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Dictionnaire + des religionsLe Coran(Par Eric Timmermans) Coran = Al qor’ane (= récitation orale). Egalement désigné par le terme Balagh. Ensemble de textes dictés par le prophète Muhammad à ses disciples et que, plus tard, le Calife Othmân a réuni dans une Vulgate (= moushaf) composée de 114 chapitres ou sourates, elles-mêmes subdivisées en 6219 versets ou ayât. "Pour le musulman moyen d’aujourd’hui, dénué de toute connaissance philosophique, le Coran demeure la parole infaillible de Dieu, la parole que Dieu a directement envoyée à Muhammad, sur Terre, par l’intermédiaire de l’esprit, ou du Saint-Esprit, ou encore de Gabriel. Il est écrit dans un arabe parfaitement pur et toute chose qu’il contient est éternelle et non créée." (L6, p.140). Selon la tradition islamique, Muhammad ne savait pas lire et ne pouvait donc avoir connu les prétendues paroles divines contenues dans le Coran que par voix orale et divine.... La légende de l’analphabétisme de Muhammad est donc supposée accréditer la thèse de l’origine divine du Coran. L’éloquence naturelle du prétendu prophète fit le reste. "Après son mariage avec Khadidja, Muhammad était devenu un notable. Il se devait de dicter ses écrits. L’hypothèse de son illettrisme "sert" aux doctrinaires à prouver à contrario le caractère divin du Coran." (R2, p.79, Youssef Seddik). On attribua donc cette parole à Allah, à savoir que le Coran est le Verbe incarné (Jésus-Christ étant le Verbe incarné chez les chrétiens), le Souffle divin auquel les musulmans doivent se soumettre sans épiloguer et inconditionnellement (L1, p.114). Il est dit que lorsque Muhammad eût atteint l’âge de 40 ans (an 618 de l’ère chrétienne, 13 ans avant l’hégire), ce fut le moment pour lui d’annoncer sa mission. Suivant sa coutume, il se retira dans la grotte du mont Hara (ou Hira), accompagné de quelques serviteurs. La nuit qui "devait le couvrir de gloire" arriva et l’ange Gabriel descendit du ciel et dit à Muhammad : "Lis". Et Muhammad répondit : "Je ne sais pas lire". Et l’ange lui commanda de lire, au nom du dieu créateur : Coran XCVI/96, 1-19 : "Lis au nom du Dieu créateur. Il forma l’homme en réunissant les sexes. Lis au nom du Dieu adorable. Il apprit à l’homme à se servir de la plume ; Il mit dans son âme le rayon de la science. C’est une vérité, et il se révolte contre son bienfaiteur. Les richesses augmentent son ingratitude. Certainement le genre humain retournera à Dieu. Que penser de celui qui trouble, Le serviteur de Dieu lorsqu’il prie, Lorsqu’il accomplit l’ordre du ciel, Lorsqu’il recommande la piété ? Que penser de l’infidèle et de l’apostat ? Ignorent-ils que Dieu voit ? S’ils n’abandonnent l’impiété, nous les traînerons par les cheveux, Par leurs cheveux coupables et menteurs. Qu’ils appellent leurs adhérents ! Nous appellerons nos bourreaux. Ces paroles sont la vérité. N’obéis point à l’impie. Adore le Seigneur et t’élève vers son trône." Il est dit que Muhammad récita ces versets – Gabriel lui fera répéter par deux fois la totalité du texte du Coran afin que les scribes l’enregistrent exactement comme il leur fut annoncé - et s’avança jusqu’au milieu de la montagne. Et il entendit une voix céleste qui répétait ces mots : O Muhammad ! Tu es l’apôtre de Dieu, et je suis Gabriel. Muhammad resta, dit-on, en contemplation jusqu’à ce que l’ange disparaisse à ses yeux. Cette "nuit célèbre" durant laquelle le Coran est supposé avoir été révélé à Muhammad se nomme El-Cadar "parce que Dieu y disposa toute chose avec sagesse" (L3B p.573). La sourate du Coran intitulée La Nuit Célèbre, porte le numéro XCVII/97, 1-5 et voici les 5 versets qui la composent : "Nous t’envoyâmes le Coran dans la nuit célèbre. Qui te fera connaître le prix de cette nuit glorieuse ? Elle est plus précieuse que mille mois. Elle fut consacrée par la venue des anges et de l’esprit. Ils obéirent aux ordres de l’Eternel et apportèrent des lois sur toutes choses. La paix accompagna cette nuit jusqu’au lever de l’aurore." Notons toutefois que l’on ignore ce que fit Muhammad entre l’âge de 25 ans et celui de 40 ans, à l’exception de ceci : "Dieu lui avait inspiré l’amour de la solitude. Il vivait retiré, et passait tous les ans un mois