Essai de chronologie de
la répression du paganisme et de la sorcellerie
dans l'Occident chrétien
par Eric Timmermans - 27/07/2012
Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.
384 : Sirice est le premier pontife à prendre officiellement le nom de pape.
390 : Massacre de Thessalonique par Théodose. Suite à une sordide histoire de jalousie et de viol homosexuel, un aurige, coupable du viol mais adulé par les spectateurs du cirque, fut emprisonné. La foule, folle de rage, massacra Botheric, le gouverneur de Thessalonique et propriétaire jaloux du jeune esclave violé, de même que plusieurs de ses officiers. En guise de représailles, l'empereur Théodose fit attirer une foule de Thessaloniciens dans l'amphithéâtre de la ville et les fit massacrer par l'armée. On évoque 10 à 15.000 victimes exterminées, hommes, femmes et enfants. L'évêque Ambroise excommunia Théodose mais une confession publique, dans la cathédrale de Milan, aux pieds dudit évêque, devait permettre à Théodose d'accéder à une rapide réhabilitation. Pour la première fois, l'Etat romain se soumettait au verdict de l'Eglise. Le nouveau pouvoir chrétien s'établissait sur les cadavres de milliers de victimes innocentes.
392 : A Rome, par décret impérial, Théodose Ier, dont nous avons eu un aperçu des grandes vertus morales, proclame la religion chrétienne seule et unique religion officielle de l'Etat romain, toutes les autres étant interdites. Les temples sont fermés, les cultes païens interdits.
395 : Mort de Théodose. Scission de l'Empire romain. Naissance de l'Empire d'Occident.
Sous le bref pontificat de ce pape, il nous faut relever deux faits marquants :
1. La réfutation et la condamnation de la doctrine teintée de platonisme du père de l'Eglise d'Orient, Origène, qui enseigne la préexistence des âmes et le rachat des démons par l'amour.
2. L'interdiction d'ordonner prêtre quiconque serait atteint de difformité. C'est la règle des "B" qui exclut du sacerdoce les borgnes, les bègues, les bigles, les boiteux, les bossus, les bancals... C'est vraisemblablement de là que vient la superstition populaire qui consiste à dire que les victimes de ces difformités sont "méchantes".
410 : Sac de Rome par Alaric, roi des Wisigoths. Innocent Ier offre les statues d'or des temples païens à Alaric, afin de sauver la ville de la destruction.
447 : Le concile de Tolède décrit le Diable comme un être grand et noir, cornu, griffu, aux oreilles d'âne, aux yeux étincelants et aux dents grinçantes, doté d'un gros phallus et répandant une odeur sulfureuse.
476 : Le Germain Odoacre renvoie à Constantinople les insignes impériaux enlevés à Romulus Augustule. Ce geste signe la fin du dernier empereur romain d'Occident.
495 : Le pape Gélase Ier interdit la fête des Lupercales qui se célébrait le 15 février. Cette fête est remplacée par la Chandeleur, mais également par la Saint-Valentin, fixée au 14 février.
563 : Concile de Braga. Le Canon VII établit la liste des principaux démons.
567 : Concile de Tours. Le Canon XXII proscrit la fête de Janus et interdit les sacrifices rendus aux morts. Les prêtres sont invités à empêcher leurs ouailles de "se rendre auprès... (des) arbres, fontaines et rochers... pour y accomplir des rites qui n'appartiennent pas à l'Eglise."
589 : Première apparition du terme de sorcier qui concerne les campagnes où vivent les pagani ou paysans, toujours plus fidèles aux anciennes traditions que les cités et qui donneront leur nom au paganisme.
697 : Concile de Berghampstead. Approuvé par le roi Withred de Kent, le Concile punit de la confiscation et du carcan ceux qui offrent des sacrifices au Diable.
- Théodore, archevêque de Canterbury (668-690), est l'auteur du Liber Poenitentialis, qui constitue la première législation en matière de sorcellerie. Elle n'impose toutefois que le jeûne en guise de pénitence.
742 : Childeric III interdit toute pratique de sorcellerie "sortilèges, philtres amoureux, augures, enchantements..." et requiert les évêques de lui porter en cette matière aide et assistance.
743 : Le concile de Liptine ne punit le sorcier que d'une amende de 15 sous.
787 : Le second concile de Nicée reconnaît aux anges et aux démons un corps subtil de la nature de l'air et du feu.
805 : Un capitulaire de Charlemagne précise que "l'examen (des sorciers) doit... être assez modéré pour épargner leur vie, les malheureux seront au contraire gardé en prison, jusqu'à ce que, par l'inspiration divine, ils promettent la correction de leurs péchés."
829 : Le concile de Paris déclare : "...la plupart croient les sorciers devenus fous, car ils ne comprennent plus leur propre abaissement...". A l'occasion de ce Concile, Louis le Débonnaire fait appel pour la première fois au bras séculier pour le châtiment des sorciers auxquels d'authentiques pouvoirs sont reconnus : "leurs maléfices (aux sorciers) peuvent troubler l'air, envoyer la grêle, prédire l'avenir, enlever les fruits et le lait aux uns, pour les donner à d'autres et faire des prodiges innombrables."
873 : Capitulaire de Charles le Chauve : "Nous avons appris que des hommes maléfiques et des sorcières apparaissent en divers lieux de notre royaume, leurs maléfices ont déjà causé la maladie et la mort de beaucoup de personnes... C'est le devoir du Roi de faire disparaître les impies, de ne pas laisser faire les fabricants de maléfices et de poisons." Le même capitulaire reconnaît la valeur du Jugement de Dieu : le prétendu sorcier est jeté à l'eau et déclaré innocent s'il coule à pic, coupable s'il flotte sur l'eau...
900 : Un texte De l'Esprit de l'Ame conseille de chasser du territoire les sorciers. Ce texte aborde évoque un sabbat de forme païenne : "...(des) femmes... croient et répètent que, pendant la nuit, avec Diane déesse des païens, ou bien avec Hérodiade et une foule d'autres femmes, elles chevauchent sur certains animaux et franchissent de grands espaces au milieu du silence des ténèbres, obéissant à cette déesse comme à une souveraine, et appelées certaines nuits auprès d'elle pour la servir."
1022 : Synode d'Orléans. Evocation de l'utilisation diabolique dans les rituels sorciers de cendres d'enfants nés d'unions incestueuses.
1209 :
- A Béziers (France), massacre de la population ordonné par Rome en croisade contre les Albigeois. La cathédrale, où avaient tenté de se réfugier les habitants afin de fuir la violence des croisés, y sera rasée au sol à cette occasion. Béziers est situé sur une colline et la cathédrale s'élevait sur le sommet de celle-ci. Elle a été reconstruite par la suite. A l'origine, la cathédrale de Béziers a, selon toute vraisemblance été construite sur les restes d'un temple païen dédié à une déesse féminine de la fécondité assimilée à Aphrodite, un culte à la Déesse-Mère, en somme. Les chrétiens ont ensuite prétendu y avoir retrouvé les restes d'un certain "saint Aphrodisio" qui n'a vraisemblablement jamais existé.
- En Angleterre, première accusation de sorcellerie à l'encontre d'une certaine Agnès, épouse de Odo. Elle fut libérée après avoir subi l'épreuve du fer rougi au feu.
1215 : Le Pape Innocent III convoque le Concile du Latran IV, où il condamne officiellement les Cathares et les Vaudois, les hérétiques et les théologies parallèles. Cette décision fit suite au constat de l'impuissance des prédicateurs cisterciens à endiguer le phénomène cathare.
Le chef de l'Eglise introduisait ainsi une nouvelle forme de procédure criminelle qualifiée de "procédure d'office". Elle permettrait dorénavant d'engager des poursuites contre tout suspect d'hérésie, sur simple délation et sans que l'intéressé ne fasse l'objet d'accusations précises. La répression s'organise au niveau des paroisses.
Le concile affirmera également que les anges, bons ou mauvais, ne sont que des créatures purement spirituelles, sans aucun rapport avec la matière corporelle.
1225 : Thomas d'Aquin (1225-1274) définissait la bestialité comme le pire des péchés sexuels, parce qu'elle ne préservait pas les différences entre homme et animal.
1229 : En novembre, l'année de la capitulation de Raymond VII de Toulouse, les actes du concile réuni à Toulouse témoignent d'une volonté affirmée de "purger de la dépravation hérétique ce pays quasiment vierge pour la foi".
