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L'Eglise catholique et le nazisme


par Hansi -  13/11/2005



Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.





En février 2002, la sortie au cinéma d’Amen, le film de Costa-Gavras, soulève une vive controverse. L’épiscopat dénonce l’affiche, qui associe la croix chrétienne et la croix gammée, les catholiques s’insurgent contre ce "non-respect" de leurs croyances et l’AGRIF, une association de catholiques proches du FN, porte plainte pour faire retirer les affiches du film. Notons pour la petite anecdote que l’avocat de l’AGRIF est Maître Jacques Tremollet de Villers, avocat qui a défendu le milicien Paul Touvier. Ce dernier, lors de son procès affirmait : "l’Eglise suivait le Maréchal, je suivais l’Eglise. Mon devoir était tout tracé".

Amen Bref, tout ce petit monde dénonce la superposition des deux croix. Selon les catholiques, ces deux croix et les deux idéologies qu’elles représentent sont diamétralement opposées. Oui mais dans ce cas, comment expliquer le silence du Vatican pendant la seconde guerre mondiale ? Pourquoi le Pape Pie XII n’a pas condamné le nazisme ? Ce serait, selon les catholiques, une façon de mieux résister ! ? ! Condamner en se taisant, c’est astucieux n’est-ce pas ? D’autres appelleront ça "se planquer". On peut même dire que ce silence est une caution à la barbarie, puisque ne rien dire c’est laisser faire.

Le film et l’affiche n’ayant pas été retirés, certains bien-pensants catholiques, nous ont donc inondés d’articles dans la presse pendant des semaines pour nous rappeler que Pie XII et que l’Eglise catholique ont toujours été contre le nazisme et le fascisme. Le film de Costa-Gavras ne serait qu’une invention purement révisionniste, puisque fictif. S’il est vrai qu’une partie du film est fictive, le principal personnage ainsi que le contexte politique, militaire et religieux sont bien réels.

Amen est en fait l’adaptation d’une pièce de Rolf Hochhuth, sortie en 1963, et intitulé le vicaire. Dans cette pièce Rolf a voulu faire revivre un personnage ambigu ayant réellement existé ; Kurt Gerstein. Ce médecin allemand et protestant entra dans la waffen SS en 1941 en tant que lieutenant et "technicien pour l’hygiène". Si au départ il pensait que ses compétences serviraient à purifier l’eau pour les soldats, il s’est rapidement aperçu que ses travaux sur le zyklon B étaient en fait destinés à l’extermination des juifs et des tsiganes dans les camps de Auschwitz, Belzec, Treblinka et Sobibor. Dès qu’il eut connaissance de ce génocide, il tenta de prévenir le Vatican en se faisant recevoir par le nonce du Pape mais en vain. Il réussit cependant à prévenir le chargé d’affaires suédois, le baron Von Otter, la hiérarchie de l’Eglise confessante (des protestants allemands opposés à la tutelle de l’Etat nazi), quelques membres de la résistance hollandaise et le diplomate suisse, Paul Hochstrasser. Le personnage du Vicaire, lui, est fictif, mais il a été créé pour montrer que le Vatican était au courant de la déportation des Juifs. Ce vicaire est là pour représenter les émissaires du Pape mis au courant aux quatre coins de l’Europe. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, comme aujourd’hui d’ailleurs, l’Eglise est présente un peu partout en Europe, que ses représentants entretiennent de nombreuses relations diplomatiques et que partout où il y a un curé, une nonne ou un évêque, il y a un "espion" potentiel au service du Vatican. Cette immense structure omniprésente est un formidable réseau d’information, lequel permit au Vatican d’être bien renseigné sur les activités antisémites des nazis.


L’Eglise catholique connaissait parfaitement la situation.

L’historien italien Giovanni Miccoli a d’ailleurs montré dans ses travaux que le Vatican savait ce qui se passait.

Le 14 juin 1942, l’archevêque de Fribourg, Mgr Gröber, informa le saint-siège des massacres de juifs dans les pays de l’Est. La même année, l’évêque d’Osnabrück, Mgr Berning, s’exprima ainsi au Pape : "l’élimination totale des juifs subsiste clairement", "que peut-il arriver ? Les évêques peuvent-ils lancer depuis leur chaire une protestation publique ?".

