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Trop, c'est trop !

A propos des racines chrétiennes de la France


par J.J.  -  04/03/2011




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




Je sais bien qu'il faut savoir garder sa raison son calme et son sang-froid et ne point s'emporter mais cette fois les limites sont dépassées.

Infliger dans une émission de la télévision d'état la déclamation en public par le chef d''un état dont la Constitution se réclame de la Laïcité, et pendant un déplacement officiel, un sermon faisant l'apologie de la religion chrétienne, et cela sous le fallacieux prétexte de la dite Laïcité, cela dépasse les limites de la bienséance et de l'acceptable.

Je sais bien qu'il faut attendre rarement quelque chose de bon de la part du personnage, sinon les gesticulations et les rodomontades auxquelles il nous a habitué, mais là le plat est encore plus indigeste et montre une fois de plus combien il est aisé de tromper les gogos : la preuve en est la foule de bénis oui-oui venus voir et complimenter leur petit guide. Je suppose que ces quidams furent choisis avec soin et que l'on en a exclu tout individu suspect, comme je le fus par des hommes aux larges épaules sur la Sainte Esplanade. Ce jour là, revenant du Cirque de Gavarnie, j'avais voulu par curiosité ethnologique montrer à mes enfants celui de Lourdes.

Donc, notre petit chanoine avec ses gros cothurnes, veut, dans le but parfaitement transparent de s'attaquer à l'Islam, (en sabrant à l'occasion les Athées, Libres Penseurs et autres Trublions) magnifier les prétendues racines chrétiennes de notre nation.

Ce en quoi il se trompe, se fiant aux élucubrations pseudo-historiques de cireurs de pompes lancées au grand Gallo.
Ce n'est pas la nation qui a pris ses racines dans la chrétienté, mais l'absolutisme et le despotisme des rois de France.

Depuis la mascarade du baptême de Clovis, jusqu'à l'onction extrême de Charles X à Reims, les rois ont usés de stratagèmes et procédés de bateleurs pour imposer leur autorité. L'alliance du scramasaxe, puis du sabre, avec le goupillon est depuis toujours le moyen d'asservir le peuple en cultivant la peur, la menace et la superstition, la nature humaine étant par nature plus portée à admirer le surnaturel et le merveilleux que le rationnel. Tout y est passé, depuis la sainte ampoule, apportée par une colombe (qui m'évoque furieusement les hirondelles d'Afrique des Monthy Python, dans Sacré Graal), en passant par l'imposition "miraculeuse" des mains aux scrofuleux, qui n'aurait en réalité jamais guéri personne ! Mais ça ne mange pas de pain de faire semblant d'y croire.

Clovis avait tout compris quand il décida d'adorer le dieu de Clotilde. Et il est fort vraisemblable que les fameuses paroles historiques déclamées pendant la bataille de Tolbiac, comme la plupart des paroles historiques, furent inventées plus tard et à bon escient. Il aurait pu tout aussi bien s'écrier : "Un royaume vaut bien un bain !".
Qu'il est facile de prédire l'avenir quand celui-ci est déjà du passé !
Et la chasse aux insoumis et fortes têtes de continuer de plus belle au cours des temps.
Parmi les victimes de l'époque, les plus connues sont les disciples d'Arius, mais de nombreux peuples païens qui ne demandaient rien à personne "profitèrent" de cet engouement pour ce qui allait devenir les Croisades.
La série a continué avec les Cathares, les Vaudois, et autres Protestants, pourtant loyaux sujets, qui eurent comme tant d'autres cette idée folle de vouloir sortir de la "pensée unique " du royaume.

Gare à celui dont la tête dépasse de l'alignement ! Pour vivre tranquille il faut déclarer avoir "rencontré dieu", ou Jésus etc.ce qui est facile puisque quelqu'un les a déjà inventés.
Maintenant si l'on rencontre un autre dieu, ou si on le conçoit d'autre manière, c'est selon : si l'on a les moyens d'imposer ses idées, on devient un prophète, sinon c'est le bûcher assuré.

On nous rebat les oreilles des martyres chrétiens de toutes les époques. : voir l'engouement pour le film "Des dieux et des hommes" dans lequel des personnages que l'on a voulu rendre pathétiques dans leur vanité (au sens de creux) se mettent dans de telles conditions que leur comportement évoque un véritable délire suicidaire, démarche pourtant prohibée par la religion chrétienne. Il est vrai que Lambert Wilson, avec son charisme habituel, a encore trouvé là le moyen, après son rôle dans l'Abbé Pierre, de faire vibrer la corde chrétienne.
Mais, on oublie volontairement et l'on nie tous les martyrs, païens ou non, jugés religieusement incorrects, dont l'exécution a contribué à faire perdurer un pouvoir absolu et inhumain. La fin tragique du Chevalier de La Barre nous rappelle que ça ne remonte pas au Moyen Age.