1230 : Le plus ancien document relatif à la Sorcellerie est un traité entre les princes d'Empire et le roi des Romains, le futur Henri IV : "Les hérétiques, les enchanteurs, les maléfiques quelconque, convaincus et arrêtés, seront punis de la peine due, au gré du juge".
1233 :
- Le Pape Grégoire IX édicte la première bulle de l'histoire contre les sorcières, la Vox in Roma.
- La bulle papale Ille humani generis va, quant à elle, créer le tribunal de l'Inquisition également connu sous le nom de Saint-Office. Les évêques se voient désormais déchargés de la poursuite et du jugement des hérétiques au profit de l'ordre des dominicains connus pour leur détermination dans la lutte contre les hérétiques : "Nous avons décidé, annonce le chef de l'Eglise aux évêques, d'envoyer des Frères prêcheurs contre les hérétiques de France et des provinces voisines et nous vous supplions et exhortons de les recevoir amicalement, de les bien traiter, de les seconder de votre bienveillance, de vos conseils, de votre appui, afin qu'ils puissent remplir efficacement leur tâche." Dans la principale ville de chaque province, le couvent de l'Ordre auquel appartient l'inquisiteur tient lieu, le plus souvent, de siège de l'Inquisition. Toutefois, l'inquisiteur avait essentiellement une vocation itinérante.
1234 : A partir de cette année, des tribunaux fixes de l'Inquisition sont installés à Toulouse et à Carcassonne. Pour seconder les inquisiteurs, le Saint-Siège nomme des vicaires, dotés de tous les pouvoirs de l'inquisiteur en titre, et des commissaires qui ne peuvent prononcer aucune sentence et doivent se limiter à l'interrogatoire des suspects.
1246 : Le concile de Béziers impose que soient transcrites les questions des inquisiteurs et les réponses des suspects pour constituer des archives. Des notaires secondés par des clercs se chargeront de ces tâches administratives.
1250 : Année de la naissance de Pietro Di Abano (1250-1316). Professeur de médecine italient, il fut notamment l'auteur de De remediis venenorum. Il fut accusé par l'Inquisition de pratiquer la magie et fut brûlé en effigie sur une place de Padoue. Gilles de Rays était, dit-on, très intéressé par ses travaux.
1252 : Par la bulle du pape Innocent IV, Ad extirpenda, les tribunaux spéciaux de l'Inquisition reçoivent l'autorisation de faire usage de la torture -la mise à la question- au cours des interrogatoires.
1307 :
Bernard Gui, infatigable traqueur d'hérétiques, est nommé inquisiteur à Toulouse. Gui va jusqu'à exhorter les populations locales à s'emparer des rebelles cathares. Il se chargera de l'inquisition en région toulousaine de 1307 à 1323 dont les résultats seront rapportés dans un un Livre des Sentences, soit 636 condamnés, repris dans un index alphabétique, regroupés en fonction de leurs lieux de résidence et dont le châtiment subi par chacun se voit énoncer.
"Les accusés ne doivent pas être condamnés, déclare l'inquisiteur toulousain dans son célèbre manuel Practica Inquisitionis, à moins qu'ils n'avouent ou ne soient convaincus par des témoins, non pas, il est vrai, selon les lois ordinaires, comme pour d'autres crimes, mais selon les lois particulières et les privilèges concédés aux inquisiteurs par le Saint-Siège; car il y a beaucoup de choses qui sont particulières à l'Inquisition."
La machine inquisitoriale n'a qu'un seul but : obtenir du suspect, par n'importe quel moyen, l'aveu de son crime d'hérésie.
- L'Inquisition ordonne la capture, la torture et l'envoi au bûcher de l'hérétique Fra Dolcino; avec lui meurent tous ses disciples et sa compagne Margherita de Trente.
1315 : Alips de Mons, l'épouse d'Enguerrand de Marigny, membre du gouvernement du royaume de France sous le règne de Philippe le Bel, est accusée par la rumeur publique d'avoir fabriqué des images de cire pour envoûter Louis X le Hutin et son oncle le comte de Valois. Enguerrand de Marigny fut pendu au gibet de Montfaucon, puis réhabilité de même que son épouse qui, en guise de dédommagement, reçut une considérable somme d'argent... A cette époque, cette pratique consistant à fabriquer ces poupées de cire à des fins d'envoûtement est courante.
1320 : De 1320 à 1350, 400 sorciers ou sorcières furent poursuivis à Carcassonne et l'Inquisition en laissa brûler 200; la moitié des 600 poursuivis à Toulouse monta sur le bûcher.
1325 : A Château-Landon, l'abbé Sarcelles, de l'ordre de Cîteaux, entrepris, avec l'aide d'un sorcier, la recherche d'un trésor. Ils avaient enterré dans un champ une boîte contenant un chat noir, ainsi que du pain trempé de Saint Chrême et d'eau bénite. A cela s'ajoutait une invocation au démon Bérich. Le tout fut mis à jour par un chien berger et cela valut au sorcier d'être brûlé vif avec le cadavre de l'abbé, celui-ci étant mort en prison des suites des tortures par lui endurées.
1326 : Depuis Avignon, le Pape Jean XXII lance une bulle contre la sorcellerie dite Super Illius specula. Jean XXII s'intéressait lui-même à la magie.
1329 : Dans le Toulousain, un Carme, Pierre Recordi, accusé d'avoir placé sous le seuil des demeures de plusieurs femmes dont il désirait l'amour, des statuettes de cire enduites de salive et de sang de crapaud, avoua son crime et fut condamné avec quelques autres sorciers à la prison à vie.
1330 : Dans le Toulousain, dix-neuf personnes (dont dix-huit femmes) furent punies de peines diverses -mais non livrées à la justice séculiaire- pour Sorcellerie. Parmi elles se trouvaient plusieurs bergers coupables d'avoir jeté des sorts sur des brebis. Une seule femme avoua avoir été au Sabbat.
1335 (ou 1355) : Dans la région de Toulouse, le berger André Cicéron est brûlé pour avoir parodié la messe. A son sacrilège s'ajoute l'accusation d'hérésie adamite. Deux autres bergers, Paul Rodier et Catala, qui évoquaient le Diable (?) au moyen d'une poule noire furent également exécutés.
1348 : La Peste Noire provoque une vague de sorcellerie en Haute-Provence, particulièrement dans le Queyras où le Sabbat est célébré dans la haute lande de Pra-Patris. Le village d'Arvieux y acquiert une telle réputation de Sorcellerie qu'il se divise bientôt en deux clans (qui existaient encore au 20e siècle : ceux du Renom et de la Belle, ce dernier étant celui des Sorciers. Toutes les sorcières du Queyras portent le nom de Marguerite.
1355 (ou 1335) : A Toulouse, soixante-trois personnes furent jugées par l'Inquisiteur. Huit, dont deux femmes livrées au bras séculier, périrent par le feu.
Une des sorcières, Anne-Marie de Georgel avouera avoir subi la tentation directe du Diable sous la forme d'un grand homme noir qui "lui demanda si elle voulait se donner à lui, à quoi elle répondit qu'oui. Alors il lui souffla dans la bouche; et dès le samedi suivant, elle fut emportée au Sabbat par le simple effet de sa volonté. Là elle trouva un bouc gigantesque, qu'elle salua et auquel elle s'abandonna. Le bouc, en revanche, lui apprit toutes sortes de secrets malfaisants; il lui fit connaître les plantes vénéneuses, lui enseigna des paroles enchantées et de quelle manière il fallait faire les sortilèges, pendant les nuits qui précèdent la Saint-Jean, la Noël et celles de tous les premiers vendredi du mois. Il lui conseilla de faire... des communions sacrilèges, afin d'offenser Dieu pour la gloire du Diable... Elle rôdait la nuit autour des fourches patibulaires, soit pour enlever la corde qui les attachait, soit pour s'emparer de leurs cheveux, de leurs ongles ou de leur graisse".
Une autre inculpée, Catherine Delort, déclare avoir été conduite par un berger au Sabbat "...à minuit, contre la lisière d'un bois, et à la croisée de deux chemins. Là, elle se saigna au bras gauche, laissant tomber son sang sur un feu alimenté par des ossements humains volés au cimetière paroissial... le démon Bérit lui apparut sous la forme d'une flamme violâtre... chaque nuit du samedi elle tombait dans un sommeil extraordinaire, pendant lequel on la transportait au Sabbat" lequel se tenait dans la forêt de Bouconne, entre Toulouse et Montauban, ou sur les monts pyrénéens. Cathrine Delort au Sabbat "adorait le Bouc et se livrait à lui, comme à tous ceux présents... on mangeait là les cadavres des enfants nouveau-nés, enlevés nuitamment à leurs nourrices; on buvait... des liqueurs dégoûtantes, mais le sel manquait à tous les mets".
