Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion  > Revue de Presse  > "2084", Boualem Sansal

"2084", de Boualem Sansal

Revue de presse


En quelques lignes, l'essentiel d'une sélection* d'articles de la presse écrite
(*) L'exhaustivité n'est pas recherchée.
Si un article qui vous paraît important a été omis, signalez-le



Codes couleur :
En noir : synthèse la plus objective possible des articles ou des points paraissant importants.
En rouge foncé : citation ou extrait de l'article. Titre en gras.
En mauve : commentaire ou appréciation particulière de "atheisme.free.fr"


Boualem Sansal: "Nous sommes dans une société qui murmure, avec une incapacité à dire les choses" (Jean-Louis Le Touzet)
Libération - 11 octobre 2015

"L'écrivain algérien retrouve des similitudes entre l'Algérie de la fin des années 80 et la France d'aujourd'hui : "Une montée rapide de l'islamisme, des clivages forts au sein de la société, des pouvoirs qui n'assument pas ou affaiblis par des alliances militaires ou économiques qui les rendent muets."
À l'occasion de la sortie de son nouveau roman 2084, paru chez Gallimard, en lice dans les dernières sélections du Goncourt, Boualem Sansal livre ses réflexions sur les vagues migratoires, qui mettent en lumière les tensions dans les pays de l'Union européenne. L'écrivain algérien francophone évoque aussi les mêmes peurs moyenâgeuses qui toucheraient les deux rives de la Méditerranée au sujet de l'immigration. L'auteur s'empare également de l'Abistan, le sujet de sa dernière oeuvre. Ainsi, l'Abistan, cet Etat totalitaire religieux, ne serait pas qu'un simple cauchemar littéraire, mais une "construction" qui serait déjà, du moins dans certains pays, à l'état de "grand avancement". [...]
Pourquoi, selon vous, la France a-t-elle réagi frileusement au moment d'accueillir ces réfugiés alors que l'Allemagne s'est montrée généreuse et bienveillante ?
L'inquiétude en France, pour moi, découle de la question de l'islamisme. Ensuite, la réflexion récurrente, "France, terre d'accueil", est souvent mythifiée. Ce qui a profondément changé, que ce soit en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, c'est la nouvelle perception de l'islam et de l'islamisme. Le discours : "Ils vont prendre le travail des Français, leur pain, toucher les allocations", reste, au fond, très secondaire. Encore une fois, ce qui attise les peurs, c'est la dérive de l'islam. Quand je parle de l'islam en France, c'est celui du voisin, du commerçant de quartier, du chauffeur de taxi. En fait, cela revient à dire : "Nos Arabes, on les connaît, mais ceux-là qui viennent d'Orient, eh bien, on ne sait qui ils sont"."
[...]
http://www.liberation.fr/planete/2015/10/11/boualem-sansal-nous-sommes-dans-une-societe-qui-
murmure-avec-une-incapacite-a-dire-les-choses_1402019


Boualem Sansal, à la force des mots (Hubert Artus)
L'Express - 18 septembre 2015

A propos du livre 2084 : La Fin du monde de Boualem Sansal (Gallimard).
"Avec ce pamphlet magistral contre les régimes ultrareligieux, l'auteur algérien fait grande oeuvre universelle. 2084: La Fin du monde, par Boualem Sansal, sans conteste un des 10 incontournables de cette rentrée littéraire.
Ce roman est comme un volcan: tout y semble apaisé, mais à chaque instant tout paraît pouvoir exploser. Pourtant, la catastrophe a déjà eu lieu: après une Grande Guerre sainte aussi longue que terrible, "l'Ennemi" a disparu et la "victoire" a été totale. Ainsi est né l'empire appelé Abistan, qui tire son nom du prophète Abi, "Délégué" sur terre de Yölah. [...]
"Société divine", l'Abistan est dirigé par un système entièrement religieux, fondé sur l'amnésie des sujets, leur soumission au dieu unique, et sur un système de surveillance pointu. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans se poser de questions. C'est dans cet univers que revient Ati, personnage central du livre, qui rejoint la capitale Qodsabad après deux ans d'absence - le premier passé dans un sanatorium et l'autre, à crapahuter. Il était un mécréant, il revient hagard, mais va jouer les faux résignés dès lors qu'il aura découvert l'existence d'un peuple de renégats vivant dans les ghettos et, crime majeur, sans le secours de la religion."
[...]
http://www.lexpress.fr/culture/livre/boualem-sansal-a-la-force-des-mots_1708977.html


