Hello mister Foufou. En gros, tes arguments sont :
- le baptême ne signifie rien, donc pas besoin d'annuler un "rien".
- renier un baptême, c'est aussi dérisoire que renier un amour de jeunesse.
Je ne suis pas d'accord.
Tout d'abord, si le baptême ne signifie rien, alors aucun rite chrétien non plus, et un enterrement religieux par exemple n'a pas davantage de valeur pour un athée qu'un baptême, donc pourquoi refuser la cérémonie religieuse d'un enterrement, qui fait plaisir à trois croyants et indiffère trente athées ? Mais le problème, c'est que les enterrements religieux, comme les baptêmes signifient quelque chose... Quoi ? Ils signifient une cérémonie, le discours d'un prêtre, des lectures religieuses, des prières communes, des silences imposés, l'accréditation d'idées délirantes, conventionnellement des obligations et des interdictions, une tradition fatigante, le respect ou l'acceptation de dogmes, implicitement une foi, et bref, toute l'artillerie nécessaire au déploiement de la religion dans la société.
Je comprends qu'on ait la flemme. Qu'on n'ait pas le temps de se faire débaptiser, c'est tout à fait compréhensible, pas l'envie, c'est logique aussi, qu'on n'ait pas deux timbres à dépenser, c'est valable également. Aussi, je respecte les athées qui s'abstiennent. Mais que des flemmards freinent ceux qui endiguent activement la religion, cela non, je ne le tolère pas.
Renier un baptême, ce n'est pas comme renier un amour de jeunesse. Les amours de jeunesse laissent des bons souvenirs. Personne ne songerait à abjurer une jolie fille ou un joli garçon passionnément aimé(e) quand il avait 15 ans. De mon point de vue, cet acte d'apostasie utile s'identifie plutôt à celui consistant à porter plainte contre un système nuisible et destructeur.
Bien sûr, on peut estimer qu'il n'y a pas vraiment de coupable. La faute des parents ? Mais ils n'y croyaient pas vraiment... La faute du curé ? Mais il n'a fait que son job... La faute des amis ? Mais ils sont venus pour la fête... La faute de la société ? Mais elle croyait bien faire... Bref, ce n'est pas comme pour une agression, un vol ou un viol, porter plainte contre un baptême reviendrait concrètement à s'insurger grosso modo contre un peu d'eau prétendument bénite versée sur un front. L'Eglise catholique ne circoncit même pas, elle ne mutile pas physiquement, alors pourquoi la débaptisation ?... D'ailleurs, aujourd'hui, pour beaucoup d'athées, la mauvaise époque est oubliée... Les fausses promesses, les mensonges, le baratin, la glace religieuse est brisée, alors pourquoi renier son baptême ? Mais idem, beaucoup d'individus sexuellement abusés s'en sortent, par exemple grâce aux amis, ou à travers une psychothérapie : ils finissent par s'épanouir. Ainsi, quand on se sent enfin libre et heureux, pourquoi porter plainte pour une vieille histoire, contre un ancien professeur pervers devenu aujourd'hui gâteux, ou contre un oncle sénile qu'on ne fréquente plus depuis des années, ou même contre X qu'on n'a jamais pu identifier ? Pourquoi faire la démarche ? Qu'est-ce que ça va changer ? Pourquoi dépenser de l'énergie à aller au commissariat et à étaler des épisodes scabreux de sa vie intime devant des policiers austères et la plupart du temps déplaisants ? Enfin, pourquoi renier son baptême quand on se sent déjà guéri ?
Quatre réponses :
Pour les statistiques, susceptibles de neutraliser l'Eglise catholique, organisme mondial de pression politique.
Pour soi-même, par goût de l'émancipation, afin d'officialiser son indépendance d'esprit et son détachement de la religion. (On gagne en prime un joli certificat à montrer ou à accrocher dans le salon.)
Pour les autres, comme modèle, de manières à convaincre certains parents de ne pas baptiser leurs enfants.
Pour l'athéisme, pour les valeurs athées.
Et en prime, une cinquième : Parce que certains malades peuvent se croire guéris et ne l'être pas encore tout à fait (corollaire optimiste : parce qu'on n'est jamais assez soigné, même sain).
Ainsi, pour conclure, tu trouves "inutile" la débaptisation, et j'ai envie de te répondre ironiquement : "Mais oui, pourquoi manifester ? Pourquoi ne pas considérer plutôt que hop, c'est fini, coup de baguette magique et miracle ? Et pourquoi Sinnead O'Connord, effrontée, déchire-t-elle en public une photo du pape, alors que ça va créer des problèmes et susciter la polémique ?... Et pourquoi lutter, pourquoi se battre ? Et pourquoi ne pas faire comme tout le monde, oublier et aimer son prochain ? Et pourquoi ne pas considérer simplement que c'est fini, car Nietzsche l'a dit, "dieu est mort", donc c'est réglé ? Et bref, pourquoi s'opposer à l'Eglise, puisque l'Eglise n'est rien ? Logique..."
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