"Il est indispensable de faire une distinction entre la vie "embryonnaire" et la vie "pathétique". Entre la vie non-consciente et non souffrante et la vie consciente et souffrante. Je vais essayer de le justifier rapidement.
Vous savez bien sûr que la doctrine de l'Eglise sur l'animation, et donc la qualification juridique de l'avortement a été très flottante au cours des siècles ! On trouve assez facilement le résumé de cette histoire mouvementée, qui ne touche en aucun cas le dogme, mais qui montre qu'en matière de rapport à l'embryon et à l'avortement, la pensée reste libre puisque rien n'a été cru "toujours, partout et par tous".
Il est clair que cette centration de plus en plus obsessionnelle sur la "vie" au sens organique est liée à "l'embourgeoisement" de l'Eglise, par liquidation de la religiosité populaire. Le bon peuple de nos campagnes était plus théologien que bien des éthiciens bavards : il vénérait les saints, il était généralement bon avec les enfants et les animaux, mais il n'aurait jamais eu l'idée bizarre de sacraliser la matière organique !
Cette sorte de consensus sur le caractère "sacré" de l'embryon empêche toute pensée sérieuse dans différents ordres :
d'abord la "psychanalyse" des idées fausses : il n'est que trop clair que l'obsession de l'embryon, c'est très souvent une névrose "bourgeoise", la défense du groupe, du clan, y compris de ses membres imaginaires ; c'est aussi le moyen de se décerner un brevet de moralité à bon compte sans trop d'efforts.
ensuite les conceptions de la vie : immense domaine qui suppose de commencer à dialectiser la vie réelle, vécue et la vie analysée par les biologistes ; la bibliographie est gigantesque, essentielle, mais semble totalement ignorée des obsessionnels de l'embryon.
enfin une conception morale vis à vis de l'ensemble de la création réellement vivante et souffrante ; on pourrait dire une sorte d'écologie générale de la création, une morale réellement pathocentrée surmontant hypocrisies, facilités et lieux communs.
Donc : laisser une place à une pensée "écologique", à une pensée de la création dans son ensemble. En finir avec l'hypocrisie et la défense des intérêts les plus platement bourgeois sous la morale de la "vie" et avec une acrimonie bizarre contre le reste de la création.
Jean-Yves, 17/07/2015
Histoire de l'Eglise en six lignes
Dès qu'elle s'affirme vers 1200 l'Eglise devient un système monstrueux, elle passe son temps à poursuivre et brûler les "hérétiques", c'est-à-dire ceux qui essaient de sortir du carcan et d'introduire un peu de justice dans le monde.
Vers 1520 enfin, un de ces hérétiques, Luther, échappe au bûcher, réfugié chez un prince atypique. Il pourra diffuser ses idées par l'imprimerie. On va pouvoir commencer à penser hors des diktats de l'Inquisition et à respirer.
Au XIXe siècle hélas : alliance du coffre-fort et du goupillon, l'Eglise fait son come back, plus mesquine et étriquée que jamais.
Elle casse méthodiquement toute perspective utopique ou anticapitaliste sérieuse...
Jean-Yves, 04/09/2015
Dieu assommé
Dieu a été tué avec des livres plutôt petits et pas lourds (en poids matériel, je veux dire).
Donc c'est sans doute qu'il n'existait pas ! On n'imagine pas un tout petit Dieu assommé par un livre de poche !
Image triste.
Pour en finir avec un vrai Dieu consistant, un Dieu digne de ce nom, on aimerait penser qu'il soit nécessaire de l'assommer au moins avec les Actes du concile de Trente, 1 200 pages grand format.
Mais évidemment, personne n'a essayé cette méthode....
Je pense qu'elle aurait plus marqué l'esprit des gens....
Jean-Yves, 17/07/2015
Notule sur la religion au XIXe siècle
Au XIXe siècle, les adversaires de l'Eglise auraient été des libres penseurs et des socialistes platement et grossièrement matérialistes.
Rien n'est plus faux : les adversaires les plus résolus de l'Eglise considéraient que celle-ci avait trahi et faussé la réalité et la vérité de la religion et qu'on ne retrouverait celles-ci que par un surcroît de religion, ou plus exactement par l'invention d'une religion purifiée adaptée à l'époque.
Ce que ne pouvait supporter l'Eglise et ce qu'elle devait à tout prix dissimuler à ses ouailles, c'est que ses adversaires les plus acharnés étaient aussi des esprits religieux extrêmement intelligents et éveillés : ésotéristes, socialistes, traditionalistes considérant que l'Eglise ayant trahi a mérité sa déchéance, protestants libéraux,...