Mort à Bigaye (Jean-Luc Porquet)
Le Canard Enchaîné - 16 septembre 2015

"Dans "2084" (Gallimard), Boualem Sansal donne d'une plume puissante sa vision orwellienne de l'islamisme.
Bigayen c'est évidemment "Big Eye", c'est-à-dire Big Brother. Et ce graffiti, "Mort à Bigaye !", le héros de ce livre le découvre avec stupeur (sans vraiment comprendre à quoi il fait écho) sur les murs du getto où s'entassent les Regs, les Renégats, ce guetto dont "le simple nom faisait s'évanouir les croyants et jetait les autorités dans l'hystérie".
De "1984", l'écrivain algérien Boualem Sansal s'est ici ouvertement et brillamment inspiré. Il reprend la vision orwellienne d'un monde totalitaire, l'Abitan, où chacun ne doit parler que l'abilang, la langue officielle universelle, où règne un pouvoir opaque incarné par le mystérieux et tout-puissant Abi le Délégué. [...]
Boualem Sansal fait apparaître dans "2084" la nature profonde de l'islamisme.
Pas d'attentats terroristes ici, pas de sanglants barbu fous de Dieu, mais une implacable emprise sur les esprits et les coeurs."
[...]


Boualem Sansal : le kamikaze (David Caviglioli)
L'Obs - 14 septembre 2015

"Avec "2084" [Gallimard], le grand romancier algérien, qui vit reclus chez lui, publie une fable blasphématoire sur l'islamisme et l'état de son pays.
Portrait d'un irréductible.
Fin août, dans sa maison de Boumerdès, sur la côte algérienne, Boualem Sansal se prépare à recevoir de sempiternelles lettres d'insultes et d'ennuyeuses menaces. "Chaque fois que je sors un livre, dit-il au téléphone, ça pleut dans ma boîte aux lettres. J'en reçois trois ou quatre par jour, pendant un mois, le temps que la presse algérienne passe à autre chose."
Il cite calmement quelques formules fréquentes chez ses correspondants: "On te fera la peau", "Retourne chez les Français", "Tu salis la terre des martyrs", "Tu ne mérites pas de vivre". "Et, bien sûr, ajoute-t-il, on me traite de sale juif." Les enveloppes se contentent d'indiquer "Boualem Sansal Boumerdès." La poste sait où aller.
Le nouveau roman de Boualem Sansal s'intitule "2084". Il a tout pour provoquer une nouvelle éruption épistolaire. Il dépeint un lugubre empire théocratique futur, l'Abistan, soumis à un dieu cruel qui s'appelle Yölah. Un territoire clos né d'une "Grande Guerre sainte" où "rien ne différencie un village d'un cimetière". Où des "commissaires de la foi" surveillent la population et combattent "la Grande Mécréance". L'islam est à peine déguisé. Chaque année, l'Abistan se fige lors d'une "semaine sacrée de l'Abstinence absolue", et les croyants doivent à Yölah neuf prières par jour. On suit un fonctionnaire nommé Ati, dont la foi vacille et qui découvre un "ghetto" sous-terrain peuplé de gens qui ne croient pas en Yölah.
En tant que fable, "2084" souffre d'un didactisme qui rend le récit abstrait, et empêche de s'intéresser au sort des personnages. Le texte est en revanche porté par une joie du sacrilège : Sansal éprouve un plaisir manifeste à parodier le dogme musulman et les mécanismes qui transforment la foi en instrument de domination politique. La référence au "1984" d'Orwell n'est pas là pour rien: elle rattache l'islamisme à la grande famille des totalitarismes. "La dangerosité de l'islamisme est très sous-estimée, dit-il."
[...]
http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20150911.OBS5690/boualem-sansal-le-kamikaze.html


Big Abi vous regarde (Gladys Marivat)
Le Monde - 9 septembre 2015

"Dans la préface du "Quarto" consacré à Boualem Sansal, Romans. 1999-2011, qui vient de paraître (Gallimard, "Quarto", 1 232 p., 29 ?), on trouve cette déclaration à un journaliste : "Je me suis mis à écrire comme on enfile une tenue de combat." Seize ans après son premier roman, Le Serment des barbares, écrit au coeur de la décennie noire, la colère de l'écrivain algérien, son envie d'en découdre, est intacte.
Elle s'exprime aujourd'hui dans son septième roman, 2084, sous la forme d'une dystopie, manière de suite au 1984, de George Orwell (1949). Cette dernière a pour décor l'Abistan. Un immense empire dévoué à Abi, messager de Yölah sur terre, qui maintient sa population dans la soumission et l'amnésie. "La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité", écrit Sansal en exergue. Qu'on ne s'y trompe pas : 2084 n'est pas une charge frontale contre l'islam comme religion, mais une parabole cauchemardesque sur son instrumentalisation politique. L'écrivain y imagine une dictature qui, comme d'autres avant elle, effacera le passé, contrôlera et punira arbitrairement l'homme jusqu'à ce qu'il ne sache plus ce que penser veut dire."
[...]
http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/09/09/big-abi-vous-regarde_4750210_3260.html?xtmc=2084&xtcr=6


Voir aussi

Athéisme : l'homme debout. Vivre sans Dieu et sans religion   Accueil Revue de presse    Haut de page    Contact   Copyright ©