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Max Stirner

(1806 - 1856)

Biographie de Max Stirner :

Philosophe allemand, théoricien de l'individualisme, précurseur de l'anarchisme. Johann Kaspar Schmidt, dit Max Stirner (pseudonyme venant de son sobriquet "front large"), est né à Bayreuth dans une famille modeste. Il ne réalise pas des études universitaires complètes, mais suit des cours de philosophie de Friedrich Hegel (1770-1831). Il est engagé comme professeur dans un lycée privé de Berlin, puis fait un peu de journalisme.

Max Stirner fréquente le groupe des "Affranchis" de Bruno Bauer, chef de file des jeunes hégéliens, avec Arnold Ruge, Marx et Engels, mais il en est un membre plutôt effacé et réservé. Aussi, avec "L'Unique et sa propriété" (1845), son seul ouvrage, il surprend tout le monde par le radicalisme de sa pensée et par sa critique du "jeune-hégélianisme". Il lui reproche de manquer de conséquence et, en particulier, de ne pas réellement quitter le "cercle magique du christianisme". Max Stirner dénonce tout ce qui entrave la liberté individuelle, religion, Etat, partis, révolution, association... Il récuse tout ce qui est supra-individuel et systématique. L'intellectuel a pour mission d'être critique, tout en évitant de ne pas tourner en rond, et doit s'abstenir d'échafauder des "systèmes". Max Stirner défend un individualisme presque anarchiste et libertaire.

Ayant impressionné les autres philosophes de son entourage, il est admiré par son audace. Cependant ses théories sont perçues comme un nihilisme moral et sa vision égocentrique lui confère une réputation d'égoïste et le marginalise. Ses idées et son audace suscitent autour de lui un réflexe défensif et le brouillent avec presque tout le monde. Ayant perdu son emploi, il mène, durant les dernières années de son existence, une vie extrêmement misérable et va même deux fois en prison pour dettes. Sa mort passe presque inaperçue. "L'Unique et sa propriété" tombe dans l'oubli pendant un demi-siècle, jusqu'à la biographie réalisée par le poète anarchiste John-Henry Mackay.

Max Stirner est considéré comme l'un des fondateurs de l'anarchisme et de l'existentialisme, et particulièrement de l'anarchisme individualiste, bien qu'il ait lui-même toujours nié que sa philosophie puisse contenir une telle position. La critique qu'a faite Karl Marx de "L'Unique et sa propriété" est considérée comme décisive dans sa conversion de l'idéalisme au matérialisme.

Max Stirner proclame que les religions et les idéologies se fondent avant tout sur des superstitions. Ainsi le nationalisme, l'étatisme, le libéralisme, le socialisme, le communisme ou encore l'humanisme sont dénoncés comme telles. Max Stirner développe, pour la première fois en Allemagne, une théorie rationaliste et athée et une "philosophie de l'action". Il est le premier à annoncer la mort de Dieu et n'hésite pas à critiquer le remplacement de Dieu par l'Homme ("L'Homme n'a tué Dieu que pour être lui-même le seul Dieu dans les cieux."). Pour lui, l'un et l'autre sont des fantômes, des concepts. En mettant en avant l'"Homme" idéal et parfait, l'homme crée en fait un nouveau dieu auquel il se soumet. Pour essayer de lui ressembler, il abandonne ce qui fait l'originalité de chaque individu. C'est ce qui lui fait dire : "Nos athées sont des gens pieux".
Bibliographie : Le faux principe de notre éducation, ou Humanisme et Réalisme (article, 1842), L'Art et la Religion (article, 1842), Les Mystères de Paris d'E. Sue (étude, 1844), L'Unique et sa propriété (1845), L'histoire de la réaction (1852).