dans une grotte du mont Hara" (Abul-Feda). D’autres sources, plus prosaïques, penchent plutôt pour une explication se rapportant à son métier de caravanier qui lui permit de se cultiver et de connaître les Ecritures au cours de ses voyages commerciaux, notamment. C’est donc durant ces 15 années que, d’une manière ou d’une autre, Muhammad médita la nouvelle religion. Et c’est durant ces 15 années qu’il jeta les fondements de la nouvelle religion islamique. Diverses guerres ayant poussé des juifs et des chrétiens jusqu’en Arabie, Muhammad en étudia les dogmes et ajouta à ses connaissances l’histoire de son pays. Dans un Orient particulièrement divisé, Muhammad voulut paraître avec un livre unificateur qu’il fit passer pour d’origine divine aux yeux de sa nation arabe et il se mit donc à composer le Coran. Le Coran a été publié en l’espace de 23 ans, en partie à La Mecque et en partie à Médine. C’est là un trait politique de génie de la part de Muhammad, soit de livrer lentement, par versets, et non en une seule fois, ce Coran qu’il avait lui-même imaginé. Ceci le rendait maître des prétendus "oracles du ciel" et il faisait parler "dieu" selon les circonstances. Toutefois, la révélation (nouzoul, tanzîl) divine du coran à Muhammad est un dogme incontestable en islam. "En revanche, dans le Coran, la révélation coranique est un phénomène incontestable, qui n’accepte aucun doute, ni aucune contestation (la riba fihi). Il est en tout cas irrécusable par les moyens conventionnels (i’jaz), car il se place d’emblée au-dessus de l’entendement humain." (L1, p.362). Coran XLV/45, 1-2 (XLV/45, 1 selon L3B) : "La révélation (tanzil) de l’Ecriture émane d’Allah, le Puissant, le Sage." (L1) "H.M. Le Dieu puissant et sage a envoyé le Koran." (L3B) "Ha, Mim. La révélation du Livre émane d’Allah, le Puissant, le Sage." (N5) Les versets du Coran furent, dit-on, écrits sur des feuilles de palmier ou sur du parchemin. Aussitôt que Muhammad les leur avait révélé, ses disciples les apprenaient par cœur et les déposaient dans un coffre. Lorsque Muhammad mourut, Abou Bakr, le premier Calife, les réunit dans un volume mais ne se soucia pas de les diviser en chapitres, ce que fera Othmân, le troisième Calife. "A la mort du Prophète en 632, le Coran n’existe pas sous forme de livre. Transmis oralement, il compte autant de versions que de compagnons du Prophète ayant appris le texte par cœur – le mot qur’an signifie précisément "récitation orale". Parallèlement à ces "Corans du cœur", Muhammad laisse un ensemble disparate de fragments gravés sur les supports les plus hétéroclites : feuilles de dattier, omoplates de chameau, morceaux de cuir, etc. Ce corpus hétéroclite est rassemblé par le premier calife, transmis au second calife, puis à sa fille Hafsa (une des veuves du Prophètes), ce qui lui vaut le nom d’ «imam de Hafsa". Un quart de siècle après la disparition du Prophète, le troisième calife, Othman (644-656), en fait faire une copie : c’est la Vulgate que nous connaissons aujourd’hui. S’ensuit un acte irrémédiable : le gouverneur de Médine, cousin d’Othman, détruit l’ "imam d’Hafsa", ainsi que toutes les versions écrites des "Corans du cœur". Exemple unique dans l’histoire où des originaux aussi rares que précieux sont sacrifiés au profit d’une copie ! Bien sûr, il s’agissait d’assurer l’autorité d’un canon unique." "Surtout, la Vulgate noie les éléments de l’ "imam d’Hafsa" dans un texte continu dépourvu de ponctuation. Il gomme ainsi la facture antique du fragment qui se suffit à lui-même tout en correspondant avec les autres. Il est désormais malaisé voire impossible de les lire comme au temps du Prophète – à la manière dont l’astronome lit le ciel étoilé." (R2, p.80, Youssef Seddik). Il est dit aussi que la langue arabe dans laquelle le Coran a été annoncé aux hommes est, de ce fait, la langue "claire" et parfaite pour aborder le Coran. Coran XXVI/26, 195-202 : "Il est écrit en langue arabe, et son style est pur. Les livres sacrés et anciens en font mention. Les habitants de la Mecque ne devraient-ils pas être étonnés que les savants d’entre les Hébreux en eussent connaissance ? Si des peuples barbares l’avaient reçu, Et qu’ils l’eussent lu aux infidèles, ils n’y auraient pas ajouté foi. Nous