Le nonce apostolique de Suisse, Mgr Bernardini a été contacté par Gerhart Riegner, membre du congrès Juif Mondial, qui avait établi un recensement des persécutions sur les juifs dans toute l’Europe. Le Vatican ne fit rien !

En 1942, un résistant catholique polonais est sollicité par des juifs du ghetto de Varsovie pour témoigner auprès du Vatican. Ces résistants juifs pensent que les autres juifs ne se laisseront pas faire s’ils sont mis au courant, et que l’Eglise catholique est assez influente pour prévenir tout le monde des atrocités commises. Ils veulent aussi que Pie XII "ferme les portes du paradis à ceux qui les persécutent". Le résistant polonais, Jan Karski, est rentré puis reparti clandestinement du ghetto où il a pu voir les conditions dans lesquelles étaient traités les juifs. Ensuite celui-ci a traversé l’Europe pour rejoindre le président polonais exilé à Londres. Ce dernier a prévenu le Pape des barbaries perpétuées sur les juifs en Pologne. Le Pape s’est alors contenté, à Noël 1942, d’exprimer ses "voeux pour ceux qui, pour simple question de race, sont condamnés".Ouah ! quel courage ! On ne se mouille pas de trop…

Le 16 octobre 1943, 1259 juifs de Rome sont déportés sous les fenêtres du Vatican, le Pape n’a même pas tenté d’empêcher, par sa présence, le départ du train. Il s’est contenté de faire ouvrir les portes des couvents de Rome pour sauver, quand même, quelques centaines de juifs.

Le 20 juin 1944, le nonce apostolique de Tchécoslovaquie reçoit Rudolf Vrba, un évadé d’Auschwitz, qui lui décrit la situation dans ce camp et qui lui explique qu’une nouvelle ligne de train vient d’être créée pour augmenter les capacités d’extermination. Ces informations seront conservées par le Vatican.

Malgré toutes les données récoltées par les alliés et l’Eglise catholique, personne n’a bougé. Même les historiens catholiques reconnaissent que Pie XII n’a jamais condamné publiquement la politique antisémite des nazis. Les alliés auraient pu bombarder les lignes de chemin de fer qui conduisaient aux camps ou même les détruire. Le Vatican aurait pu excommunier les nazis et appeler les catholiques à résister.

Un seul nazi a été excommunié, ce fut Léon Degrelle, le chef des fascistes belges, membre des SS. Celui-ci fut excommunié pour avoir porté l’uniforme pendant une messe et pour avoir agressé un prêtre. Ainsi le Pape a excommunié un nazi, non pas parce qu’il était nazi mais parce qu’il avait attaqué un membre du clergé. Les autres chefs nazis ont accepté cette sentence sans rien dire, preuve que le pape avait une marge de manœuvre plus grande qu’il ne voulait le faire croire.

Si le Pape avait excommunié les nazis, de profonds croyants, comme Paul Touvier, les auraient-ils soutenus ? L’Etat nazi aurait eu certainement plus de mal à contrôler l’Europe s’il avait eu les catholiques contre lui. Pourtant il n’en fut rien, pire dans de nombreux pays comme la France, l’Eglise catholique, dans sa grande majorité, a soutenu les gouvernements qui collaboraient avec l’Allemagne nazie. La seule protestation publique de l’Eglise est celle de Pie XII adressée, fin 1944, au président hongrois, Horthy, contre les souffrances infligées aux juifs. Etait-ce une protestation sincère ou un abandon des thèses antisémites à quelques mois de la victoire des alliés ?


Pourquoi cette complicité silencieuse du Vatican ?

Selon les historiens catholiques, le silence du Pape s’explique par la volonté de ne pas aggraver la situation et correspond à une certaine neutralité de l’Eglise catholique. Ceux-ci pensent que le Pape ne voulait pas condamner le nazisme pour protéger les catholiques vivants dans des pays sous domination allemande. En laissant les juifs se faire tuer, le pape protégeait les catholiques ! ! ! Cette version, qui est la plus favorable au Pape, est déjà une preuve totale d’égoïsme. "Je me protège et laisse les autres se faire tuer", c’est une réaction inattendue de la part d’une personne prêchant le sacrifice de soi et la protection des plus faibles !

