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Recto - Verso

Satan, outil nécessaire pour sauver l'idée d'un dieu infiniment bon


par H.-P. Gottlos  -  05/03/2019




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




La nouvelle vieille invention de l'église catholique, opportunément ressortie ces jours-ci par le Pape à propos des prélats pédophiles et homosexuels, c'est Satan. D'où ressortie ? De son poussiéreux grenier aux vieux accessoires plus ou moins désuets et oubliés, aux décors hors d'usage et hors de mode.

Satan c'est si l'on veut l'antithèse de Dieu, presque aussi tout-puissant que Dieu mais lui, dans le registre exclusif du mal, de l'horreur et de la perniciosité. C'est une antique entité empruntée entre autres aux religions hindoues. Car il fallait bien trouver une explication et une origine aux montagnes d'immondices que les humains sont capables de répandre sur leur habitat, la terre, et dont même ils se couvrent souvent avec délice. Mais bien sûr il y avait une difficulté, et de taille : si Dieu infiniment bon est à l'origine de tout ce qui existe sans exception, comment peut-il en même temps être le créateur du mal, certes indirectement mais créateur tout de même, à travers son promoteur exclusif, Satan le Malin ? Grave problème sur lequel vont se pencher des escouades de théoriciens chevronnés auxquels aucun des secrets de Dieu ne reste celé, et qui par conséquent ne vont pas tarder à découvrir la réponse (très subtile !) : Dieu a créé "le prince des Ténèbres" uniquement pour avoir le moyen d'éprouver sa créature, l'homme. Mais bon dieu, mais c'est bien sûr ! comme se serait écrié le Commissaire Bourrel : Il suffisait d'y penser, en effet : l'homme s'acquiert d'autant plus de mérites aux yeux de Dieu (on le sait, Dieu a des yeux...) qu'il aura efficacement résisté aux menées du Tentateur... C'est donc Satan et lui seul qui entraîne les évêques et autres curés qui s'attaquent par prédilection aux jolis petits garçons qu'on leur confie et non leur psyché profondément pathologique de frustrés sexuels.

Ainsi, Dieu autorise-t-il au Mal de prospérer et de partout s'épanouir rien que pour avoir la satisfaction de distribuer des bon-points ? De Satan ou de Dieu, on se demande alors qui est le plus pervers : l'un ouvertement méchant assumé comme tel ; l'autre, sadique dissimulé sous ses airs bonasses ! Le Janus aux deux visages de l'Antiquité n'est pas loin non plus si l'on suppose une duplicité [1] à cette divinité...

Il est vrai que face à l'omniprésence du Mal et du malheur à travers le monde, il a tôt fallu trouver une justification pour sauver l'idée d'un dieu infiniment bon à qui il était en effet difficile d'attribuer en l'état les iniquité et les crimes des hommes ou encore les malheurs qui les accablent mais dont ils ne peuvent guère être tenus pour responsables : les éruptions volcaniques, les tremblements de terre ou les inondations, voire les famines et les maladies qui touchent tout le monde, Justes et Injustes. A moins qu'il ne s'agisse là d'une vulgaire vengeance de la part de ce dieu, réputé d'une bonté et d'une douceur infinies, envers une humanité turbulente et rebelle... Question plutôt embarrassante. Mais à ceux qu'il inspire de là-haut sur son trône et qui conséquemment sont au courant de tous les détails de ce qui se passe chez lui, au-delà des nuages, il souffle la réponse : Dieu ne fait que nous éprouver par le truchement du Malin mais nous avons la liberté de lui résister, c'est-à-dire la liberté du choix entre le Bien et le Mal. La liberté, voilà le grand mot qui sanctifie tout, l'antidote inventé dans sa grande sagesse infinie par Dieu lui-même (infinie comme le reste) en même temps qu'il crée le poison ; l'arme généreusement distribuée, censée nous aider à résister victorieusement à un tentateur quasi tout-puissant... Au lieu de nous créer tous purs et gentils, Dieu nous dote de fortes tendances à la perversion ; pervers, certes, mais libres, histoire sans doute de voir ce dont nous sommes capables ; histoire de rigoler en somme. Ben voyons ! Mais en quoi ma liberté et mon choix sont-ils impliqués dans des événements qui sont à mettre sur le compte d'une nature plutôt capricieuse ou de forces devant lesquelles, totalement impuissant, je ne suis rien ? Vieille question toujours irrésolue, malgré des trésors de sophismes théologiques savamment concoctés par les exégètes de la religion : comment concilier l'idée d'un dieu bon avec sa complaisance évidente semble-t-il vis-à-vis du Mal, puisqu'en dernier ressort il en est sa seule source, l'ayant lui-même créé en la personne de Satan ?