1420 : Des vaudois -18 personnes, dont quatre femmes, accusées de vauderie- sont condamnés à Douai. 6 accusés douaisiens dont 1 femme furent rendus à la justice de leur ville qui les fit monter sur le bûcher le 10 mai. L'un des accusés originaire de Valenciennes fut brûlé dans la juridiction temporelle de l'évêque d'Arras avec une partie des livres appartenant aux accusés, le reste des livres ayant été brûlés le 10 mai avec les autres condamnés. Sept condamnation au bûcher, donc, les autres furent condamnés à diverses peines, dont quelques peines de prison perpétuelle.
De même à Lille, vers la même époque, où on les connaît sous le nom de "Turlupins".
Voir également la vauderie d'Arras de 1460.
1428 :
- De 1428 à 1447, dans les vallées alpestres, 110 femmes et 57 hommes furent exécutés (Archives de l'Isère). D'autres se pendirent en prison pour échapper aux tortures. A la même époque, le côté italien des Alpes connaissait aussi une terrible chasse aux sorcières.
- Le prêcheur Thomas Conecte -un carme- dénonce à Douai et à Arras les moeurs relâchées (voir 1429, 1431).
- C'est suite à cette affaire de vauderie que le mythe du sabbat -appelé synagogue dans les documents- se mit véritablement en place entre 1428 et 1431. En effet, la secte vaudoise démantelée désignait par le mot de sabbat pour désigner ses réunions religieuses du samedi. Bientôt ce mot désignerait les assemblées de sorcières, alors que le nom de vaudois allait se confondre avec celui de sorcier. Vauderie allait devenir synonyme de Sorcellerie.
- En fait, ce transfert Vaudois-Sorciers s'opéra définitivement au cours de la décennie suivante, dans un contexte spirituel et culturel très précis, essentiellement sur les terres du duc de Savoie-Piémont, Amédée VIII, qui comprenaient la Savoie, le Dauphiné, presque toute la Suisse romande actuelle, l'Italie du Nord-Ouest et qui touchaient les territoires alsaciens ou suisses centrés sur Bâle. Des centaines de personnes furent accusées de sorcellerie et poursuivies dans ces régions à partir de 1428.
1429 :
- Selon le Bourgeois de Paris, un prêtre du nom de frère Richard se fit apporter par ses auditeurs trop naïfs "les mandragoires (mandragores) que maintes sotes gens gardaient en lieux repos, et avoient si grand foy en cette ordure que pour vray ils croiaient fermement que tant comme ils l'avaient mais qu'il fust bien nettement en beaux drapeaulx de soie ou de lin enveloppé, que jamais jour de leur vie ne seroient pauvres".
- Le prêcheur Thomas Conecte dénonce le relâchement des moeurs à Valenciennes (voir 1428, 1431).
1431 :
- Thomas Conecte monte sur le bûcher (voir 1428, 1429).
- Le concile de Bâle (1431-1449), proclamera la supériorité du concile sur le pape, tranchant ainsi dans les luttes doctrinales liées à la réflexion sur le pouvoir pontifical.
1440 : Pendaison à Nantes de Gilles de Rais -et de deux complices- , seigneur de Tiffauges, Pouzaugues, Machecoul et Champtocé, maréchal de France et ancien compagnon de Jeanne d'Arc.
1450 : Dans Le Mystère de la Passion d'Arnould Gréban, Roy Lucifer lance un mandement général à tous ces sujets qui obéissent promptement.
1456 :
- L'hommage de Théophile au Diable présente ce dernier sur un trône posé sur une estrade, couronné, sceptre en main, princièrement vêtu de blanc, entouré de conseillers assis richement habillés. C'est au XVème siècle surtout que s'affirme la majesté du maître de l'Enfer.
- Le 18 mai, en Lorraine, des sorciers sont accusés d'avoir produit un brouillard froid nuisible aux vignobles : huit personnes sont brûlées dont un vieil homme qui reconnut avoir produit le fléau naturel. Il était maistre sorcier depuis quarante-trois ans.
1459 : Vauderie d'Arras, de 1459 à 1461. La Vauderie d'Arras naquit de l'ultime confession d'un ermite brûlé à Langres cette année-là. Il accusa de Vauderie, c'est-à-dire d'hérésie, de Sorcellerie et d'actes sexuels contre-nature, deux personnes d'Arras : une "fille folle de son corps", Deniselle, âgée d'une trentaine d'années et Jehan Lavite, peintre, rhétoriqueur et poète, déjà vieux et surnommé par le peuple, l'Abbé de Peu de Sens.
1460 :
- Le 9 mai, ouverture des débats à propos de la Vauderie d'Arras. L'Inquisiteur Pierre le Broussard, un Dominicain, docteur en théologie, résuma les accusations portées contre les sorciers Deniselle et Lavite. Ils étaient accusés de meurtre d'enfants et de commerce avec le Diable. Sur base de ses affreuses âneries, les accusés furent bientôt livrés au bras séculier qui les fit exécuter.
-Dans un grand sermon, le Magister Jehan de Taincture de Tournai assimile sorciers et sorcières à des rebelles sociaux. Tel fut son discours : "Si la Vauderie, qui est pire que l'idolâtrie des païens, plus impie que le péché d'hérésie et l'incroyance de Sarrasins devait s'implanter, l'Etat et la Société civile s'effondreraient; les mauvais usurperont seigneuries et gouvernements, et le sainct peuple gémira et mendira en désolation... Lors guerres forsenneront (foisonneront) es royaume, les gens s'entre-tueront et chercheront mors l'un sur l'autre. Amis et prochains se feront mal, les enfans se esleveront contre les anciens et sages gens et les vilains entreprendront sur les nobles...et l'abominable iniquité de Sodome sera comme justifiée en comparaison de cette ordure." Ainsi, le Diable est-il perçu comme le grand Serf révolté et les sorciers eux-mêmes comme des serfs rebelles. Des centaines d'arrestations eurent lieu à Arras et dans les environs et les persécutions causèrent des dommages à la ville d'Arras.
- Le 22 octobre, un des prétendus sorciers, le chevalier de Beauffort qui, sans torture, avait tout avoué, s'en tira avec sept ans de prison, le fouet et une forte amende. L'échevin Huguet Aubry fut condamné à vingt ans de prison. On voit clairement la différence des peines entre riches et pauvres.
- Voir également dans la même région la vauderie de 1420.
1481 : Dans la région de Metz, les pluies torrentielles conduisent à la mort par le feu de neuf personnes accusées de sorcellerie.
1483 : Naissance à Chinon de François Rabelais.
1484 : Le 5 décembre, le Pape émet la Bulle Summis desiderantes contre les sorcières.
1486 :
- Les dominicains et inquisiteurs allemands Jacob Sprenger (Bâle) et Heinrich Institoris (Schlettstadt/Séléstat) publient le Hexenhammer plus connu sous le nom latin de Malleus maleficarum (Le Marteau des Sorcières), manuel de l'Inquisition contre les sorcières ou Code de la Sorcellerie. Cet ouvrage sera imprimé quatorze fois de suite jusqu'en 1521.Le titre lui-même désigne les victimes : maleficarum est la forme féminine de maleficorum. Les victimes des bûchers seront pour 83 % des femmes. Sprenger écrira ainsi : "La femme est plus charnelle que l'homme, ce qui ressort de la formation d'Eve, car elle a été formée d'une côte de la poitrine de l'homme, ce qui fait qu'étant un animal imparfait, elle est toujours plus sujette aux suggestions du démon."
- Naissance à Cologne de Corneille Agrippa de Nettesheim (1486-1533). Son principal ouvrage est De occulta philosophia. Malgré l'amitié que lui portait le pape Léon X, les dominicains l'accusèrent d'être un charlatan. Parmi les rumeurs farfelues courant sur son compte, le fait que son chien nommé "Monsieur", qui l'accompagnait constamment et couchait même dans son lit, n'était autre que le Diable...
1491 :
- Le 21 mai, suite à de nombreuses plaintes de victimes ou de leurs parents, les condamnés de la Vauderie d'Arras sont réhabilités et les anciens arrêts cassés. Tous étaient morts depuis longtemps.