Dans la même catégorie d’excuses, on prétend que le Pape n’a pas voulu condamner le nazisme pour protéger les catholiques d’Allemagne ainsi que le patrimoine de son Eglise dans ce pays. Le Pape a en effet été pendant plusieurs années le nonce apostolique d’Allemagne c’est à dire l’ambassadeur du Vatican dans ce pays. Il aurait eu une très forte affection pour l’Allemagne, les Allemands et surtout pour les catholiques allemands qu’il protège. Pie XII, nous disent ses défenseurs, avait peur que s’il excommuniait les nazis, les catholiques allemands soient martyrisés. Seulement faut-il rappeler que Himmler et Hitler étaient catholiques, qu’un quart des SS et 22 millions d’allemands l’étaient aussi.

Le silence du Pape aurait donc eu pour finalité la protection des catholiques. Mais n’y avait-il pas d’autres raisons de se taire ? Quel intérêt aurait eu le Vatican à dénoncer les fascistes et les nazis, ceux là même qui combattent les bolcheviques, ces ennemis jurés qui persécutent les religieux en Russie ? Quel intérêt pour l’Eglise de s’opposer à ses alliés anti-communistes ?

Il semble que l’anti-bolchevisme des nazis et des fascistes arrangeait plutôt l’Eglise catholique. Celle ci avait tellement peur des soviétiques qu’elle se sentait protégée par les fascistes et les nazis. On estimait sans doute que le nazisme était un moindre mal. On condamna l’agression de la Finlande par l’URSS, mais on ne dit rien sur les attaques fascistes en Grèce et en Yougoslavie. En 1937, le pape publie deux encycliques : "Divini redemptoris" condamne "le communisme comme intrinsèquement pervers" et "Mit bretender sorge" met en garde contre les "tentations paganistes" qui pourraient voir le jour dans le nazisme. Ainsi l’Eglise n’était pas toujours silencieuse. L’argument de la neutralité de l’Eglise n’est donc pas non plus valide ; le Pape était capable de condamner puisqu’il le fit contre les communistes ! Le Vatican savait également s’exprimer quand il a mis en garde les alliés de bombarder Rome.

Enfin, quel intérêt auraient les catholiques à protéger les juifs, ceux qui ont vendu le Christ ? Rappelons qu’à l’époque, et ce jusqu’à Vatican II, les catholiques priaient pour les "perfides juifs". L’Eglise catholique a bien mené avec succès une campagne contre l’exécution des handicapés pendant l’été 1941. Pourquoi faire campagne contre ces exterminations, malgré les risques de représailles, et ne pas le faire contre l’extermination des juifs ? La vie d’un handicapé chrétien est-elle plus importante que la vie d’un juif ? On prend des risques dans un cas, on n’en prend pas dans l’autre…

Rappelons également que nombre de prélats s’opposèrent à la déportation des juifs convertis au catholicisme. Pourquoi une telle différence de traitement d’affaires pourtant assez proches ? On sauve les handicapés catholiques, on proteste contre la déportation des juifs convertis et on se tait pour les autres ceux qui ne sont pas catholiques…On établit donc une hiérarchie de valeur pour chaque être humain. Le catholique serait-il supérieur au juif ? Ainsi il semblerait que, selon l’Eglise romaine, on n'a pas la même importance selon ses croyances. Pour l’Eglise catholique, un juif converti est un catholique alors que pour un nazi, il reste un juif. Quelques nuances dans les points de vue ce qui n’empêchent pas nos chers prélats d’approuver, et de soutenir la politique antisémite des nazis et de leurs collaborateurs !

Notons, enfin, que les juifs n’étaient pas les seuls à déplaire au Pape puisque à la libération de Rome, Pie XII exprima une requête aux alliés, il leur demanda de ne pas affecter de soldats noirs à la porte du Vatican…


L’Eglise catholique alliée du fascisme et du nazisme ! ? !

Si le Vatican n’a jamais soutenu, officiellement, les régimes nazis et fascistes, certains éléments tendent à prouver que ces régimes exerçaient une certaine séduction sur nombre de clercs ainsi que sur Pie XII. Ainsi les exemples, qui vont suivre dans un ordre chronologique, sont des extraits de la presse catholique française ou des citations de clercs français de l’époque. Ces éléments nous montrent que les soutiens de l’Eglise catholique pour le régime de Vichy, régime de collaboration à l’Allemagne nazie, étaient loin d’être minoritaires et isolés.

