Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion  >  Vos contributions    > Comparaison entre ... > 8/12


Comparaison entre la conception islamique
et la conception occidentale de la loi
et son impact sur les minorités

Page 8 / 12


par Sami Aldeeb  -  07/03/2007



Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.


Chapitre III. Loi islamique et minorités musulmanes

5) Naturalisation des musulmans

Malgré l'opposition de la doctrine musulmane, l'émigration est un phénomène inéluctable que les pays musulmans ne sauraient empêcher, sauf à assurer à leurs ressortissants une sécurité matérielle et une liberté intellectuelle satisfaisantes. Ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Et le problème aujourd'hui n'est pas d'empêcher les musulmans d'émigrer, mais plutôt de ne pas les perdre définitivement, notamment à travers la naturalisation.

Un ouvrage en arabe, paru à Paris en 1988 et réédité en 1993, est consacré à la naturalisation. Le titre de cet ouvrage en dit long: "Le changement de nationalité est une apostasie et une trahison". Son auteur, très probablement un Algérien, estime que le musulman qui opte pour la nationalité d'un pays non-musulman est un apostat du fait qu'il a commis un acte interdit par le Coran et la Tradition de Mahomet. Ce musulman doit donc renoncer à cette nationalité pour que Dieu lui pardonne ce péché. Celui qui reste dans sa nouvelle nationalité et meurt aura comme sort l'enfer.

Cet auteur cite parmi les raisons qui poussent les pays occidentaux à octroyer leur nationalité aux musulmans:
  • L'augmentation du petit nombre d'occidentaux. Or ceci réduit le nombre de musulmans.

  • L'exploitation du musulman pour améliorer la situation économique des non-musulmans. Or un musulman ne devrait jamais accepter d'être exploité par un non-musulman.

  • L'attirance progressive de musulmans dans la mécréance et l'athéisme. Or ceci est une perte pour les musulmans et un gain pour les mécréants et les athées.
Il explique que le musulman qui obtient la nationalité d'un autre pays musulman, ne change pas de statut, puisque tous les musulmans sont des frères. Mais le musulman qui obtient la nationalité d'un pays non-musulman comme la nationalité française, anglaise, américaine, allemande ou toute autre nationalité d'un pays mécréant et athée, ce musulman devient un apostat auquel on propose le repentir pendant trois jours et trois nuits. S'il revient à sa nationalité islamique, il est sauf. S'il refuse, il est passible de la peine de mort. L'auteur cite à cet égard le récit de Mahomet: "Celui qui change sa religion, tuez-le"; "Le sang d'une personne n'est permis que dans trois cas: l'homme marié qui commet l'adultère, la mise à mort en application de la loi du talion, et celui qui abandonne la religion délaissant la communauté". Par conséquent, le musulman qui acquiert la nationalité non-musulmane doit être considéré comme ayant abandonné sa religion et traité comme un apostat: sa femme musulmane sera répudiée, ses biens seront confisqués au profit du trésor public, et après sa mort on ne priera pas pour lui ni on ne l'enterrera dans le cimetière des musulmans en vertu du verset: "Ne prie jamais pour l'un d'entre eux quand il est mort, ne t'arrête pas devant sa tombe. Ils ont été incrédules envers Dieu et son Prophète et ils sont morts pervers" (9:84). L'auteur présente alors les preuves selon lesquelles le musulman naturalisé devient apostat:
  • Le musulman qui se fait naturaliser pour bénéficier des droits reconnus par le pays étranger accepte l'application des lois mécréantes au lieu des lois islamiques. Or, selon de nombreux versets coraniques, le musulman qui rejette la loi islamique devient apostat.

  • Le musulman qui se fait naturaliser devient un allié des mécréants et des athées. De nombreux versets coraniques interdisent une telle alliance, dont ceux-ci: "Que les croyants ne prennent pas pour amis des mécréants de préférence aux croyants. Celui qui agirait ainsi, n'aurait rien à attendre de Dieu – à moins que ces gens-là ne constituent un danger pour vous" (3:28); "Ô vous les croyants! Ne prenez pas pour patrons mes ennemis et les vôtres en leur manifestant de l'amitié, alors qu'ils ne croient pas à la vérité qui vous est parvenue" (60:1). En vertu de ces versets, il n'est pas permis aux musulmans de s'allier aux mécréants... sauf si on les craint, recourant ainsi à la dissimulation pour éviter le danger.