- Le 18 juillet, Huguet Aubry, seul survivant de la Vauderie d'Arras assista à la cérémonie durant laquelle le jugement de Réhabilitation fut solennellement proclamé, et ce à l'endroit même où, trente ans plus tôt, Jehan Lavite, l'Abbé de Peu de Sens, qui concluait ses ballades par "Ne déplaise à mon maître" qui avait valu à certains d'y voir une allusion au Diable, avait été brûlé.
1505 : Le franciscain Samuel de Cassinis écrit : "...les Inquisiteurs faisant arrêter les gens accusés par les sorciers qui les ont vu au sabbat, pêchent très gravement, car il est très faux et impossible qu'ils les aient vus réellement."
1508 :
- Bernard de Côme, Inquisiteur. Il croit à la réalité des faits démoniaques.
- Le prêtre Eloy d'Amerval publie à Paris un petit ouvrage intitulé Le livre de la deablerie. Satan et Lucifer y sont campés dans un objectif didactique orthodoxe.
1513 : Bulle du Pape Jules II contre les crimes de Sorcellerie, bulle confirmée par les papes Léon X et Adrien VI.
1521 : Le Malleus maleficarum sera imprimé quinze fois de 1521 à 1576.
1529 : En Terre Abbatiale de Luxeuil, procès Inquisitorial de Desle la Mansenée.
1530 : Naissance de Nicolas Rémy (voir 1576).
1532 : La majorité des Etats allemands adoptent le Carolina qui réclame la torture et la mort pour les sorciers et les magiciens. La Caroline ou Carolina est un statut de persécution institué par la Diète de Ratisbonne, qui tire son nom de Charles Quint, qui n'est autre que son auteur. Les aveux furent dès lors extorqués par la torture et le père jésuite Von Spee dit qu'"il n'y avait dans toute l'Allemagne que des piles de bois flambantes". Et d'ajouter : "Je jure au nom de Dieu que je n'ai pas conduit au bûcher un seul sorcier dont je puisse affirmer en mon âme et conscience qu'il fut coupable. J'ai entendu dire la même chose par plusieurs théologiens..."
1533 : A Grenoble, Corneille Agrippa (1486-1533) meurt dans la misère.
1536 : Androgina, une sorcière du Piémont, avoue à Casal qu'une association de 40 stryges fabriquait un onguent pour graisser les portes et les serrures de la ville afin d'y répandre la peste.
1542-1685 : En Angleterre, le nombre de sorcières exécutées entre ces deux dates, serait d'environ un millier.
1546 : Etienne Dolet, ami de Rabelais, qui imprima Les Faits et Dicts du Géant Gargantua et de son fils Pantagruel, est brûlé à Paris comme hérétique.
1549 : A Nantes, sept sorciers sont brûlés pour avoir écrit un livre destiné aux Sibylles de Nurcie (en Sabine, près de Rome).
1553 : Décès à Paris de François Rabelais.
1555 : Dans son traité De maleficiis, publié à Lyon, le Castillan Paul Grilland que le son des cloches de l'Angélus a le pouvoir d'arrêter la course des démons revenant du sabbat.
1562 : Concile de Trente.
1563 : Le médecin du Duc de Clèves, d'obédience calviniste, Johannes Weyer/Jean Wier (1516-1588) rédige un ouvrage pour dénoncer la folie des procès de sorcellerie et le dédie à l'Empereur Ferdinand I, frère de Charles Quint -Über die Biendwerke der Dämonen Zaubereïen und Giftmischereien-. L'Empereur le félicite mais l'ouvrage sera mis à l'index.
1566 :
- Répression de la Sorcellerie dans le pays de Labourd (Pays Basque). Autres répressions en 1596 et 1609.
- En Angleterre, sous le règne d'Elisabeth, procès de Chelmsford à l'issue duquel Agnès Waterhouse fut pendue pour fait de sorcellerie.
1568 : Une légende rapporte que cette année là, le prince d'Orange condamna à mort un prisonnier espagnol et que pour procéder à l'exécution, il fut attaché un arbre, après quoi un peloton d'arquebusiers fit feu. Mais les balles ne l'atteignirent pas. C'est alors que l'on découvrit sous ses vêtements une amulette représentant la figure de l'agneau. On la lui arracha et il mourut ensuite au premier coup de fusil (d'après Collin de Plancy).
1570 : Dure répression de la sorcellerie à l'époque de la Contre-Réforme.
1576 : De 1576 à 1591, Nicolas Rémy, qui se distinguera en tant que chasseur de sorcière implacable, est nommé grand juge et procureur général de Lorraine. Il est l'auteur de la Démonolâtrie (1595). Rémy enverra au bûcher environ 3.000 sorcières et sorciers.
1581 :
- Un démon succube nommé Abrahel se montra à un berger nommé Pierron, dans le village de Dalhem, au Limbourg. Abrahel sut se faire aimer du berger, qui était par ailleurs marié (!), et finit par obtenir de lui qu'il lui sacrifia son fils. Ce dernier fut empoisonné par une pomme maléficiée. Rongé de remords Pierron demandera à Abrahel de ressusciter son fils, ce que le démon accepta en échange d'un culte d'adoration de sa personne. L'enfant, quant à lui, ne survivra qu'un an, à l'état de mort-vivant dont Nicolas Rémy devait écrire que le corps était "d'une puanteur insupportable" et qu'il "fut tiré hors de la maison de son père et enterré dans un champ."
- Dans sa Chronique de Poméranie, Joachim Wedel-Wedel nous apprend qu'en 1581 on brûla un sorcier pour crime d'anthropomancie, soit le procédé de divination qui consiste à l'inspection d'entrailles humaines. Pour ce faire, ledit sorcier aurait éventré plusieurs femmes enceintes afin d'en manier le foetus à des fins de magie noire.
1582 : La Gantière est brûlée à Paris pour avoir obtenu du Démon le paiement de ses lourds impôts : "le Diable lui avait donné huit sous pour payer sa Taille, mais à son retour au logis, elle ne les avait plus trouvés dans son mouchoir...".
1584 : Le premier ouvrage imprimé sur la sorcellerie en Angleterre est le Discovery of Witchcraft de Reginald Scot.
1585-1590 : Le pape Sixte V lance la bulle Coeli et Terrae : "les sorciers... font alliance avec la mort, un pacte avec l'enfer. Pour découvrir les choses cachées, trouver des trésors ou commettre d'autres crimes, ils font avec le Diable un traité explicite... ils dessinent des cercles et autres caractères diaboliques, ils invoquent ou consultent les démons, leur demandent ou reçoivent d'eux des réponses, leur offre des prières, des fumées ou des vapeurs d'encens... des sacrifices, ils allument des cierges en leur honneur, font pour eux un emploi sacrilège des choses saintes, des sacrements ou des sacramentaux... ils fabriquent un anneau, un miroir ou de petites fioles, ou les font faire dans le but d'enfermer les démons, à ce qu'ils croient, pour obtenir d'eux les réponses aux demandes faites."
1586-1591 : Dans l'Electorat de Trèves, victimes de la guerre des religions, 368 prétendus sorciers furent exécutés en cinq ans. Parmi eux, de hautes personnalités tel que le Grand Juge Dietrich Flade, ancien gouverneur-adjoint de Trèves.
1587 : Dans son Discourse, George Gifford dénonce la pratique de brûler vifs les animaux soupçonnés d'avoir servi à l'exécution de maléfices. En effet, on estimait à cette époque que le sorcier ou la sorcière auteur desdits maléfices ressentirait au moment de la crémation une brûlure ou une douleur.
1590 : La grand-mère du célèbre Olivier Cromwell meurt à Woarboys des suites, dit-on, de maléfices jetés par une sorcière avec la complicité d'une fille de l'ancêtre de Cromwell et de son gendre. Pour ces faits, ils seront tous trois exécutés en 1593.
1592 : Le prêtre catholique et théologien Cornelius Loos (ca.1546-1595) est sommé de se rétracter : il avait protesté contre les exécutions de sorcières par le feu à Trêves où il était professeur. Le nonce de Cologne Ottavio Mirto Frangipani l'avait fait enfermer dans l'abbaye de Saint-Maximin. Après sa rétractation, il dirige une paroisse à Bruxelles, mais continue de s'insurger contre les procès en sorcellerie. Il est à nouveau enfermé et meurt en prison.
1593 :
- Soucieux de s'approprier les biens des condamnés saisis par décision judiciaire, des juges de Fülda envoyèrent au feu trois cents personnes.