Déjà, bien avant la prise du pouvoir d’Hitler en Allemagne, des catholiques français admirent le fascisme et, sans s’avouer être fascistes, ils lui reconnaissent nombre d’avantages comme celui d’écraser leurs adversaires. En effet, une affiche de 1926 de l’Union Républicaine Catholique, affirmait : "Nous sommes une société et le fascisme en est une autre ; mais si le fascisme vous faisait disparaître, ô libres penseurs, que l’humanité serait bien débarrassée... !"

En 1933, le très catholique journal la Croix est satisfait car "le concordat allemand du 20 juillet est le plus grand évènement religieux depuis la réforme", La Croix "se réjouit de ce que le nouveau régime scolaire allemand comporte l’exclusion complète du laïcisme dans l’Ecole".

Ces deux éléments montrent une certaine séduction des idéologies d’extrême droite pour les catholiques, séduction qui vient justement du caractère religieux des régimes fascistes ou nazis.

En 1940, la France perd face aux Allemands, un régime de collaboration se met en place avec à sa tête le Maréchal Pétain. Ce régime demande aux français de ne plus considérer les Allemands en ennemis et de lâcher les armes. Pour être légitime auprès de la population, ce gouvernement dit de "Vichy", a besoin du soutien de l’Eglise catholique. Il obtiendra ce soutien, immédiatement et sans restrictions ; les catholiques appuient ce régime qui s’inspire de la doctrine sociale de l’Eglise et qui veut purger la France des juifs, des communistes, des socialistes, des francs-maçons, des libres penseurs, des athées…Tous ceux à qui on attribue la défaite française.

Le 30 juillet 1940, l’archevêque Salieges affirmait : "le gouvernement légitime de la France a, à sa tête un homme qui a fait don de sa personne à la France. Magnifique exemple de renoncement à tout égoïsme et d’amour généreux de la Patrie".

Le 2 octobre 1940, l’archevêque d’Aix déclare : "Nous devons tous nous serrer, sans hésitation, autour de l’illustre Maréchal".

Le 22 octobre 1940, on pouvait lire dans la Croix : "le chef de l’Etat professe des thèses semblables à celles du Souverain Pontife".

Le 19 novembre 1940, le cardinal Baudrillart, recteur de l’Université Catholique de Paris, déclarait : "Au ciel de la France de 1940, ciel chargé de tempêtes, une bienfaisante lumière s’est manifestée et a réveillé tous les espoirs ! Cette lumière, c’est bien sûr le Maréchal".

Le 16 février 1941, l’évêque Dutoit d’Arras rappelait les devoirs d’un bon catholique : "Le devoir est simple d’autant qu’il est grave : suivre et appuyer de notre confiance le Maréchal Pétain".

Le 3 décembre 1941, l’archevêque Baudrillart écrit : "Contre les puissances démoniaques, l’Archange Gabriel brandit son épée vengeresse, brillante et invisible. Avec lui sont unis et marchent les peuples chrétiens et civilisés qui défendent leur patrie, leur avenir aux côtés des armées allemandes".

En 1942, l’évêque de Marseille déclare : "nous n’ignorons pas que la question juive pose de difficiles problèmes nationaux et internationaux. Nous reconnaissons bien que notre pays a le droit de prendre toutes mesures utiles pour se défendre contre ceux qui, en ces dernières années surtout, lui ont fait tant de mal, et qu’il a le devoir de punir sévèrement tous ceux qui abusent de l’hospitalité qui leur fut si libéralement accordée".

Le 28 janvier 1942, le pape Pie XII envoie sa bénédiction au journal La Croix, en le qualifiant : "d’organe de la pensée pontificale".

Le 4 février 1942, l’évêque Lusaunier, directeur du séminaire des Carmes, déclare : "les français doivent obéir à Pétain, non à De Gaulle".

En mai 1942, dans la brochure " Français ! Vos évêques vous parlent", on pouvait lire : "Nous professons, dans le domaine social et civique, un loyalisme complet envers le pouvoir établi du gouvernement de la France, et nous demandons à nos fidèles d’entretenir cet esprit".

En février 1944, les évêques de France condamnent la Résistance armée, le Cardinal Gerlier déclare : "Pétain, c’est la France, et la France, c’est Pétain !"

