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Témoignage

Athéisme et spiritualité


(Florent -   15/01/05)




Voilà une question qui me taraude : l'athéiste (je préfère ce néologisme au mot "athée" mais ce n'est pas très important...) doit-il être nécessairement matérialiste ? Je m'explique : s'il est évident que toute chose procède de la matière, et que l'univers n'est en aucun cas la résultante d'une volonté suprême et intelligente, on ne peut nier l'existence de la pensée. Dire que la pensée elle-même n'est qu'une émanation hallucinatoire de la matière me semble réducteur.

Toute forme de vie manifeste une capacité d'expression et d'appréhension de son milieu. Les humains, naturellement, mais aussi les animaux, et les végétaux, dont nous savons depuis pas si longtemps qu'ils ont des formes de communication entre eux, ainsi que de la mémoire. Ma petite théorie à moi, mais je ne suis certainement pas le premier à penser cela, et d'autres l'ont certainement dit de manière plus habile, je vous serais gré de me le signaler si tel est le cas, c'est que la pensée procède probablement de lois et de règles tout aussi strictes que celles de la matière. Mais comme la pensée est immatérielle, ses lois et ses règles sont naturellement beaucoup plus complexes à définir (déjà que pour la matière...) On peut voir dans la psychologie moderne et la psychanalyse une approche d'étude des lois et du fonctionnement de la pensée : tel choc, tel traumatisme, peut induire tel comportement, etc. Mais ces données varient en fonction de chaque individu... Ce n'est d'ailleurs pas si grave : je préfère que la pensée, l'imagination, la capacité de créer, mais aussi d'aimer, en somme de faire preuve de subjectivité, demeure un mystère scientifique. Je n'ose imaginer les répercussions néfastes qu'entraîneraient des découvertes majeures sur le fonctionnement exact de la pensée... Le conditionnement, qui est déjà en pleine forme, ne serait que généralisé...

Toujours est-il que l'athée est en droit d'avoir une forme de spiritualité basée sur cette approche de la pensée, sur l'existence d'une dimension immatérielle. Elle n'est immatérielle que parce que nos sens, nos bases matérielles en somme, ne nous permettent pas de la ressentir. Et il n'est pas question de dire qu'il existerait une pensée universelle, car l'univers ne réfléchit pas : il procède.

Un athée peut s'intéresser à certains aspects de la mystique qui, parfois, sorties de leurs contextes religieux, s'avèrent être des méthodes (le mot est certainement mal choisi) de contrôle de soi par la pensée, par la force du cerveau, ou disons le mot de l'esprit humain. Il est dommage par ailleurs que des théologiens aient développé ainsi des armes formidables pour l'esprit humain qui n'ont pas prospéré, pour la bonne raison qu'elles demeuraient cantonné dans une approche religieuse. En tentant de comprendre le fonctionnement de ce que les religieux appellent " âme ", et pour ma part, en tant qu'athée, je ne renie pas le mot (et je ne suis pas le seul), ces théologiens n'ont-ils pas entrevu le paradoxe inhérent à la spiritualité humaine : à savoir qu'elle est individuelle, et donc en contradiction totale avec l'existence d'un Dieu cohérent ? Sans parler de l'idée selon laquelle seul l'homme aurait une âme, vaste supercherie car nous savons que les animaux ont une approche subjective de leur environnement, qu'ils pensent et communiquent cette pensée, de même que les végétaux, sous des formes qui nous laissent perplexes et que nous méprisons volontiers, hélas, mais qui n'en sont pas moins réelles.

Voilà en gros où j'en suis de mes multiples réflexions, mais mon cerveau est limité. Je ne suis pas assez intelligent, et personne n'est assez intelligent pour arriver à décrypter une telle complexité. Mais certains l'étant plus que moi, je pense et j'espère qu'il existe des philosophes qui ont théorisé cela mieux que moi.
Je pose tout cela comme ça me vient, d'où le fouillis dantesque qui en résulte. J'ai du mal à mieux exprimer des choses que je ressens de manière instinctive à l'intérieur de moi. De plus je n'ai pas vocation à être un philosophe, mais un poète. Cela n'est pas contradictoire, les deux sont nécessaires, mais tout le monde n'a pas la chance d'être un génie...

Bref voilà, je vous adresse ce message qui dans le fond n'avait rien de mieux à dire que : je ne pense pas qu'un athée se doive d'être nécessairement matérialiste, sans pour autant nier la prédominance de la matière, ou qu'un athée ne puisse pas se livrer à des essais de métaphysique, car je considère l'athéisme comme une position métaphysique à part entière. Peut-être n'est-ce qu'une question de mots, de termes auxquels nous donnons chacun une connotation différente. Mais l'athéisme étant une pensée libre, dénuée de dogmes fondateurs, il y a probablement autant de manière d'être athée qu'il n'y a d'athées en ce monde. Et il y en a beaucoup ! Que cela ne nous empêche pas de nous unir pour dénoncer les errements totalitaires des religieux, et pour combattre des dogmes qui, à mon sens, sont les premiers ennemis de l'humanité.
Tout cela étant dit, je vous souhaite une bonne journée, ou une bonne soirée, selon le moment où vous lirez ceci.

Athéistement,


Florent



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