- En Angleterre, le 5 avril, une sorcière dénommée Alice Samuel, de même que la fille et le gendre de lady Cromwell, dont on dit qu'elle fut assassinée par eux, en 1590, par des maléfices, sont pendus pour cette raison.
1595 :
- Publication de la Démonolâtrie de Nicolas Rémy (1530-1612).
- Décès, en prison, à Bruxelles, de Cornelius Loos (v.1592).
1596 : Répression de la Sorcellerie dans le pays de Labourd (Pays Basque). Autres répressions en 1566 et 1609.
1597 : Parution, à Edimbourg, de la Demonology du roi Jacques Ier. Cet ouvrage fut à l'origine du déclenchement d'une épidémie de sorcellerie à Aberdeen. Une certaine Janet Wishart apparut comme la meneuse des sorcières et fut accusée d'avoir suscité des tempêtes, démembré un pendu et provoqué la mort d'un nommé Andrew Webster. Dans cette affaire, 24 hommes et femmes furent condamnés à mort.
1598 : Le 25 mai, un prêtre de 54 ans nommé Pierre Aupetit, desservant une petite paroisse du Limousin et jugé par un tribunal civil, fut condamné comme sorcier et noueur d'aiguillette, à être brûlé vif. Il nia d'abord toutes ces accusations en bloc avant d'avouer sous la torture qu'il était allé au Sabbat, qu'un sorcier du nom de Gratoulet lui avait appris certains tours sorciers et que son démon familier n'était autre que Belzébuth dont il avait reçu en cadeau le petit doigt...
1599 : Gabrielle d'Estrées, maîtresse d'Henri IV, meurt en 1599, vraisemblablement des suites d'une apoplexie foudroyante, ou de l'absorption d'une citronnade empoisonnée que lui aurait préparée le financier Zamet. On prétendit toutefois qu'elle avait été étranglée par le Diable...
1602 : Publication du Discours exécrables des sorciers d'Henri Boguet. Boguet fera exécuter 600 sorciers.
1605 : Dans ses Deux livres de la jurisprudence française (Saumur, 1605), Pierre de Lhommeau considère que le nouement de l'aiguillette (=rendre impuissant par acte de sorcellerie) mérite la peine capitale...
1605-1621 : Le Rituale Romanum du pape Paul V (1605-1621), définit en onze parties la méthode à suivre pour venir à bout des démons.
1608-1679 : Le savant Pierre Borel (1608-1679), médecin du roi et académicien,
assure avoir vu des esprits venimeux sortir des yeux de certaines personnes. Ces dernières, par leur seul regard, endommageaient, selon lui, tout ce qu'elles contemplaient -ce qui n'est pas sans rappeler la légende du Basilic ou encore celle de Méduse et des Gorgones...- et faisaient même tarir le lait aux nourrices. Borel décrivit ces regards comme "corrosifs" au point d'attaquer le verre, les miroirs, les glaces, les lunettes...
1609 :
- Affaire du pays de Labourd (Pays Basque) fait suite aux guerres religieuses et aux fléaux naturels qui décimèrent les vergers de pommiers de la région. Les magistrats bordelais y firent périr 500 personnes. Les Juges du Parlement de Bordeaux sont de Lancre et d'Espagnet. Ensemble, ils terroriseront le pays de Labourd durant l'année 1609. Cette région où l'origine sociale de la Sorcellerie est nette, avait déjà subi la répression en 1566 et 1596. Il semble que la persécution s'arrêta, dès qu'on enferma des prêtres supposés sorciers.
- Affaire Gaufridi. Deux religieuses d'Aix, Madeleine de Mandol et Louise Capel, atteintes de convulsions, accusèrent un prêtre de Marseille, Louis Gaufridi, de les avoir ensorcelées avec l'aide des diables Belzébuth, Verrine et Léviathan. Madeleine accusa également Gaufridi d'avoir abusé d'elle à l'âge de neuf ans. Gaufridi fut encore accusé par ces deux filles de les avoir conduites au Sabbat où le prêtre disait la Messe infernale célébrée devant Satan en personne, présent sous la forme de dogue. Après procès-verbal de l'Inquisiteur au Président du Parlement, Gaufridi fut arrêté et mis à la torture et, bien entendu, il avoua les faits de sorcellerie qui lui étaient reprochés. Il sera brûlé en 1611.
1610 :
-Le 18 février, à Vesoul, sont brûlés les banquiers italiens Manfredo Darlady et Fernando, fils du précédent, du fait qu'ils étaient réputés être trésoriers du Diable.
- De miraculis mortuorum, Henri Kormann.
- Six sorciers sont brûlés à Logrono (Espagne).
- Regain des épidémies de sorcellerie en Angleterre.
1611 :
- Le 30 avril, Louis Gaufridi (voir 1609), est brûlé à Aix pour faits de sorcellerie.
- Controverses et recherches magiques, Martin Del Rio, Paris.
1612 :
- Décès de Nicolas Rémy (voir 1530, 1576, 1595).
- En Angleterre, dix sorcières sont brûlées dans le Lancashire et cinq autres à Northampton.
1613 : Publication par de Lancre (voir 1609 et 1622) de Tableau de l'Inconstance des mauvais anges et démons... ouvrage dans lequel il dénonce les activités des sorciers.
1615 : De 1615 à 1616, les juges de l'Orléanais condamnèrent 17 sorciers, tous plus qu'à demi fous, l'un d'entre eux ayant 77 ans.
1616 : 99 sorciers sont brûlés à Wurzburg (Allemagne). Voir 1627-1629.
1618 :
- Le bailli de Londinières fait pendre huit sorciers.
- Durant la guerre de Trente Ans (1618-1648), les persécutions contre les sorciers sont particulièrement dures en Rhénanie. A noter qu'au XVIIe siècle, c'est un luthérien nommé Benedict Carpzov qui s'attirera la réputation d'être le plus implacable chasseur de sorcière : il se vanta d'en avoir fait exécuter une vingtaine de milliers.
- De 1618 à 1642, aucune sorcière ne fut suppliciée en Angleterre.
1619 :
- Décès d'Henri Boguet.
- Jacques Ier d'Angleterre, jusque là grand pourfendeur de sorcières, change d'opinion à leur égard, sans doute sous l'influence des Essais de Montaigne et des oeuvres de Francis Bacon.
1620 :
- La Sorbonne proclame, le 16 février, que le témoignage des démons ne doit jamais être accepté, car ils mentent, même sous l'exorcisme; on ne doit jamais "admettre les démons à accuser autrui, moins encore employer les exorcismes pour connaître les fautes de quelqu'un et pour savoir s'il est magicien."
- De 1620 à 1630, en Terre Abbatiale de Luxeuil, 70 poursuites de sorciers devant la justice furent opérées. Un très grand nombre de condamnations à mort furent prononcées.
1621 :
- Le pasteur Théodore Mummius publie De l'impiété des sorciers.
- (1621 ?) Le médecin Poirot, accusé par Elisabeth de Ranfaing de sorcellerie, monte sur le bûcher. Elisabeth, dite l'Energumène de Nancy, fut mariée à un soudard dont elle eut six enfants en six ans. Elle souffrait vraisemblablement d'obsessions sexuelles caractérisées et lorsqu'elle croisa la route du médecin Poirot, elle crut erronément que celui-ci lui portait quelque intérêt ce qui n'était pas le cas. Ce fut la perte du pauvre homme. Devenue religieuse, Elisabeth fonda l'Ordre du Refuge de Nancy. Elle se trouva bientôt possédée du démon et accusa Poirot de sorcellerie, ce qui aboutit à son exécution par le feu. Exorcismes, phénomènes de lévitation et autres fadaises se multiplient alors, les Jésuites utilisant cette malade mentale pour détruire leurs adversaires, les Capucins de Toul. Mais les Jésuites perdirent la partie et il semble bien qu'Elisabeth en mourut de chagrin. Mais le mal était fait : Poirot était mort.
1622 : Publication par de Lancre (voir 1609 et 1613) d'Incrédulité et mescréance du sortilège, ouvrage dans lequel il dénonce les activités des sorciers.
1623-1630 : A Bamberg (Allemagne), considérée comme une "ville de sorciers", six cents personnes sont exécutées en sept ans.
1625 : Histoires en forme de dialogue... par Antoine de Torquemada.
1627-1629 : 159 sorciers sont brûlés à Wurzburg en deux ans, et 299 par la suite (voir 1616).