On voit bien avec l’exemple de l’Eglise catholique en France, de quel côté elle se plaçait. Bien sûr, il y a eu des curés dans la résistance, au même titre que certains nobles étaient du coté de la révolution française, tout n’est pas blanc ou noir, mais il faut bien se rappeler que les grands pontifes, les "têtes" de l’Eglise, la majorité avait choisi les forces réactionnaires. Aujourd’hui, on nous reproche de remuer le passé. Faudrait-il se taire devant le révisionnisme de l’Eglise qui prétend (16 mars 1998) que : "le régime néo-païen du 3ème Reich a ses racines hors de la chrétienté" ?

Les idéologues et hommes politiques appartenant aux courants nazis ou fascistes se sont toujours appuyés sur les religions pour justifier leurs combats, et ils ont passé des alliances avec ces religions pour rallier les populations :

Le 11 février 1929, les accords de Latran sont signés entre le Vatican et l’Italie fasciste. Le Vatican redevient un Etat, l’Italie le dédommage de 750 millions de lires, la religion catholique devient religion d’Etat en Italie et enfin Mussolini obtient un précieux prestige aux yeux du clergé italien.

Von Papen et cardinal Pacelli 20 juillet 1933, le Vatican. Le représentant du Reich Von Papen et le cardinal Pacelli (futur Pie XII) signent le concordat entre l’Allemagne et l’Eglise catholique

En janvier 1933, le NSDAP ( parti social nationaliste d’Hitler) perd 2 millions de voix, ce n’est que grâce au parti catholique, le Zentrum de Von Papen, qu’il devient majoritaire. Rapidement, et sans doute en remerciement, le 3ème Reich conclue un concordat avec le Vatican. Notons aussi que le Vatican interviendra, après la guerre, pour que Von Papen ne soit pas condamné au tribunal de Nuremberg.

Si le 3ème Reich était païen, pourquoi a-t-il bénéficié du soutien des Eglises chrétiennes (à l’exception de quelques protestants minoritaires) ? Pourquoi, en août 1936, les évêques allemands publièrent, à Fulda, une déclaration où "ils implorent la bénédiction du Ciel pour l’œuvre du Führer" ?

Pourquoi, le 17 mars 1933, les nazis prirent d’assaut la Deutscher Freiden Keverband (association allemande des libres penseurs) en lui interdisant "toute visée politique et/ou antireligieuse" ? Pourquoi le président slovaque, Mgr Tiso, pendant la seconde guerre mondiale, soutenait les nazis alors qu’il était prêtre catholique ?

Enfin, pourquoi, sur les ceintures des SS, on pouvait lire "Got mit uns" ("Dieu avec nous" ? Le régime nazi n’était pas un régime païen. Hitler lui-même, dans "Mein Kampf", se déclare être catholique.


Hitler et la religion catholique dans "Mein Kampf"

Hitler est né en 1889, à Branau, en Autriche, pays profondément catholique. Dans son livre " Mein Kampf" (mon combat) il expose ses points de vue et développe son idéologie. A plusieurs reprises, il parle favorablement de la religion chrétienne, et semble s’y retrouver, étrange pour un soi-disant païen !

On peut lire, sur l’enfance du petit Adolf : "j’y trouvais une fréquente occasion de m’enivrer de la pompe magnifique des fêtes religieuses. Quoi de plus naturel que la situation de mon révérend abbé m’apparût alors comme un idéal digne des plus grands efforts". A la page 560, Hitler nous dit que "le protestant le plus croyant pouvait marcher dans nos rangs à côté du catholique le plus croyant, sans que sa conscience dût le moins du monde entrer en conflit avec ses convictions religieuses". Hitler, un œcuménique avant l’heure ?

Hitler semble proposer une alliance des protestants et des catholiques contre les juifs, (page 557), "le juif a atteint son but : catholiques et protestants se combattent à cœur joie et l’ennemi mortel de l’humanité aryenne et de toute la chrétienté rit sous cape…".

