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Construction du christianisme

Les quatre évangiles


par mha  -  04/01/2007

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En bleu, les réflexions personnelles de l'auteur


Les quatre évangiles du Nouveau Testament

(il y en a eu beaucoup d'autres jugés apocryphes, non authentiques)
Dès 65. Là, il faut aussi bien comprendre la situation de l'époque : il y a une grande diversité de courants juifs prônant des idées multiples (celles de Paul sont quelques-unes parmi d'autres), presque tous en conflit pour accéder au pouvoir (c'est le mouvement rabbinique qui a survécu jusqu'à aujourd'hui), non seulement contre les Romains, mais également entre eux, une sorte de guerre civile. Ces mouvements suivaient chacun un chef religieux, voire un messie (du grec maskiat, l'oint (d'huile), le roi qui redonnera la gloire au Temple de Jérusalem). Il y a eu du reste un messie dont parlent les manuscrits de la mer Morte, qui aurait vécu une génération avant celle de Jésus. Lire "L’autre Messie" d’Israël Knohl, éd. Albin Michel. Et évidemment, chaque groupe pensait détenir la vérité.

Et parmi eux, il y a le mouvement de Jésus, un mouvement comme tant d'autres, qui a failli disparaître à plusieurs reprises. Ainsi, chaque chef religieux ou évangéliste a écrit (ou des scribes) son récit, son évangile en prenant la figure de Jésus comme prétexte mais en faisant le lien avec ce qu'il se passait dans sa communauté, à la lumière des problèmes du moment. Ces évangiles s’adressent donc à des communautés et à des époques très diverses. Le souci principal des auteurs est de donner aux gens la possibilité de s’identifier aux textes. Ainsi, nous avons tendance à lire les évangiles comme des interprétations d’une même histoire, se passant à un moment précis. C’est faux ! En réalité et d'après les chercheurs, les auteurs ont utilisé un même personnage persécuté et exécuté mais pour écrire des histoires différentes, se déroulant à plusieurs époques et selon les communautés auxquelles elles étaient destinées, cela dans un but purement de propagande politique! Il fallait séduire les populations qui avaient le choix entre plusieurs courants! C’est pour cela qu’il y a de telles divergences dans ces récits !

Par exemple et brièvement : Marc décrit avec force détails la passion (dont on n'a aucune preuve), car les gens de sa communauté meurent ainsi, torturés et massacrés par les Romains, ils se sentent abandonnés : "Mon dieu, mon dieu pourquoi m'as-tu abandonné ?" (Marc 15,33). Car il faut le savoir, cet évangile, le plus ancien du Nouveau Testament, a été écrit peu après l’échec de la première révolte pour une communauté qui tente désespérément de concilier ses aspirations religieuses avec la perte du Temple, En effet, peu de temps avant, en l’an 66 de notre ère, la résistance juive entre en conflit ouvert avec Rome. Les rebelles s’emparent de Jérusalem. Source : les manuscrits de la mer Morte, le manuel de la guerre. Les violentes prédictions des Esséniens semblent à ce moment sur le point de se réaliser. Les gens pensent vraiment pour la plupart, que cette première révolte marque l’apocalypse et l’avènement du nouveau Royaume ! Plusieurs chefs rebelles se considèrent alors réellement comme des messies ou des prophètes. Fidèles et absolument sûrs de leurs croyances, les Esséniens attaquent les Romains, un peu sans réfléchir, et sont évidemment anéantis ! De nombreux chrétiens pensent également que la guerre est l’apocalypse ! Mais les troupes romaines pillent et incendient le Temple, en s’emparant des symboles sacrés du judaïsme. Jérusalem, ville sacrée, ainsi que le Temple, symbole de la piété et de l’identité juive, ont disparu. Jusqu’à cette première révolte, les chrétiens font toujours partie intégrante du judaïsme. La révolte et ses conséquences marquent le tout début d’une scission, quand chaque groupe tente de repenser ses traditions à la lumière de la défaite. Sans cet épisode crucial, il n'y aurait pas eu de christianisme. C'est un premier tournant pour le mouvement de Jésus.