Biographie : "Max Stirner, sa vie et son oeuvre" (John-Henry Mackay, 1898)
Liens:
      lsr-projekt : Max Stirner encore et toujours un dissident
      Increvables anarchistes - Max Stirner ou l'extrême liberté
      Une définition de l'anarchisme
      Sur ce site : Max Stirner contre l'Homme-Dieu


Citations de Max Stirner :

"As-tu déjà vu un Esprit ? Moi? non, mais ma grand-mère en a vu. C'est comme moi : je n'en ai jamais vu, mais ma grand-mère en avait qui lui couraient sans cesse dans les jambes ; et, par respect pour le témoignage de nos grands-mères, nous croyons à l'existence des esprits."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"Dieu et l'humanité ne se préoccupent de rien, de rien que d'eux-mêmes. Laissez-moi donc, à mon tour, m'intéresser à moi-même, moi qui, comme Dieu, ne suis rien pour les autres, moi qui suis mon tout, moi qui suis l'unique."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"La domination de l'État ne diffère pas de celle de l'Eglise : l'une s'appuie sur la piété, l'autre sur la moralité."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"Les plus récentes révoltes contre Dieu ne sont que des insurrections théologiques."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"Lorsqu'une association s'est cristallisée en société, elle a cessé d'être une association, vu que l'association est un acte continuel de réassociation. Elle est devenue une association à l'état d'arrêt, elle s'est figée. [...] Elle n'est plus que le cadavre de l'association ; en un mot, elle est devenue société communauté."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"La religion de l'Humanité n'est que la dernière métamorphose de la religion chrétienne."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"Le Protestantisme a proprement organisé en l'homme un véritable service de "police occulte". L'espion, le guetteur "Conscience", surveille chaque mouvement de l'esprit, et tout geste, toute pensée est à ses yeux une "affaire de conscience", c'est-à-dire une affaire de police. C'est cette scission de l'homme en "instincts naturels" et "conscience" (canaille intérieure et police intérieure) qui fait le Protestant."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"On a coutume de louer le Protestantisme de ce qu'il a remis en honneur le temporel, comme par exemple le mariage, l'État, etc. Mais en réalité le temporel en tant que temporel, le profane, lui est bien plus indifférent encore qu'au Catholicisme; non seulement le catholique laisse subsister le monde profane, mais il ne s'interdit pas de goûter aux jouissances mondaines, tandis que le protestant, lorsqu'il raisonne et qu'il est conséquent, travaille à anéantir le temporel par le seul fait qu'il le sanctifie."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"Tout vagabondage déplaît d'ailleurs au bourgeois, et il existe aussi des vagabonds de l'esprit, qui, étouffant sous le toit qui abritait leurs pères, s'en vont chercher au loin plus d'air et plus d'espace. Au lieu de rester au coin de l'âtre familial à remuer les cendres d'une opinion modérée, au lieu de tenir pour des vérités indiscutables ce qui a consolé et apaisé tant de générations avant eux, ils franchissent la barrière qui clôt le champ paternel et s'en vont, par les chemins audacieux de la critique, où les mène leur indomptable curiosité de douter."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"La crainte de Dieu proprement dite est, depuis longtemps ébranlée, et un "athéisme" plus ou moins conscient, reconnaissable extérieurement à un abandon général du culte, est devenu involontairement la note dominante. Mais on a reporté sur l'Homme ce qu'on a pris à Dieu, et la puissance de l'Humanité s'est accrue de ce que la piété à perdu en importance : "l'Homme" est le Dieu actuel, et la crainte de l'Homme a remplacé l'ancienne crainte de Dieu. Mais comme l'homme ne représente qu'un autre être suprême, l'être suprême n'a fait que se métamorphoser, et la crainte de l'Homme n'est qu'une autre forme de la crainte de Dieu. Nos athées sont de pieuses gens."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"Je n'ai basé ma cause sur Rien."
(Max Stirner / 1806-1856 / L'Unique et sa propriété / 1845)

"L'Homme n'a tué Dieu que pour être lui-même le seul Dieu dans les cieux."
(Max Stirner / 1806-1856)




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