Pire ce "païen", décidément très croyant, s’inspire de l’Eglise catholique : "Ici encore, il nous faut prendre des leçons de l’Eglise catholique. Bien que son édifice doctrinal, sur plus d’un point- et souvent d’ailleurs d’une manière surtout apparente- heurte la science exacte et l’observation, elle se refuse pourtant à sacrifier la plus petite syllabe des termes de sa doctrine. Elle a reconnu très justement que sa force de résistance ne réside pas dans un accord plus ou moins parfait avec les résultats scientifiques du moment, résultats d’ailleurs jamais définitifs, mais dans son attachement inébranlable à des dogmes établis une fois pour toutes, et qui seuls confèrent à l’ensemble le caractère d’une foi" (p456-457). On voit d’où les nazis tirent leur obstination, leur pensée dogmatique et bornée…

Enfin, dans les pages 306 et 307, Hitler justifie son antisémitisme par le christianisme : "Mais la meilleure définition en est fournie par le produit de cette éducation religieuse : par le juif lui-même. Sa vie n’est que de ce monde et son esprit est aussi profondément étranger au vrai christianisme que son caractère l’était, il y a deux mille ans, au grand fondateur de la nouvelle doctrine. Il faut reconnaître que celui-ci n’a jamais fait mystère de l’opinion qu’il avait du peuple juif, qu’il a usé, lorsqu’il le fallut, même du fouet pour chasser du temple du seigneur cet adversaire de toute humanité, qui, alors comme il le fit toujours, ne voyait dans la religion qu’un moyen de faire des affaires". Hitler s’il n’était pas croyant, comme l’affirment aujourd’hui les catholiques, s’est quand même étrangement bien inspiré de certaines valeurs chrétiennes ! ! !


Aujourd’hui

En théorie, l’Eglise catholique a changé et est devenue plus "progressiste". Par contre, elle ne reconnaît pas ses erreurs pendant la seconde guerre mondiale. Onze livres ont été publiés de 1965 à 1998 pour briser la polémique lancée par "le vicaire", seulement les historiens ayant réalisé ces études sont des catholiques (le père Blet par exemple), personne d’autre n’a eu accès aux archives du Vatican sur la période 39-45.

Soucieux de son image, le Vatican a décidé, en octobre 1999, la création d’une commission internationale d’historiens juifs et catholiques "afin d’en finir avec les polémiques sur le rôle du Vatican durant la guerre". Cette commission rendit son rapport en octobre 2000. Les membres expliquèrent que les travaux historiques de l’Eglise sur ce sujet étaient incomplets et réclamèrent l’ouverture des archives du Vatican pour la période 1939-1945. Le Vatican a refusé cette ouverture, les membres juifs de cette commission ont alors démissionné. La commission s’est dissoute en juillet 2001.

Quelques faits nous laissent à penser que le Vatican est toujours un allié potentiel des antisémites et partis d’extrême droite.

En avril 1985, le Pen est reçu par Jean-Paul II (ci-dessous).

Jean-Paul II et Jean-Marie Le Pen


Le 12 mai 1996, le Vatican béatifie le Cardinal Schuster, qui était un ami de Mussolini.

En octobre 1998, l’archevêque Stepinac, qui était alors chef de l’Eglise catholique de Croatie, est béatifié. Celui-ci faisait chanter par le clergé croate, des te Deum, en l’honneur d'Ante Pavelic, chef des fascistes croates pendant la seconde guerre mondiale.

Le 12 novembre 2000, les partis d’extrême droite, en Italie, réclament une censure pour les livres scolaires. Le Vatican, par l’intermédiaire de l’Osservatore Romano du 12 novembre, en profite pour s’insurger contre la présence d’"un amas confus de pulsions laïques" dans les livres scolaires et le "rabâchage idéologique (…) contre 2000 ans d’histoire chrétienne".

Le 24 novembre 2000, le Vatican s’oppose aux poursuites judiciaires sur l’or nazi entreposé dans sa banque. Il s’agit de plusieurs millions de dollars. Le Vatican tente d’empêcher la tenue du procès en se retranchant derrière sa qualité d’Etat indépendant (merci Mussolini).

En décembre 2000, Jorg Haider, chef de l’extrême droite autrichienne, offre un sapin de Noël à Jean-Paul II (c’est beau l’amour...).

Enfin, est-il nécessaire de rappeler que le Vatican a refusé de reconnaître l’Etat d’Israël de 1948 à 1993 ?

Ainsi, si le Vatican n’est pas officiellement antisémite, si l’Eglise est censée avoir changé, il n’en demeure pas moins la nécessité de rester prudent envers une institution dangereuse dans ses dogmes, dangereuse dans ses alliances et ses rapprochements avec certains leaders politiques ! ! !