  • Le Coran interdit au musulman de séjourner parmi les non-musulmans. L'auteur cite ici les versets coraniques qui incitent à l'émigration de la Terre de mécréance vers la Terre d'islam. À plus forte raison, il est interdit au musulman d'acquérir la nationalité d'un pays non-musulman.

  • Le musulman qui se fait naturaliser et séjourne dans un pays mécréant expose ses enfants et sa famille à la mécréance. Ce musulman n'a plus de religion et ressemble à une plume que le vent déplace à son gré. Son objectif est seulement de remplir son ventre et de satisfaire son sexe. Ce musulman devient membre de l'armée du camp ennemi et combat ses propres frères musulmans pour satisfaire les gens dont il a obtenu la nationalité. Ainsi le musulman rompt tout lien avec l'islam. Mahomet dit à cet égard: "Celui qui porte les armes contre nous n'est plus des nôtres".

  • Celui qui se fait naturaliser est un traître pour son peuple et sa patrie. Or, la trahison est interdite par le Coran. Ce musulman a quitté son pays, l'a échangé contre un pays mécréant et s'est soumis à ses lois au lieu des lois islamiques.
L'auteur en question rapporte différentes fatwas d'autorités religieuses qui affirment que l'acquisition par un musulman de la nationalité d'un pays non-musulman constitue une apostasie. Ces fatwas ont été émises au moment de la domination coloniale française sur l'Algérie et la Tunisie. Les autorités françaises avaient alors ouvert la voie de la naturalisation des musulmans. Ceux qui acceptaient la nationalité française étaient soumis aux lois françaises. Selon cet auteur, le contenu de ces fatwas a une portée générale qui dépasse la période coloniale dans la mesure où elles partent de l'idée que la naturalisation implique la soumission du musulman au droit national étranger. Or ceci constitue une apostasie pour le musulman.

Cet auteur va jusqu'à demander aux citoyens des pays non-musulmans qui se convertissent à l'islam de renoncer à leur nationalité et de quitter leur pays pour aller dans un pays musulman. Et si ces pays refusent de les accueillir, ces nouveaux musulmans peuvent leur opposer le verset: "S'ils se repentent, s'ils s'acquittent de la prière, s'ils font l'aumône, ils deviennent vos frères en religion" (9:11). D'autre part, Dieu a garanti éternellement aux immigrés de trouver une place de sécurité: "Celui qui émigre dans le chemin de Dieu trouvera sur la terre de nombreux refuges et de l'espace. La rétribution de celui qui sort de sa maison pour émigrer vers Dieu et son Prophète, et qui est frappé par la mort, incombe à Dieu. Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux" (4:100). Tout musulman est donc tenu de quitter la Terre de mécréance, de ne pas rester en compagnie des mécréants et des athées, et de ne pas se soumettre à leurs lois. Celui qui ne le fait pas désobéit à Dieu et à Mahomet et n'est plus musulman. Cet auteur refuse même l'idée de la double nationalité et critique les pays musulmans qui la permettent. Il avance les arguments suivants contre la double nationalité:
  • Le double national se soumet à des lois mécréantes et rejette les lois islamiques. Or ceci constitue une apostasie.

  • La double nationalité relève de l'hypocrisie, interdite par le Coran: "Chaque fois qu'ils rencontrent des croyants, ils disent: Nous croyons. Mais lorsqu'ils se retrouvent seuls avec leurs démons, ils disent: Nous sommes avec vous; nous ne faisions que plaisanter" (2:14). Elle relève aussi de la ruse et de la tromperie, interdites en droit musulman.

  • Le double national ressemble aux mécréants. Or Mahomet dit: "Celui qui ressemble à un groupe en fait partie".
Al-Jaza'iri, prédicateur de la Mosquée du Prophète à Médine, se penche aussi sur la question de la naturalisation. Il invoque trois fatwas à ce sujet:
  • La fatwa du cheikh Hamani, Président du Conseil islamique suprême en Algérie, qui considère que l'acquisition de la nationalité d'un pays mécréant est une apostasie. Le naturalisé ne peut épouser une musulmane, il est privé de la succession, et il ne sera ni lavé ni enterré dans le cimetière des musulmans.