Marc relie donc clairement la destruction du Temple à ce qui constitue selon lui la signification de la vie et la mort de Jésus en écrivant l'épisode de la passion. C'est lui qui se sent obligé de supprimer les paroles de type apocalyptiques de Jésus qui prévalaient avant la guerre. Par contre, Marc ne mentionne pas de résurrection à l'origine dans son évangile. Cet évènement sera ajouté plus tard sous Matthieu pour séduire l'esprit et le chœur des villageois en donnant de l'espoir, car la communauté de Matthieu est en compétition avec celle des Pharisiens devenus des adversaires après la guerre (tandis qu'au temps de Jésus, les Pharisiens n'étaient en réalité pas importants politiquement), L'évangile de Matthieu reprend donc l'évangile de Marc mais en faisant le lien avec le débat conflictuel qu'il y a eu entre ces deux groupes, le mouvement de Jésus et les Pharisiens. Les tensions que cela engendrera, aboutiront à une fracture du judaïsme et au schisme entre juifs et chrétiens, avec les conséquences que l'on connaît. L'évangile de Matthieu est donc le récit de ce débat, de ce début de séparation.

L'évangile de Luc (qui inclut aussi celui de Marc) accentue la séparation des deux communautés, car son auteur, très certainement d’origine païenne, écrit surtout pour les païens. C'est un compagnon de voyage de Paul. C'est lui qui rédige les Actes des Apôtres en dépeignant l’essor de la jeune Eglise à travers l’Empire. Il raconte comment la parole de Jésus s’est diffusée dans le reste du monde connu. Jésus est chez lui un personnage puissant et érudit (comme lui-même qui est médecin et maîtrise parfaitement le grec), un prophète digne de la tradition hébraïque et qui sait lire les écritures. En fait, toujours selon les historiens, cet évangile n'est que la moitié d'une oeuvre considérable et fantastique de deux volumes, écrite dans un style littéraire (le meilleure des quatre évangiles) et romanesque dans la veine de la littérature gréco-romaine, avec tous les ingrédients du genre : naufrage, animaux et végétation exotique, cannibales. A l'origine, cette oeuvre raconte une histoire bien plus vaste que la vie de Jésus. Elle débute avec Jean-Baptiste et se termine avec Paul à Rome. La préoccupation majeure et le dilemme de cet auteur sont ceux des communautés chrétiennes à travers l'Empire : du fait que leur maître à penser est un criminel politique exécuté, ces chrétiens sont considérés comme des agitateurs, voire des révolutionnaires. Il faut alors convaincre que cette terrible histoire n'est qu'une erreur et que le christianisme n'est absolument pas dangereux, n'a rien à voir avec la politique. C'est dans cet évangile qu'on fait dire aux deux malfaiteurs crucifiés en même temps que Jésus : Luc 23,41 "Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais celui-là (Jésus) n'a rien fait de mal." On veut montrer que la morale de Jésus est tout à fait compatible avec le fait d’être un bon citoyen. Luc veut aussi faire croire que Paul est accueilli avec bienveillance par les gardes romains et qu'il peut prêcher librement. L'exécution de ce dernier à Rome n'est pas mentionnée, le récit se termine même par une note triomphale. Mais par contre, la tradition juive est malmenée dans ces écrits. Luc est beaucoup plus hostile au judaïsme. C’est dans les Actes que les disciples de Jésus sont appelés "chrétiens". Cela traduit une prise de conscience ethnique et affirme le fait que les chrétiens ne sont plus uniquement "des juifs". L’œuvre de Luc montre que le mouvement de Jésus s’éloigne de ses racines juives pour se rapprocher de l’espace politique et social romain. L'autre but est de démontrer que le mouvement se déplace de Jérusalem à Rome et que l'histoire finit là. Les autres communautés chrétiennes du proche orient par exemple ne sont pas mentionnées.