NON, la chrétienté n'a pas laissé à la France un magnifique héritage de civilisation !
NON, car la religion chrétienne n'a guère permis que d'asservir le peuple au lieu de le libérer, comme elle a l'outrecuidance de le prétendre.
D'ailleurs c'est l'utilisation la plus courante de la plupart des religions : asservir l'homme et encore plus la femme !
Les véritables racines de notre civilisation sont à rechercher dans l'Antiquité. Je passe sur les divinités celtiques ou pré celtiques : Lug, Epona, Belenos ou autre Arduinna, qui ont laissé des traces dans la toponymie, pour en venir à des coopérations (qui ne furent pas toujours pacifiques) avec divers peuples d'Europe, avec une dominante pour le monde grec et romain.
Des traces évidentes sont restées dans notre langue même : Aphrodite et Vénus ? : aphrodisiaque, vénérien ; Hermès et Mercure ? : hermétique et mercuriale ..et l'on pourrait continuer longtemps, jusqu'au grand maître de l'Olympe, Jupiter, également connu sous le nom de Zeus, devenu Deus. Il a tout simplement donné son nom au dieu qu'adorent les chrétiens !

En fait, elle vient de loin la civilisation chrétienne !

Ajoutez y quelques racines hébraïques, car la Bible il me semble n'est pas un texte gaulois ni français ! Et vous obtenez un joli cocktail de calembredaines qui, malgré l'évidence de l'imposture font marcher le monde.
Evidemment pour comprendre ça, quand on était à l'école, il fallait être attentif, travailler et ne pas se contenter d'assister au cours..

Enfin, de quel droit cet homme d'origine étrangère, dont aucun des parents n'est né en France, se permet-il de vouloir expliquer doctement (pense-t-il) l'origine de notre culture ?
Ce droit, je le concéderai volontiers à un malien, à un vietnamien ou tout autre arménien par exemple (à condition qu'il n'aille pas planquer son fric en Suisse), même récemment naturalisé français, comme preuve de son désir d'intégration.

Mais venant de ce personnage, j'estime qu'il s'agit d'une imposture. De plus et je me demande comment les autorités religieuses catholiques, si pointilleuses généralement avec le droit canon, peuvent accepter d'avoir commerce avec celui qui depuis des lustres vit dans le péché !
Il y a des jours où ces bons ecclésiastiques ont tout des célèbres petits singes : ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire..sauf quand ça les arrange les affaires.


J.J.



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Réactions d'internautes


Petite rectification au texte de J.J. "Trop, c'est trop !" du 4.3.2011

"Deus ne vient pas de "Zeus", mais les deux mots reposent sur la même racine, sous deux formes différentes *deiw- ou *dyew-, qui signifie "lumière" (c'est aussi la racine de "dies" = "jour").

J'apprécie par ailleurs quant au fond la réaction de J.J.



Le texte est trop polémique pour être vrai. Quelque jugement qu'on porte sur l'intervention devant Benoît XVI du président de la république, deux remarques viennent à l'esprit :
- affirmer qu'une part (importante) des racines profondes de l'Europe (et, donc, de la France) est chrétienne relève du bon sens. Sur la forme, le contexte n'était peut-être pas propice à une telle intervention, qui siérait davantage à une histoire. Mais sur le fond, c'est une vérité historique: que serait l'Europe sans les cathédrales et les abbayes, sans la découverte de la dignité de la personne (je rappelle que les cathédrales sont les seuls monuments de grande ampleur au monde à avoir été bâtis non par des esclaves, mais par des hommes libres et salariés), sans Bach et Mozart, sans Dante, Pascal et Péguy, sans François d'Assise et Vincent de Paul, sans l'invention d'un monothéisme fondé en raison, etc. ? Relisez R. Rémond, qui n'est pas le plus inculte de nos historiens. Quant à inscrire la mention des racines chrétiennes dans le préambule de la Constitution, c'est encore une autre question.
- Pour ce qui est de la civilisation antique ... je ne vais pas faire de comptabilité macabre, mais je crois la connaître un peu, et je doute que l'Empire romain puisse apparaître à quiconque comme tolérant et bienveillant. Que je sache, ce sont les chrétiens qui ont été persécutés par l'Empire. Oui, la civilisation gréco-romaine est un des piliers de notre culture commune, mais au même titre que le christianisme, et sans pouvoir prétendre, aucunement, à une supériorité morale ou spirituelle. Même P. Veyne, que l'on peut difficilement soupçonner de dévotion, affirme, dans son livre sur la genèse de l'Empire chrétien, que la religion chrétienne était spirituellement supérieure à tous les autres cultes contemporains...
WF - 21/09/11 - 13:39



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