  • La fatwa saoudienne no 4801 de 1982 concernant un imam algérien en France qui voulait savoir s'il pouvait acquérir la nationalité française. Cette fatwa affirme: "Il n'est pas permis d'acquérir volontairement la nationalité d'un pays mécréant du fait que cela implique l'acceptation de ses normes, la soumission à ses lois, l'assujettissement et l'alliance avec ce pays. Or, il est clair que la France est un pays mécréant en tant que gouvernement et en tant que peuple, et tu es un musulman. Il ne t'est donc pas permis d'acquérir la nationalité française".

  • La fatwa saoudienne no 2393 émise une année plus tard concernant un Égyptien naturalisé canadien. Cette fatwa précise:
      "Il n'est pas permis à un musulman d'acquérir la nationalité d'un pays dont le gouvernement est mécréant parce que cela est un moyen d'alliance avec les mécréants et une acceptation des erreurs qu'ils suivent. Quant au séjour sans obtenir la nationalité, il est en principe interdit en raison
  • de ce que Dieu dit: "Au moment de les emporter, les anges disent à ceux qui se sont fait tort à eux-mêmes: En quel état étiez-vous? Ils répondent: Nous étions faibles sur la terre. Les anges disent: La terre de Dieu n'est-elle pas assez vaste pour vous permettre d'émigrer? Voilà ceux qui auront la géhenne pour refuge: quelle détestable fin! À l'exception de ceux qui sont faibles et incapables parmi les hommes, les femmes et les enfants; car ils ne sont pas dirigés sur le chemin droit" (4:97-98),

  • de la parole de Mahomet: "Je suis quitte de tout musulman qui habite parmi des polythéistes", et d'autres récits qui vont dans ce sens,

  • de l'unanimité parmi les musulmans selon laquelle il faut émigrer des pays polythéistes vers la Terre d'islam lorsque c'est possible.

    Mais le savant religieux peut séjourner parmi les mécréants pour leur transmettre l'islam et les appeler à s'y convertir, à condition qu'il ne craigne pas la perversion, et qu'il y ait l'espoir de les influencer et de les guider".
Commentant ces fatwas, Al-Jaza'iri écrit que, contrairement à la fatwa algérienne, les deux fatwas saoudiennes, tout en interdisant la naturalisation, ne considèrent pas le naturalisé comme un mécréant. Il signale qu'avec l'expansion de la laïcité, l'appartenance à une religion devient une affaire libre. On peut ainsi devenir britannique ou français sans devenir chrétien, et on peut devenir pakistanais sans devenir musulman. Par conséquent, celui qui acquiert la nationalité d'un pays non-musulman tout en gardant sa foi et en respectant les interdits religieux ne devient pas mécréant. Al-Jaza'iri ajoute que traiter d'apostats des millions de musulmans vivant dans les pays de mécréance ne résout pas leurs problèmes mais les complique, d'autant qu'il n'est pas possible de ramener tous ces musulmans vers les pays musulmans. Face à cette impossibilité, il préconise la création d'une commission de tous les pays musulmans dans le but de sauvegarder les droits des immigrés et de les empêcher de se dissoudre dans les sociétés mécréantes et athées. Nous avons mentionné cette commission dans le point précédent.

Comme signalé plus haut, le problème de l'acquisition de la nationalité d'un État non-musulman a été posé par le Centre islamique de Washington à l'Académie du droit musulman qui dépend de l'Organisation de la Conférence islamique. L'Académie a dû renoncer à donner une réponse à cette question en raison des divergences entre ses membres.

Signalons ici que le Maroc prévoit le principe de l'allégeance perpétuelle en matière de nationalité. Un Marocain ne peut renoncer à sa nationalité par sa simple volonté; il faut en plus "une autorisation par décret à renoncer à la nationalité marocaine" (article 19 de la Loi sur la nationalité). La perte de la nationalité, affirme un auteur marocain, est une question purement théorique puisqu'en vertu du principe de l'allégeance perpétuelle un Marocain naît et meurt marocain. Pour preuve, le service de la nationalité, au Ministère de la justice ne dispose pas de formulaires propres à la sortie de la nationalité marocaine. En vertu de cette norme, les juifs qui ont quitté le Maroc pour Israël gardent toujours, aux yeux du Maroc, leur nationalité marocaine et peuvent revenir dans leur pays d'origine quand ils le désirent.



Suite   >>>   Chapitre III. 6) Migration: intégration ou désintégration

Voir la page d'accueil sur l'islam


Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion   Vos contributions    Haut de page    Contactcontact   Copyright ©