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L'évangélisation des Amérindiens du Canada par les Jésuites   -   5/5


Par Georges Timmermans  -  23 juin 2004




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




"Discussion sur la perfectibilité des races"


Séance du 24 mai 1860.

Les assistants constatent que : "A la Jeune-Lorette, à la rivière des Loups, il y a des peuplades d'Iroquois qui vivent enclavées, depuis deux siècles, au milieu des Européens. Ils sont encore tout à fait sauvages et le resteront probablement toujours".
M. de Quatrepages craint qu'on ait mal interprété l'exemple des animaux domestiques qu'il n'a invoqué que comme terme de comparaison. Il n'est pas entré dans sa pensée d'établir un rapprochement entre la civilisation des peuples sauvages et la domestication des animaux.

La séance est levée à cinq heures trois quarts. Le secrétaire : P. Broca.


Séance du 7 juin 1860

"M. Rameau a ajouté que les Indiens Chérokées avaient reçu et adopté la civilisation. Mais ici encore il y a partage, car des peuplades voisines et très-semblables d'ailleurs sont restées sauvages. Les Chérokées possédaient déjà une civilisation indigène avant l'arrivée des Européens. Bartram, qui avait vécu plusieurs années parmi eux, raconte qu'à cette époque ils avaient des villes, des temples, un gouvernement régulier. Ces peuples ont fait depuis lors des progrès très remarquables. MM. de Tocqueville et Michel Chevalier nous apprennent que les Chérokées et le Choctos étaient bien civilisés. Ils avaient des écoles, une imprimerie, un journal. Ils exportèrent en une seule année plusieurs milliers de balles de coton.
Ils avaient même des esclaves nègres.
Un jour les squatters américains sont venus, se sont emparés de leur territoire, et les ont transportés dans le Visconsin et l'Arkansas. La tribu méridionale des Chérokées, les Séminoles, a voulu résister à ces violences ; elle a lutté, on l'a détruite."


Les participants relèvent que les choses se sont passées tout autrement au Canada. "On ne proposait pas de coloniser mais d'amener les indigènes à cultiver le sol... on les a traités, de tout temps, avec beaucoup de ménagement... mais pour le travail et le progrès ces sauvages sont exactement les mêmes qu'autrefois. Ils ne peuvent comprendre l'utilité du travail ; cela dure depuis 1640, c'est-à-dire depuis deux cent vingt ans".

En 1876, le gouvernement du Canada proclame l'Acte des Sauvages.

En 1920, l'Acte sur les Sauvages sera modifié pour rendre l'école obligatoire ("écoles résidentielles") pour tous les enfants des Premières Nations âgés de sept à quinze ans. Aujourd'hui, dans certaines régions du Canada, jusqu'à cinq générations d'enfants auront donc été arrachées à leur foyer, leur famille, leur culture, pour être embrigadées pendant de longues périodes dans des établissements dispensant une "Instruction culturelle de choc". Ces écoles étaient généralement administrées par des religieux, parfois de confession antagoniste, chacune des différentes églises (catholiques ou protestante) se livrant une concurrence acharnée pour accaparer un maximum d'enfants. L'Eglise catholique et romaine, gérait les trois cinquièmes de ces écoles.
Que penser de ces méthodes d'éducation imposée par des minorités cléricales, à des ethnies traditionnelles entières, ceci avec la complicité active de gouvernements (au Canada comme en Australie pour ne citer que ces deux exemples) ?

Ces enfants étaient souvent arrachés de force à leurs parents, ils entraient contraints et forcés dans un monde étranger aux règles incompréhensibles, racistes et violents. Rasés, vêtus d'uniformes, affublés de nouveaux noms occidentaux, il leur était interdit de parler leur langue, ils étaient privés de tout contact avec leurs frères et soeurs et de longues années d'isolement et de solitude les attendaient.
Si l'on y ajoute les cas plus fréquents qu'on ne pense d'agression sexuelle, de la violence physique quotidienne et institutionnalisée, il est évident que ce type d'enseignement a brisé des milliers d'êtres humains et de familles en laissant derrière elle un champ de ruines, de colère, de frustration, ceci pour des générations entières.

Les colonisateurs ont été aidés par une Eglise caractérisée alors par son conformisme et sa légitimation de l'ordre social. Et encore aujourd'hui, dans de nombreux pays d'Amérique du sud, l'Eglise encourage et soutient les régimes en place, quelle que soit leur nature. Ainsi, Jean Paul II a systématiquement nommé à la tête des diocèses progressiste des évêques conservateurs proches de l'Opus Dei. Notons en passant que les mouvements évangélistes protestants ne valent guère mieux. Ainsi, l'Alliance Evangélique soutint en 1976 la dictature installée au Guatemala, cautionnant ainsi le massacre de milliers d'Indiens.


Georges Timmermans.


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Source des citations :
Relations des Jésuites :
Les relations des jésuites sont un ensemble de 73 volumes de livres dans la version originale en italien, en latin, français avec commentaire et traduction en anglais par Reuben Twaites (1850-1913) La plupart des relations sont des rapports missionnaires annuels écrits entre 1632 et 1678 par les jésuites en Nouvelle France à leurs supérieurs en France.

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