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Science : Les astronomes de Dieu

Sciences et Avenir - avril 2005

Revue de presse


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Les astronomes de Dieu

Sciences et Avenir - avril 2005 (15 Pages)

Des églises devenues observatoires (Aline Kiner)

C'est le "Da Vinci Code" de Dan Brown qui a remis au goût du jour les méridiennes installées dans les églises, en particulier celle de Saint-Sulpice à Paris. Encastrée dans le sol et remontant, si nécessaire, sur un "obélisque" lorsque l'église n'est pas assez grande, une méridienne est une ligne de cuivre faisant office d'"héliomètre" servant à mesurer la progression du soleil dans le ciel au cours de l'année. Un trou percé dans le toit, côté sud, laisse passer un rayon du soleil qui dessine un disque lumineux sur le sol. Celui-ci croise la méridienne à midi précise à un endroit qui varie selon les saisons en fonction de l'inclinaison du soleil. Il s'agit donc d'un instrument scientifique.

Malgré la menace que cela pouvait faire peser sur ses dogmes, l'Eglise a dû faire appel à des savants. "Ceux qui jugent l'attitude de l'Eglise à l'aune de la persécution de Galilée seront peut-être rassurés d'apprendre que le fondement de sa générosité n'était pas l'amour de la science, mais tenait à un problème d'administration : déterminer et promulguer la date de Pâques." (John L. Heilbron, historien américain). En effet, depuis le Concile de Nicée en 325, Pâques doit être le premier dimanche suivant la première pleine lune du printemps. Devant être prévues plusieurs années à l'avance, les dates de Pâques étaient, jusqu'au XIVe siècle, calculées selon le modèle (erroné) des mouvements célestes de Ptolémée. Pour éviter que les fidèles ne mangent de la viande à un moment où il aurait fallu jeûner, le pape Grégoire XIII décide de réformer le mode de calcul du calendrier pascal. Les premiers astronomes à avoir installé des méridiennes sont Paolo Toscanelli en 1475 à Santa Maria del Fiore, Egnazio Dantie en 1576 pour la cathédrale San Petronio de Bologne, Gian Domenico Cassini qui réalisa vers 1650 une nouvelle méridienne dans la cathédrale de Bologne, plus précise que celle de Danti.

Ces héliomètres vont également servir à des expériences scientifiques, telles que la mesure de "l'obliquité de l'écliptique" (inclinaison de la terre par rapport au plan de son mouvement autour du soleil), l'évolution de la distance du soleil à la terre. Au bout du compte, "les méridiennes vont finir par confirmer le modèle héliocentrique jugé contraire aux Ecritures par l'Inquisition". Si les astronomes respectent la forme dans leurs démonstrations, l'Eglise se montre alors, face aux progrès de la cosmologie, "plutôt indifférente, voire bienveillante". L'apparition des télescopes permet d'observer les étoiles circumpolaires à partir d'un trou dans la façade nord des bâtiments. Mais après 1750, le perfectionnement des instruments va rendre obsolètes les méridiennes. Celles que l'on continue de construire, comme au Duomo de Florence, en 1786, serviront à régler les montres mécaniques à midi.
Un recensement a dénombré 405 méridiennes dans toute l'Europe. Même Notre-dame De Paris en dispose d'une, découverte par hasard en 1978.


Pâques, entre équinoxe et Pleine Lune (Leïla Haddad)

C'est le concile de Nicée, en 325, qui fixe la date de la fête chrétienne : "Pâques est célébré le premier dimanche qui suit le quatorzième jour de la Lune qui atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après." (le quatorzième jour de la Lune signifiant la Pleine Lune). C'est ainsi que Pâques peut suivant les années se situer entre le 22 mars et le 25 avril. Pour pouvoir fixer la date de Pâques plusieurs années à l'avance, l'Eglise, plutôt que de faire appel à l'astronomie, s'est appuyée sur "une gymnastique arithmétique aride, le "comput"", basée sur que le constat que 19 années comportent 235 lunaisons. Hors ceci n'est pas tout à fait exact. "Au fil des siècles, la Pleine Lune réelle était de plus en plus en avance sur celle des tables et au XVIe siècle, la lune de Pâques a eu lieu trois jours avant la date prévue par les computistes..." L'erreur venait d'avoir figé la date de l'équinoxe de printemps au 21 mars. En outre la durée de l'année était de 365,2422 jours et non 365,25 comme on le pensait.

C'est ainsi qu'en 1582 l'équinoxe a eu lieu le 11 mars au lieu du 21. La commission d'experts réunie par le pape Grégoire XIII décida de raccourcir l'année 1582 de 10 jours, le 15 octobre succéda au 4 octobre. Pour éviter que le phénomène ne se reproduise, il fut convenu que les années divisibles par 100 ne seraient pas bissextiles, sauf celles divisibles par 400. Ce calendrier, dit grégorien, est encore celui qui est utilisé de nos jours.


Des savants piégés par le dogme (Patrick Jean-Baptiste)

Malgré l'affaire Galilée et la condamnation à mort de Giodano Bruno qui affirmait que l'univers était infini, le paradoxe de l'Eglise est d'avoir compté dans ses rangs quelques astronomes qui ont joué un rôle dans l'histoire de cette science. Pendant des siècles, pour l'Eglise, l'Univers est "géocentrique et immuable". Des clercs, comme Jean Buridan qui a découvert le principe de l'inertie en mécanique, sont cependant passés à la postérité. C'est surtout à partir du XVIe que l'Eglise s'intéresse à l'astronomie et aux mathématiques, non pas pour l'amour de la science, mais pour le calcul du calendrier des fêtes religieuses.

La Compagnie de Jésus (les Jésuites) fondée en 1541 par Ignace de Loyola permettra de former des élites à travers l'Europe. Elle dispose d'un centre de recherche à Rome dans lequel on enseigne, outre la théologie, la physique et les mathématiques. "Le collège et les Jésuites attirent de bons scientifiques qui rejoignent cet ordre pour faire carrière dans l'enseignement." L'un des plus célèbres d'entre eux, Christoph Scheiner, s'oppose à Galilée au sujet de la primauté de la découverte des taches solaires, ce qui le conduira dans le camp des adversaires du pisan avec Orazio Grassi, le premier à avoir décrit la queue et le noyau d'une comète. Le père Scheiner est un véritable "ingénieur", au moins aussi compétent que Galilée pour la construction des lunettes. C'est en 1616 que le Jésuite Nicollo Zucchi invente l'un des premiers télescopes à miroir concave.

Pour Marc Gagné, historien de l'astronomie, "les deux siècles qui séparent Copernic de Newton sont les plus fructueux de l'histoire dans le domaine des sciences astronomiques". En mettant à l'index le livre de Copernic et en prohibant l'héliocentrisme, l'Eglise n'a-t-elle pas "tué dans l'oeuf une astronomie ecclésiastique prometteuse" ? Les Jésuites auront été utiles à l'astronomie pour l'établissement de tables et d'éphémérides. "Si en revanche on estime que l'astronomie est avant tout une compréhension de l'univers, et bien dans ce cas, les Jésuites - et l'Eglise dans son ensemble - auront été conservateurs et rétrogrades." N'oublions pas qu'il aura fallu attendre 1992 pour la réhabilitation définitive de Galilée par le pape.


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