Ainsi la théorie de Satan, Mal absolu, est surtout destinée à sauver l'existence pérenne d'un Dieu Bien absolu vis-à-vis des pieux croyants... de bonne foi qui se posent d'indiscrètes questions et à qui il est en effet assez difficile de nier et de cacher l'existence du mal omniprésent. Satan c'est donc en quelque sorte le verso du recto, le pendant négatif de Dieu. Mais seulement comme outil nécessaire, indispensable marionnette entre ses mains. Qu'il suscite bien des questionnements ne saurait étonner, le Mal étant en général beaucoup plus visible que le Bien qu'on a en effet beaucoup de peine à distinguer au milieu des énormes quantités d'iniquités qui se déversent sur le monde et ses habitants ! Mais cette astucieuse théorie ne sauve pas du tout la prétendue perfection infinie de Dieu et encore moins sa parfaite bonté puisque permettant le mal ce dit-on, il se fait ipso facto le complice avéré dudit mal. A cela l'exégèse ne semble guère avoir pensé.

Mais que ce dieu soit assez sadique et pathologique en général, cela n'est guère nouveau : non seulement il éprouve un beau jour le besoin irrépressible de créer des hommes dont il n'a en réalité nul besoin dans son éternelle perfection bienheureuse (à moins qu'il ne s'y ennuyait trop !) ; non seulement, tout-puissant comme il est, il ne les contrôle cependant pas le moins du monde parce qu'il est en fait impuissant devant leur liberté, les ayant créés méchants ou stupides et indignes ; mais qu'à cela ne tienne : il les aime tout de même. Sadique et masochiste !

Mais voilà, elles ont chuté, ces vilaines créatures ; elles ont trahi leur créateur en faisant... on ne sait quoi d'ailleurs : "Mon dieu, se dit-il, comment les sauver maintenant, comment les racheter vis-à-vis de moi-même... ?" Et comme il les aime follement malgré tout, il décide de leur envoyer son propre fils adoré qu'il va néanmoins laisser torturer et mettre à mort sur une croix romaine pour prétendument... sauver ses détestables créatures dont on sait qu'il devrait n'avoir rien à faire. On se demande du reste en quoi faire tuer son fils non seulement rachète des étrangers mais les sauve. Est-ce donc qu'il aime mieux les vilains humains que son propre fils, ce bon père ? Est-ce afin de se plaire et de s'être très agréable à lui-même qu'il il le fait tuer par ses propres créatures, ce qui serait censé les... sauver ! Et remarquons bien : il ne les sauve pas toutes, ces rebelles indisciplinées : ne seront sauvées que celles qui voudront bien croire que c'est bien son fils qu'on a massacré, le fils qu'il aime, juré, craché et dont il est le vrai papa mais qu'il veut bien faire mettre à mort d'une manière sadique, pourvu que sesdites ingrates, stupides et imbéciles créatures le reconnaissent, lui le papa, et lui chantent des louanges. Sinon ? Sinon, il punira celles-ci en les expédiant in peto en enfer pour l'éternité. Cet enfer qu'il a spécialement créé et aménagé pour loger Satan et ses affidés et chez qui il projette d'envoyer des hommes qu'il aime infiniment mais ne le lui rendent pas et qui donc n'auront que ce qu'ils méritent : sa terrible vengeance éternelle (Dieu ne fait jamais rien à moitié !) pour leur manque évident d'amour, ce qui le fruste terriblement, lui, Dieu !

Mais non, me rétorque-t-on, ce n'est pas Dieu qui condamne, c'est l'incroyant lui-même qui se damne. Ah oui : et Dieu, infiniment bon, voyant partir sa créature infiniment aimée en enfer pour l'éternité n'en est pas infiniment triste et malheureux ? Alors ce devrait en être fait de sa sereine béatitude éternelle. Mais aussi, il n'a qu'à s'en prendre à lui-même : qu'avait-il besoin de créer des hommes ?

Il faut bien avouer qu'à côté de ce tissu de délires, les pires tragédies grecques ne sont que d'aimables galéjades ! Et à propos de sauvetage, il y a surtout qu'il n'y a rien à sauver dans ce ramassis d'inepties ! D'autant qu'on se demande bien ce que ça peut lui faire, à Dieu, qu'on l'aime ou non, le respecte et l'honore ou non, puisqu'il est infiniment heureux rien qu'en étant Dieu dans son paradis et qu'il n'a nul besoin pour cela des flatteries et des flagornerie, de l'encens et des prières des hommes. Ou alors, loin d'être parfait, ce n'est qu'un être pourri de vanité stérile ! Salut la perfection !

Quoi qu'il en soit en tout cas de toute cette théogonie tragico-comique, pour en revenir à ces histoires de pédophilie massive au sein de l'église catholique, elles prouvent au moins une chose : que toutes ces sommités et tous ces bons apôtres, tous ces monsignore qui pratiquent intensément en secret ce qu'ils condamnent officiellement véhémentement, ne croient en réalité, pas plus que moi, le premier mot de leurs salades théologiques et de ce qu'ils prétendent néanmoins faire avaler au bon peuple.

Création

Un jour qu'il s'ennuyait tout seul dans le noir absolu de son éternité figée, Dieu dit comme ça - juste pour voir, et en hébreu, la seule langue qu'il connaissait - : "Que la lumière soit !" et à l'instant il prit en pleine figure un rayon lumineux qui venait de traverser l'espace à la vitesse de 300 000 000 de mètres à la seconde. Regardant alors autour de lui, Dieu dut se rendre à l'évidence : il vit qu'il n'existait pas.

H.-P. Gottlos



Note :
  1. Ce qui n'est pas établi cependant.


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