l’avons tellement imprimé dans le cœur des impies, Qu’ils ne croiront qu’à l’instant où ils verront les tourments préparés. L’heure les surprendra et ils ne pourront la prévoir." Cette référence à la langue arabe est également faite au verset XII/12, 1-2. Toutefois, nombre de commentateurs s’opposent à cette vision "arabocentriste" basée sur la prétendue "pureté" de l’arabe coranique, soulignant au passage que le coran abondait à l’origine de mots d’origine non-arabe. "Pendant longtemps, l’orthodoxie a muselé les nombreux philologues musulmans qui reconnaissaient que le Coran abondait de mots d’origine étrangère. Une tradition dit que "quiconque prétend qu’il y dans le Coran autre chose que des mots de langue arabe porte une lourde accusation contre Dieu : "Voici les versets du Livre clair : nous les avons faits descendre sur toien un Coran arabe." (sourate XII.1)" Par chance, des philologues comme Suyuti inventèrent des subterfuges qui leur permirent de contourner l’opposition des orthodoxes. Al Thaalibi expliqua qu’il y avait des mots étrangers mais que "les Arabes les avaient utilisés et arabisés, et que de ce point de vue c’étaient des mots arabes". Là où Al Suyuti énumère 107 mots d’origine étrangère, Arthur Jeffery en trouve environ 275, principalement empruntés à l’araméen, à l’hébreu, au syriaque, à l’amahrique, au perse et au grec. Le mot "Coran" lui-même vient du syriaque et de toute évidence Muhammad le tenait d’une source chrétienne." (L6, p.144). "Tour à tour on décréta l’hébreu, le latin, puis l’arabe, langue de Dieu. Manière de protéger Sa parole contre les déviations ? Plutôt de soustraire le dogme au libre examen des consciences." (R2, p.69, Claude Weill). "Il n’y a pas de langue unique et sacrée, hébreu, latin ou arabe coranique, mais la seule confiance humaine dans le langage vivant et dans son pouvoir de communication entre les êtres. Ce langage ne peut se définir autrement qu’en luttant contre les "maladies de la langue" sacrée. L’expression est d’Erasme, qui participa au renouveau de la traduction biblique au XVIe siècle, et stigmatisa toute utilisation des Ecritures pour tuer, violenter, imposer. Ouvrir les traductions, faire entendre la diversité des réceptions, c’est guérir l’humanité de cette maladie qui fixe les œuvres de nos Pères dans un usage mortifère." (R2, p.76, Frédéric Boyer). Il est dit encore que la Charia ou “loi islamique” est la réunion des prescriptions de la Sunna et du Coran. D’un point de vue ésotérique, il est dit que le Coran matériel, le livre proprement dit, n’est que la représentation physique, une réplique matérielle, d’un Coran supérieur (= moukhfi), occulté aux yeux du profane, un Coran caché enregistré sur une Table gardée (= lawh-mahfouz), que les Mystiques nomment la Mère du Livre (= Omm al-Kitab). Selon un imâm nommé Ali ibn Abi-Taleb (600-661), les versets du coran ont quatre sens :
On retrouve également le chiffre 7 dans les sept lectures traditionnelles du coran, al-qiraât as-sab’, préconisées et admises par les Ecoles théologiques traditionnelles. Il s’agit de lectures distinctes mais aussi et surtout de diverses manières d’énoncer le texte coranique en public. Ces diverses formes se différencient par leur connotation phonétique ou linguistique. Les Sept lectures traditionnelles :
La récitation du coran se dit Tilawati al-Qor’an. Voir aussi Tajwid. Conclusions à propos du coran (N3, p.8 de 11). Et ajoutons également qu’ "il y eût, à la vérité, au sein de l’islamisme des sectes qui soutenaient que le Koran pouvait être regardé comme une hérésie : elles se trouvent condamnées d’avance par le Koran" (II, 21 : voir Zandaqa). L’impression du coran. Avant d’introduire l’imprimerie dont ils se méfiaient, les Etats musulmans attendirent plus de trois siècles, et même après cette introduction, l’impression du coran fut très longtemps considérée comme impie. L’une des premières versions imprimées (Venise, 1530) fut immédiatement détruite sur l’ordre des autorités. En 1757, un édit fut promulgué en Turquie contre l’imprimerie. La première édition musulmane du coran date de 1787. C’est cette attitude des musulmans vis-à-vis de l’imprimerie qui inspira Voltaire qui écrivit en 1765 "De l’horrible danger de la lecture". Voltaire