"Toute révolution prétend travailler pour le bien universel et veut propager sa doctrine dans le monde entier. En 1792, toute l'Europe était contre la Révolution française. Aujourd'hui, toute l'Europe est contre la Révolution russe. Il n'y a pas à s'échauffer. Il faut seulement se méfier des gens qui veulent le bonheur de l'humanité, d'où qu'ils soient. Les juges de l'Inquisition eux aussi, voulaient faire le bonheur de leurs victimes."
(Paul Léautaud / 1872-1956 / Journal littéraire, 4 novembre 1932)
"Il n'y a plus aucun bien à espérer, ni aucun mal à craindre après la mort. Profitez donc sagement du temps en vivant bien et en jouissant sobrement, paisiblement et joyeusement, si vous pouvez, des biens de la vie et des fruits de vos travaux, car c'est le meilleur parti que vous puissiez prendre, puisque la mort met fin à toute connaissance et à tout sentiment de bien ou de mal."
(Jean Meslier / 1664-1729 / Testament)
"La (prétendue) moralité chrétienne a tous les caractères d'une réaction ; elle est, en grande partie, une protestation contre le paganisme. Son idéal est négatif plutôt que positif ; passif plutôt qu'action ; naïveté plutôt que grandeur ; abstinence de Mal, plutôt que recherche énergique du Bien : dans ses préceptes (comme cela a été bien dit) le "Tu ne dois pas" l'emporte à l'excès sur le "Tu dois"."
(John Stuart Mill / 1806-1873 / De la liberté / 1859)
"Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu."
(Jean-Jacques Rousseau / 1712-1778 / L'Emile / 1762)
"Le prêtre: Quel mérite eussent eu les hommes, si Dieu ne leur eût pas laissé leur libre arbitre, et quel mérite eussent-ils à en jouir s'il n'y eût sur la terre la possibilité de faire le bien et celle d'éviter le mal?
Le moribond: Ainsi ton dieu a voulu faire tout de travers pour tenter, ou pour éprouver sa créature; il ne la connaissait donc pas, il ne se doutait donc pas du résultat?"
(Marquis de Sade / 1740-1814 / Dialogue entre un Prêtre et un Moribond / 1782)
"Je me demandais à chaque minute ce que je pouvais être aux yeux de Dieu. A présent je connais la réponse : rien. Dieu ne me voit pas, Dieu ne m'entend pas, Dieu ne me connaît pas. Tu vois ce vide au-dessus de nos têtes ? C'est Dieu. Tu vois cette brèche dans la porte ? C'est Dieu. Tu vois ce trou dans la terre ? C'est Dieu encore. Le silence c'est Dieu. L'absence c'est Dieu. Dieu c'est la solitude des hommes. Il n'y avait que moi : J'ai décidé seul du Mal; seul, j'ai inventé le Bien. C'est moi qui ai triché, moi qui ai fait des miracles, c'est moi qui m'accuse aujourd'hui, moi seul peut m'absoudre; moi, l'homme. Si Dieu existe, l'homme est néant, si l'homme existe..."
(Jean-Paul Sartre / 1905-1980 / Le diable et le bon Dieu, acte 2)
"Qui est conduit par la crainte et fait le bien pour éviter le mal, n'est pas conduit par la Raison."
(Baruch Spinoza / 1632-1677 / Ethique IV, proposition 63)
"Le fait que l'homme distingue le bien du mal prouve sa supériorité intellectuelle par rapport à toute autre créature ; mais le fait qu'il puisse mal agir prouve l'infériorité de son esprit."
(Mark Twain / 1835-1910 / What is Man / 1906)
"La religion est une insulte à la dignité humaine. Que ce soit avec ou sans elle, il y aura toujours des gens bien qui font de bonnes choses, et des mauvais qui font de mauvaises choses. Mais pour que des gens bien agissent mal, il faut la religion."
(Steven Weinberg / Dream of a final theory / 1993)
"Si Dieu peut tout et qu'on ne puisse rien sans lui, d'où vient que le Diable le haït, le maudit, et lui enlève ses amis ? Ou Dieu y consent, ou il n'y consent pas. S'il y consent, le Diable en le maudissant ne fait que ce qu'il doit, puisqu'il ne peut que ce Dieu veut; par conséquent ce n'est pas le Diable, mais Dieu même qui se maudit; chose absurde, s'il en fût jamais ! S'il n'y consent pas, il n'est pas vrai qu'il soit Tout-Puissant, et par conséquent il y a deux principes, l'un du bien et l'autre du mal; l'un qui veut une chose, l'autre qui veut le contraire. Où nous conduira ce raisonnement ? A faire avouer sans réplique que ni Dieu, ni le Diable, ni le Paradis, ni l'Enfer, ni l'âme ne sont point ce que la Religion les dépeint, et que les Théologiens, c'est-à-dire ceux qui débitent des fables pour des vérités, sont des gens de mauvaise foi, qui abusent de la crédulité des peuples pour leur insinuer ce qui leur plaît..."
(inconnu / Livre des trois imposteurs / chapitre VI, parag. VII / 1721)