L'Evangile de Jean est le quatrième et dernier évangile rédigé en 70 après la mort de Jésus. Il retrace l’histoire d’une communauté où les relations entre juifs et chrétiens se sont considérablement envenimées, atteignant presque le point de rupture. Jésus est ici un personnage serein, capable de parler longuement du divin. La langue est totalement différente de celle des autres évangiles. Il est appelé "l’évangile de l’esprit". L’histoire de Jésus y est racontée dans un style symbolique. Lors de l’arrestation de Jésus, c’est ce dernier qui maîtrise la situation. Et lors de l'exécution, il ne meurt pas le même jour que dans les autres évangiles, où il mange la Pâque avant de mourir. Chez Jean, le dernier repas a lieu avant le commencement de la Pâque et Jésus est sur la croix, tandis que les agneaux sont égorgés pour la fête. Jésus ne mange pas le repas pascal, il est le repas pascal : "…qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi…" (Jean 6, 55-56). L'idée du sang a deux objectifs : celui de reprendre le mythe d'un dieu sauveur qui régénère le monde grâce au sang répandu, apportant salut et rédemption comme dans le culte du dieu Mithra (quant au vin, il est issu des rituels de Mithra mais également de Dionysos). Et celui de heurter les susceptibilités juives car c'est totalement contraire aux règles alimentaires juives ! Ces termes ont donc une fois encore une nette consonance politique. Ils traduisent l’évolution de la relation entre juifs et chrétiens. Dans l’Empire, le judaïsme lui-même est en pleine évolution. La synagogue, lieu de réunion à l'origine, devient centre religieux, tandis que le culte se concentre progressivement sur la Torah ou parole de Dieu. Or, la communauté de Jean considère Jésus comme la parole de Dieu et c’est pour cela qu’elle va être chassée de la synagogue. Selon les chercheurs, la communauté de Jean est en fait de plus en plus marginalisée, l’objectif qui était de diriger le judaïsme étant de moins en moins réalisable. Les gens de cette communauté ne cessent de diminuer et ils appellent désormais leurs compatriotes "les juifs", car ils se sentent profondément coupés de leur propre judaïsme. En clair, ils sont en train de perdre et la violence des propos s’intensifie. Alors que chez Marc, c’est la foule qui est contre Jésus et chez Matthieu, en 85, c’est toute la population, chez Jean, en 90, se sont tous les juifs qui s’opposent à Jésus ! C’est une véritable escalade !

Et tout ce beau monde était érudit, car non seulement les auteurs se sont inspirés de la tradition juive afin de convaincre que Jésus était bien le nouveau roi sensé redonner toute sa splendeur à Jérusalem (splendeur qui n'aurait jamais existé selon les récentes découvertes archéologiques mais cela est une autre histoire, lire l'ouvrage "La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l'archéologie", Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman...), mais ils devaient également avoir sous les yeux les écrits de l'Antiquité circulant partout grâce, ironie du sort... au réseau étendu de voies romaines! Et c'est pour cela que l'histoire de Jésus ressemble à s'y méprendre aux vies des dieux de l'Antiquité, comme celle de Mithra (voir les nombreux sites à ce sujet)... Le coup de " Tu m'as donné à boire..." Matthieu 25, est probablement tiré du livre des morts des Egyptiens : "j’ai donné du pain à ceux qui avaient faim ; de l’eau à ceux qui avaient soif ; des vêtements à ceux qui étaient nus et une barque au naufragé…" Papyrus d’Anhaï, env. 1100 av. J.-C. Ainsi que de "Philémon et Baucis" dans les Métamorphoses, ouvrage du poète latin Ovide (43 av. J-C.), où deux divinités se déguisent en mendiants et sont accueillis chez un couple de vieux, qui, sans reconnaître les dieux, vont offrir l'hospitalité alors qu'ils sont pauvres. Ils en seront récompensés! Université de Genève, 2006.

Et Jean (d'origine païenne) se trompe dans son évangile en décrivant un Jésus mort, entouré de bandes, à qui Nicodème apporte "cent livres (50 kg !) de myrrhe et d’aloès", voir Jean, 19,39-41. En clair, cela s’appelle une momification, coutume égyptienne !

Rappelons en passant, que les hébreux se sont aussi inspirés à l'origine des religions égyptienne et perse (lors de l'exile : "Les Bâtisseurs d’Empires" de Jim Hicks, collection les Origines de l’Homme) et que le psaume 104 de l'ancien Testament est pratiquement copié mot pour mot d'un texte d'Akhenaton glorifiant le disque solaire. "Akhénaton et Néfertiti" Arte, 27 avril 2002.


Deuxième tournant pour le mouvement de Jésus : ce que Jean décrit dans son histoire de Jésus n’est donc encore qu’un conflit local entre deux communautés. Mais il va bientôt être radicalisé par la révolte politique juive contre les Romains et la romanisation de Jérusalem. En l’an 132, la rumeur court dans Jérusalem que l’empereur Hadrien veut reconstruire la ville et le Temple pour les dédier à Jupiter, protecteur de Rome ! Beaucoup de juifs voient là un sacrilège qui mérite la vengeance divine. Sur le plan politique, l’attente de l’apocalypse n’a pas disparu après la première révolte. Certains, issus de la tradition juive, mais aussi chrétienne, attendent encore un cataclysme qui marquerait l’avènement d’un nouveau royaume sur terre.

