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Naissance et initiations


par Michel Bellin  -  06/01/2016




Les textes publiés dans Vos contributions (rouge foncé) ne représentent que l'opinion de leurs auteurs.




Mèches de cheveux par-ci, lambeaux de peau par-là... Tous ces enfants, si petits, si ébahis, marqués dans leur chair par les liens rituels qui les relient au Dieu castrateur : baptême, adhan, namakarana, bar mitsva et tant d'autres précoces joyeusetés. Sous le regard de Jéhovah ou d'Allah, dans l'étreinte de la Déesse aux bras de poulpe ou sous le regard du Père céleste - avec ou sans barbe blanche -, tous ces mômes si dociles, si photogéniques dans leurs habits de fête ou si frais dans leur nudité offerte, si touchants dans leur application à bien faire, à bien se tenir, à bien croire - croire les adultes (surtout les mâles) lorsque ceux-ci affirment avec autant de sévérité que de solennité : "Le Dieu de tes pères existe, mon fils, Il te choisit, Il t'exige, de toute ton âme, de toutes tes forces, de tout ton karma."

Ainsi, chaque jour, à peine nés, des millions de gosses sont embrigadés pour la bonne cause, rasés, déguisés, circoncis (parfois en public, à 8 ans !), incisés, ondoyés, scarifiés, renommés, purifiés du péché, marqués à vie, consacrés au Seigneur et ce, depuis leur plus jeune âge, parfois dès les premières heures de leur vie. Ainsi vont les choses depuis que le monde est monde et que l'homme apeuré s'en remet au Tout-Autre. Sous Son regard scrutateur, tenaces sont les traditions, et les parents partout soumis, les théologiens en tous lieux imaginatifs, les rites toujours et partout pittoresques et parfois cruels, mais "nobles et fondateurs" - psalmodie le sacrificateur - tandis que les petits d'hommes, eux, sont partout dociles, souriants, apparemment heureux d'entrer enfin dans le camp des grandes personnes qui savent où est leur bien et comment si tôt dompter leur âme !

Tous ces mômes de bon vouloir, fleuris et fêtés mais encore tellement fragiles, vulnérables, impressionnables, manipulables... Si charmants dans leur docilité appliquée et, sous toutes les latitudes, poignants comme des angelots trop fardés. Ne leur donnerait-on pas le bon dieu sans confession ? Car, que ce soit au nom de Jésus ou de Shiva, ou de toutes les Puissances d'En-Haut, ici-bas l'alignement des esprits et la langue de buis des catéchismes semblent infiniment plus pervers que la docilité des jeunes corps et l'impeccable correction des postures. Dans la main de Dieu... Entre les mains tremblantes autant qu'aimantes des adultes - parents soumis à la Tradition millénaire et prêtres experts en manipulations incantatoires - que peut-il advenir à ces jeunes cerveaux si prématurément aliénés, que peut-il advenir du diamant noir de la liberté et de leur rébellion intérieure ?

(Et que deviennent, une quinzaine ou une vingtaine d'années plus tard, tous ces enfants trop fraîchement embrigadés dans le camp retranché de la Divinité ?... Aujourd'hui de jeunes adultes fervents... indifférents... apostats... matérialistes... bientôt prêtres ou bonzes, qui sait ?... ou peut-être terroristes le mois prochain ? Pour défendre la cause du Dieu vengeur qu'ils s'imaginent avoir ratifié sur le tard et surtout pour Le rejoindre au plus vite en son sanglant Paradis.)

En ces temps d'obscurantisme et de fondamentalisme, j'entends le conseil de mon vieil ami biologiste, non comme une promesse mais plutôt comme un glas : "Former les esprits sans les conformer, les enrichir sans les endoctriner, les armer sans les enrôler... leur donner le meilleur de soi sans attendre ce salaire qu'est la ressemblance." (Jean Rostand)

Les armer sans les enrôler, tous ces petits trop tôt liés aux divinités...


Michel Bellin



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