1629 : Le Jésuite Paul Layman (1575-1635) écrit Du procès contre les sorciers et les sorcières dans lequel il recommande la plus grande prudence aux juges et les supplie de ne pas appliquer la question à la légère, ce qu'ils ont la fâcheuse tendance à faire.
1630 : Le Parlement de Bordeaux condamne au feu 120 sorciers.
1631 : Affaire de Loudun (épilogue : 1634). Les Capucins, Carmes et Cordeliers de Loudun dont Urbain Grandier aimait à se moquer en sa chaire, parvinrent à le faire interdire du diocèse pour cinq ans, mais en 1631, la punition fut levée. C'est ainsi que commença la célèbre affaire de Loudun. Et on entendit bientôt parler de possessions diaboliques au couvent des Ursulines.
1632 : Affaire de Loudun. Le Cardinal Richelieu fait raser le Château de Loudun, au grand déplaisir des protestants et de certains papistes dont Urbain Grandier. Richelieu envoya en Poitou le commissaire Laubardemont, persécuteur des sorciers du Midi.
1633 :
- Début de la Guerre de Trente ans. Invasion française du Duché de Lorraine.
- Affaire de Loudun.
.On imprima à Loudun un pamphlet La Cordonnière de Loudun, qui se révéla être insolent à l'égard de Richelieu.
.Le 30 novembre, Laubardemont, autorisé par le Cardinal, fait arrêter Grandier. On trouva des prétendus pactes signés par Grandier avec le Diable : "le premier de cendre, de vers, de poils et d'ongles de quelque corps humain et rapporté par Asmodée à l'exorcisme du 15 Mai, le deuxième de sang, selon l'apparence sur du papier, et de huit graines d'oranges". Les possédées du couvent des Ursulines où se pressaient nombre d'exorcistes, accusaient également Grandier de sorcellerie.
1634 :
- Affaire de Loudun (début : 1631). Urbain Grandier est torturé et finalement brûlé le 18 août.
1637 :
- Le Pape Urbain VIII, tout en maintenant la réalité des faits de sorcellerie recommande de ne punir que les coupables dûment convaincus.
- La Cour Romaine interdit de poursuivre les sorciers et les sorcières en dehors de l'Eglise.
1638 : Le bailli de Neufchâtel fait pendre 15 sorciers.
1639 :
- En Normandie, jacquerie dite des Va-nus-pieds en raison du sobriquet de son chef : Jacques Va-nus-pieds. Cette jacquerie s'accompagne d'une vague de poursuites pour sortilèges spécialement dirigée contre les bergers que l'on nommait à ce moment "petits-sorciers" (terme déjà employé dans la Vauderie d'Arras parce qu'ils ne se rendaient qu'à de petits sabbats où le Diable ne figurait pas).
- Le 19 août, après six exorcismes pratiqués par un dominicain de Grenoble nommé François Farconnet, une nonne dénommée Elisabeth Allier rendit, au bout d'une langue plus longue "que quatre doigts" les deux démons qui la possédaient depuis vingt ans et dont les noms étaient Orgueil et Bonifarce. On peut dire de ce dernier que jamais nom de démon n'aura été plus judicieusement choisi...
1642 :
- Un chercheur de trésors sans doute savant minéralogiste, le baron de Beausoleil, de même que sa femme, furent enfermés à vie à la Bastille.
- Parution à Bologne de l'ouvrage d'Ulysse Aldovrandi (1522-1605), Monstrorum Historia, dans lequel l'auteur explique la gestation des monstres à un commerce entre leurs mères et des démons incubes.
1643 : Affaire de Louviers. On nota des cas de possessions diaboliques semblables à ceux de Loudun dans un couvent de franciscaines de Louviers. Les exorcismes commencèrent et les cas de possessions diaboliques se multiplièrent. L'une des possédées, Madeleine Bavent fut accusée d'être l'auteur des maléfices. Les démons la désignaient avec ses complices : David, ancien Directeur de conscience des nonnes décédé et Picard, l'actuel confesseur des religieuses. Fut également accusé de s'être rendu au Sabbat, un vicaire du nom de Boullé. L'évêque de Rouen condamna Madeleine Bavent à la réclusion à perpétuité et fit déterrer et jeter dans une fosse à ordures le corps de Picard mort le 12 mars de la même année (voir 1647).
1644 : Des sorciers sont rendus responsables de la grêle en Bourgogne. Ils furent massacrés par la foule excitée par un jeune berger. Les sorciers moururent sous les coups des paysans ou furent noyés.
1645 : A cette époque, en Angleterre, s'illustre le plus grand pourfendeur de sorcières nommé Matthew Hopkins.
1646 : Publication, à Londres, de l'ouvrage de Gaule, Selected Cases of Conscience Touching Witches and Witchcraft. D'après cet ouvrage, les juges ont à leur disposition trois catégories d'indices capables de distinguer les sorcières du reste des humains :
1. Signes non-garantis
- des yeux très grands ou de forme allongée,
- une absence de larmes en toutes circonstances.
2. Signes probables
- un soupçon très fort et très ancien à l'égard des personnes présumées sorcières,
- des ancêtres soupçonnés de sorcellerie,
- le témoignage de personnes maléficiées,
- la présence de marques diaboliques sur le corps,
- une vie scandaleuse et méchante,
- le fait qu'un cadavre puisse saigner par simple attouchement de la prévenue.
3. Signes infaillibles
- les fausses réponses faites à la Justice ( !),
- l'abandon de Dieu et l'exécution de péchés particuliers,
- la fréquentation d'assemblées nocturnes,
- la désertion de l'Eglise et des sacrements,
- l'incitation d'autres personnes à commettre des actions maléfiques,
- une volonté maligne contre le monde, l'oeuvre de la Providence et l'adoration de Dieu.
1647 : Affaire de Louviers. La Cour de Rouen décide, le 21 août, que le vicaire Boullé serait brûlé en même temps que le cadavre de Picard conservé depuis son exhumation de 1643 dans un coffre et mis sous séquestre aux prisons de Louviers.
1649 : Huit bergers de Fréauville -les bergers étant souvent accusés de sorcellerie- firent appel d'une sentence de mort au Parlement de Rouen qui se contenta de les bannir durant six années.
1651-1660 : A Neisse, en Silésie, une pénurie de bois ne permet plus d'alimenter les bûchers. Aussi, bien avant l'Holocauste juif organisé par les nazis au 20ème siècle, trouve-t-on déjà l'épouvantable solution du four crématoire. 42 femmes y périrent, en une seule fois, en 1651. Durant les neuf années suivantes, mille autres s'y succédèrent, parmi lesquelles des enfants de deux à quatre ans.
1652 : Dans son Discours contre les Sorciers, Cyrano de Bergerac dénonce ironiquement la croyance dans les pouvoirs surnaturels des sorciers et sorcières.
1653 : Affaire Gaufridi. Madeleine de Mandol, accusatrice de Louis Gaufridi, meurt en prison à Avignon après avoir été à son tour accusée de sorcellerie.
1654 : Affaire de Louviers. Une ancienne religieuse de Louviers (voir 1643) qui avait été accusée de sorcellerie par les nonnes et qui avait été condamnée à Rouen, est finalement relâchée.
1656 :
- A Salzbourg, afin d'assouvir ses rancunes à leur égard, le jésuite Loper, sur base de prétendus cas de possession diaboliques, accusera les Capucins de sortilèges.
- Parution de la Magica de spectris et appartitionibus spiritu, traité de magie réputé que l'on doit à Henningus Grosius.
1657 : Le Bailli d'Amorbach fait relâcher toutes les sorcières qui avaient été arrêtées comme responsables du gel des vignobles.
1658 : Affaire d'Auxonne. Cas de possession diabolique.
1661 :
- Révolte du Boulonnais dirigée par un certain Lustucru et issue d'une disette.
- Lors de l'Affaire de Méautis (1661-1672), dans le Cotentin, certains accusés déclarent pour nom de guerre aux assemblées nocturnes sabbatiques le nom de Lustucru. L'affaire de Méautis est une épidémie de sorcellerie qui déferla sur le Cotentin. Un médecin de Saint-Lô (Manche), Marquier, fut accusé de sorcellerie par ses clients, des fous ou des hallucinés. Il fut condamné à mort avec sa fille par le bailli (voir 1663).
