par une Institution avide de pouvoir temporel et spirituel (contrôle des âmes) et de messianisme moral - le pire qui soit. Car, même au XXIe siècle les choses n'ont pas beaucoup changé, ni dans le comportement immoral de maints clercs (alcooliques ou pédophiles) ni dans les principes obscurantistes permettant par exemple d'anathématiser la recherche scientifique ou de contrecarrer la contraception. Certes, et c'est un minium, l'Inquisition n'existe plus, ni les croisades (quoique), ni les castrats pontificaux. mais les présupposés anthropologiques et dogmatiques demeurent et sont indispensables pour confesser urbi et orbi une prétendue hégémonie basée sur l'utopie d'un Dieu qui, pour exister, aurait besoin non seulement de s'incarner, de souffrir, de mourir (pour, le veinard, ressusciter à la fin du week-end !) mais aurait aussi besoin d'épouser l'humanité pécheresse pour la racheter par son sang, tous ces pauvres humains ravagés par la Faute originelle, menacés d'Enfer et de démons, d'exorcismes, de confession et d'absolution - pour tout dire d'ancestrale magie. "Dieu a besoin des hommes", c'était le titre d'un film surfait dans ma jeunesse. Mais l'homme, lui, n'a nul besoin de Dieu, merci !

C'est cela qui est le plus désarmant et souvent le plus désespérant pour un athée de bonne volonté : bien qu'elle veuille cacher sa vraie nature derrière des appels doucereux et opportunistes à la paix des peuples, l'Eglise en fait reste inchangée dans l'obscurantisme qui lui est congénital et dans son immoralité larvée quoique soigneusement camouflée comme au temps des Pharisiens. Si aujourd'hui, pour libérer les possédés par Satan, l'institution exsangue se limite à l'exorcisme diocésain - car on ne lui permet plus d'avoir recours comme jadis au feu des bûchers -, c'est à l'évolution sociale éclairée des Lumières qu'on le doit. Comme quoi, il existe quelque part un Progrès historique ! Mais ce feu, contrairement à ce que l'on croit, ne s'est pas tout à fait éteint : il brûle encore sous les cendres d'une apparente résignation, caché par de théâtrales exhortations à la paix mondiale et à l'universelle charité. Bien plus hypocrites et inopérantes, les récentes et très médiatiques demandes de pardon face aux ravages de la pédophilie ecclésiastique. Il est si facile de battre sa coulpe plutôt que de réformer l'Eglise en profondeur ! Par essence, le christianisme institutionnel (pas l'Evangile mais le destin de Jésus revu et corrigé, donc "christifié") est névrogène, sexiste et impérialiste. Sous les ors du Vatican, encore beaucoup de sperme, de sang et de larmes.

... et pendant longtemps encore, au fond des couvents silencieux, dans les cellules froides et austères, sous la bure rêche cachant de sensuelles rondeurs, certaines femmes en pleurs, mystiques et extatiques, pour exister et jouir dans leur corps confisqué, pecca fortiter, oui, de pauvres âmes, avec ferveur et en toute bonne foi, se donneront encore longtemps à leur divin Fiancé !

En post scriptum, j'aimerais renvoyer au dernier ouvrage que j'ai écrit et qui est en consultation libre et gratuite sur la plateforme littéraire Youscribe. Par rapport à tout ce qui précède, c'est un antidote et peut-être un viatique, en tout cas, hélas, un cas très isolé. L'opus s'intitule : "J'ai aimé. Souvenirs d'un curé savoyard." Non, Il ne s'agit pas de charité chrétienne mais bel et bien d'amours homosensuelles qui se déclinent en 10 chapitres personnalisés : Julien, Pierre, Warren, Joan.et les autres. "Plus que la philosophie, bien plus que le christianisme, ce sont les êtres d'amour, souvent jeunes et enthousiastes, qui ont enchanté et densifié ma vie au cour à corps." Et ailleurs dans la Préface : "Mais Dieu, me diras-tu ? La morale ? Les commandements ? Je vis mes amours dans une sorte d'intégrité, de sacralité allègre qui me stupéfient chaque fois : cela est, un point c'est tout ! Antinature, contrenature, perversion, péché. ces mots ne signifient rien pour moi. Ils n'ont jamais rien signifié, jamais rien contrecarré ni offusqué, pas même mon idéal de prêtre. J'ai toujours vécu et célébré mes attachements aux garçons à l'excès comme je les revivrais, s'il le fallait, sans remords, sans apaisement, sans regrets sinon celui de ne pas savoir rencontrer le cour d'un seul, cet inaccessible et chaste intimior intimo meo. Voilà mon hymne à la vie, le plus beau que je connaisse, le plus saint. Et Dieu est bien trop bon pour être jaloux, trop grand pour n'être que d'une seule Eglise ! Tu sais à quel point je hais tous ces théologiens, exégètes et moralistes qui gonflent dans leur bulle et vont finir par s'asphyxier et étouffer les autres à force de certitudes. Assez de guides et de gourous : qu'on nous laisse la griserie de nos errances !"

Loin des miasmes des couvents, enfin un peu d'air frais et une vibrante déclaration d'amour ! L'auteur de ces mots était prêtre catholique. Son témoignage livre quelques-unes de ses rencontres hors-normes. Un hymne au bonheur charnel autant qu'à la vie. Une provocation pour toutes les sociétés (ecclésiastique, islamique et autres) sclérosées et corsetées que "cet amour-là" continue de déranger. Le témoignage sans masque d'un homme libre et heureux.

Michel Belin


Cliquez ici pour lire J'AI AIME (Souvenirs d'un curé savoyard)



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