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Témoignage

Premier cri depuis mon apostasie

(Sapere Aude -   24/05/08)



Bonjour à vous grand bienfaiteur :)

Merci pour vos efforts et votre lutte ! Parcourir votre site me fait un grand bien (d'où le "bienfaiteur" :p) et est un véritable soutien dans mon parcours. J'étais en effet musulmane et ai quitté "les" religions depuis quelques temps, disons que j'ai accouché de ma raison :) et j'aimerais contribuer à ma façon à cette démarche de lucidité et de rationalité. Je vous envoie ce petit texte, premier cri depuis mon apostasie.




    "Là où meurent les rêves... Les prémices d'une vie qu'on croit éternelle. Je te cherche et y livre mon corps, y écorche mon âme pour te trouver. Toi, le sens de l'insensé. J'espère trouver l'harmonie dans le chaos, la voie dans le silence, un rival au hasard qui ferait relever mon honneur. Mais qui es-Tu toi qui dévores mes nuits mot à mot... Me laissant sombrer dans la folie de la réalité. Au coin d'une rue glaciale, je trouve refuge, loin de tout, loin de cette hideuse et oppressante nécessité de comprendre. Elle m'a parlé à voix douce, m'a flatté la conscience. Moi, humaine, au-dessus de tout et au-dessous de ma propre condition d'être. J'ai mendié une cause à mon univers, harcelé le vivant et l'inerte, l'ai assailli de mille interrogations afin qu'il me soit accordé le repos. Mais nulle part n'est ma quiétude, trop hasardeuse la certitude. Je construis ma forteresse et l'entretient car je sais que mon esprit est trop susceptible pour que je le délaisse. A mon grand regret, il est trop fragile, trop vulnérable face à ce monde que l'on croyait crée pour lui. Il se découvre rejeton de l'aléa. Je porte en moi les premiers mots de l'univers connu. Lourd héritage pour une orpheline. Je n'ai pas plus désiré vivre que la nature n'a eu besoin de moi. Et pourtant.... Tu m'as tuée à coup de vie, empoisonnée de ta matière, tu as cru m'illusionner en voilant tes mystères, en m'offrant une arme pour te cerner, qui s'est révélée assassine de ma pensée... Puisque c'est cette même conscience que tu as fait naître en moi apte à repeindre tes desseins qui a restreint ma vue, assourdi mon coeur, et m'a cruellement fait croire que tu m'avais créée et désirée, qu'un jour tu me ramènerais à toi et que cette errance avait raison d'être aussi éprouvante. Mais j'ai su me dépouiller de moi-même. J'ai appris à forte violence à ne jamais fermer les yeux, à ne jamais désirer ce que mon âme désire mais ce qui doit l'être avec ou sans mon existence. Dès lors, j'ai relevé la tête de ces fables, trop humaines pour être justes, trop humaines pour être vraies. La vérité n'est pas celle que je souhaite, elle vit sans moi bien qu'elle coule dans mes veines, qu'elle anime mes pensées, qu'elle est la lumière qui se reflète en tout. Je n'ai rien pour moi, je vis au travers des pensées et lutte contre ma propre survie.

    Errances à bout d'âme... C'est leurs artifices que je chasse, la parure qu'ils sculptent à ma vie que j'efface. Dos au mur, je n'ai que mes mots pour écrire qu'on a volé ma vie. Et je m'invente un coupable à chaque tristesse qui effrite mon âme. A chaque larme j'esquisse une souffrance, et je venge la sècheresse de ces yeux qu'on oublie. A trop en vouloir à ce monde de m'avoir fait naître, je m'égare loin de ces heures de vérité. Image figée de ma lutte sur cette Terre, un bout de papier chiffonné sur le bord de mes nuits. J'ai écouté les fables de peuples errants, j'ai parlé à leurs dieux, prié leur toute puissance... J'ai posé mon front pour te servir, et si ce n'était pas toi, je ne me suis pas trompé... Mes illusions te voilaient, leurs écrits te peignaient en une esquisse de plénitude, et j'ai fouillé leur théorie du tout pensant combler leurs grossièretés par ta ruse... Hier est encore trop loin... Je n'ai pas toutes les pierres pour me reconstruire, le sable humide reste imprégné après toutes ces heures d'oubli forcé.

    Je rejoins la mélancolie des âmes qu'on piétine, en vie trop sages pour dire "je sais", aujourd'hui elles sont lumières pour les enfants de la vérité et ténèbres pour les défenseurs de la crédulité..."


Sapere Aude


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