- Affaire des Poisons. "Prières, neuvaines, messes, cierges, crapauds, vipères, doigts de pendus, herbes vénéneuses, arsenic, main d'homme roué, verres où l'on voit les figures désirées, pierre philosophale, mercure, graisse de pendu, sang des menstrues, urine des femmes, souliers, mouchoirs, gants, fleurs, chemises ou coupes empoisonnées, taupes ou pigeons brûlés, cierges noirs ou blanc, objets bénits, hosties consacrées, huiles saintes, conjurations en langage baroque, figures de cire baptisées ou non, consultation des esprits, évocation des diables, cadavres d'enfants morts-nés, meurtres d'enfants vivants, os de morts, pactes avec les démons, horoscopes, tous les ingrédients, toutes les partiques de la Sorcellerie ancienne se trouvent pêle-mêle dans la sinistre affaire des poisons...".
En 1661, Louis XIV jugule le pouvoir de l'aristocratie par la chaîne dorée des pensions royales au Trône du Prince. Les grands seigneurs doivent se soumettre et à leurs ambitions refoulées se mêlent des désirs érotiques. L'Eglise n'est là que pour apaiser cette noblesse humiliée, aussi les grands seigneurs de France se tournent-ils, en dernier recours, vers des sorciers qui leur proposent la réalisation de tous leurs désirs. Les libertins affirment leur athéisme au point que leur libertinage prend souvent l'allure d'un blasphème. Certains d'entre eux font également commerce avec les sorciers. Des révoltes agraires se produisent un peu partout en France et la fiscalité est lourde. Le Sabbat console les misérables. La Sorcellerie est donc présente à tous les échelons du royaume et des sorcières deviennent bientôt les conseillères des grands seigneurs et des grandes dames...
L'Eglise est également en crise et nombre de ses ministres, véritables prêtres maudits, se livrent à la Sorcellerie : le capucin Gérard -spécialiste en poisons de Saint-Germain-en-Laye...-les abbés Olivier, Catton, Dulaurens, Rebours, Toumet, Lépreux, Lemaignan -qui immole des enfants au Diable...-, Guibourg -âme damnée de toute l'affaire-, le religieux Gabriel, le sous-diacre Sebaud -qui célèbre la Messe Noire sur le corps dénudé de sa maîtresse- et son complice, le curé de Notre-Dame de Bourges... On citera encore le berger Lesage. Mais c'est le nom de la Voisin, "reine des sorcières", que l'Histoire a le mieux retenu.
Tout le monde, du plus pauvre au plus riche, se rend donc chez le sorcier ou la sorcière, pour connaître son avenir, se faire aimer ou encore devenir riche et puissant.
L'image la plus marquante de l'affaire des Poisons est celle de la marquise de Montespan servant nue d'autel à la messe satanique célébrée par l'abbé Guibourg...
Le Roi se vit bientôt entouré de sorciers et de clients criminels de sorciers, sa favorite, Mme de Montespan comprise. Cela a plus que probablement influencé la conduite de Louis XIV qui, ayant dû se défaire de la belle Montespan, se tourna ensuite vers la sévère Mme de Maintenon... Suit la Grande Ordonnance de 1682.
1663 : Affaire de Méautis. Le médecin Marquier et sa fille (voir 1661) firent appel au Parlement de Rouen qui commua leur condamnation à mort en peine de bannissement.
1669 : Affaire de Méautis (voir 1661). On arrêta dans le Cotentin deux hommes nommés Ernoul et Charles Barneville qui dénoncèrent un grand nombre de personnes, et les dépositions des inculpés sont elles-mêmes des plus extravagantes : enfants-sorciers, sabbats de centaines de personnes dansant nues sur la lande de Méautis, bouc, messes noires, etc... 600 arrestations furent opérées et 34 inculpés déférés devant la justice baillive qui en condamna 12 au feu (voir 1672).
1671 : Dans L'Incrédulité savante et la crédulité ignorante (Lyon), Jacques d'Autun écrit : "C'est une vérité qui nous est acquise par la confession d'un million de sorciers, qui ont avoué que, dans ces assemblées funestes qu'on appelle sabbat, le Démon, en figure d'homme ou de femme, contracte publiquement une espèce de mariage avec le sorcier ou la sorcière et, par une abomination et impudence exécrable, entretient le commerce ordinaire d'un mari avec sa femme à la vue de tous les assistants, et que dans ces festins funestes il est assis auprès de l'amant ou de l'amante, dont il se feint l'époux ou l'épouse, prenant la figure de l'un ou de l'autre sexe."
1672 : Affaire de Méautis. Le Parlement confirma les peines prononcées contre les sorciers en 1669 mais sur appel du Roi Louis XIV, et malgré les réticences du Parlement de Rouen, cassa la sentence et se contenta de faire bannir les sorciers hors de la province de Normandie. Bien plus, Colbert défend aux tribunaux d'admettre l'accusation de sorcellerie. Les procès en sorcellerie et les condamnations à mort ne cesseront pas mais auront tendance à ralentir à partir de cette date. C'est le signe précurseur de la Grande Ordonnance sur les Sortilèges de juillet 1682.
1674 : Malebranche, dans sa Recherche de la Vérité porte un coup sensible aux croyances à la Sorcellerie.
1679 :
- En France, la Chambre Ardente eut à connaître un grand nombre d'affaires de Sorcellerie.
- A Salzbourg, 97 sorcières sont brûlées. A Lindheim, sur 540 habitants on en brûla trente.
1682 : Juillet : En France, Grande Ordonnance sur les Sortilèges (voir 1661, 1672). Le scandale de l'affaire des Poisons fut telle que Louis XIV prit en 1682 une ordonnance relative aux sortilèges et également aux poisons...: "Savoir faisons, etc... Que toutes personnes se mêlant de deviner, se disant devins ou devineresses, videront incessamment le royaume après publication de notre présente déclaration, à peine de punition corporelle." Sont également défendues toutes les pratiques superstitieuses, sacrilèges, blasphématoires, de même que de la confection de poisons. En définitive, cette ordonnance eut pour conséquence heureuse, du moins en théorie, de ne pouvoir condamner au supplice que les sorciers impies ou sacrilèges. Ainsi, sans pour autant arrêter les condamnations à mort des sorciers, du moins les réduisit-elle progressivement.
1684 : A Exeter (Angleterre), Alicia Molland est exécutée pour fait de sorcellerie.
1687 : Affaire Hocque. Un sort avait été jeté, disait-on, sur la seigneurie de Pacy-sur-Eure et le berger Hocque fut accusé et condamné pour sortilège à être pendu et brûlé. L'histoire du berger Hocque est celle d'"une opération de goétie transcendante... qui dénote chez son auteur sinon des connaissances élevées en Magie, au moins la détention de secrets encore formidables -si affaiblie, si dénaturée qu'en soit l'essence chez les ignorants qui ne les possèdent qu'à la suite d'une longue, vague et infidèle tradition". Peu importe l'opinion émise ici, mais on semble clairement distinguer une différence entre Haute-Science Magique et Sorcellerie et la vulgarisation des préceptes de la Magie chez les sorciers des campagnes. Toutefois, ce verdict fut commué en peine de galères. Hocque se trouvait donc en la prison des Tournelles, à Paris, en attendant son départ pour un bagne du littoral. Dans sa cellule, Hocque avoua à un mouchard du nom de Béatrix qu'il avait enterré à Pacy-sur-Eure, dans une écurie, un pot muni "d'une charge d'empoisonnement magique, appelée les neuf conjuremens" et seul, disait-il, un berger de Bourgogne du nom de Bras-de-Fer, pouvait délivrer le cheptel de ce sort. Béatrix fit prévenir le seingeur de Pacy qui venir le sorcier bourguignon. Celui-ci déterra "le sort" et le détruisit. La Justice s'empara par la suite de Bras-de-Fer, de même que les deux fils et la fille de Hocque et encore deux autres bergers, ces deux derniers et Bras-de-Fer périrent sur le bûcher, les enfants Hocque, quant à eux, étant condamnés au bannissement pour neuf ans. (voir 1691).
1691 : Affaire Hocque. Le 18 décembre, le Parlement de Paris confirma la sentence contre les enfants Hocque, Bras-de-Fer et deux autres bergers (voir 1687).
1697 : A partir de 1697, on cessa de brûler les sorciers à Hambourg. Les poursuites continuèrent toutefois jusqu'en 1735 mais sans mise à mort.