La deuxième révolte. 60 ans après la première révolte, une nouvelle rébellion éclate. C’est la seconde révolte juive contre Rome ou révolte de Bar-Cocheba. Bar-Cocheba est un célèbre rebelle qui est au cœur de la politique de l’époque, un genre de messie soutenu par de vastes pans de la population. Prétendant également descendre du roi David et être le "Messie", il a le soutien d’un des personnages les plus influents d’alors, le rabbin Akiba (source le Livre de Baruch). Ce messie-là est parvenu à s’emparer de Jérusalem quelques temps. Les archéologues ont retrouvé des pièces datant de cette période sur lesquelles est gravé "An 1 de la Rédemption d’Israël". Les juifs sont à nouveau persuadés d'avoir établi le nouveau Royaume. Cette seconde révolte contre Rome, la guerre de Bar-Cocheba, est encore pire que la première. Certains juifs ont tenté alors d’en inciter d’autres, y compris les chrétiens, à participer au conflit, afin que Dieu puisse enfin rétablir ce fameux Royaume, ce nouveau pouvoir. Mais cette fois les chrétiens ont répondu par la négative car ils pensent avoir le "vrai" messie ! En 1951, près de Massada, les archéologues ont retrouvé des ossements d'hommes, de femmes et d'enfants, ainsi que des écrits laissés par Bar-Cocheba. Ils témoignent d'un siège que les Romains infligèrent à ce rebelle et ses adeptes. Dans ses lettres, on s'aperçoit que Bar-Cocheba s'attendait à avoir du renfort mais il est mort de faim, avec les gens qui l'avaient suivi, plutôt que de se rendre. L'épisode de cette deuxième révolte est également très important car il anéantit les espoirs messianiques des juifs et force le mouvement de Jésus à se tourner vers une autre voie. Plus qu’une vision apocalyptique, le Royaume de Dieu devient alors une abstraction spirituelle. Selon les historiens, nous voilà à un moment essentiel de l’histoire. Les deux héritiers d’une foi ancienne, le judaïsme rabbinique et le jeune christianisme, vont désormais suivre deux chemins séparés

Des groupes "judéo-chrétiens" plus proches de la tradition juive persisteront. Ils seront persécutés par ceux, chrétiens de l'étranger, devenus plus nombreux. Ces groupes judéo-chrétiens existent encore aujourd'hui. Un autre groupe, les judéo-nazaréens (voir le site), aurait conduit à l'Islam.

A Rome, le christianisme essaie de s'intégrer à la société romaine tout en restant une secte un peu obscure et assez insignifiante. Il fait partie du groupe, par lequel il est influencé, qui considère que la vie dans l’après mort peut être supérieure à celle de l’avant mort. Dans ce groupe on trouve aussi des philosophes d’inspiration spiritualistes, tels les platoniciens et les stoïciens. Il y a aussi les adeptes des religions dites "du salut", telles les cultes éleusiniens, mithriaques, isiaques, et bon nombre d’autres cultes proposant à l’adepte, presque toujours au travers d’une initiation, un moyen de se gagner une immortalité bienheureuse. Université de Genève, février 2006.

Au IIe siècle seulement, le christianisme devient identifiable et fait partie du monde romain. Les peintures dans les catacombes de Rome témoignent de cette intégration en illustrant un christianisme paganisé. Il y a un besoin de redéfinition devant la prolifération de mouvements avec différentes pensées. On insiste lourdement sur le martyre de Jésus, car certains chrétiens sont morts en martyre et on veut une fois encore que les gens puissent s'identifier au discours. En Gaule, le jeune évêque Irénée tente d’unifier les chrétiens, l’union faisant la force. C’est lui qui invente la notion d’orthodoxie (en grec "celui qui pense droit"). Il combat non seulement ceux qui croient en des évangiles complètement différents, mais aussi les adeptes de Marcion qui pensent que Jésus doit être représenté par un évangile unique. Il tente alors de trouver un compromis. Irénée déclare que le nombre juste d’évangiles doit être de quatre, comme les points cardinaux, les vents, les bêtes de l’Apocalypse etc. Les différents courants, au sein du mouvement de Jésus, ont dû se mettre d’accord sur une tradition fiable, séduisante, en gardant ce qu’ils avaient envie d’entendre, en éliminant le reste. Parmi les critères de choix, les évangiles doivent retracer les souffrances et la mort de Jésus. En effet, le moment fort du rite chrétien, la célébration de l’eucharistie, n’avait plus lieu d’être sans cette histoire. C’est dans ce sens que sont choisis les évangiles, mais, fait intéressant pour les chercheurs, en préservant dans une certaine mesure la diversité d'écriture et ainsi plaire au plus grand nombre (des érudits au bon peuple).


