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"L'antisionisme est synonyme de l'antisémitisme"

Un premier ministre, pompier-pyromane
ou
Du manque de sens de responsabilité du Premier Ministre


par Mouloud Haddak  -  25/03/2016




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Le gouvernement socialiste a promulgué, à tort ou à raison, l'état d'urgence. Cet état d'urgence impose aux citoyens que nous sommes des contraintes auxquelles nous nous soumettons parce que nous sommes des républicains respectueux des lois de notre pays.

En contrepartie, nous sommes en droit d'attendre des plus hautes autorités de l'Etat une attitude et un comportement responsables et exemplaires, notamment concernant des sujets aussi sensibles que le terrorisme islamique ou pas, l'antisémitisme et les appréciations légitimes qu'on peut avoir à l'égard du sionisme et de la politique de l'Etat d'Israël.

Nous sommes donc en droit de réclamer des explications quant aux déclarations de notre premier ministre faites lors d'un diner communautaire, le diner du CRIF. Le premier ministre déclare, entre autres : "Il y a l'antisémitisme et il y a l'antisionisme, c'est-à-dire tout simplement le synonyme de l'antisémitisme et de la haine d'Israël." Déclarer que l'antisionisme est le synonyme de l'antisémitisme, revient à prohiber toute opinion ou appréciation en défaveur de l'Etat d'Israël. C'est à proprement parler une atteinte grave aux libertés fondamentales.

Le premier ministre s'appuie sur des discours de jeunes sauvageons qui confondent dénonciation de l'expansionnisme de l'Etat d'Israël et antisionisme d'une part et antisémitisme de l'autre, pour, non pas, expliquer ou rappeler la différence entre les deux et les limites à ne pas franchir, comme c'est de son devoir, mais faire exactement le même amalgame... Ce qu'on peut comprendre, sans l'excuser, de la part de jeunes à la dérive, est complétement inadmissible, voire criminel, de la part d'un premier ministre, de gauche, de surcroit !

Utiliser la lutte contre l'antisémitisme pour défendre le sionisme et, pire encore, la politique d'Israël, affaiblit et dénature la lutte contre l'antisémitisme et met en danger nos compatriotes juifs plus sûrement qu'une fatwa d'un quelconque illuminé enturbanné !

Effectuer ces déclarations sujettes à caution à plus d'un titre dans l'enceinte même d'une instance communautaire et partisane, est une pure provocation qui démontre une absence totale du sens de la mesure et des responsabilités.

Surtout, quand dans le même temps, Monsieur le Premier Ministre défend avec véhémence le droit d'être islamophobe. Est-ce à dire, Monsieur le Premier Ministre, que le droit au blasphème ou à l'irrévérence serait à géométrie variable : légitime quand il s'agit de la religion musulmane et illégale même quand il s'agit d'une vision politique discutable de la religion juive, comme le sionisme ?

D'ailleurs, on peut se demander si, au moment où la laïcité subit tant de coups de boutoirs des intégrismes de tout bord, il n'aurait pas été plus indiqué que le gouvernement adopte une attitude plus réservée et plus impartiale à l'égard des différents communautarismes religieux. Que l'essentiel du gouvernement se sente obligé de répondre présent à l'injonction d'une instance communautaire, c'est proprement scandaleux, à croire que le gouvernement n'a rien d'autre à faire de plus urgent.

A l'heure où les plus hautes autorités de l'Etat devraient donner l'exemple du sens des responsabilités, du sens de la mesure et du respect des citoyens, Monsieur le Premier Ministre se complait dans des discours polémiques de matamore, dans des provocations partisanes, outrancières et, par conséquent, irresponsables. Ce discours ne peut avoir qu'un effet contre-productif concernant la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.

On peut légitimement se demander si le Premier Ministre n'est pas plus préoccupé par le soutien de la politique de l'actuel gouvernement israélien que par ses responsabilités nationales. Cette façon de détourner le combat légitime contre l'antisémitisme en faveur d'un soutien inconditionnel et sans nuances à l'égard de la politique israélienne et de ses relais en France dénote un manque de sens des responsabilités.

Ce premier ministre ne fait que poursuivre la stratégie du précédent président de la République, son adversaire politique, et vise à pousser la France à se départir de sa position équilibrée de recherche d'une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien.

Cette attitude discrédite l'exécutif, délégitime sa lutte contre le communautarisme, le terrorisme et le racisme. Ce premier ministre crée une situation qui n'est pas de nature à renforcer la cohésion nationale ni le vivre ensemble et encore moins le sentiment de partager les mêmes valeurs, car les intérêts supérieurs de la Nation sont sacrifiés sur l'autel de ses convictions et intérêts personnels.

Si l'antisionisme est synonyme d'antisémitisme, alors qu'attend Monsieur le Premier Ministre pour nous poursuivre en justice, nous tous, les antisionistes ?

Si non, qu'il s'occupe de ses missions, en particulier qu'a-t-il donc fait depuis sa prise de fonctions, pour mettre fin à cet apartheid territorial, social et ethnique qu'il avait eu le courage de dénoncer à son arrivée à la tête du gouvernement ?


Mouloud Haddak



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