Hansi




Sources :
  • Le Pape, les juifs et les nazis, documentaire télé diffusé en février 2002 sur ARTE.
  • Christian Eyschen : La Libre Pensée contre l’Eglise.
  • Marianne N° 253, du 25 février au 3 mars 2002.
  • Le site Web d’Enrico Riboni.
  • Communiqué de presse de la fédération nationale de la Libre pensée du 24 février 2002, intitulé "Pour les évêques, associer sainte croix et croix gammée, cela l’affiche mal !"
  • La Raison N°436, décembre 1998.
  • La Raison N°470, Avril 2002. "L’affiche d’Amen, Pie XII et l’extermination des juifs" par Annie Lacroix-Riz

Voir la page d'accueil sur le catholicisme



Réactions d'internautes


Réaction à l'article de Hansi L'Eglise catholique et le nazisme le 13/11/2005.
Très bon article.
A ceux qui le trouvent trop à charge contre l'Eglise, je suggère de lire :

- L'Eglise catholique et l'Allemagne nazie, Günter Lewy, Stock, 1965, p. 93.
Alfred Grosser, ainsi que par la Revue française de science politique, salua cet ouvrage comme "la meilleure mise au point sur l'histoire des relations entre l'Eglise et le Troisième Reich".

- Nazisme et barbarie, Lionel Richard, Editions Complexe, 2006

- Histoire du ralliement de l'Eglise à Hitler, Bruno Alexandre, Cercle Ernest Renan, cahier 258, avril-juin 2012.

Ces textes d'historiens me semblent au moins aussi sévères que l'article de Hansi.

Sur l'attitude de l'Eglise consistant à attribuer l'antisémitisme nazi au "paganisme" (et non pas au christianisme), j'ai posté un article sur Agoravox :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/sources-de-l-antisemitisme-nazi-le-125455

(Jean-Pierre Castel / 06/01/13 - 01:23)



Bonsoir
J'ai lu entre autre votre texte sur pie XII :

http://atheisme.free.fr/Contributions/Catholique_nazisme.htm

Je dois constater qu'un fois de plus que vérité historique et gauchisme athée sont antinomiques.
Comment expliquez-vous - puisque les faits accusent Pie XII- que Mme Golda Meir, premier ministre d'Israël, se soit fourvoyée en éloges lors de la mort de celui-ci ? ainsi que cet 'âne' d'Albert Einstein, plus doué pour les mathématiques que les valeurs humaines sans doute ?
Bien entendu, pas un mot dans votre texte, ils sont bien gênants, n'est-ce pas ?
Peut-être l'avez vous écrit 'à l'insu de votre plein gré' ?
Cette lecture pourrait vous permettre de connaitre ENTIEREMENT le sujet, écrit par un Rabbin, est ce suffisamment 'fiable' ?

Vous souhaitant bonne lecture.
Cordialement
http://www.librairiecatholique.com/t_livre/pie-xii-et-les-juifs-david-g-dalin-9782916053110-27103.asp

ou ceci

http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Histoire/pie-douze-et-les-juifs.html

(François / 14/01/12 - 22:01)



Je viens de lire votre article sur le rôle des catholiques (et de leur chef le pape) dans la non dénonciation du nazisme et de ses crimes... et vous n'avez pas tord ! Ces pages de l'histoire ne sont pas glorieuses.
En 1937, Pie XI (son prédécesseur) est un des premiers à dénoncer Hitler et le national-socialisme dans Mit Brennener Sorge.
Et Hitler s'exprime ainsi sur la jeunesse comme "matériel humain" (Hermann Rauschning, Hitler m'a dit): "Nous portons le poids d'une histoire humiliante et le souvenir confus des époques d'asservissement et d'humiliation." [...] "C'est ainsi que je purgerai la race de ses milliers d'années de domestication et d'obéissance. [référence au judéochristianisme, à la monarchie et au capitalisme]". Et il termine ainsi : " c'est de là que sortira le second degré (la race aryenne), celui de l'homme libre, de l'homme qui est la mesure et le centre du monde, de l'homme créateur, de l'Homme-Dieu." En bref, c'est purger l'Allemagne : 1/ des juifs (en faire une terre "judenrein"), petite minorité assez facile à exterminer qui gène parce qu'elle se porte garante du message de Dieu, seul maître de la vie et de la mort. Ca ne colle pas avec l'idée d'un homme libre, seul maître de lui même. 2/ s'en prendre ensuite aux héritiers du judaïsme, les catholiques mais une fois seulement la guerre gagnée.. Il a d'ailleurs commencé en vidant les couvents hollandais et allemands (cf. les carmélites et les soeurs Stein, Maximilien Kolbe et même le pasteur protestant Bonhoeffer ! qui ne sont pas morts en camps par hasard !) 3/ terminer avec l'ennemi ultime, les Etats-Unis capitalistes et bourgeois.