Troisième tournant pour le mouvement de Jésus : c'est en 325, lors du 1er concile œcuménique de Nicée convoqué par l'empereur Constantin 1er (pas encore converti) pour des raisons politiques, que les principes des cultes païens sont repris par le christianisme de Rome qui devient alors religion d'Etat. En 391, les cultes païens sont formellement interdits, leurs lieux de culte détruits, leurs adeptes (il y aura des célébrations clandestines) persécutés. (Voir les sites à ce sujet).

Le mouvement de Jésus a perdu en Palestine. Il a gagné en Occident.

Les raisons de ce succès sont multiples et complexes mais on peut en citer trois :
  • les chrétiens devaient savoir lire et écrire pour comprendre les saintes écritures. Ils s'infiltrent assez sournoisement dans le gouvernement romain. Ils n'ont que peu été persécutés contrairement à ce que la propagande religieuse et plus tard, le cinéma nous ont fait croire. Ils ont eu des ennuis sporadiquement, non pas à cause du message "d'amour" de Jésus, mais, à l'instar des juifs, de leur refus du sacrifice à l'empereur mettant en danger la paix sociale. Lorsque les dirigeants romains s'aperçoivent de l'importance des chrétiens au sein de leur gouvernement, il est déjà trop tard.

  • les chrétiens proposent l'entraide en échange de la conversion. Ils gagnent surtout des fidèles en tendant une main charitable aux indigents. Et cela, les chrétiens le tiennent des juifs, ils ne l'ont pas oublié (et les juifs des Egyptiens, lire "Le fabuleux héritage de l'Egypte" de C. Desroche Noblecourt). Ils ont vite compris que cette charité était importante, car il n’y a pas d’organisation sociale établie dans l’Antiquité (sauf des dons privés ou autres).

  • le mouvement de Jésus accepte les femmes dans son culte (déjà sous Paul, les réunions se tenaient souvent chez des femmes influentes) contrairement au culte du grand rival : le mithraïsme, où les femmes sont interdites. Ainsi, ce sont les femmes qui principalement ont transmis cette religion.

Et alors : "Les hauts dignitaires romains ne se hâtèrent guère de mettre en œuvre les décrets antipaïens promulgués par la suite par des empereurs appartenant à une famille de parvenus qu’ils méprisaient. Le peuple, de son côté, ne les pressait guère de le faire. Le christianisme ne triompha vraiment que lorsque l’aristocratie romaine en vint à le considérer comme un moyen de préserver sa culture et ses positions. Quand l’empire commença à se désagréger, les rejetons de l’ancienne aristocratie romaine se coiffèrent de mitres épiscopales (vestiges des habits portés par les prêtres païens) pour récupérer l’autorité que leurs ancêtres avaient exercée sous la pourpre sénatoriale. Ils recopièrent les manuscrits qui portaient témoignage de leur ancienne culture et les confièrent à des monastères où les œuvres littéraires jouissaient d’une certaine protection, fût-elle précaire. Et lorsque ces mêmes hommes commencèrent à pactiser avec les rois germaniques, ce fut le début d’une nouvelle époque. En Gaule, Clovis, roi des Francs mérovingiens, se convertit (aussi influencé par sa jeune épouse catholique) autour de l’an 500 : dès lors, les évêques romains devinrent les guides et mentors d’une dynastie qui dota la Gaule d’une autorité unique et inaugura le régime catholique le plus important d’Europe."
Extrait de "the Hamlin Historical Atlas, Londres, 1981, Richard I. Moore, dans la Nouvelle Revue d’Histoire
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Peu à peu, le mouvement de Jésus, petite secte juive politico-religieuse, est devenu, sous l'influence également d'auteurs importants comme Saint Augustin (354-430, philosophe chrétien qui tenta de faire la synthèse entre Platon et le christianisme) et Saint Thomas d'Aquin (XIIIe s., théologien italien qui fit pareil avec Aristote) voir les sites qui leur sont consacrés, une doctrine totalement intellectuelle, spirituelle et abstraite, incompréhensible au commun des mortels : le Christianisme.

La construction du Christianisme avec ses variantes est donc d'une extrême complexité. Les Eglises tirent leur épingle du jeu en proposant paradoxalement un message simple, pour ne pas dire simpliste, amalgame de charité et de paradis mais accessible à tous.

Autres principales références de mon texte :
"La naissance du Christianisme", TSR2 2003
"Corpus Christi " de G. Mordillat et J. Prieur, Arte Vidéo.



mha



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