1701 : Le 16 octobre, M.d'Argenson, lieutenant de police à Pontchartrain déclare que deux à trois femmes -dont l'une se nomme Berthemet d'Estrade, l'autre étant une certaine veuve Fénouillet- "qui ont la fureur de se donner au Diable pour avoir de l'argent; mais dont le Diable ne veut point du tout" lui sont tombées entre les mains. Il les considère comme des personnes extravagantes qui connaissent peut-être un certain prêtre de Saint-Cosme qui passe pour être sorcier. Elles auraient ainsi persécuté un maître d'école du nom de Protain à tel point qu'elles lui ont fait croire qu'il était sorcier. Il leur a, de ce fait, écrit des pactes sataniques. Le lieutenant de police considère qu'il n'y a pas lieu de tenir compte de pareilles extravagances et conseille d'envoyer Protain et la veuve Fenouillet à l'hôpital pour un certain temps, la demoiselle Berthemet d'Estrade échappant à cette peine du fait de ses responsabilités familiales...
1718 : A Bordeaux, dernier supplice en France pour faits de Sorcellerie.
1735 : Fin des poursuites pour faits de sorcellerie à Hambourg.
1751 : Traité sur les apparitions des esprits de dom Calmet, édité à Paris.
1749 : Le 27 juin, à Mossau, la religieuse Maria Renata est brûlée. Elle fut dénoncée à la justice par un certain nombre de religieuses hystériques de son couvent.
1775 : Dernière exécution, en Allemagne, pour fait de sorcellerie dont fut victime Anna-Maria Schwägel.
1795 : Un jeune médecin et philosophe kantien dénommé Jean Benjamin Ehrard publie une "Apologie du Diable" dans le Philosophisches Journal. Dans ce texte, il s'efforce, en sept règles, de promouvoir une moralité fondée pour l'essentiel sur le Mal :
1. Ne dis jamais la vérité, mais donne-toi l'air de la dire.
2. Ne respecte aucun droit de propriété, mais affirme que la propriété est sacrée et inviolable, et approprie-toi tout ce que tu pourras.
3. Sers-toi de la moralité des autres comme d'une faiblesse que tu utiliseras à tes fins.
4. Incite ton semblable au péché, et cependant feins de reconnaître la moralité comme nécessaire.
5. N'aime personne.
6. Rends malheureux quiconque ne veut pas dépendre de toi.
7. Sois pleinement cohérent et ne te repens jamais de rien.
1803 : L'abbé Fiard accuse les Jacobins et les Francs-Maçons de sorcellerie.
1819 : L'abbé Simonet écrit une Réalité de la Magie.
1823 : Le curé d'Ars se dit persécuté par un démon qu'il nomme Le Grappin et prétendra l'être jusqu'à sa mort en 1859. Il affirmera également l'existence de sept millions de diables et que chaque homme possède un ange gardien personnel.
1824 : Le 12 décembre, à Bournel (Lot-et-Garonne), deux femmes tentèrent de brûler vive une prétendue sorcière.
1836 :
- A Laval, un pauvre vieux, accusé de maléfice sur un enfant, fut torturé.
- A Méry, un médecin ignare rendit responsable d'une épidémie une malheureuse qui fut martyrisée par une populace fanatisée.
1843 : A Chanceaux, près de Tours, la famille Avril faillit être suspectée d'être responsable d'une épidémie.
1846 : Parution, à Paris, du Dictionnaire des sciences occultes de l'abbé Migne.
1850 : Du 26 novembre 1850 au 15 février 1851, se déroula l'affaire du Presbytère de Cideville (Seine-Inférieure, Normandie) : un berger du nom de Thorel fut accusé d'avoir jeté des sorts sur le presbytère de Cideville. L'affaire fut particulièrement étrange et il en résulta du Juge de Paix, le 4 février 1851, le jugement suivant : "Attendu que, quelle soit la cause des faits extraordinaires qui se sont produits au presbytère de Cideville, ce qui résulte de plus clair de tous les témoignages entendus, c'est que cette cause est demeurée inconnue...
1893 : Publication du Diable au XIXe siècle par un prétendu Dr. Bataille (canular de Léo Taxil révélé en 1897). Il s'agit de révéler un prétendu complot luciférien universel.
1897 : Révélation du canular luciférien du journaliste anticlérical Léo Taxil (voir 1893). Thérèse de Lisieux écrit à un personnage de fiction du nom de Diana Vaughan. L'Eglise catholique se couvre de ridicule.
1910 :
- Un sorcier de Saint-Martin de Bonfossé (Manche) se changeait en cochon.
- A la même époque, des meneurs de loups sont signalés dans l'Orne.
1913 : Dans le Queyras (Hautes-Alpes), un paysan de Molines se rendit de nuit dans la lande de Pra-Patris pour invoquer le Diable, mais il fut tellement impressionné par ses propres extravagances qu'il finit par s'enfuir...
1945 : A Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), on disait que des sorcières jetaient des sorts contre les broches et les bobines d'une couturière.
1950 : On a rapporté qu'un sorcier vivait encore à Pont-Hébert (Manche) à cette époque. Il se transformait le soir en bâton, lequel venait se ranger sous son lit.
1962 :
- Vatican II (1962-1965).
- L'Antéchrist serait né le 22 février 1962. C'est en tout cas ce qu'affirment les fidèles de l'Eglise baptiste du Centre qui le décrivent comme faisant partie d'un complot visant à instaurer le règne du Mal par l'entremise des maladies, de la drogue, de la musique rock, du tabac, de l'alcool, de l'avortement, du communisme et de l'informatique... (Roland Villeneuve in "Dictionnaire du Diable").
1964 : Un sondage réalisé en Allemagne révèle que, sur 7000 personnes interrogées, 15 % croyaient à l'existence physique des sorcières, des démons et autres mauvais esprits.
1984 : A cette époque, la croyance en la sorcellerie semble encore bien se porter en Allemagne. Le 13 septembre 1984, le journal "Le Matin" publie l'information suivante : "Quelque 2500 sorcières et envoûteurs exercent leur magie en R.F.A Deux millions de gens payent pour connaître leur avenir, se faire guérir ou pour faire jeter le mauvais sort sur un ennemi. Une séance destinée à faire mourir -par des gestes magiques- une personne détestée coûte 30.000 marks". En outre, il apparaît que "La sorcellerie et l'exorcisme sont en vogue dans l'Allemagne hautement industrialisée où un habitant sur quatre croit aux forces surnaturelles des sorcières et des officiants du culte de Satan." (Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998, p.31).
1999 : L'Eglise catholique a défini un nouveau rituel des exorcismes, multiplié le nombre des prêtres chargés de la fonction (passés de 15 à 120 en France), réaffirmé vigoureusement, par la voix du pape Jean-Paul II, la réalité de l'existence du Malin.
2005 :
- Jeudi 17 février, une centaine de prêtres suivent le premier cours sur le satanisme et l'exorcisme jamais organisé au monde. Sept cours de trois heures doivent être organisés dans le cadre d'un séminaire entre le 17 février et le 14 avril 2005 pour le prix de 180 euros. Ce séminaire, organisé à l'université pontificale Regina Apostolorum par la congrégation des Légionnaires du Christ, porte le nom évocateur d'"Exorcisme et prière de libération". Il est réservé aux prêtres et aux séminaristes étudiants en théologie. Le séminaire a été conçu pour faire face au développement de la mode sataniste dans la musique, l'habillement et les objets, mais également pour faire face à l'essor de l'occultisme, de la magie et des expériences mystiques. Il vise également, si l'on en croit le père Paolo Scafaroni, recteur de l'université, à préparer les prêtres et séminaristes "à discerner les vrais cas de possession diabolique des cas de troubles psychiques afin de les adresser aux exorcistes", ceci dit sans rire... "Le satanisme brouille les valeurs humaines, religieuses et culturelles. L'objectif des cours est de donner des clés de compréhension aux prêtres et aux novices inscrits à ce séminaire", explique tout aussi sérieusement Carlo Climati, un des enseignants, qui est également journaliste et écrivain. Les cours aborderont également la démonologie, la présence de la notion du diable dans les textes sacrés, les pathologies et les traitements médicaux chez les possédés. Ce séminaire s'achèvera, en outre, par des témoignages de deux exorcistes, et c'est à eux que reviendra la délicate tâche d'expliquer comment distinguer une personne malade devant faire l'objet de soins de la part de médecins, d'une personne "possédée par le démon", toujours selon Carlo Climati... (d'après AFP et Belga).
- Mardi 22 février. Publication d'un livre signé par le pape Jean-Paul II, "Mémoire et Identité". Dans ce livre, le souverain pontife compare l'avortement à une "extermination légale" comparable à la Shoah et aux autres génocides de l'histoire de l'humanité et le mariage homosexuel à un instrument du Diable menaçant la société (d'après Reuters).