S'il est vrai que la hiérarchie est restée étrangement muette (Pie XII a fait brûler un discours à la mort de Pie XI que celui-ci devait dire à la radio pour dénoncer le nazisme ; Pie XII préférant utiliser la voie diplomatique pour, en chef d'Etat, régler la question avec les chancelleries.) la base n'a pas été inactive... des évêques français se sont opposés aux rafles de Vichy en prêchant en chair que le juif est humain (cf. Salliège à Lyon), des évêques allemands ont (en chair) ordonné aux croyants de choisir entre la foi et le national-socialisme, des couvents ont caché des juifs, en ont fait passer d'autres en zone libre (Abbé Pierre) ou en Suisse...

Une dernière info,...
Une enquête est en cours au mémorial de la Shoah (Yad Vashem, Jérusalem) pour déclarer Pie XII... juste parmi les nation...

... à méditer avant de se lancer dans des discours obtus et peu documentés ! (je sors d'un cours sur le totalitarisme.)

respectueusement,
(Benoît / 06/06/07 - 12:42)



Votre article est très bien fait, par contre, vous vous êtes trompé en disant "En théorie, l’Eglise catholique a changé et est devenue plus "progressiste". Par contre, elle ne reconnaît pas ses erreurs pendant la seconde guerre mondiale".
En effet, en mars 2000, Jean-Paul II se rend au Mémorial de Yad Vashem et demande le pardon de l'Eglise catholique pour les crimes commis, dans un billet glissé dans une fente du Mur des lamentations.
VL / 28/04/2006



Je souhaite réagir à l'article de Hansi sur "le catholicisme et le nazisme"
voici la page: http://atheisme.free.fr/Contributions/Catholique_nazisme.htm
Et voici ma réaction:

Je trouve également votre article très bien fait et je suis en partie d'accord avec vous mais je pense que vous vous êtes un peu "enflammé" par moment...
Vous dites, par exemple: " Même si l'Eglise n'est pas officiellement antisémite..." ( sous-entendu: officieusement elle l'est )
Je trouve cette affirmation exagéré quand on sait les efforts déployés par le dernier pape ( JP2 ) pour la paix entre les religions et notamment avec la communauté juive. Rappelons qu'il s'est rendu plusieurs fois dans des synagogues et n'a cessé, tout au long de son pontificat, d'appeler a la paix entre les religions, notamment au congrès d'Assise en 1999 ou il a réuni tous les représentants des grandes religions...Alors, insinuer que l'Eglise catholique est antisémite...c'est un peu gros quand même.
De plus par rapport a son atittude pdt la seconde guerre mondiale, je pense comme vous que tout n'est pas blanc ou noir. En l'occurence, même si l'attitude de certains membres du clergé a été scandaleuse ( comme partout, il y a eu des résistants, des collabos, ...etc dans l'Eglise comme partout )
Il ne faut pas oublier que le pape précédent la guerre (mort en 1945) avait dénoncé haut et fort le nazisme, et que beaucoup de catholiques se sont engagés dans la résistance au nom de leur foi, comme le père Maximilien Kolbe qui a accepté de prendre la place d'un comdamné à la chambre à gaz, père de famille....
Ceci dit c'est vrai que les milieux catholiques ont plus souvent été "neutres" ou pire, collabos, que résistants...
Bref, si votre article est très bien sur le fond, il pèche un peu par excès d'enthousiasme, et finalement, on se rend bien compte qu'il faut laisser tout ça aux historiens.... (encore faut-il que la hiérarchie catholique arrête de protéger ses archives)
Bien amicalement,
Zepo
(16/07/06 - 16:32)


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