Institutrice, militante révolutionnaire et libertaire française.
Née au château de Vroncourt en Haut-Marne, Louise Michel est la fille née hors mariage du fils du châtelain, Laurent Demahis, et de la servante Marianne Michel. Elevée par ses grands-parents, elle reçoit une bonne instruction et une éducation libérale, elle lit Voltaire et Rousseau et étudie la musique. Mais en 1850, après la mort de son père et de ses grands-parents, Louise Michel est chassée du château et devient institutrice. Elle fonde une école libre où elle enseigne pendant trois ans selon les principes républicains.
Louise Michel s'installe à Paris pour enseigner dans l'institution de madame Voillier. Pour satisfaire sa soif de connaissance, elle suit les cours du soir dans les domaines les plus modernes du savoir. A Paris, Louise Michel fait la connaissance de Jules Vallès, Eugène Varlin, Rigault, Eudes, et surtout Théophile Ferré, qu'elle aime avec passion. Elle écrit pour des journaux d'opposition et rédige des poèmes qu'elle adresse à Victor Hugo. Elle entretient avec l’auteur des Misérables une longue correspondance de 1850 à 1879. Secrétaire de la Société démocratique de moralisation, dont le but est d'aider les femmes à vivre par le travail, Louise Michel mène également une activité politique, qu'elle poursuivra jusqu'à sa mort.
En 1870, elle est élue présidente du Comité de vigilance des citoyennes du XVIIIe arrondissement de Paris. Très active pendant la Commune, Louise Michel fait partie de la frange révolutionnaire la plus radicale et se porte même volontaire pour aller seule à Versailles tuer Adolphe Thiers. Sa mère ayant été arrêtée et menacée d’être exécutée pour faire pression sur elle, Louise Michel se rend pour la faire libérer. Surnommée la Vierge Rouge, elle est condamnée à la déportation à vie et envoyée en Nouvelle Calédonie où elle reste jusqu'en 1880. C'est sans doute au contact de Nathalie Lemel, une des animatrices de la Commune, déportée avec elle, que Louise Michel devient anarchiste.
Accueillie par la foule à Paris, Louise Michel reprend son activité militante. Elle donne des conférences, intervient dans des meetings, défend l'abolition de la peine de mort, les ouvriers et les chômeurs. En 1888, Pierre Lucas, un extrémiste, attente à sa vie en la blessant à la tête, mais elle témoigne au procès de celui-ci pour qu’il n’aille pas en prison. Lassée par les calomnies et le manque de liberté d’expression, elle s’installe à Londres en 1890 où elle gère une école libertaire. A la demande de Sébastien Faure, elle revient en France en 1895. Arrêtée à plusieurs reprises lors de manifestations, elle est emprisonnée pendant trois ans avant d'être libérée sur l'intervention de Clemenceau. Elle meurt d’une pneumonie à Marseille au cours d’une tournée de conférences dans le sud de la France. Une foule de 120 000 personnes l’accompagne lors de ses funérailles jusqu’au cimetière de Levallois.
Anticléricale et antireligieuse résolue, Louise Michel a été confortée par les travaux de Darwin dans un matérialisme niant l'immortalité après la mort. Elle a appartenu à un atelier maçonnique dissident du rite écossais et fut soeur au Droit Humain (une loge porte son nom à Paris 13).
Bibliographie :
Le livre du jour de l'an : historiettes, contes et légendes pour les enfants (1872), Le Gars Yvon (1882), La Misère (1882), Mémoires (1886), Les Microbes humains (1886), L'ère nouvelle - Pensée dernière - Souvenirs de Calédonie (chant des captifs) (1887), Le Monde nouveau (1888), A travers la vie (poésies, 1894), La Commune (1898).
"Je vous remercie Madame, mais votre Dieu est vraiment trop du côté des versaillais."
(Louise Michel / 1830-1905 / à une femme lui apportant les secours de Dieu dans sa prison à Versailles)
"Sans l'autorité d'un seul, il y aurait la lumière, il y aurait la vérité, il y aurait la justice. L'autorité d'un seul, c'est un crime."
(Louise Michel / 1830-1905 / Extrait d'une Plaidoirie - 22 Juin 1883)
"Dans les couvents où [la femme] se cache, l'ignorance l'étreint, les règlements la prennent dans leur engrenage, broyant son coeur et son cerveau."
(Louise Michel / 1830-1905 / Mémoires / 1886)
"La tâche des instituteurs, ces obscurs soldats de la civilisation, est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter."
(Louise Michel / 1830-1905 / Mémoires / 1886)
"Les religions se dissipent au souffle du vent et nous sommes désormais les seuls maîtres de nos destinées."
(Louise Michel / 1830-1905 / Mémoires / 1886)
"Tant que les études n'auront pas une méthode encyclopédique de manière à élargir l'horizon au lieu de le restreindre, il se joindra à tous les obstacles de la pauvreté qui entravèrent le vieux maître d'école, les obstacles du préjugé qui fait craindre ce qui ne fait pas partie du coin exploré."
(Louise Michel / 1830-1905 / Mémoires / 1886)
"Ce n'est pas une miette de pain, c'est la moisson du monde entier qu'il faut à la race humaine, sans exploiteur et sans exploité."
(Louise Michel / 1830-1905 / Mémoires / 1886)
"Vous cherchez le bonheur, pauvres fous ? Passez votre chemin : le bonheur n'est nulle part."
(Louise Michel / 1830-1905 / Mémoires / 1886)
"Ce n'est pas pour le reconstituer sur la terre qu'on a détruit l'enfer d'outre-vie ; détruit, le jour où l'on a eu conscience qu'il serait monstrueux, ce Dieu éternellement bourreau, qui, pouvant mettre partout la justice, laisserait le monde se débattre à jamais dans tous les désespoirs, dans toutes les horreurs ; et en même temps que l'enfer des religions s'écroulent les enfers terrestres avec les amorces de récompenses égoïstes qui n'engendrent que corruption."
(Louise Michel / 1830-1905 / L'ère nouvelle - Pensée dernière - Souvenirs de Calédonie (chant des captifs) / 1887)
"Toujours ceux qui s'attaquèrent aux dieux et aux rois furent brisés dans la lutte ; pourtant les dieux sont tombés, les rois tombent, et bientôt se vérifieront les paroles de Blanqui : "Ni Dieu ni maître !""
(Louise Michel / 1830-1905 / L'ère nouvelle - Pensée dernière - Souvenirs de Calédonie (chant des captifs) / 1887)
"Le laurier du poète est souvent un cyprès."
(Louise Michel / 1830-1905 / A travers la vie et la mort)
"On ne peut pas tuer l'idée à coup de canon ni lui mettre les poucettes [menottes]."
(Louise Michel / 1830-1905)
"Je suis ambitieuse pour l'humanité ; moi je voudrais que tout le monde fût artiste, assez poète pour que la vanité humaine disparût."
(Louise Michel / 1830-1905)
"Chacun cherche sa route ; nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l'égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux."
(Louise Michel / 1830-1905)
"Si un pouvoir quelconque pouvait faire quelque chose, c'était bien la Commune composée d'hommes d'intelligence, de courage, d'une incroyable honnêteté et qui avaient donné d'incontestables preuves de dévouement et d'énergie. Le pouvoir les annihila, ne leur laissant plus d'implacable volonté que pour le sacrifice. C'est que le pouvoir est maudit et c'est pour cela que je suis anarchiste".
(Louise Michel / 1830-1905)