avait déjà fustigé cette religion en la personne de Mahomet dans sa pièce de théâtre écrite en 1741 : "Le fanatisme, ou Mahomet le prophète". Le coran au détriment de l’éducation. Comme toute idéologie totalitaire qui se respecte, l’islam politique impose l’apprentissage par coeur du "livre de la doctrine", en l’occurrence le coran, dès le plus jeune âge. Cet apprentissage par cœur de quelque 6200 versets dépareillés se fait au détriment d’un enseignement de qualité à même de développer le sens critique des plus jeunes : "(Les enfants) accomplissent cet exploit prodigieux au détriment de leurs facultés de raisonnement, car bien souvent leur esprit est si tendu par l’effort de mémorisation qu’ils sont pratiquement incapables d’une quelconque réflexion soutenue." Le coran est-il exclusivement la parole de Dieu ? "Dans les Evangiles, par exemple, les propos de Jésus sont rapportés par un témoin extérieur, enchâssés dans une narration "à la troisième personne". Le texte du Coran, lui, est "à la première personne" : c’est Dieu qui parle de bout en bout. Il s’adresse à l’humanité à travers cet homme qu’il prend pour un Messager." (R2, p.78, Youssef Seddik). "C’est Dieu qui parle de bout en bout" ? A voir… Certains commentateurs du coran soulignent que plusieurs passages –cinq au moins- ne peuvent en aucun cas être attribués à Dieu et sont de toute évidence dits par Muhammad ou par l’ange Gabriel. C’est le cas, par exemple, de la première sourate (I, 1-7) la Fatiha qui dit "Au nom de Dieu : Celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux. Louange à Dieu, Seigneur des Mondes : le Clément, le Miséricordieux, le roi du Jour du Jugement. C’est Toi que nous adorons, c’est Toi dont nous implorons le secours. Dirige-nous dans le chemin droit : le chemin de ceux que Tu as comblé de bienfaits ; non pas le chemin de ceux qui encourent Ta colère ni celui des égarés." (L6, p.141). Il ne faut pas être grand clerc pour constater que ces paroles sont adressées à Dieu et ne sont en aucune façon une révélation que Dieu donna à Muhammad mais bien une prière que Muhammad adresse à son Dieu, pour lui demander secours et assistance. Mais d’autres commentateurs ont fait remarquer qu’il suffirait d’ajouter l’injonction "dis" au début de cette sourate, pour contourner cette contradiction apparente. De fait, le verbe "dire" à l’impératif est répété 350 fois dans le coran, ce qui signifie que ce verbe ainsi conjugué a été inséré par des compilateurs tardifs pour contourner la difficulté. Ainsi, pour Ibn Masud, compagnon du prophète et autorité coranique incontestable, la Fatiha et les sourates CXIII et CXIV ne faisaient pas partie du coran parce qu’elles contiennent les paroles : "Je cherche la protection du Seigneur." Bien plus évident encore, dans la sourate VI, 104, il est dit "Je ne suis pas un gardien pour vous" (L6, p.142). Coran VI/6, 104 (L3A) : "Il vous a manifesté sa religion. Celui qui a ouvert les yeux aura pour partage la lumière. Celui qui les a fermés restera dans les ténèbres. Dieu ne m’a point confié le soin de vous garder." Le "je" ou le "m’a point confié" en question se réfèrent donc à Muhammad et non à Dieu. Dans cette même sourate, au verset 114, Muhammad parle à nouveau. Coran VI/6, 114 : "Chercherais-je un autre juge que Dieu ? C’est Lui qui a fait descendre sur vous le Livre exposé intelligiblement." (L6) "Chercherais-je un autre juge que Dieu ? C’est lui qui a envoyé le Koran, où le mal et le bien sont pesés. Les Juifs savent qu’il est véritablement descendu du ciel ; garde-toi d’en douter." (L3B) (verset complet). On pourrait aussi citer la sourate CXI dont les propos cachent mal la rancoeur de Muhammad envers son oncle et adversaire Abou Lahab (voir ce nom), de même qu’envers l’épouse de ce dernier. Les propos de la sourate CXI sont bien peu dignes d’un prophète et encore moins d’un Dieu Omniscient et Omnipotent… Les huit sourates. Une tradition veut que la récitation des huit sourates qui commencent à la 108e : Al-Kawtar, possède la même valeur spirituelle que la lecture du coran en entier, soit les sourates CVIII/108 à CXIV/114, plus la première sourate, la Fatiha. Voir la page d'accueil sur le Coran Références
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